Dimanche 18 août 2019.

Dimanche 18 août 2019.

(5 août dans l’ancien calendrier.)

Avant-fête de la Transfiguration (selon l’ancien calendrier).

 

Synaxaire concernant la fête de la Transfiguration

Avant-Fête de la Transfiguration de Notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ. Jésus emmena à l’écart ses disciples préférés : Pierre, Jacques et Jean, et il monta avec eux sur une montagne, le mont Thabor en Galilée, pour y prier. Et comme il priait, l’aspect de son visage se transfigura et brilla comme le soleil, tandis que ses vêtements devinrent resplendissants, d’un blanc fulgurant, tel qu’aucun foulon sur la terre ne peut blanchir (Mc 9, 3). Au sein de cette vision glorieuse, apparurent aux côtés du Seigneur Moïse et Élie, les deux sommets de l’Ancien Testament, représentant respectivement la Loi et les Prophètes, qui lui portaient témoignage en tant que Maître des vivants et des morts.

Ce que le Christ manifestait ainsi à ses disciples au sommet de la montagne était la manifestation éclatante de la divinisation en Lui de la nature humaine tout entière — y compris le corps : la divinité s’est unie sans confusion avec la nature de la chair dès le moment de sa conception dans le sein de la Vierge. Ses disciples eurent leurs regards transfigurés par la puissance de l’Esprit Saint afin d’être capables de voir la lumière divine indissociablement unie au corps du Christ. Entrevue alors pour un instant, cette lumière deviendra l’héritage permanent des élus dans le Royaume, quand le Christ viendra à nouveau, resplendissant dans tout l’éclat de sa gloire. La fête d’aujourd’hui est donc par excellence celle de la divinisation de notre nature humaine et de la participation de notre corps corruptible aux biens éternels, qui sont au-dessus de la nature.

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Corinthiens (du jour : 1 Co 3, 9-17)

Frères, nous sommes, nous les apôtres, des compagnons de travail au service de Dieu ; et vous êtes le champ cultivé par lui, l’édifice de Dieu. Selon la grâce que Dieu m’a donnée, j’ai posé, en bon architecte, les fondations, et sur cette base un autre édifie : mais que chacun prenne garde à la manière dont il construit. Car personne ne peut poser une autre base que celle qui s’y trouve : Jésus Christ. Sur cette base, on pourra construire avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, de la paille ; mais, au jour du jugement, Dieu révélera ce que vaut l’œuvre de chacun. Elle sera soumise à l’épreuve du feu, qui en établira la qualité. Qui bâtit une œuvre qui résiste à ce feu recevra sa récompense ; mais, si l’œuvre est consumée, on aura perdu sa peine, bien que sauvé personnellement, comme à travers un incendie. N’oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un détruit ce temple divin, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous.

Ибо мы соработники у Бога, а вы Божия нива, Божие строение. Я, по данной мне от Бога благодати, как мудрый строитель, положил основание, а другой строит на нем; но каждый смотри, ка’к строит. Ибо никто не может положить другого основания, кроме положенного, которое есть Иисус Христос. Строит ли кто на этом основании из золота, серебра, драгоценных камней, дерева, сена, соломы,- каждого дело обнаружится; ибо день покажет, потому что в огне открывается, и огонь испытает дело каждого, каково оно есть. У кого дело, которое он строил, устоит, тот получит награду. А у кого дело сгорит, тот потерпит урон; впрочем сам спасется, но та’к, как бы из огня. Разве не знаете, что вы храм Божий, и Дух Божий живет в вас? Если кто разорит храм Божий, того покарает Бог: ибо храм Божий свят; а этот храм – вы.

Lecture de l’épître de saint Paul aux Corinthiens (de l’avant-fête : 1 Co 15, 12-19)

Frères,  si l’on prêche que Christ est ressuscité des morts, comment quelques-uns parmi vous disent-ils qu’il n’y a point de résurrection des morts ? S’il n’y a point de résurrection des morts, Christ non plus n’est pas ressuscité.  Et si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine.  Il se trouve même que nous sommes de faux témoins à l’égard de Dieu, puisque nous avons témoigné contre Dieu qu’il a ressuscité Christ, tandis qu’il ne l’aurait pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent point.  Car si les morts ne ressuscitent point, Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés,  et par conséquent aussi ceux qui sont morts en Christ sont perdus. Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes.

Eсли же о Христе проповедуется, что Он воскрес из мертвых, то ка́к некоторые из вас говорят, что нет воскресения мертвых? Если нет воскресения мертвых, то и Христос не воскрес; а если Христос не воскрес, то и проповедь наша тщетна, тщетна и вера ваша. Притом мы оказались бы и лжесвидетелями о Боге, потому что свидетельствовали бы о Боге, что Он воскресил Христа, Которого Он не воскрешал, если, то есть, мертвые не воскресают; ибо если мертвые не воскресают, то и Христос не воскрес. А если Христос не воскрес, то вера ваша тщетна: вы еще во грехах ваших. Поэтому и умершие во Христе погибли. И если мы в этой только жизни надеемся на Христа, то мы несчастнее всех человеков.

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (du jour : 14, 22-34)

En ce temps-là, Jésus ordonna à ses disciples de remonter dans la barque et de le précéder sur l’autre rive, pendant qu’Il renverrait la foule. Quand Il l’eut renvoyée, Il gravit la montagne pour prier à l’écart ; et là, Il était seul, à la tombée de la nuit. La barque se trouvait déjà au milieu de la mer, harcelée par les vagues, sous un vent contraire. À la quatrième veille de la nuit, Jésus vint vers les disciples, marchant sur la mer. Ceux-ci, le voyant marcher sur la mer, prirent peur et dirent : « C’est un fantôme ! » et ils crièrent d’effroi. Mais Jésus leur dit aussitôt : « Rassurez-vous, c’est Moi, n’ayez pas peur ! » Pierre lui répondit : « Seigneur, si c’est bien Toi, ordonne que j’aille près de toi sur les eaux. » Jésus lui dit : « Viens ! » Et Pierre sortit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais devant la violence du vent il prit peur et, sur le point de couler, il s’écria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus, tendant la main, le saisit en lui disant : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et quand ils furent montés dans la barque, le vent cessa. Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant Jésus en disant : « Tu es vraiment le Fils de Dieu ! » Et lorsqu’ils eurent achevé la traversée, ils touchèrent à Génésareth.

 И тотчас понудил Иисус учеников Своих войти в лодку и отправиться прежде Его на другую сторону, пока Он отпустит народ. И, отпустив народ, Он взошел на гору помолиться наедине; и вечером оставался там один. А лодка была уже на средине моря, и ее било волнами, потому что ветер был противный. В четвертую же стражу ночи пошел к ним Иисус, идя по морю. И ученики, увидев Его идущего по морю, встревожились и говорили: это призрак; и от страха вскричали. Но Иисус тотчас заговорил с ними и сказал: ободритесь; это Я, не бойтесь. Петр сказал Ему в ответ: Господи! если это Ты, повели мне прийти к Тебе по воде. Он же сказал: иди. И, выйдя из лодки, Петр пошел по воде, чтобы подойти к Иисусу, но, видя сильный ветер, испугался и, начав утопать, закричал: Господи! спаси меня. Иисус тотчас простер руку, поддержал его и говорит ему: маловерный! зачем ты усомнился? И, когда вошли они в лодку, ветер утих. Бывшие же в лодке подошли, поклонились Ему и сказали: истинно Ты Сын Божий. И, переправившись, прибыли в землю Геннисаретскую.

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (de l’avant-fête : 21, 18-22)

Еn ce temps-là, le matin, en revenant vers la ville, il eut faim. Voyant un figuier au bord du chemin, il s’en approcha, mais il n’y trouva rien d’autre que des feuilles, et il lui dit : « Que plus jamais aucun fruit ne vienne de toi. » Et à l’instant même, le figuier se dessécha. En voyant cela, les disciples s’étonnèrent et dirent : « Comment se fait-il que le figuier s’est desséché à l’instant même ? » Alors Jésus leur déclara : « Amen, je vous le dis : si vous avez la foi et si vous ne doutez pas, vous ne ferez pas seulement ce que j’ai fait au figuier ; vous pourrez même dire à cette montagne : “Enlève-toi de là, et va te jeter dans la mer”, et cela se produira. Tout ce que vous demanderez dans votre prière avec foi, vous l’obtiendrez. »

Поутру же, возвращаясь в город, взалкал; и увидев при дороге одну смоковницу, подошел к ней и, ничего не найдя на ней, кроме одних листьев, говорит ей: да не будет же впредь от тебя плода вовек. И смоковница тотчас засохла. Увидев это, ученики удивились и говорили: как это тотчас засохла смоковница? Иисус же сказал им в ответ: истинно говорю вам, если будете иметь веру и не усомнитесь, не только сделаете то́, что́ сделано со смоковницею, но если и горе сей скажете: поднимись и ввергнись в море,- будет; и всё, чего ни попросите в молитве с верою, полу́чите.

 

Paroles des Pères

Mais qu’est-ce que cette barque dans laquelle Jésus obligea ses disciples à monter, sinon, peut-être, la lutte contre les tentations et les périls, dans laquelle on s’embarque, sur l’ordre du Logos, pour ainsi dire malgré soi, car le Sauveur veut mettre ses disciples à l’épreuve dans cette barque secouée par les vagues et le vent contraire ? (…) Peut-être les disciples éprouvaient-ils de la difficulté à s’arracher à Jésus et étaient-ils incapables de se laisser séparés de lui, au gré des circonstances, car ils voulaient demeurer en sa compagnie : lui, cependant, jugea bon qu’ils connussent l’épreuve des vagues ct du vent contraire, ce qui ne se serait pas produit, s’ils avaient été avec Jésus, et il leur fit une obligation de se séparer de lui et de s’embarquer. (…)

Mais nous, si, un jour, nous sommes aux prises avec des tentations inévitables, souvenons-nous que Jésus nous a obligés à nous embarquer et qu’il veut que nous le précédions sur le rivage d’en face. Car il est impossible, pour qui n’a pas supporté l’épreuve des vagues et du vent contraire, de parvenir au rivage d’en face. Puis, quand nous nous verrons entourés par des difficultés nombreuses et pénibles, fatigués de naviguer au milieu d’elles avec la pauvreté de nos moyens, pensons que notre barque est alors au milieu de la mer, secouée par les vagues qui voudraient nous voir faire naufrage dans la foi ou quelque autre vertu. Si par ailleurs nous voyons le souffle du mauvais s’acharner contre nos entreprises, songeons qu’alors le vent nous est contraire. Quand donc, parmi ces souffrances, nous aurons enduré (…) la nuit obscure qui règne dans les moments de tentation, soyons sûrs alors que, (…) « quand la nuit sera avancée et qu’approchera le jour », arrivera près de nous le Fils de Dieu, pour nous rendre la mer bienveillante, en marchant sur ses flots. Et lorsque nous verrons le Logos nous apparaître, nous serons saisis de trouble jusqu’au moment où nous comprendrons clairement que c’est le Sauveur qui s’est exilé parmi nous et croyant encore voir un fantôme, remplis de crainte nous crierons ; mais lui nous parlera aussitôt et nous dira : « Ayez confiance, c’est moi ; n’ayez pas peur ! »

  • Origène, Commentaire sur st. Matthieu, Livre XI, chapitre 6, Sources Chrétiennes, p. 289-299.

Saints célébrés ce dimanche

Saint Eusignios d’Antioche, martyr à Césarée de Cappadoce (362) ; saints Anter (236) et saint Fabien, papes de Rome, martyrs (250) ; saint Ponce, martyr de Cimiez (257) ; saint Yon, martyr en Ile-de-France (IIIème s.)  ; saint Memmie, évêque de Châlons-en-Champagne (IIIème s.) ; saints Cantide, Cantidien et Soleb, martyrs en Égypte (IVème s.) ; sainte Nonne, mère de saint Grégoire le Théologien (374) ; saint Cassien, évêque d’Autun (IVème s.) ; saint Venance, évêque de Viviers (544) ; saint Viâtre, ermite en Sologne (VIème s.) ; saint Abel, archevêque de Reims (770) ; saint néomartyr Christos de Prévéza (1668) ; saint Jean de Chozeba, moine (1960) ; saints nouveaux martyrs de Russie : Étienne Khitrov, prêtre (1918) ; martyres Eudocie Cheïkov, Daria Oulybina, Daria Timaguine et Marie Neizvestny (1919) ; Simon, évêque d’Oufa (1921) ; Jean Smirnov, diacre (1939).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire

Le 5 août, nous faisons mémoire de saint Eusignios d’Antioche, martyr à Césarée de Cappadoce (362). Le saint et glorieux martyr Eusignios demeurait à Antioche. Âgé de cent dix ans, il avait servi pendant plus de soixante années dans l’armée, sous Constance Chlore, saint Constantin, Constance et Julien l’Apostat. Un jour, deux païens lui demandèrent de les départager dans une querelle, mais celui que le vénérable vieillard avait déclaré coupable alla le dénoncer à l’empereur Julien, sous prétexte qu’il ne se contentait pas d’adorer le Crucifié, mais qu’il s’arrogeait de plus le pouvoir judiciaire, privilège de l’empereur. Julien le fit aussitôt convoquer et lui demanda avec colère qui lui avait permis de se comporter en rival de son pouvoir. Comme le saint lui répliquait que la véritable cause de ce jugement était sa religion, Julien ordonna aux secrétaires de cesser l’enregistrement de ses déclarations et il le menaça de le faire exécuter comme un brigand. Mais lui rappelant ses longues années de service auprès de ses prédécesseurs, Eusignios le pria d’être soumis à un jugement régulier.

Le lendemain, comme l’empereur devait se rendre à Césarée de Cappadoce en vue d’y recruter des troupes pour sa campagne en Perse, il fit emmener le vieillard. Eustochios, diacre de l’Église d’Antioche et parent du saint, suivit le cortège en secret et parvint à approcher le prisonnier qui le pria d’engager un secrétaire pour consigner par écrit les Actes de son procès, afin que les chrétiens puissent en tirer profit. Eustochios lui promit qu’il se chargerait lui-même de cette tâche, serait-ce au péril de sa vie.

Dès qu’il parvint à Césarée, Julien fit comparaître Eusignios qui, malgré son âge, rayonnait d’une telle force physique et spirituelle, que tous les assistants en restèrent admiratifs. Le souverain lui montra les instruments de torture exposés et lui commanda de sacrifier à Zeus. Eusignios lui répondit : « Que le diable se contente de t’avoir arraché à la vie éternelle pour te vouer aux tourments éternels de l’enfer ! Quant à moi, je ne sacrifierai pas aux idoles. » Sur l’ordre de l’empereur, il fut alors étendu sur le chevalet et les bourreaux, après lui avoir écorché la peau, lui passèrent des torches enflammées sur le corps. Alors que l’âcre odeur des chairs brûlées remplissait l’endroit, l’empereur renouvela sa demande. Eusignios répliqua à l’Apostat en lui reprochant de se montrer indigne successeur de son illustre parent, saint Constantin le Grand, qu’il avait servi et à la suite duquel il s’était lui-même converti. Et le vétéran raconta comment, alors que Constantin avait été pris par des Perses qui voulaient le sacrifier à leurs dieux, il était intervenu et l’avait sauvé par l’assistance du Christ, et comment il s’était converti à la suite de ce miracle. À l’audition de ce récit, de nombreux soldats présents se montrèrent disposés à croire au Christ. C’est pourquoi Julien ordonna d’en finir au plus vite et de décapiter le vénérable Eusignios, dont les funérailles furent célébrées, dit-on, par saint Basile le Grand. Aussitôt après l’exécution, l’empereur Julien partit en campagne contre les Perses, au cours de laquelle il trouva la mort. On rapporte qu’au moment de rendre son âme misérable, il se serait écrié : « Tu as vaincu, Nazaréen ! »

TEXT PREPARE PAR OLIVIER GOULAIS

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