Dimanche 3 octobre

Dimanche 3 octobre 2021.

(20 septembre selon l’ancien calendrier.)

 

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Corinthiens (selon le calendrier grégorien : 2 Co 4, 6–16) :

Frères, Dieu, qui a dit : « La lumière brillera du sein des ténèbres ! » a fait briller la lumière dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ. Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous. Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l’extrémité ; dans la détresse, mais non dans le désespoir ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non perdus ; portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle. Ainsi la mort agit en nous, et la vie agit en vous. Et, comme nous avons le même esprit de foi qui est exprimé dans cette parole de l’Écriture : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ! nous aussi nous croyons, et c’est pour cela que nous parlons, sachant que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera aussi avec Jésus, et nous fera paraître avec vous en sa présence. Car tout cela arrive à cause de vous, afin que la grâce en se multipliant, fasse abonder, à la gloire de Dieu, les actions de grâces d’un plus grand nombre.

потому что Бог, повелевший из тьмы воссиять свету, озарил наши сердца, дабы просветить нас познанием славы Божией в лице Иисуса Христа. Но сокровище сие мы носим в глиняных сосудах, чтобы преизбыточная сила была приписываема Богу, а не нам. Мы отовсюду притесняемы, но не стеснены; мы в отчаянных обстоятельствах, но не отчаиваемся; мы гонимы, но не оставлены; низлагаемы, но не погибаем. Всегда носим в теле мертвость Господа Иисуса, чтобы и жизнь Иисусова открылась в теле нашем. Ибо мы живые непрестанно предаемся на смерть ради Иисуса, чтобы и жизнь Иисусова открылась в смертной плоти нашей, так что смерть действует в нас, а жизнь в вас. Но, имея тот же дух веры, как написано: я веровал и потому говорил, и мы веруем, потому и говорим, зная, что Воскресивший Господа Иисуса воскресит через Иисуса и нас и поставит перед Собою с вами. Ибо всё для вас, дабы обилие благодати тем бо́льшую во многих произвело благодарность во славу Божию.

***

Selon le calendrier julien, pour le 16e dim. après Pentecôte : 2 Cor 4, 6-15 et pour le dimanche après la Croix : Gal 2,16-20.

***

Lecture de l’Évangile selon saint Luc (6, 31-36)

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : « Comme vous voulez que les hommes agissent envers vous, agissez de même envers eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle grâce y a-t-il pour vous ? Car même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Et si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quelle grâce y a-t-il pour vous ? Car les pécheurs le font aussi. Et si vous prêtez seulement à ceux dont vous espérez recevoir, quelle grâce y a-t-il pour vous ? Des pécheurs également prêtent à des pécheurs pour recevoir d’eux l’équivalent. Mais aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Votre salaire sera grand et vous serez les fils du Très-haut, car Il est bon, Lui, pour les ingrats et les méchants. Devenez compatissants comme votre Père est compatissant. ».

Ика’к хотите, чтобы с вами поступали люди, та’к и вы поступайте с ними. И если любите любящих вас, какая вам за то благодарность? ибо и грешники любящих их любят. И если делаете добро тем, которые вам делают добро, какая вам за то благодарность? ибо и грешники то’ же делают. И если взаймы даёте тем, от которых надеетесь получить обратно, какая вам за то благодарность? ибо и грешники дают взаймы грешникам, чтобы получить обратно столько же. Но вы люби’те врагов ваших, и благотворите, и взаймы давайте, не ожидая ничего; и будет вам награда великая, и будете сынами Всевышнего; ибо Он благ и к неблагодарным и злым. Итак, будьте милосерды, как и Отец ваш милосерд.

***

Selon le calendrier julien, pour le 16e dim. après Pentecôte : Mt 22,35-46  et pour le dimanche après la Croix : Mc 8,34-9,1

***

Paroles des Pères

Je supplie constamment le Seigneur de me donner l’amour des ennemis. Par la miséricorde de Dieu, j’ai saisi ce qu’est l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Jour et nuit, je demande au Seigneur cet amour ; le Seigneur me donne des larmes et je pleure pour le monde entier. Mais si je juge quelqu’un ou le regarde de travers, les larmes tarissent et mon âme tombe dans l’abattement ; et, de nouveau, je commence à demander pardon au Seigneur, et le Seigneur miséricordieux me pardonne, à moi pécheur. […]

Il n’y a pas de félicité plus grande que d’aimer Dieu de toute son intelligence, de tout son cœur et de toute son âme, ainsi que l’a commandé le Seigneur, et son prochain comme soi-même. Lorsque cet amour remplit l’âme, tout la réjouit ; mais quand il se perd, l’homme ne trouve pas de repos, il se trouble et accuse les autres de l’avoir offensé. Il ne comprend pas que c’est lui le coupable : il a perdu l’amour de Dieu, il a jugé ou haï son frère. La grâce vient de l’amour pour notre frère, et c’est par l’amour pour notre frère qu’on la garde. Mais si nous n’aimons pas notre frère, la grâce divine ne viendra pas dans notre âme. […]

Je vous en supplie, faites un essai. Si quelqu’un vous offense, ou vous méprise, ou vous arrache ce qui vous appartient, ou persécute l’Église, priez le Seigneur en disant : « Seigneur, nous sommes tous tes créatures ; aie pitié de tes serviteurs et tourne-les vers le repentir. » Alors, tu porteras perceptiblement la grâce dans ton âme. Au commencement, force ton cœur à aimer tes ennemis ; le Seigneur, voyant ta bonne intention, t’aidera en tout, et l’expérience elle-même t’instruira. Mais celui qui pense du mal de ses ennemis, l’amour de Dieu n’est pas en lui, et il n’a pas connu Dieu.

Quand tu prieras pour tes ennemis, la paix viendra sur toi ; et lorsque tu aimeras tes ennemis, sache qu’une grande grâce divine vit en toi ; je ne dis pas qu’elle soit déjà parfaite, mais elle est suffisante pour le salut. Si, par contre, tu injuries tes ennemis, c’est le signe qu’un esprit mauvais vit en toi et qu’il introduit dans ton cœur de mauvaises pensées ; car, comme l’a dit le Seigneur, c’est du cœur que jaillissent les bonnes ou les mauvaises pensées. […]

Si tu ne les aimes pas, au moins ne les rabroue pas et ne les maudis pas ; et cela sera déjà un progrès. Mais si quelqu’un les maudit et les injurie, il est clair qu’un mauvais esprit vit en lui ; s’il ne se repent pas, à sa mort il ira là où demeurent les esprits mauvais. Puisse le Seigneur préserver tout âme d’un pareil malheur.

Comprenez, c’est si simple. Ils sont à plaindre ceux qui ne connaissent pas Dieu ou s’opposent à Lui ; mon cœur souffre pour eux, et les larmes coulent de mes yeux. Nous pouvons clairement voir et le Paradis et les tourments : nous avons connu cela par le Saint Esprit. Et voici que le Seigneur Lui-même a dit : « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous (Lc 17, 21). Ainsi, c’est dès ici-bas que commence la vie éternelle ; et les tourments éternels, eux aussi, commencent dès ici-bas.

– Saint Silouane de l’Athos, Écrits (in Archimandrite Sophrony, Saint Silouane l’Athonite, II, chapitre IX).

***

61. Et mois je vous dis : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous calomnient. »  Pourquoi ces préceptes du Seigneur ? – Pour t’arracher à la haine, à l’amertume, à la colère, à la rancune, pour te rendre digne de ce bien suprême qu’est l’amour parfait, bien qu’on ne saurait posséder tant qu’on n’aime pas également tous les hommes, à l’exemple de Dieu qui aime également tous les hommes, veut leur salut à tous et qu’ils viennent à la connaissance de la vérité.

[…]

70. Il n »a pas encore la charité parfaite, celui dont les dispositions changent au gré de celles d’autrui, qui par exemple aime celui-ci, déteste celui-là pour un oui ou pour un non, ou bien aujourd’hui aime, demain détestera la même personne pour les mêmes motifs.

71. La charité parfaite n’admet, entre les hommes qui ont tous même nature, aucune distinction basée sur la différence des caractères. Elle ne voit jamais que cette unique nature, elle aime également tous les hommes, les bons à titre d’amis, les méchants à titre d’ennemis, pour leur faire du bien, les supporter, endurer patiemment tout ce qu’on reçoit de leur part, refusant obstinément d’y voir la malice, allant jusqu’à souffrir pour eux si l’occasion s’en présente. Ainsi peut-être s’en fera-t-on des amis ; jamais du moins on ne sera infidèle à soi-même, et sans cesse, à tous les hommes également, on montrera les fruits de la charité. Notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ a bien, lui, montré son amour en souffrant pour l’humanité entière, et en donnant gratuitement à tout le monde la possibilité de ressusciter un jour, chacun restant maître de mériter la gloire ou le châtiment.

– Saint Maxime le Confesseur, Première centurie sur la Charité.

Saints célébrés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Saint Denis l’Aréopagite, évêque d’Athènes, hiéromartyr (96) ; saint Denis, évêque d’Alexandrie, hiéromartyr, avec ses compagnons : saints Gaïus et Fauste, martyrs (264), saints Eusèbe et Chérémon, diacres et saint Lucius ; saint Jean le Chozébite, évêque de Césarée (VI°) ; saint Hésychius, moine près de Gaza (vers 380) ; saint Denis, reclus des Grottes de Kiev (XV°) ; sainte Romaine, martyre à Beauvais (II°) ; saint Cyprien, évêque de Toulon (VI°) ; saint Pathus, évêque de Meaux (VII°-VIII°) ; saint Widrad (ou Waré), abbé à Flavigny (748) ; saint Ewald le noir et saint Ewald le blond, martyrs à Dortmund (695).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire

Le 3 octobre, mémoire du saint hiéromartyr Denys l’Aréopagite.

Святитель Дионисий Ареопагит, епископ Афинский, апостол от 70-ти, сщмч.Saint Denys vivait à Athènes à l’époque des Apôtres. Il était de famille riche et noble et avait acquis une telle sagesse et une telle vertu par les moyens que lui procuraient la science païenne, qu’il avait été choisi comme l’un des conseillers de l’Aréopage, tribunal suprême et assemblée gouvernementale de la cité. Lorsque, guidé par le Saint-Esprit le grand Apôtre Paul vint proclamer la bonne nouvelle du Salut à Athènes c’est Denys qui l’invita lui-même à prendre la parole sur l’Aréopage. Du haut de ce rocher qui surplombe la ville, le pauvre monteur de tentes dénoua les sophismes des philosophes et révéla clairement aux Athéniens que le «Dieu inconnu», dont leur raison naturelle leur avait donné une vague intuition, était «Ie Seigneur du ciel et de la terre, qui a fait le monde et tout ce qu’il renferme, et qui n’habite pas des temples faits de la main de l’homme, comme s’Il avait besoin de quoi que se soit, Lui qui dispense à tous les êtres la vie, le souffle et toutes choses» (Cf. Actes 17:23 sv.). Il leur annonça que l’homme est fait à l’image de Dieu et est appelé à participer à la vie divine elle-même en Jésus-Christ, son Fils, qui S’est incarné, est ressuscité des morts et reviendra pour juger le monde. En entendant parler de résurrection des morts, la plupart de ses auditeurs, l’intelligence enténébrée par les préjugés de la sagesse humaine, se moquèrent de Saint Paul. Néanmoins quelques hommes eurent alors le cœur touché par ces paroles de vie éternelle et devinrent croyants. Parmi eux se trouvaient Saint Hiérothée et Saint Denys. En entendant parler de la Passion du Sauveur et des prodiges qui accompagnèrent sa mort, le sage Denys se souvint qu’en effet plusieurs années auparavant, alors qu’il se trouvait à Héliopolis en Égypte avec d’autres sages, il avait assisté un jour à une éclipse du soleil qui défiait toutes les lois de l’astronomie. Il s’était alors écrié : « Ou Dieu souffre, ou c’est la fin du monde!» Ainsi préparés à reconnaître celui en qui, quand il le veut, les lois de la nature sont vaincues, Denys et son maître Hiérothée écoutèrent avec avidité l’enseignement du Saint Apôtre et lui demandèrent le Baptême.

Après quelque temps, Paul partit pour de nouvelles tribulations en laissant Saint Hiérothée comme Évêque d’Athènes. Tel l’aigle qui peut regarder en face l’éclat du soleil, Hierothée pénétrait les mystères divins, mais il livra peu de chose par écrit: préférant initier oralement et dans le secret son disciple Denys aux ineffables contemplations que Dieu lui accordait. A la mort de Hiérothée, Denys devint à son tour Évêque d’Athènes et reçut de Dieu la grâce de pouvoir révéler par écrit les sublimes enseignements de ses maîtres sur l’infinité inexprimable de la nature divine – à laquelle conviennent seulement des expressions négatives et antinomiques (théologie apophatique ou négative) -et sur la richesse inépuisable de sa révélation par ses Noms et ses Energies (théologie affirmative ou cataphatique). Il décrivit comment le monde sensible et le monde intelligible sont unis à Dieu en une grandiose disposition hiérarchique. Il expliqua comment la hiérarchie de l’Eglise – d’évêque au moine – reproduit sur la terre les neuf Ordres Angéliques et distribue à chacun la divine lumière selon le degré de sa purification. Certains l’ont accusé d’avoir emprunté le langage des philosophes néoplatoniciens, mais l’Eglise Orthodoxe, illuminée par les rayons lumineux de son enseignement, croit, quant à elle, que ce sont plutôt ces derniers qui lui ont emprunté le leur, sans parvenir d’ailleurs à montrer, comme le divin Denys, que Celui qui est au-delà de tout nom et de toute essence et qui demeure dans «la ténêbre supralumineuse», est apparu dans la chair pour nous faire participer à Sa lumière.

Denys parvint à un si haut degré dans la contemplation, qu’il fut jugé digne d’être compté parmi les Apôtres et fut mystérieusement transporté à Jérusalem pour la célébration des funérailles de la Mère de Dieu. De retour pour quelque temps à Athènes, il s’employa à convertir les païens et à guider avec sagesse son troupeau spirituel. Vers la fin du règne de Néron (+ 68), il se rendit à Rome pour rendre compte de ses missions à son maître Saint Paul. Il assista à son Martyr et repartit pour la Grèce. Il revint à Rome sous le pontificat de Saint Clément et, sur l’ordre de ce dernier, partit avec ses disciples, le Prêtre Rustique et le Diacre Eleuthère, pour évangéliser la Gaule. Après avoir proclamé la Parole de vérité dans de nombreux endroits, Denys s’installa à Paris, qui était encore une petite ville plongée dans les ténèbres de l’ignorance et du paganisme. Il y construisit une petite église, dans laquelle il célébrait les Saints Mystères et proclamait les grandeurs de Dieu. Il accomplit là de nombreux miracles, si bien qu’en quelque temps ses disciples se multiplièrent et partirent répandre le Saint Évangile en Grande-Bretagne et jusqu’en Espagne. La renommée de Saint Denys attira la jalousie du démon, qui fit informer l’empereur Dométien (vers 96) que cet Evêque grec qui proclamait un nouveau Dieu voulait fomenter le désordre et la révolte contre son autorité. On essaya vainement de persuader Denys et ses compagnons de renier le Dieu pour lequel ils vivaient et désiraient mourir. Aussi, ce fut pour eux une joie d’apprendre qu’on les condamnait à avoir la tête tranchée. Dieu ne se contenta pas de donner au Saint Evêque la grâce de la connaissance et de l’enseignement, il voulut aussi montrer par son Martyre que, par la foi, les Chrétiens ont vaincu la mort. Lorsqu’on trancha la tête de Denys, à la stupeur de tous les assistants, il se releva, prit sa tête entre ses mains et marcha ainsi pendant deux milles, jusqu’à ce qu’il rencontre une femme vertueuse du nom de Catoula, à qui il remit cette précieuse Relique. Le crâne de Saint Denys est maintenant vénéré dans le Monastère de Dochiariou au Mont Athos, à la suite d’un don de l’empereur Alexis Comnène (11e s).

Saints célébrés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Saint Eustache, mégalomartyr à Rome, avec son épouse, sainte Théopistie et leurs fils : saints Agapios et Théopiste (vers 118) ; saint Hypatios, évêque, avec saint André, prêtre, confesseurs, martyrs à Constantinople (vers 735) ; saint Michel, prince de Tchemigov et saint Théodore, thaumaturges, martyrs (1254) ; saint Oleg, prince de Briansk, moine (vers 1280) ; sainte Eusébie, abbesse à Marseille, martyre (vers 730) ; saint Hilarion le Cretois, néo-martyr grec (1804).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire

Le 20 septembre, mémoire du Saint et Grand Martyr EUSTATHE, de son épouse THÉOPISTE et de leurs enfants AGAPIOS et THÉOPISTOS.

Sfântul Mare Mucenic Eustatie, cu cei doi fii: Agapie și Teopist | DoxologiaSaint Eustathe, alors qu’il portait encore le nom de Placide et sa femme celui de Tatienne, était un général qui vivait à Rome sous le règne de Trajan (vers 100) bien qu’il fût païen, il brillait grandement par ses vertus, en particulier par son amour des pauvres. Voyant donc les bonnes dispositions de sa nature, Dieu se révéla à lui de manière semblable à celle qu’il utilisa pour Saint Paul. Un jour que Placide chassait dans la forêt un grand cerf et qu’il était prêt de l’atteindre, il vit soudain apparaître entre les cornes de l’animal une croix plus lumineuse que le soleil, sur laquelle on distinguait le Christ. Puis il entendit une voix lui dire : « Placide, pourquoi Me poursuis-tu? Je suis le Christ, que tu honores sans le savoir par tes bonnes œuvres. C’est parce que Je suis venu sur terre et ai pris forme humaine pour sauver le genre humain, que Je t’apparais aujourd’hui, afin de te capturer dans les filets de Mon amour pour les hommes. » Stupéfait et frappé de terreur, Placide tomba de son cheval et resta sans connaissance pendant plusieurs heures. Le Christ lui apparut alors une seconde fois pour confirmer l’authenticité de sa vision et lui annoncer que par nature Il est Dieu, Créateur du ciel et de la terre, et que par amour Il a assumé la nature humaine. Placide crut alors de tout son coeur et se fit baptiser avec toute sa maison. Il changea son nom pour celui d’Eustathe, sa femme pour celui de Théopiste, et leur deux fils pour ceux d’Agapios et Théopistos. Voyant sa foi et sa vertu, le Seigneur lui apparut à nouveau et lui annonça qu’il serait amené, comme Job, à endurer de grandes épreuves de la part du démon, mais que la Grâce ne l’abandonnerait pas. Il fut peu après privé de tous ses biens et s’enfuit de sa patrie avec sa femme et ses enfants.

Au moment de débarquer, le capitaine du navire, homme rude et barbare, s’empara de sa femme. Un peu plus tard, alors qu’Eustathe traversait un fleuve, un lion vint prendre ses enfants et les emmena dans sa lointaine retraite, laissant ce nouveau Job, seul, ruiné, sans autre secours que sa foi et son espérance en la miséricorde du Seigneur. Celui qui brillait parmi l’aristocratie romaine quelque temps auparavant, allait désormais de lieu en lieu, vivant de petits travaux, mais gardant une patience aussi solide que le diamant.

Or, il advint en ce temps là que les barbares se préparèrent à envahir en grand nombre la terre des Romains, sans que ceux-ci ne puissent trouver de chef d’armée assez habile pour leur résister. L’empereur se souvint alors d’Eustathe, de son courage et de ses nombreuses victoires. Il le fit quérir, et lorsque le bienheureux parut à la cour, c’est tout juste si on le reconnut, tant la pauvreté et les afflictions avaient marqué ses traits. L’empereur lui rendit ses titres et ses biens, et le mit à la tête de ses armées qui, avec l’assistance de Dieu, repoussèrent les barbares.

Canon de rugăciune către Sfântul Mare Mucenic Eustatie şi a celor împreună cu dânsul: soţia sa Teopisti cu cei doi fii ai lor Agapie şi Teopist | Doxologia

Lorsqu’il revint à Rome, Eustathe retrouva sa femme et ses enfants, que la Providence avait gardés sains et saufs, afin de ne pas laisser la patience du Saint sans récompense dès cette vie. Il reçut de grands biens de la part du nouvel empereur Hadrien (117), lequel lui demanda d’offrir un sacrifice aux idoles en action de grâces pour sa victoire. Eustathe répondit que cette victoire était due au seul Christ et non à la puissance illusoire des faux dieux. Cette réponse déclencha la colère du tyran, qui le priva à nouveau de tous ses biens et le livra, avec sa femme et ses fils, en pâture aux bêtes sauvages. Comme les bêtes n’avaient pas osé les toucher, on les jeta dans un chaudron bouillant, où ils rendirent leurs âmes à Dieu, sans pourtant que leurs corps ne souffrissent aucune altération, à la stupeur des païens et à la joie des fidèles reconnaissant en ce signe que la grâce de Dieu habitait le corps des Saints Martyrs et leur était laissée pour consolation.