Dimanche 19 décembre 2021

Dimanche 19 décembre 2021.

(6 décembre selon l’ancien calendrier.)

Dimanche avant Noël, des saints Pères ou de la Généalogie du Christ selon le calendrier grégorien.

Fête de saint Nicolas le Thaumaturge selon le calendrier julien.

 

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Hébreux (pour la Généalogie : 11, 9-10, 17-23, 32-40) :

Frères, c’est grâce à la foi qu’Abraham vint séjourner en immigré dans la Terre promise comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse ; car il attendait la cité qui aurait de solides fondations, celle dont Dieu lui-même est la bâtisseur et l’architecte. Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et entendu cette parole : C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom. Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une préfiguration. Grâce à la foi encore, Isaac bénit Jacob et Ésaü en vue de l’avenir. Grâce à la foi, Jacob mourant bénit l’un et l’autre des fils de Joseph, et il se prosterna, appuyé sur l’extrémité de son bâton. Grâce à la foi, Joseph, à la fin de sa vie, évoqua l’exode des fils d’Israël et donna des ordres au sujet de ses ossements. Grâce à la foi, Moïse, après sa naissance, fut caché pendant trois mois par ses parents, car ils avaient vu que l’enfant était beau, et ils n’eurent pas peur du décret du roi. Que dire encore ? Le temps me manquerait pour rappeler l’histoire de Gédéon, Barak, Samson, Jephté, David, Samuel et les prophètes. Par leur foi, ils ont conquis des royaumes, pratiqué la justice, obtenu la réalisation de certaines promesses. Ils ont fermé la gueule des lions, éteint la flamme des brasiers, échappé au tranchant de l’épée, retrouvé leurs forces après la maladie, montré du courage à la guerre, mis en fuite des armées étrangères. Des femmes dont les enfants étaient morts les ont retrouvés ressuscités. Mais certains autres ont été torturés et n’ont pas accepté la libération qui leur était proposée, car ils voulaient obtenir une meilleure résurrection. D’autres ont subi l’épreuve des moqueries et des coups de fouet, des chaînes et de la prison. Ils furent lapidés, sciés en deux, massacrés à coups d’épée. Ils allèrent çà et là, vêtus de peaux de moutons ou de toisons de chèvres, manquant de tout, harcelés et maltraités – mais en fait, c’est le monde qui n’était pas digne d’eux ! Ils menaient une vie errante dans les déserts et les montagnes, dans les grottes et les cavernes de la terre. Et, bien que, par leur foi, ils aient tous reçu le témoignage de Dieu, ils n’ont pas obtenu la réalisation de la promesse. En effet, pour nous Dieu avait prévu mieux encore, et il ne voulait pas les mener sans nous à la perfection.

Верою обитал он на земле обетованной, как на чужой, и жил в шатрах с Исааком и Иаковом, сонаследниками того же обетования; ибо он ожидал города, имеющего основание, которого художник и строитель Бог. Верою Авраам, будучи искушаем, принес в жертву Исаака и, имея обетование, принес единородного, о котором было сказано: в Исааке наречется тебе семя. Ибо он думал, что Бог силен и из мертвых воскресить, почему и получил его в предзнаменование. Верою в будущее Исаак благословил Иакова и Исава. Верою Иаков, умирая, благословил каждого сына Иосифова и поклонился на верх жезла своего. Верою Иосиф, при кончине, напоминал об исходе сынов Израилевых и завещал о костях своих. Верою Моисей по рождении три месяца скрываем был родителями своими, ибо видели они, что дитя прекрасно, и не устрашились царского повеления. И что еще скажу? Недостанет мне времени, чтобы повествовать о Гедеоне, о Вараке, о Самсоне и Иеффае, о Давиде, Самуиле и (других) пророках, которые верою побеждали царства, творили правду, получали обетования, заграждали уста львов, угашали силу огня, избегали острия меча, укреплялись от немощи, были крепки на войне, прогоняли полки чужих; жены получали умерших своих воскресшими; иные же замучены были, не приняв освобождения, дабы получить лучшее воскресение; другие испытали поругания и побои, а также узы и темницу, были побиваемы камнями, перепиливаемы, подвергаемы пытке, умирали от меча, скитались в ми́лотях и козьих кожах, терпя недостатки, скорби, озлобления; те, которых весь мир не был достоин, скитались по пустыням и горам, по пещерам и ущельям земли. И все сии, свидетельствованные в вере, не получили обещанного, потому что Бог предусмотрел о нас нечто лучшее, дабы они не без нас достигли совершенства.

Lecture de l’épître de saint Paul aux Hébreux (pour St Nicolas : Héb. 13, 17-21) :

Frères, Faites confiance à ceux qui vous dirigent et soyez-leur soumis ; en effet, ils sont là pour veiller sur vos âmes, ce dont ils auront à rendre compte. Ainsi, ils accompliront leur tâche avec joie, sans avoir à se plaindre, ce qui ne vous serait d’aucun profit. Priez pour nous ; en effet, nous sommes convaincus d’avoir une conscience pure, puisque nous voulons en toute circonstance avoir une bonne conduite. Je vous demande instamment de le faire, pour que je vous sois rendu plus vite. Que le Dieu de la paix, lui qui a fait remonter d’entre les morts, grâce au sang de l’Alliance éternelle, le berger des brebis, le Pasteur par excellence, notre Seigneur Jésus, que ce Dieu vous forme en tout ce qui est bon pour accomplir sa volonté, qu’il réalise en nous ce qui est agréable à ses yeux, par Jésus Christ, à qui appartient la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Повинуйтесь наставникам вашим и будьте покорны, ибо они неусыпно пекутся о душах ваших, как обязанные дать отчет; чтобы они делали это с радостью, а не воздыхая, ибо это для вас неполезно. Молитесь о нас; ибо мы уверены, что имеем добрую совесть, потому что во всем желаем вести себя честно. Особенно же прошу делать это, дабы я скорее возвращен был вам. Бог же мира, воздвигший из мертвых Пастыря овец великого Кровию завета вечного, Господа нашего Иисуса Христа, да усовершит вас во всяком добром деле, к исполнению воли Его, производя в вас благоугодное Ему через Иисуса Христа. Ему слава во веки веков! Аминь.

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (pour la Généalogie : Mt 1, 1-25)

Livre de l’origine de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham. Abraham engendra Isaac ; Isaac engendra Jacob ; Jacob engendra Juda et ses frères ; Juda engendra de Thamar Pharès et Zara ; Pharès engendra Esrom ; Esrom engendra Aram ; Aram engendra Aminadab ; Aminadab engendra Naasson ; Naasson engendra Salmon ; Salmon engendra Boaz de Rahab ; Boaz engendra Obed de Ruth ; Obed engendra Isaï ; Isaï engendra le roi David. David engendra Salomon de la femme d’Urie ; Salomon engendra Roboam ; Roboam engendra Abia ; Abia engendra Asa ; Asa engendra Josaphat ; Josaphat engendra Joram ; Joram engendra Ozias ; Ozias engendra Joatham ; Joatham engendra Achaz ; Achaz engendra Ezéchias ; Ezéchias engendra Manassé ; Manassé engendra Amon ; Amon engendra Josias ; Josias engendra Jéchonias et ses frères, au temps de la déportation à Babylone. Après la déportation à Babylone, Jéchonias engendra Salathiel ; Salathiel engendra Zorobabel ; Zorobabel engendra Abiud ; Abiud engendra Éliakim ; Éliakim engendra Azor; Azor engendra Sadok ; Sadok engendra Achim ; Achim engendra Éliud ; Éliud engendra Éléazar; Éléazar engendra Matthan ; Matthan engendra Jacob ; Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, qui est appelé Christ.

Il y a donc en tout quatorze générations depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations depuis David jusqu’à la déportation à Babylone, et quatorze générations depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ. De Jésus Christ, voici l’origine. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph ; avant qu’ils n’aient habité ensemble, elle se trouva enceinte du saint Esprit. Joseph, son époux, qui était un juste et qui ne voulait pas la diffamer, voulut la renvoyer secrètement. Comme il y pensait, voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit : « Joseph, fils de David, n’aie pas peur d’accueillir Marie, ton épouse, car ce qui est engendré en elle est du saint Esprit ; elle enfantera un fils, et tu l’appelleras du Nom de Jésus ; car c’est Lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Tout cela arriva pour que s’accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète : « Voici que la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera du Nom d’Emmanuel, ce qui s’interprète : Dieu avec nous. » Éveillé de son sommeil, Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait ordonné, et il accueillit son épouse. Et il ne la connut pas jusqu’à ce qu’elle eut enfanté un fils ; et il appela celui-ci du Nom de Jésus.

Родословие Иисуса Христа, Сына Давидова, Сына Авраамова. Авраам родил Исаака; Исаак родил Иакова; Иаков родил Иуду и братьев его; Иуда родил Фареса и ару от Фамари; Фарес родил Есрома; Есром родил Арама; Арам родил Аминадава; Аминадав родил Наассона; Наассон родил Салмона; Салмон родил Вооза от Рахавы; Вооз родил Овида от Руфи; Овид родил Иессея; Иессей родил Давида царя; Давид царь родил Соломона от бывшей за Уриею; Соломон родил Ровоама; Ровоам родил Авию; Авия родил Асу; Аса родил Иосафата; Иосафат родил Иорама; Иорам родил Озию; Озия родил Иоафама; Иоафам родил Ахаза; Ахаз родил Езекию; Езекия родил Манассию; Манассия родил Амона; Амон родил Иосию; Иосия родил Иоакима; Иоаким родил Иехонию и братьев его, перед переселением в Вавилон. По переселении же в Вавилон, Иехония родил Салафииля; Салафииль родил Зоровавеля; Зоровавель родил Авиуда; Авиуд родил Елиакима; Елиаким родил Азора; Азор родил Садока; Садок родил Ахима; Ахим родил Елиуда; Елиуд родил Елеазара; Елеазар родил Матфана; Матфан родил Иакова; Иаков родил Иосифа, мужа Марии, от Которой родился Иисус, называемый Христос. Итак всех родов от Авраама до Давида четырнадцать родов; и от Давида до переселения в Вавилон четырнадцать родов; и от переселения в Вавилон до Христа четырнадцать родов. Рождество Иисуса Христа было так: по обручении Матери Его Марии с Иосифом, прежде нежели сочетались они, оказалось, что Она имеет во чреве от Духа Святаго. Иосиф же муж Ее, будучи праведен и не желая огласить Ее, хотел тайно отпустить Ее. Но когда он помыслил это,- се, Ангел Господень явился ему во сне и сказал: Иосиф, сын Давидов! не бойся принять Марию, жену твою, ибо родившееся в Ней есть от Духа Святаго; родит же Сына, и наречешь Ему имя Иисус, ибо Он спасет людей Своих от грехов их. А все сие произошло, да сбудется реченное Господом через пророка, который говорит: се, Дева во чреве приимет и родит Сына, и нарекут имя Ему Еммануил, что значит: с нами Бог. Встав от сна, Иосиф поступил, как повелел ему Ангел Господень, и принял жену свою, и не знал Ее, как наконец Она родила Сына Своего первенца, и он нарек Ему имя: Иисус.

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Lecture de l’Évangile selon saint Luc (pour St Nicolas : Luc 6, 17-23) :

En ce temps-là, Jésus descendit de la montagne avec les Apôtres et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon. Ils étaient venus l’entendre et se faire guérir de leurs maladies ; ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs retrouvaient la santé. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous. Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes. »

И, сойдя с ними, стал Он на ровном месте, и множество учеников Его, и много народа из всей Иудеи и Иерусалима и приморских мест Тирских и Сидонских, которые пришли послушать Его и исцелиться от болезней своих, также и страждущие от нечистых духов; и исцелялись. И весь народ искал прикасаться к Нему, потому что от Него исходила сила и исцеляла всех. И Он, возведя очи Свои на учеников Своих, говорил: Блаженны нищие духом, ибо ваше есть Царствие Божие. Блаженны алчущие ныне, ибо насытитесь. Блаженны плачущие ныне, ибо воссмеетесь. Блаженны вы, когда возненавидят вас люди и когда отлучат вас, и будут поносить, и пронесут имя ваше, как бесчестное, за Сына Человеческого. Возрадуйтесь в тот день и возвеселитесь, ибо велика вам награда на небесах. Так поступали с пророками отцы их.

Lectures selon le calendrier St Nicolas: Hb 13,17-21; Lc 6,17-23.
Et références des lectures propres au calendrier julien: 26e dim. après Pentecôte, Eph 5,8-19; Lc 17,12-19 (du 29e dim.).

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Paroles des Pères

Paroles à propos de la Généalogie :

Dieu demeure fidèle à Son peuple en dépit de toutes les vicissitudes historiques et des péchés humains, aussi longtemps que l’homme a foi en Dieu. La généalogie du Christ, remontant jusqu’à Abraham comme elle est reportée par saint Matthieu (1, 1-16), ou jusqu’à Adam comme nous le lisons dans saint Luc (3, 23-28), témoigne de ce fait que la chaîne des générations conduisait à un but : la venue du Christ, le Messie ; que, dans le cadre du plan de Dieu pour l’histoire de l’humanité, la fertilité humaine était un moyen pour ramener l’homme à Dieu ; que, par conséquent, dans l’histoire biblique, le mariage n’était pas seulement une fonction déterminée sociologiquement ou par l’appétit physiologique, mais conduisait à ce moment où Dieu « de la racine de Jessé fit croître selon la chair la fleur d’éternelle virginité et, prenant chair de son sein, fut enfanté pour le salut du genre humain » (première prière de l’Office du Couronnement).

Dieu Lui-même est devenu homme : ceci est le but l’histoire d’Israël et la raison pour laquelle Dieu a béni Abraham et Sarah, Isaac et Rebecca, Jacob et Rachel, Joseph et Asneth, Zacharie et Elizabeth, Joachim et Anne.

La première longue prière de l’Office du Couronnement demande à Dieu de placer le fiancé et la fiancée en compagnie de ces couples saints, les ancêtres du Christ, de leur accorder la même bénédiction. En un sens, certainement, le Royaume de Dieu a déjà été révélé, et il ne résultera pas d’un événement historique futur ; mais tous les enfants de couples chrétiens sont appelés à devenir « membres du Christ », participants de Son Corps. Chacun d’eux, à sa manière personnelle, est appelé à expérimenter la présence de Dieu et à Le révéler au monde. De sorte que Dieu continue d’agir à travers la fertilité créative de l’humanité ; le « Temple de Son Corps » est encore en construction ; porter un enfant, c’est participer au Mystère du Christ.

– Jean Meyendorff, Marriage : an orthodox perspective, St Vladimir’s Seminary Press, New Yok, 1984.

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Dans son traité De la chair de Jésus-Christ, Tertullien s’oppose aux hérésies qui nient la réalité de l’incarnation du Christ ou qui affirment qu’il ne s’est pas incarné dans une chair semblable à la nôtre (Marcion, Valentin, Apellès), croyant qu’une chair aussi chargée d’imperfection ne peut convenir à la vie spirituelle du Christ. Ce faisant, ces hérétiques ne comprenaient pas que le Christ, étant Dieu, s’est fait chair pour sauver l’humanité et lui ouvrir la voie de la déification. Tertullien dans ce passage montre que les Écritures, comme la généalogie du Christ, témoignent la réalité de son incarnation.

L’Apôtre Paul met fin à cette discussion en déclarant que le Christ est de la postérité d’Abraham. D’Abraham ! à plus forte raison de David, qui est bien plus récent. Rapportant la promesse que les nations seront bénies au nom d’Abraham : « Toutes les nations de la terre seront bénies en celui qui sortira de toi », l’Apôtre ajoute : « L’Écriture ne dit pas : « en ceux qui sortiront de toi », comme si elle en eût voulu indiquer plusieurs, mais elle dit en parlant d’un seul : « en celui qui sortira de toi », c’est-à-dire le Christ. » Nous qui lisons et qui croyons ces témoignages, quelle qualité devons-nous et pouvons-nous assigner à la chair du Christ ? La même qu’à celle d’Abraham, indubitablement, puisque le Christ est la postérité d’Abraham ; la même qu’à celle de Jessé, puisque le Christ « est une fleur de la tige de Jessé » ; la même qu’à celle de David, puisque le Christ est un fruit du sang de David ; la même qu’à celle de Marie, puisque le Christ est sorti du sang de Marie ; faut-il remonter encore plus haut ? la même qu’à celle d’Adam, puisque le Christ « est le second Adam. » La conséquence veut donc que, soit l’on reconnaisse qu’ils ont eu tous une chair spirituelle pour que l’on puisse attribuer à Jésus-Christ un corps de même nature, soit que l’on nous accorde que la chair de Jésus-Christ n’a pas été de nature spirituelle, puisqu’elle n’est pas sortie d’une tige dont la chair ait été spirituelle.

Ainsi s’accomplit sous nos yeux la parole prophétique que Siméon prononça sur le Seigneur qui venait de naître : « Voici celui qui est établi pour la ruine et pour la résurrection de plusieurs en Israël, et comme un signe de contradiction. » C’est le signe de la naissance du Christ, annoncé par Isaïe : « Aussi le Seigneur vous donnera-t-il un signe ; une Vierge concevra et enfantera un Fils. »

– Tertullien, De la chair de Jésus-Christ, XXII-XXIII.

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Comme l’avait dit Isaïe : « Une tige sortira de la racine de Jessé, et une fleur s’élèvera de sa racine. Sur lui reposera l’Esprit de Dieu, Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de science et de piété, et il sera rempli de l’Esprit de la crainte de Dieu. Il ne jugera pas selon l’apparence et ne condamnera pas d’après un ouï-dire, mais il rendra justice à l’humble et condamnera les grands de la terre. » Ailleurs encore Isaïe avait annoncé par avance son onction et la raison de celle-ci : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour porter la bonne nouvelle aux humbles ; il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles la vue, proclamer une année de grâce du Seigneur et un jour de rétribution, consoler tous ceux qui se lamentent. » D’une part, en effet, en tant que le Verbe de Dieu était homme, issu de la racine de Jessé et fils d’Abraham, l’Esprit de Dieu reposait sur lui et il était oint pour porter la bonne nouvelle aux humbles ; d’autre part, en tant qu’il était Dieu, il ne jugeait pas selon l’apparence et ne condamnait pas d’après un ouï-dire — « il n’avait pas besoin qu’on lui rendît témoignage sur l’homme, parce qu’il savait ce qu’il y a dans l’homme » —, mais il consolait tous ceux qui se lamentaient, et, en accordant la délivrance à ceux que leurs péchés avaient rendus captifs, il les dégageait de ces liens dont Salomon avait dit : « Chacun est enserré par les liens de ses péchés ».

– Saint Irénée de Lyon, Contre les hérésies, livre III, première partie.

Paroles à propos des béatitudes :

Nous lisons tous la Bible et mémorisons des versets, mais implantons-nous dans notre esprit les principes spirituels que ces versets contiennent ? En Deutéronome 6, 6-9, il est dit : « Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé ; tu les attacheras à ton poignet comme un signe, elles seront un bandeau sur ton front, tu les inscriras à l’entrée de ta maison et aux portes de ta ville. »

Cela signifie que nous devons assimiler ce que nous lisons dans la Bible et l’imprimer dans nos cœurs et nos esprits, jusqu’à ce que cela devienne partie intégrante de notre manière de penser. Voici quelques exemples :

La Bible nous dit en Luc 6,26 : « Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! » Et encore en Luc 6,22-23 : « Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel. » D’après ces paroles, être méprisé est une plus grande bénédiction que d’être loué. Ai-je implanté dans mon esprit que lorsque les gens me louent, c’est une chose dangereuse pour mon perfectionnement spirituel, mais que s’ils me méprisent et me calomnient, c’est une bénédiction ? Vous pouvez dire que c’est impossible, mais certains l’ont fait.

L’évêque Youannis, d’heureuse mémoire, allait tous les jeudis prêcher dans un village voisin. Comme il est habituel en Égypte, il devait partager un taxi avec d’autres personnes pour se rendre dans ce village. Il se trouve qu’un musulman fanatique avait l’habitude de prendre le même taxi au même moment le jeudi, et aussitôt que l’évêque Youannis entrait dans le taxi, il se retournait vers lui et lui crachait dessus ! Et cela pendant des années. Un jour, alors que l’évêque prenait le taxi, l’autre ne s’y trouva pas. L’évêque Youannis sentit son cœur s’attrister et se mit à se plaindre à Dieu : « Pourquoi m’as-tu privé de cette bénédiction Seigneur ? Est-ce à cause de mes nombreux péchés que tu as décidé que je n’étais plus digne d’une telle bénédiction ? »

Un autre évêque d’heureuse mémoire était Mgr Samuel, qui était un travailleur infatigable pour le Seigneur, et comme d’habitude, il avait de nombreux ennemis, des gens qui le détestaient et lui envoyaient des lettres très méchantes. Il gardait ces lettres méchantes dans un tiroir. Chaque fois qu’il se sentait découragé ou à plat, il ouvrait le dossier et commençait à lire les lettres désagréables : il se sentait alors de nouveau rafraîchi parce qu’il voyait une bénédiction dans chaque insulte qu’il lisait dans ces lettres. Voilà ce que nous voulons dire par implanter dans nos cœurs ce que nous lisons dans la Bible.

Les Pères prenaient très au sérieux le fait de s’entraîner à accepter les insultes et à rejeter les louanges. Le livre du Paradis des Pères nous raconte deux histoires merveilleuses sur cette discipline de l’esprit.

Un Abba a dit à un disciple novice : « Va insulter les morts ! » Il est donc allé, par obéissance, au cimetière et a commencé à crier des insultes aux morts pendant toute une journée. Le lendemain, son Abba lui dit : « Va louer les morts. » Il est allé au cimetière et a commencé à faire l’éloge des morts. Lorsqu’il est revenu le soir, son maître lui a demandé : « Quand tu as insulté les morts, ont-ils réagi ? » Il répondit : « Non. » Il lui demanda de nouveau : « Quand tu as fait l’éloge des morts, ont-ils réagi ? » Il répondit :« Non. » Le vieil homme lui dit alors : « Va et fais de même. »

L’autre histoire concerne un jeune homme d’une famille riche qui est entré dans un monastère pour devenir moine. Son Abba lui a dit : « Entraînez-vous à accepter les insultes avec joie ! » Il regarda autour de lui, mais il n’y avait personne pour l’insulter dans le monastère. Alors il est allé au village et a engagé un homme pour venir au monastère et l’insulter, jusqu’à ce qu’il soit vraiment entraîné à accepter les insultes avec joie.

Un jour, alors qu’il faisait une course en ville avec les autres moines, un fou a commencé à lui lancer des insultes. Il se mit alors à rire ! Les autres moines lui ont demandé pourquoi il riait. Il leur répondit : « J’avais l’habitude de payer pour ça, et maintenant je l’obtiens gratuitement ! »

– Père Athanasius Iskander, Practical spirituality according to the desert fathers, “Discipline of the mind”.

Synaxaire

Saints célébrés selon le nouveau calendrier

Le dimanche avant la Nativité, selon le nouveau calendrier, les saints Pères ont institué de célébrer la généalogie de Notre Seigneur Jésus-Christ, en commémorant tous ceux qui, depuis Adam jusqu’à Joseph le Fiancé de la Mère de Dieu, ont annoncé la venue dans la chair du Fils de Dieu par leurs œuvres ou leurs paroles. C’est pourquoi aux ancêtres selon la chair, nous associons aujourd’hui les justes et les prophètes.

Engendré éternellement et de manière ineffable par le Père, le Fils Unique et Verbe de Dieu, qui s’est incarné pour notre salut, n’a pas de généalogie selon sa nature divine ; mais, selon son humanité, Jésus-Christ est le Fils de l’Homme. Il est apparu sur la terre comme le terme et l’accomplissement d’une longue préparation, quand Dieu eut apprêté un réceptacle assez pur et assez saint pour le recevoir : la Sainte Vierge Mère de Dieu. Le ciel et la terre, les peuples, les temps et les moments heureux ou malheureux, tout fut amené par Dieu à l’existence en une série bien ordonnée pour préparer ou annoncer cette venue. Depuis Adam, le premier homme, jusqu’à la Toute Sainte Mère de Dieu, les générations se sont succédées, selon le bon vouloir et l’élection divine, jusqu’à ce que vienne la plénitude des temps, le moment prévu par Dieu de toute éternité pour que naisse petit enfant Celui qui est à la fois Dieu éternel et homme sujet à la mort, le fruit de toutes les promesses et l’espoir de tous les Justes.

Mémoire des Pères de l’Ancien Testament, depuis Adam jusqu’à Joseph, l’époux de la Vierge.
Saint Boniface, martyr en Cilicie (290) ; saint Elie des Grottes de Kiev (1188) ; saints Elie, Probus et Ares, martyrs égyptiens (308) ; saints Polyeucte et Timothée, diacres, martyrs (IV°) ; saint Boniface le Miséricordieux, évêque de Florence (VI°) ; saint Grégoire, évêque d’Auxerre (VI°) ; saint Adjut (ou Avit), abbé près d’Orléans ; sainte Prothasie, vierge, martyre à Senlis ; saint Georges de Khakhouli, l’écrivain, et son frère saint Saba (XI°).

Vie de saint Nicolas – Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire

Ce dimanche, nous célébrons la mémoire de saint Nicolas le Thaumaturge. Émule des apôtres et fervent imitateur de notre Seigneur Jésus-Christ, colonne vivante de l’Église par son zèle à défendre la foi et modèle des saints hiérarques par son soin pastoral, notre saint Père Nicolas s’est montré généreux intendant de la grâce de Dieu par ses innombrables miracles en faveur des pauvres, des délaissés, de ceux qui souffrent l’injustice et de tous ceux qui, jusqu’à aujourd’hui, réclament sa paternelle protection. Il vit le jour dans la ville de Patare, en Lycie, vers la fin du IIIe siècle, dans une famille chrétienne longtemps privée de progéniture. Dès sa plus tendre enfance, il montra son amour pour la vertu et son zèle dans l’observance des institutions de l’Église, en s’abstenant de prendre le sein de sa nourrice jusqu’au soir, chaque mercredi et vendredi. Pieux et réservé, il fut éduqué dans les lettres sacrées et, tout jeune encore, fut ordonné prêtre par son oncle, l’archevêque Nicolas. Veilles, jeûnes, prières étaient des vertus dans lesquelles le jeune clerc excellait depuis longtemps ; mais, lorsque, à la mort de ses parents, il distribua généreusement ses biens aux nécessiteux, l’aumône devint pour lui son plus grand titre de gloire devant Dieu. Il se considérait comme le simple économe des biens qui appartenaient aux pauvres, et mettait un soin tout particulier à garder secrètes ses bonnes actions afin de ne pas être privé des récompenses célestes (cf. Mt 6, 3). C’est ainsi qu’il sauva de l’infamie trois jeunes filles que leur père, acculé par les dettes, voulait livrer à la prostitution, en déposant secrètement, à trois reprises, suffisamment d’or pour les marier. Finalement découvert par leur père, Nicolas fit promettre à celui-ci, sous peine d’éternelle malédiction, de ne révéler à personne son bienfait. En retour, Dieu le fit briller devant les hommes par ses charismes et ses miracles. En route pour un pèlerinage aux Lieux saints, il apaisa à deux reprises, par sa prière, la tempête qui mettait en péril le navire sur lequel il s’était embarqué.

À son retour, au milieu de l’allégresse populaire, il fut bientôt désigné comme évêque de la ville voisine de Myre, à la suite de l’intervention d’un ange de Dieu auprès des évêques réunis en synode pour l’élection. Mis en prison pendant la grande et dernière persécution de Dioclétien et Maximien (305), le saint pasteur n’en cessa pas de confirmer ses brebis spirituelles dans la foi ; et, la paix de l’Église ayant été proclamée lors de l’avènement de Constantin, il montra un zèle ardent pour détruire les temples des idoles et en chasser les démons. L’hérésie impie d’Arius ne tarda pas cependant à troubler et à diviser le saint Corps du Christ, mais elle trouva encore saint Nicolas au premier rang des champions de l’Orthodoxie, parmi les Pères réunis pour le Premier Concile Œcuménique de Nicée, en 325.

Après avoir sauvé la ville de Myre de la famine, en apparaissant au capitaine d’un bateau chargé de blé, l’homme de Dieu sauva de la mort trois officiers romains, injustement accusés de complot, en apparaissant en songe à l’empereur saint Constantin et au perfide préfet Avlavios. Une fois délivrés, les trois militaires, pleins de reconnaissance envers le saint, devinrent moines. À de nombreuses reprises encore, tant pendant sa vie qu’après sa mort, saint Nicolas est miraculeusement intervenu pour protéger les navires en détresse et ceux qui voyagent par mer, c’est pourquoi on le vénère comme le protecteur des navigateurs. C’est ainsi qu’il apparut un jour à la barre d’un navire en perdition dans une tempête et le conduisit à bon port, ou qu’une autre fois, il vint au secours d’un voyageur passé par-dessus bord et qui, au cri de : « Saint Nicolas, viens à mon secours ! », se retrouva soudain dans sa demeure, entouré des siens ébahis.

Pendant de longues années, le saint évêque fut pour ses fidèles comme une présence du Christ, l’Ami des hommes et le Bon Pasteur ; il n’y avait pas de malheur auquel il ne compatît, pas d’injustice qu’il ne redressât, pas de discorde qu’il n’apaisât. Il se distinguait partout où il se trouvait par son visage lumineux et l’atmosphère de paix radieuse qui se dégageait de sa personne. Lorsque, après tant de bienfaits, il s’endormit dans la mort pour gagner le Royaume des cieux (entre 345 et 352), les hommes se lamentèrent d’avoir perdu leur pasteur et leur providence, mais les anges et les saints exultèrent de joie en recevant parmi eux le doux Nicolas. Ses saintes reliques furent déposées à Myre, dans une église construite en l’honneur du saint, où elles recevaient chaque année l’hommage d’un grand nombre de pèlerins, et son culte se diffusa à Constantinople et dans tout l’Empire. Le diable, ne pouvant toutefois supporter cette gloire posthume, prit un jour la forme d’une pauvre vieille femme qui, sous prétexte de ne pouvoir entreprendre une si longue traversée, confia à des pèlerins en partance pour Myre une jarre d’huile destinée à alimenter les veilleuses qui brûlaient perpétuellement devant le tombeau du saint. Mais au cours du voyage, saint Nicolas apparut au capitaine du navire et lui donna l’ordre de jeter cette huile magique à la mer. Aussitôt fait, la surface des eaux s’embrasa dans un grand remous, suscitant l’effroi des passagers qui rendirent grâce à Dieu d’avoir, par l’intermédiaire de son saint, sauvé le sanctuaire.

En 1087, Myre étant tombée sous le pouvoir des Sarrasins, les troupes italo-normandes de la Première Croisade s’emparèrent des saints ossements et les transférèrent à Bari, en Italie du Sud [9 mai], un grand nombre de miracles s’accomplissant partout où elles passaient. C’est là que, depuis, elles sont vénérées.

Saint Nicolas est, avec saint Georges, l’un des saints les plus chers au peuple chrétien, tant en Orient qu’en Occident. Innombrables sont les églises qui lui sont consacrées, les fidèles ou les lieux qui ont pris son nom. Particulièrement révéré par le peuple russe comme protecteur des récoltes, il est considéré en Occident comme le patron des enfants et des écoliers, car, selon la légende, il aurait ressuscité trois enfants hachés menu par un cruel boucher qui voulait les mêler à son pâté.