Dimanche 21 novembre 2021

Dimanche 21 novembre 2021.

(8 novembre dans l’ancien calendrier.)

Présentation de la Mère de Dieu au Temple (selon le calendrier grégorien).

 

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Galates (Gal 6,11-18) :

Frères, voyez avec quelles grandes lettres je vous ai écrit de ma propre main. Tous ceux qui veulent se rendre agréables selon la chair vous contraignent à vous faire circoncire, uniquement afin de n’être pas persécutés pour la croix de Christ. Car les circoncis eux-mêmes n’observent point la loi ; mais ils veulent que vous soyez circoncis, pour se glorifier dans votre chair. Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! Car ce n’est rien que d’être circoncis ou incirconcis ; ce qui est quelque chose, c’est d’être une nouvelle créature. Paix et miséricorde sur tous ceux qui suivront cette règle, et sur l’Israël de Dieu ! Que personne désormais ne me fasse de la peine, car je porte sur mon corps les marques de Jésus. Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit ! Amen !

Видите, как много написал я вам своею рукою. Желающие хвалиться по плоти принуждают вас обрезываться только для того, чтобы не быть гонимыми за крест Христов, ибо и сами обрезывающиеся не соблюдают закона, но хотят, чтобы вы обрезывались, дабы похвалиться в вашей плоти. А я не желаю хвалиться, разве только крестом Господа нашего Иисуса Христа, которым для меня мир распят, и я для мира. Ибо во Христе Иисусе ничего не значит ни обрезание, ни необрезание, а новая тварь. Тем, которые поступают по сему правилу, мир им и милость, и Израилю Божию. Впрочем никто не отягощай меня, ибо я ношу язвы Господа Иисуса на теле моем. Благодать Господа нашего Иисуса Христа со духом вашим, братия. Аминь.

Lecture de l’épître de saint Paul aux Hébreux (pour la Présentation : Heb. 9, 1-7) :

Frères, la première alliance, elle aussi, avait donc des institutions cultuelles ainsi qu’un sanctuaire, celui de ce monde. Une tente, en effet – la tente antérieure – avait été dressée ; là se trouvaient le chandelier, la table, et l’exposition des pains ; c’est celle qui est appelée : le Saint. Puis, derrière le second voile était une tente appelée Saint des Saints, comportant un autel des parfums en or et l’arche de l’alliance entièrement recouverte d’or, dans laquelle se trouvaient une urne d’or contenant la manne, le rameau d’Aaron qui avait poussé, et les tables de l’alliance ; puis au-dessus, les chérubins de gloire couvrant d’ombre le propitiatoire. Ce n’est pas le moment de parler de tout cela en détail. Tout étant ainsi disposé, les prêtres entrent en tout temps dans la première tente pour s’acquitter du service cultuel. Dans la seconde, au contraire, seul le grand prêtre pénètre, et une seule fois par an, non sans s’être muni de sang qu’il offre pour ses manquements et ceux du peuple.

И первый завет имел постановление о Богослужении и святилище земное: ибо устроена была скиния первая, в которой был светильник, и трапеза, и предложение хлебов, и которая называется Святое. За второю же завесою была скиния, называемая Святое Святых, имевшая золотую кадильницу и обложенный со всех сторон золотом ковчег завета, где были золотой сосуд с манною, жезл Ааронов расцветший и скрижали завета, а над ним херувимы славы, осеняющие очистилище; о чем не нужно теперь говорить подробно. При таком устройстве, в первую скинию всегда входят священники совершать Богослужение; а во вторую – однажды в год один только первосвященник, не без крови, которую приносит за себя и за грехи неведения народа.

Lecture de l’épître de saint Paul aux Hébreux (synaxe des Incorporels selon le calendrier julien : Hb 2,,2-10)

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Lecture de l’Évangile selon saint Luc (12, 16-21)

En ce temps-là, le Seigneur dit cette parabole. Il y avait un homme riche dont le domaine avait beaucoup rapporté. Et il se demandait en lui-même : « Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte. » Puis il se dit : « Voici ce que je vais faire : je vais abattre mes greniers, j’en construirai de plus grands, j’y serrerai tout mon blé et mes biens, et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as quantité de biens en réserve pour beaucoup d’années ; repose-toi, mange, bois, réjouis-toi ! » Mais Dieu lui dit : « Insensé ! Cette nuit même on va te redemander ton âme ; et ce que tu auras amassé, qui l’aura ? » Ainsi en est-il de celui qui amasse pour lui-même, au lieu de s’enrichir en vue de Dieu

И сказал им притчу: у одного богатого человека был хороший урожай в поле; и он рассуждал сам с собою: что мне делать? некуда мне собрать плодов моих? И сказал: вот что сделаю: сломаю житницы мои и построю бо́льшие, и соберу туда весь хлеб мой и всё добро мое, и скажу душе моей: душа! много добра лежит у тебя на многие годы: покойся, ешь, пей, веселись. Но Бог сказал ему: безумный! в сию ночь душу твою возьмут у тебя; кому же достанется то, что ты заготовил? Так бывает с тем, кто собирает сокровища для себя, а не в Бога богатеет.

Lecture de l’Évangile selon saint Luc (pour la Présentation : Luc 10, 38-42; 11,27-28.)

En ce temps-là, Jésus entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Celle-ci avait une sœur appelée Marie, qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe, elle, était absorbée par les multiples soins du service. Intervenant, elle dit :  » Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc de m’aider.  » Mais le Seigneur lui répondit :  » Marthe, Marthe, tu te soucies et t’agites pour beaucoup de choses ; pourtant il en faut peu, une seule même. C’est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée.  » Or, comme il parlait ainsi, une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit : « Heureuses les entrailles qui t’ont porté et les seins que tu as sucés !  » Mais lui répondit :  » Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et la garde !  »

В продолжение пути их пришел Он в одно селение; здесь женщина, именем Марфа, приняла Его в дом свой; у неё была сестра, именем Мария, которая села у ног Иисуса и слушала слово Его. Марфа же заботилась о большом угощении и, подойдя, сказала: Господи! или Тебе нужды нет, что сестра моя одну меня оставила служить? скажи ей, чтобы помогла мне. Иисус же сказал ей в ответ: Марфа! Марфа! ты заботишься и суетишься о многом, а одно только нужно; Мария же избрала благую часть, которая не отнимется у неё. Когда же Он говорил это, одна женщина, возвысив голос из народа, сказала Ему: блаженно чрево, носившее Тебя, и сосцы, Тебя питавшие! А Он сказал: блаженны слышащие слово Божие и соблюдающие его.

Lecture de l’Évangile selon saint Luc (du jour selon le calendrier julien : Lc 8,41-56)

Lecture de l’Évangile selon saint Luc (synaxe des Incorporels selon le calendrier julien : Lc 10,16-21)

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Paroles des Pères

Présentation de Marie au Temple - Les Recluses MissionnairesQuelques jours après le commencement de l’Avent, l’Église célèbre la fête de la Présentation de la Sainte Vierge au Temple (21 Novembre). Il est juste que, au début du temps de préparation à Noël, notre pensée se porte vers la Mère de Dieu, dont l’humble et silencieuse attente doit être le modèle de notre propre attente pendant l’Avent. Plus nous nous rapprocherons de Marie pas notre prière, notre docilité, notre pureté, plus se formera en nous Celui qui va naître. […]

Le sens spirituel de la fête de la Présentation est développé dans les divers chants de l’office et de la liturgie. Les deux thèmes principaux que nous y trouvons sont les suivants. D’abord la sainteté de Marie. La petite enfant séparée du monde et introduite au Temple pour y demeurer évoque l’idée d’une vie séparée, consacrée, « présentée au Temple », une vie d’intimité avec Dieu : « Aujourd’hui la Toute Pure et toute sainte entre dans le Saint des Saints. » Il est évident que l’Église fait ici une allusion spéciale à la virginité, mais toute vie humaine, dans des mesures diverses, peut être une vie « présentée au Temple », une vie sainte et pure avec Dieu.

Le deuxième thème est la comparaison entre le Temple de pierre et le Temple vivant :  » Le Temple très pur du Sauveur… est conduite aujourd’hui dans la maison du Seigneur, apportant avec elle la grâce de l’Esprit divin « . Marie, qui portera le Dieu-Homme dans son sein, est un temple plus sacré que le sanctuaire de Jérusalem ; il convenait que ces deux temples se rencontrassent, mais ici c’est le temple vivant qui sanctifie le temple bâti. La supériorité du temple vivant sur le temple de pierre est vraie d’une manière spéciale de Marie, parce qu’elle était l’instrument de l’Incarnation. Mais, d’une manière plus générale, cela est vrai de tout homme uni à Dieu :  » Ne savez-vous que vous êtes le temple de Dieu ( 1 Co 3,16) ? … Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit ( 1 Co 6,19) ? « .

– Extrait du livre L’An de grâce du Seigneur, signé « Un moine de l’Église d’Orient »

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Il est deux sortes d’épreuves. Nous sommes attaqués dans ce monde, ou par l’affliction qui, comme l’or dans le creuset, éprouve notre âme et fait connaître sa force en exerçant sa patience, ou par la prospérité même, qui est un autre genre d’épreuve. Car ce sont deux choses également difficiles pour l’âme, de ne pas se laisser abattre dans les peines de la vie, et de ne pas se laisser porter aux excès dans la prospérité. Job nous fournit un exemple de la première sorte d’épreuve […], le riche de l’évangile qu’on vient de lire, nous offre un exemple, entre mille autres, de l’épreuve dans les heureux succès. […]

Dieu a comblé de bienfaits le riche de l’Évangile. Et que voyons-nous dans ce riche ? des mains fermées à toute largesse, un cœur dur, insensible aux besoins et aux souffrances d’autrui. Voilà sa reconnaissance pour les dons multipliés de son bienfaiteur. [..]

Le mal dont souffre son âme me paraît semblable à celui qu’éprouvent les gloutons : ils aiment mieux crever de gloutonnerie que de partager leurs restes avec les pauvres. Écoute, ô homme, celui qui t’a pourvu. Souviens-toi de toi-même, qui tu es, quel bien tu administres, de qui tu l’as reçu, pourquoi tu as été préféré à la plupart. Tu as été fait serviteur d’un Dieu bon, intendant de tes compagnons d’esclavages ; ne crois pas que tout a été préparé pour ton ventre. Délibère au sujet des biens que tu as en mains avec la pensée que ce sont ceux d’autrui : ils te charment un peu de temps, puis ils s’écrouleront et disparaîtront, mais il t’en sera demandé un compte exact. […]

« Que ferai-je ? » Il était tout simple de dire : je rassasierai les âmes de ceux qui ont faim, j’ouvrirai mes greniers et j’inviterai tous les pauvres. […] Tu t’entretiens avec toi-même dans le secret, mais tes paroles sont examinées dans le ciel. Aussi, est-ce de là que t’arrivent les réponses. Quels propos tiens-tu ? « Mon âme, tu as en réserve beaucoup de biens ; mange, bois, réjouis-toi chaque jour » (Lc 12, 19). Ô folie ! Si tu avais une âme de porc, quel autre plaisir lui préparerais-tu ? Es-tu si courbé vers la terre, comprends-tu si peu les biens de l’âme, que tu offres à la tienne des nourritures grossières, et que tu destines à cette âme tout ce que les entrailles mêmes rejettent dans les latrines ? Si ton âme est décorée de vertus, si elle est pleine de bonnes œuvres, si elle habite près de Dieu, alors elle a beaucoup de biens et elle se réjouit de la joie légitime et pure de l’âme. Mais puisque tes pensées sont terrestres, que tu as pour dieu ton ventre, que tu es tout charnel, asservi à tes passions, écoute le nom qui te convient, celui qu’aucun homme ne t’a donné mais le Seigneur lui-même : « Insensé ! cette nuit même on te redemandera ton âme ; et ce que tu as mis en réserve, pour qui sera-t-il ? » (Lc 12, 20). […]

Celui qui, dans quelques instants, va être emporté et conduit devant le Juge, quels desseins forme-t-il ? « Je détruirai mes greniers et j’en construirai de plus grands ». […] Quoi de plus sot que de se fatiguer sans cesse, de s’empresser de construire pour s’empresser de détruire ? Tu as comme greniers, si tu le veux, le ventre des pauvres. « Amasse-toi un trésor dans le ciel » (cf. Mt 6, 20). Ce qui est déposé là, les vers ne le mangent pas, la pourriture ne le dévore pas, les voleurs ne le dérobent pas. — Mais je partagerai avec les pauvres, quand j’aurai rempli mes seconds greniers. — Tu as fixé toi-même à ta vie un terme très éloigné. Prends garde que le temps, pressé d’arriver au jour fixé par Dieu, ne te devance, car ta promesse est une preuve, non de ta bonté, mais de ta méchanceté. En effet, tu promets, non pour donner ensuite, mais pour te soustraire au devoir présent. Qu’est-ce qui t’empêche de donner maintenant ? Le pauvre n’est-il pas là ? Tes greniers ne sont-ils pas pleins ? La récompense n’est-elle pas prête ? Le précepte n’est-il pas clair ? Celui qui a faim se consume, celui qui est nu est gelé, celui à qui on réclame une dette s’étrangle, et toi, tu renvoies ton aumône à demain ? […]

Tu ne connais qu’un mot : « je n’ai rien, je ne donnerai rien car je suis pauvre. » Pauvre, tu l’es en effet, et dépourvu de tout bien : pauvre d’amour, pauvre de bonté, pauvre de foi en Dieu, pauvre d’espérance éternelle. Donne à tes frères une part de tes vers ; partage aujourd’hui avec l’indigent ce qui sera pourri demain. C’est faire preuve de la plus odieuse des avarices, que de ne pas vouloir partager avec les pauvres même ce qui se perd.

« À qui fais-je tort, dit l’avare, en gardant ce qui m’appartient ? » Qu’y a-t-il, dis-moi, qui t’appartienne ? Où as-tu pris quelque chose pour l’introduire dans ta vie ? C’est comme si quelqu’un, s’étant emparé d’une place dans les spectacles publics, voulait empêcher les autres d’entrer, parce qu’il considère comme sa propriété personnelle ce qui est mis à la disposition de tous indistinctement. Tels sont les riches. Des biens qui sont communs, ils les regardent comme leur étant propres, parce qu’ils s’en sont emparés les premiers.

Si chacun prenait seulement de quoi subvenir à ses besoins et laissait le superflu à l’indigent, personne ne serait riche, personne ne serait pauvre, personne ne serait dans la misère. N’es-tu pas sorti nu du sein de ta mère ? Ne t’en retourneras-tu pas nu encore dans la terre ?

Les biens présents, d’où te sont-ils venus ? Si tu crois les tenir du hasard, tu es un impie, car tu méconnais Celui qui t’a créé et tu n’as pas de reconnaissance pour Celui qui te les a donnés. Si tu admets que c’est de Dieu, dis-nous la raison pour laquelle tu les as reçus. Dieu serait-il injuste, lui qui nous distribue inégalement les choses nécessaires à la vie ? Pourquoi es-tu riche, toi, alors que celui-là est pauvre ? N’est-ce pas seulement pour que toi, tu reçoives la récompense de ta bonté et de ta fidèle administration, et que lui soit honoré des prix magnifiques réservés à la patience ? Mais toi, qui fais tout disparaître dans les insatiables replis de ton avarice, crois-tu ne faire de tort à personne, lorsque tu prives du nécessaire tant de misérables ?

Qui est l’avare ? Celui qui ne se contente pas du nécessaire. Qui est le spoliateur ? Celui qui s’accapare pour lui seul ce qui est à chacun. Et toi, n’es-tu pas avare, n’es-tu pas spoliateur, quand tu t’appropries les biens que tu as reçus en intendance ? Celui qui dépouille un homme de ses vêtements est appelé voleur, mais celui qui ne couvre pas l’homme qui est nu, alors qu’il peut le faire, mérite-t-il un autre nom ? Il appartient à celui qui a faim, le pain que tu gardes ; à celui qui est nu, le manteau que tu conserves dans tes coffres ; à celui qui est sans chaussures, la chaussure qui pourrit chez toi ; au pauvre, l’argent que tu tiens enfoui. Ainsi, tu commets autant d’injustices qu’il y a de personnes à qui tu pourrais donner.

– Saint Basile le Grand, Homélie 6, Sur cette parole de l’évangile de Luc : « Je détruirai mes greniers et j’en construirai de plus grands » (Lc 12, 18) et sur l’avarice.

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Remarquez les mots : ton âme te sera redemandée. Comme des collecteurs d’impôt farouches, les anges effrayants viendront chercher ton âme, et tu ne voudras pas la donner parce que tu aimes cette vie et réclames les choses de cette vie comme les tiennes propres. Mais ils ne demandent pas l’âme du juste, parce que lui, il la confie de lui-même aux Mains de Dieu et Père des esprits, et il le fait avec joie et contentement, sans le moindre regret de remettre son âme à Lui. Pour lui, le corps est un fardeau léger, facile à ôter. Mais le pécheur a rendu son âme charnelle, semblable au corps et à la terre, la rendant difficile à séparer du corps. C’est pourquoi il faut lui demander son âme, de la même façon que de sévères collecteurs d’impôt traitent les débiteurs qui refusent de payer leur dû. Voyez que le Seigneur ne dit pas : « Je te redemanderai ton âme », mais elle te sera redemandée. Car les âmes des justes sont déjà dans les Mains de Dieu. En vérité, c’est dans la nuit que l’âme d’un tel pécheur est redemandée. Pour ce pécheur, c’est la nuit, car il est obscurci par l’amour de la richesse, la lumière de la connaissance divine ne peut pénétrer en lui, et la mort le surprend.

Ainsi celui qui amasse du trésor pour lui-même est appelé insensé : il ne cesse jamais de faire des projets et meurt au milieu d’eux. Mais s’il avait amassé du trésor pour les pauvres et pour Dieu, cela ne se serait pas passé ainsi. Efforçons-nous donc d’être riches pour Dieu, c’est-à-dire d’avoir foi en Lui, de L’avoir comme notre richesse et notre Dispensateur de richesse, et ne parlons pas de nos biens, mais des « Biens de Dieu ». S’ils sont à Dieu, ne privons pas Dieu de ses propres biens. C’est ce que veut dire être riche pour Dieu : c’est avoir confiance que même si je me vide et donne tout ce que j’ai, le nécessaire ne me manquera pas. Dieu est mon dispensateur des biens, j’ouvre ce trésor et j’en prends ce dont j’ai besoin.

– Saint Théophylacte de Bulgarie (1050-1126), Commentaire sur l’Évangile de Luc.

Synaxaire de ce dimanche selon le nouveau calendrier

Le 21 novembre, mémoire de l’ENTRÉE au TEMPLE de notre Souveraine la MÈRE de DIEU et Toujours-Vierge Marie.

Lorsque la sainte et très pure enfant, accordée par Dieu au genre humain resté stérile à cause du péché, des passions et de la mort, eut atteint l’âge de deux ans, son père Joachim dit à son épouse : « Menons-la au Temple du Seigneur, afin de remplir la promesse que nous avons faite de la consacrer dès son plus jeune âge au Tout-Puissant. » Mais Anne répondit : « Attendons jusqu’à sa troisième année, car elle réclamera peut-être son père et sa mère, et ne restera pas dans le Temple du Seigneur. »

presentationmaryLorsque l’enfant atteignit sa troisième année, les deux époux décidèrent d’accomplir leur vœu et de l’offrir au Temple. Joachim fit alors convoquer les jeunes filles des Hébreux de race pure, afin de l’escorter et de la précéder avec des flambeaux, de manière à ce que, attirée par la lumière, l’enfant ne fût pas tentée de retourner vers ses parents. Mais la sainte Vierge, née toute pure et élevée par Dieu, dès sa naissance, à un degré de vertu et d’amour des choses célestes supérieur à toute autre créature, s’élança en courant vers le Temple. Elle devança les vierges de son escorte et, sans un regard pour le monde ni pour ses parents, elle se jeta dans les bras du grand prêtre Zacharie qui l’attendait sur le parvis en compagnie des Anciens. Zacharie la bénit, en disant : « Le Seigneur a glorifié ton nom dans toutes les générations. C’est en toi qu’aux derniers jours se manifestera la Rédemption qu’il a préparée pour son peuple. » Et, chose inouïe pour les hommes de l’Ancienne Alliance, il fit entrer l’enfant dans le Saint des saints, là où seul le grand prêtre pouvait pénétrer, une fois par an seulement, le jour de la fête de l’Expiation. II la fit asseoir sur la troisième marche de l’autel et, la grâce du Seigneur l’ayant recouverte, Marie se leva et se mit à danser pour exprimer sa joie. Tous ceux qui étaient présents étaient ravis devant ce spectacle prometteur des grandes merveilles que Dieu allait bientôt accomplir en elle.

Ayant ainsi quitté le monde, ses parents et tout lien qui aurait pu l’attacher aux choses sensibles, la Sainte Vierge demeura dans le Temple jusqu’à l’âge de douze ans. Parvenue à l’âge nubile, les prêtres et les anciens craignirent qu’elle ne souillât le sanctuaire, aussi la confièrent-ils au chaste Joseph, pour qu’il soit le gardien de sa virginité en feignant d’être son fiancé.

Pendant les neuf années qu’elle passa dans le sanctuaire, la Toute-Sainte fut nourrie d’une nourriture spirituelle apportée par un ange de Dieu. Elle menait là une vie céleste, supérieure à celle de nos premiers parents dans le Paradis. Sans souci, sans passion, ayant dépassé les besoins de la nature et la tyrannie des plaisirs des sens, Marie ne vivait que pour Dieu seul, l’intelligence fixée à tout moment dans la contemplation de sa beauté. Par la prière continuelle et la vigilance sur elle-¬même, la sainte enfant acheva, pendant ce séjour dans le Temple, de purifier son cœur, pour qu’il devienne un pur miroir dans lequel la gloire de Dieu puisse se refléter. Comme une fiancée, elle se revêtit de la splendide parure des vertus, afin de se préparer à la venue en elle du Christ, le divin Époux. Elle parvint ainsi à une telle perfection, qu’elle résuma en elle-même toute la sainteté du monde et, devenue semblable à Dieu par la vertu, elle attira Dieu à se rendre semblable aux hommes par son Incarnation.

Introduite dans le Temple à l’âge où les autres enfants commencent à apprendre, la Toute-Sainte, du fond du sanctuaire inaccessible, entendait chaque samedi les lectures de la Loi et des Prophètes, que l’on faisait au peuple dans la partie publique du Temple. L’intelligence affinée par l’hésychia et la prière, elle parvint ainsi à la connaissance du sens profond des mystères de l’Écriture. Vivant parmi les choses saintes et considérant sa propre pureté, elle comprit quel avait été le dessein de Dieu tout au long de l’histoire de son peuple élu. Elle comprit que tant de siècles avaient été nécessaires pour que Dieu se prépare une mère issue de l’humanité rebelle, et que, pure enfant élue par Dieu, elle devait devenir le vrai Temple vivant de la divinité.

Placée dans le lieu très saint où étaient déposés les symboles de la promesse divine, la Vierge révélait ainsi que les figures s’accompliraient en sa propre personne. C’est elle qui est en effet le véritable Sanctuaire, le Tabernacle du Verbe de Dieu, l’Arche de la Nouvelle Alliance, le Vase contenant la manne céleste, la Verge bourgeonnante d’Aaron, la Table de la Loi de la grâce. C’est en elle que les prophéties obscures se dévoilent. Elle est non seulement l’Échelle reliant la terre et le ciel, que le Patriarche Jacob aperçut en songe, mais aussi la Colonne de nuée qui révèle la gloire de Dieu, la Nuée légère du prophète Isaïe, la Montagne non entaillée de Daniel, la Porte close par laquelle Dieu est venu visiter les hommes d’Ézéchiel, et la Fontaine vivante et scellée qui fait jaillir sur nous les eaux de la vie éternelle. Contemplant spirituellement ces merveilles qui devaient avoir lieu en elle, sans comprendre encore clairement comment elles allaient s’accomplir, la Toute-Sainte dirigea sa prière et son intercession vers Dieu avec plus d’intensité encore, pour que le Seigneur se hâte de réaliser ses promesses et qu’il sauve le genre humain de la mort, en venant habiter parmi les hommes.

Lorsque la Mère de Dieu pénétra dans le Saint des saints, le temps de préparation et d’épreuve de l’Ancienne Alliance prit fin. La fête que nous célébrons aujourd’hui est donc celle des fiançailles de Dieu avec la nature humaine. Voilà pourquoi l’Église se réjouit et exhorte tous les amis de Dieu à se retirer, eux aussi, dans le temple de leur cour pour y préparer la venue du Seigneur, par le silence et la prière, en se soustrayant aux plaisirs et aux vains soucis de ce monde.

Saints célébrés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Synaxe de l’archistratège Michel et des autres Puissances incorporelles : Gabriel, Raphaël, Uriel, Jégudiel (ou Jéhudiel), Salathiel (ou Sealtiel) et Barachiel ; saint Maur, évêque de Verdun (383) ; saint Tysilion, abbé au pays de Galles (VII°) ; saint Cybi, abbé au pays de Galles (VI°) ; saint Clair, prêtre, ermite près de Marmoutier (396) ; saint Willihad, évêque de Brème (789).