Dimanche 19 juillet 2020

Dimanche 19 juillet 2020.

(6 juillet selon l’ancien calendrier.)

6e dimanche après la Pentecôte.

Mémoire des saints Pères du 4e Concile œcuménique

 

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Romains (du jour : Rom. 12, 6-14) :

Frères, puisque nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été accordée, que celui qui a le don de prophétie l’exerce selon l’analogie de la foi ; que celui qui est appelé au ministère s’attache à son ministère ; que celui qui enseigne s’attache à son enseignement, et celui qui exhorte à l’exhortation. Que celui qui donne le fasse sans calcul ; que celui qui préside le fasse avec zèle ; que celui qui pratique la miséricorde le fasse avec joie. Que la charité soit sans hypocrisie. Ayez le mal en horreur ; attachez-vous fortement au bien. Par amour fraternel, soyez pleins d’affection les uns pour les autres ; par honneur, usez de prévenances réciproques. Ayez du zèle, et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit. Servez le Seigneur. Réjouissez-vous dans les temps d’espérance. Soyez patients dans l’affliction. Persévérez dans la prière. Pourvoyez aux besoins des saints. Exercez l’hospitalité. Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas.

И как, по данной нам благодати, имеем различные дарования, то, имеешь ли пророчество, пророчествуй по мере веры; имеешь ли служение, пребывай в служении; учитель ли,- в учении; увещатель ли, увещевай; раздаватель ли, раздавай в простоте; начальник ли, начальствуй с усердием; благотворитель ли, благотвори с радушием. Любовь да будет непритворна; отвращайтесь зла, прилепляйтесь к добру; будьте братолюбивы друг к другу с нежностью; в почтительности друг друга предупреждайте; в усердии не ослабевайте; духом пламенейте; Господу служите; утешайтесь надеждою; в скорби будьте терпеливы, в молитве постоянны; в нуждах святых принимайте участие; ревнуйте о странноприимстве. Благословляйте гонителей ваших; благословляйте, а не проклинайте.

Lecture de l’épître de saint Paul à Tite (des sts Pères : Tite 3, 8-15)

Frères, cette parole est certaine, et je veux que tu affirmes ces choses, afin que ceux qui ont cru en Dieu s’appliquent à pratiquer de bonnes oeuvres. Voilà ce qui est bon et utile aux hommes. Mais les folles spéculations, les généalogies, les disputes, les conflits relatifs à la loi, évite-les, car ils sont nuisibles et sans valeur. Si quelqu’un provoque des divisions, éloigne-le de toi après un premier puis un second avertissement. Sache qu’un tel homme est perverti et qu’il pèche, se condamnant ainsi lui-même. Lorsque je t’enverrai Artémas ou Tychique, empresse-toi de venir me rejoindre à Nicopolis, car c’est là que j’ai décidé de passer l’hiver. Aide avec empressement Zénas, l’expert de la loi, et Apollos dans leur voyage, en faisant en sorte qu’il ne leur manque rien. Il faut que les nôtres aussi apprennent à pratiquer de belles œuvres pour subvenir aux besoins les plus importants, afin de ne pas rester sans fruits. Tous ceux qui sont avec moi te saluent. De ton côté, salue ceux qui nous aiment dans la foi. Que la grâce soit avec vous tous !

Слово это верно; и я желаю, чтобы ты подтверждал о сем, дабы уверовавшие в Бога старались быть прилежными к добрым делам: это хорошо и полезно человекам. Глупых же состязаний и родословий, и споров и распрей о законе удаляйся, ибо они бесполезны и суетны. Еретика, после первого и второго вразумления, отвращайся, зная, что таковой развратился и грешит, будучи самоосужден. Когда пришлю к тебе Артему или Тихика, поспеши придти ко мне в Никополь, ибо я положил там провести зиму. Зину законника и Аполлоса позаботься отправить так, чтобы у них ни в чем не было недостатка. Пусть и наши учатся упражняться в добрых делах, в удовлетворении необходимым нуждам, дабы не были бесплодны. Приветствуют тебя все находящиеся со мною. Приветствуй любящих нас в вере. Благодать со всеми вами. Аминь.

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (du jour : Mt 9,1-8)

En ce temps-là, Jésus, étant monté dans une barque, traversa la mer, et alla dans sa ville. Et voici, on lui amena un paralytique couché sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : « Prends courage, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés ». Sur quoi, quelques scribes dirent au dedans d’eux : « Cet homme blasphème ». Et Jésus, connaissant leurs pensées, dit : « Pourquoi avez-vous de mauvaises pensées dans vos cœurs ? Car, lequel est le plus aisé, de dire : “Tes péchés sont pardonnés”, ou de dire : “Lève-toi, et marche ?” Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés : Lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton lit, et va dans ta maison. » Et il se leva, et s’en alla dans sa maison. Quand la foule vit cela, elle fut saisie de crainte, et elle glorifia Dieu, qui a donné aux hommes un tel pouvoir.

Тогда Он, войдя в лодку, переправился обратно и прибыл в Свой город. И вот, принесли к Нему расслабленного, положенного на постели. И, видя Иисус веру их, сказал расслабленному: дерзай, чадо! прощаются тебе грехи твои. При сем некоторые из книжников сказали сами в себе: Он богохульствует. Иисус же, видя помышления их, сказал: для чего вы мыслите худое в сердцах ваших? ибо что легче сказать: прощаются тебе грехи, или сказать: встань и ходи? Но чтобы вы знали, что Сын Человеческий имеет власть на земле прощать грехи,- тогда говорит расслабленному: встань, возьми постель твою, и иди в дом твой. И он встал, взял постель свою и пошел в дом свой. Народ же, видев это, удивился и прославил Бога, давшего такую власть человекам.

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (des sts Pères : Mt 5,14-19) :

En ce temps-là, Jésus dit : « Vous êtes la lumière du monde: une ville située sur une montagne ne peut être cachée ; et on n’allume point une lampe pour la mettre sous un boisseau, mais sur un chandelier ; et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes ouvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les prophètes; je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Car je vous le dis en vérité, jusqu’à ce que le ciel et la terre aient passé, il ne passera pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre que tout ne soit accompli. Celui donc qui aura violé l’un de ces plus petits commandements, et qui aura ainsi enseigné les hommes, sera estimé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les aura observés et enseignés, celui-là sera estimé grand dans le royaume des cieux.

Вы – свет мира. Не может укрыться город, стоящий на верху горы. И, зажегши свечу, не ставят ее под сосудом, но на подсвечнике, и светит всем в доме. Так да светит свет ваш пред людьми, чтобы они видели ваши добрые дела и прославляли Отца вашего Небесного. Не думайте, что Я пришел нарушить закон или пророков: не нарушить пришел Я, но исполнить. Ибо истинно говорю вам: доколе не прейдет небо и земля, ни одна иота или ни одна черта не прейдет из закона, пока не исполнится все. Итак, кто нарушит одну из заповедей сих малейших и научит так людей, тот малейшим наречется в Царстве Небесном; а кто сотворит и научит, тот великим наречется в Царстве Небесном.

Paroles des Pères

En disant : « Qu’une ville située sur une montagne ne peut être cachée », Jésus-Christ déclare manifestement sa toute-puissance. Il semble qu’il dise que comme il est impossible qu’une ville soit cachée sur une montagne, il est impossible aussi que son Évangile ne se publie et qu’il demeure enseveli dans le silence. Après leur avoir parlé des persécutions, des calomnies, des périls et des afflictions, il ne veut pas que les apôtres croient que ces maux puissent leur fermer la bouche et les obliger à se taire, et, pour les rassurer, il leur promet que non seulement leur prédication n’en sera pas obscurcie, mais qu’elle en éclatera davantage pour éclairer tout l’univers ; et qu’ainsi ils deviendront eux-mêmes célèbres et illustres. Par là il montre donc sa toute-puissance ; et par ce qui suit, il leur marque quelle fermeté il attend d’eux. En effet, après avoir dit : « On n’allume point, » dit-il, « une lampe pour la mettre sous un boisseau, mais on la met sur un chandelier, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison », il ajoute:

« Ainsi que votre lumière luise devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père, qui est dans les cieux. » J’ai allumé la lampe moi-même, leur dit-il; c’est à vous maintenant à prendre garde qu’elle ne s’éteigne. Conservez-lui son éclat, non seulement à cause de vous, mais encore à cause de ceux dont vous devez être la lumière, pour les éclairer et les conduire dans le chemin de la vérité. Les plus noires calomnies des hommes ne pourront obscurcir votre lumière, si vous vivez selon les règles que je vous donne, et d’une manière digne de ceux qui doivent convertir toute la terre. Faites donc que la sainteté de votre vie réponde à la grâce dont vous êtes les dispensateurs, afin que votre vertu contribue à étendre la publication et à relever la gloire de mon Évangile.

Il joint encore à ce premier avantage, qui est la conversion des hommes, une considération puissante pour les encourager, et pour les rendre plus fervents dans la pratique des vertus. Car en vivant de la sorte, leur dit-il, non seulement vous convertirez les hommes, mais « vous glorifierez Dieu votre Père : » comme au contraire, si vous agissez autrement, vous serez la cause à la fois que les hommes se perdront et que le nom de Dieu sera déshonoré par leurs blasphèmes.

Les apôtres pouvaient demander ici à Jésus-Christ : « Comment le Christ sera-t-il glorifié à cause de nous, si les hommes doivent nous maudire ? » Mais ce ne seront pas tous les hommes ; il n’y en aura que quelques-uns, et encore ne le feront-ils que par envie. Et ces envieux-là même, en vous décriant, vous admireront, comme les flatteurs condamnent dans leur cœur ceux qu’ils comblent ouvertement de fausses louanges.

Quoi donc, Seigneur, nous ordonnez-vous de vivre pour l’ostentation et l’amour de la gloire ? Au contraire, répond Jésus-Christ, je vous le défends très expressément. Je ne vous ai point commandé de publier vos bonnes œuvres, et de faire que tout le monde les connaisse. Je vous ai dit seulement : « Que votre lumière luise, » c’est-à-dire : qu’il y ait en vous une grande vertu, que le feu de la charité brûle dans vos cœurs, et que sa lumière éclate au dehors. Car quand la vertu est dans cette haute perfection, il est impossible qu’elle demeure inconnue, quelque effort que puisse faire celui qui la possède pour la cacher. Rendez donc toute votre vie irrépréhensible aux yeux des hommes, et qu’ils ne trouvent en vous aucun prétexte de vous accuser. Après cela, quand vous auriez mille calomniateurs, personne ne pourra ternir votre gloire.

C’est avec une grande raison qu’il se sert ici du mot de « lumière. » Car il n’y a rien qui rende un homme si remarquable et si illustre, que cet éclat qui naît de la vertu, quand, d’ailleurs, il ferait tout son possible pour demeurer inconnu. Il semble qu’il soit toujours environné du soleil, et que les rayons qu’il lance de toutes parts, non-seulement percent par toute la terre, mais pénètrent même jusque dans le ciel. Jésus-Christ donc console ainsi ses apôtres : « si d’un côté plusieurs s’efforcent de vous noircir par leurs médisances, il y en aura aussi beaucoup d’autres qui vous admireront, et qui seront incités par votre exemple à aimer et à glorifier Dieu. Ainsi des deux côtés s’accroîtra votre récompense, puisque Dieu sera glorifié à cause de vous, et que vous serez insultés à cause de Dieu. »

De peur que nous n’allions, de propos délibéré, attirer sur nous les mauvais propos des hommes, sous prétexte qu’une récompense est proposée à qui les souffre, il se garde de s’exprimer à cet égard d’une manière absolue, mais il apporte deux conditions: la première, c’est que le mal qu’on dira de nous soit faux; la seconde, c’est que nous le souffrirons pour l’amour de Dieu. Il leur enseigne de plus, que si les calomnies qu’ils souffriront, ne les empêchent pas d’être heureux, l’estime aussi qu’on fera d’eux leur sera très avantageuse, puisque la gloire en remontera jusqu’à Dieu. Il relève ainsi leurs espérances pour l’avenir, comme s’il leur disait : « Jamais la calomnie de vos envieux ne sera assez puissante pour aveugler de telle sorte les esprits des hommes, qu’ils ne puissent plus découvrir votre lumière. Lorsque vous deviendrez un sel fade et sans force, ce sera alors que vous serez foulés aux pieds par tout le monde. Mais lorsqu’en vivant saintement vous serez en butte à la calomnie, il s’en trouvera toujours plusieurs qui admireront votre vertu, et qui apprendront par votre exemple à rendre à votre Père la gloire qui lui est due. » Il ne dit pas, votre Dieu, mais votre Père, leur donnant déjà par avance des marques, et comme des gages de cette glorieuse naissance, qui devait les rendre les enfants de Dieu. En outre cette expression marque l’égalité d’honneur qui existe entre le Père et lui ; en effet après avoir dit plus haut : ne vous attristez pas des mauvais propos auxquels vous serez en butte, il vous suffit que vous y soyez exposés à cause de moi, c’est maintenant le Père qu’il met au lieu de lui; l’égalité des personnes ne saurait être mieux marquée.

Puisque nous voyons, mes frères, que notre zèle sera si heureux, et notre négligence si malheureuse, et qu’elle deviendra d’autant plus criminelle, que le nom de Dieu sera blasphémé à cause de nous, rendons-nous, comme dit saint Paul, irrépréhensibles à l’égard des juifs, des gentils, et de toute l’Église de Dieu, et que toute notre vie soit plus pure et plus éclatante que la lumière du soleil. Que si quelqu’un parle mal de nous, ne nous affligeons pas de ce qu’on nous décrie ; mais seulement de ce qu’on a raison de le faire. Si nous sommes dans le vice, quand personne ne parlerait mal de nous, nous serons les plus misérables de tous les hommes : mais si nous n’abandonnons point la vertu, quand tout le monde s’accorderait à nous charger d’outrages, nous ne laisserons pas d’être les plus heureux de tous les hommes, et nous attirerons de notre côté tous ceux qui penseront sérieusement à leur salut. Ils ne s’arrêteront pas aux médisances des méchants ; mais ils considèreront la pureté de notre vie. Car les actions saintes rendent un son plus perçant que les trompettes les plus éclatantes ; et la pureté des mœurs jette une lumière plus brillante que les rayons du soleil. Quand il y aurait mille calomniateurs, c’est en vain qu’ils s’efforceraient d’obscurcir un si grand éclat.

Si nous possédons ces vertus dont nous venons de parler ; si nous sommes doux, miséricordieux, humbles, pacifiques, et purs de cœur, si nous ne rendons point injure pour injure, mais si nous nous réjouissons du mal qu’on dit contre nous, il n’est pas douteux que ces vertus ne frapperont pas moins ceux qui les verront, que pourraient faire les plus grands miracles. Tout le monde viendra avec joie se ranger de notre côté. Il n’y aura point d’homme, quelque méchant qu’il puisse être, qui ne fléchisse, quand ce serait une bête farouche, quand ce serait un démon. Que s’il s’en trouve néanmoins quelques-uns qui ne laissent pas de vous déchirer par leurs impostures, ne vous en troublez point. Ne regardez point ce qu’ils disent de vous en public, entrez dans le fond de leur conscience, et vous verrez que lors même qu’ils vous décrient, ils vous estiment, ils vous admirent, et ils vous donnent mille éloges en secret.

– Saint Jean Chrysostome, Homélies sur l’Evangile selon saint Matthieu, XV.

 

Saints célébrés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Sainte Macrine, soeur de saint Basile le Grand (380) ; invention des reliques de saint Séraphin de Sarov (1903) ; saint Die d’Antioche, thaumaturge (vers 430) ; saint Théodore, évêque d’Edesse (IX°) ; saint Romain, prince de Riazan (1270) ; saint Païssios des Grottes de Kiev (IX°) ; saint Libère, évêque de Poitiers (III°).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire selon le nouveau calendrier

Le 19 juillet, mémoire de notre vénérable Mère MACRINE et de ses quatre compagnes dans la vie ascétique. Sœur de Saint Basile (1er janv.) et de saint Grégoire de Nysse (10 janv.), sainte Macrine était l’aînée des dix enfants de cette famille de saints. Au moment de sa naissance (327), un mystérieux personnage était apparu à sa mère à trois reprises, lui ordonnant de donner à l’enfant le nom de sainte Thècle, première-Martyre et modèle des vierges chrétiennes (cf. 24 sept.). Elle garda toutefois ce nom secret, et l’enfant reçut le nom de sa grand-mère, Macrine l’Ancienne, qui avait été disciple de saint Grégoire le Thaumaturge (cf. 17 nov.), et avait vécu dans les forêts du Pont au temps de la Grande Persécution.

Sa mère se préoccupa de l’instruire, non dans la culture profane et les choses frivoles communes aux gens de sa condition, mais dans tout ce qui, dans l’Écriture inspirée, convenait à son âge et à sa formation morale, en particulier le livre de la Sagesse et les Proverbes. Les Psaumes de David l’accompagnaient dans toutes ses activités: en se levant, en se mettant au travail, en le terminant, au début et à la fin du repas, avant de se coucher et en se levant la nuit pour prier. Lorsqu’elle eut douze ans, sa beauté ne pouvant rester cachée, son père la fiança à un jeune homme de qualité et de bonne réputation, qui venait de terminer ses études, et qui avait promis d’attendre que Macrine eût atteint l’âge convenable pour l’épouser. Cependant celui-ci fut bientôt emporté par Dieu avant l’union, ce qui permit à la Sainte de réaliser son désir secret: vivre dans la virginité pour chercher Dieu. De nombreux prétendants se présentèrent, mais Macrine préférait se considérer comme veuve, sans même avoir goûté aux joies et plaisirs de la vie conjugale. A cause de son espérance en la résurrection, elle estimait en effet que son époux était parti en voyage. Se séparant donc de tout lien avec le monde, elle demeura avec sa mère, se mettant à son service pour toutes les tâches domestiques, mêmes celles qui étaient alors réservées aux esclaves, et l’assistant également dans l’éducation de ses frères et soeurs. Après la mort de son père (341), elle assuma elle-même la gestion de leurs grands domaines, situés dans le Pont, en Cappadoce et en Arménie, et, par son exemple, elle invita sa mère à se tourner vers les biens incorruptibles: la contemplation de Dieu et la vraie philosophie. Elles menaient ensemble la vie ascétique, s’adonnaient à la lecture et à la méditation des Écritures, et Macrine était pour tous à la fois protectrice, pédagogue et modèle de vertu. Une fois libérée de l’éducation de ses enfants, Emmélie répartit entre eux ses biens et transforma la demeure familiale d’Annisa en Monastère. Elles firent de leurs servantes des compagnes d’ascèse, et Macrine réussit à convaincre Basile, qui rentrait d’Athènes après de brillantes études, de renoncer à une carrière prometteuse de rhéteur pour embrasser la vie évangélique. À côté du Monastère de femmes, qui grandissait par l’addition de veuves de nobles familles, se forma une communauté masculine, dirigée par le plus jeune frère de Macrine, Pierre, futur Evêque de Sébaste. Saint Naucrace (cf. 8 juin) s’était retiré dans un ermitage – qu’occupera ensuite saint Basile – sur la rive opposée de l’Iris, et subvenait aux besoins de pauvres vieillards par les produits de sa chasse.

Délivrées de l’enchaînement aux nécessités du corps et des préoccupations de cette vie, Macrine et ses compagnes menaient dans leur retraite une vie aux confins de la nature humaine et de la nature angélique. On ne voyait chez elles ni colère, ni envie, ni haine, ni arrogance, ni rien de semblable; tout désir d’honneur ou de gloire était banni. Leur plaisir était la tempérance; leur gloire, de n’être connues de personne; leur fortune, de ne rien posséder. Elles vivaient du travail de leurs mains, mais restaient exemptes de préoccupations, car leur travail véritable consistait en la méditation des réalités divines, la prière incessante et le chant ininterrompu des hymnes. Il n’y avait pour elles aucune différence entre la nuit et le jour: car la nuit elles se montraient actives dans les oeuvres de lumière, alors que leur journée imitait le repos nocturne par l’absence de trouble de leur vie. Affiné par l’ascèse, le corps de sainte Macrine était tel qu’il le sera lors de la résurrection. Elle versait des larmes à la mesure de sa boisson et tous ses sens étaient consacrés aux choses de Dieu, de sorte que, légère, elle cheminait dans les hauteurs avec les Puissances célestes. L’application à la vraie Philosophie selon le Christ, par la crucifixion de toutes les convoitises de la chair, lui permit de croître sans cesse en vertu jusqu’au sommet de la perfection.

Un jour une tumeur s’attaqua au sein de Macrine. Malgré les supplications de sa mère, elle refusa de recevoir les soins d’un médecin, jugeant que dévoiler aux yeux d’un homme une partie de son corps serait plus fâcheux encore que ce mal. Elle passa la nuit en prière dans l’église et oignit sa plaie de la boue faite par ses larmes. Au matin, elle demanda à Emmélie de tracer le signe de croix sur son sein, et l’abcès disparut, ne laissant qu’une petite cicatrice.

Elle avait atteint une telle impassibilité par son application aux choses de Dieu, qu’à la mort de Naucrace, survenue au cours d’un accident de chasse, elle fut pour sa mère et tout le reste de la famille un modèle de maîtrise de soi et de foi en la vie éternelle. Dans les deuils successifs qui frappèrent la communauté, elle montra une même grandeur d’âme, inébranlable comme un athlète exposé aux coups, tant devant la couche funèbre d’Emmélie, que lorsque saint Basile, le soleil de l’Orthodoxie, s’endormit (379). Et, si elle fut alors affligée, ce fut moins pour la perte d’un frère, que de voir l’Église privée de son maître et de son soutien. Pendant la famine qui frappa la Cappadoce, en 368, le monastère d’Annisa devint une véritable ville, refuge et consolation de toute la population d’alentour, et par la prière de la Sainte les réserves de grain, qu’on distribuait à tous les nécessiteux, se renouvelèrent miraculeusement.

Peu de temps après le décès de saint Basile, saint Grégoire de Nysse apprit que sa soeur était tombée gravement malade et il lui rendit visite au Monastère après neuf ans d’absence. Il la trouva étendue sur une planche, abattue par la fièvre, mais gardant son esprit libre dans la contemplation des biens célestes, de telle sorte qu’il en rafraîchissait son corps comme par une rosée. Alors qu’ils se rappelaient le souvenir du grand Basile, au lieu de se lamenter, la Sainte profita de cette occasion pour disserter longuement sur la nature de l’homme, le sens de la création, l’âme et la résurrection des corps(3). Sur tous ces sujets, son discours s’écoulait comme l’eau d’une source, facilement et sans obstacle. Jusqu’au dernier instant, elle ne cessa de deviser en philosophe sur ce qui avait fait l’objet de son choix: l’amour de l’Époux invisible, qu’elle se hâtait de rejoindre, sans qu’aucun attachement à cette vie ne puisse la retenir. Quand elle sentit la fin approcher, elle cessa de s’adresser à ceux qui se tenaient près d’elle et, les yeux tournés vers l’Orient, étendant les mains vers Dieu, elle murmura cette prière: « Seigneur, c’est Toi qui as fait disparaître pour nous la crainte de la mort. C’est Toi qui as fait pour nous du terme de la vie d’ici-bas, le commencement de la vie véritable. C’est Toi qui donnes à nos corps le repos pour quelque temps et qui nous réveilleras à nouveau au son de la trompette dernière. C’est Toi qui laisses à la terre en dépôt le limon que Tes mains ont façonné, pour venir reprendre ce que Tu as donné, en transformant par l’immortalité et la beauté ce qui en nous est mortel et difforme. C’est Toi qui nous as délivrés de la malédiction et du péché, en devenant pour nous l’un et l’autre. C’est Toi qui as brisé la tête du dragon qui précipita l’homme dans l’abîme de la désobéissance, en le saisissant par le cou. C’est Toi qui nous as ouvert la route de la résurrection après avoir fracassé les portes de l’enfer et as réduit à l’impuissance celui qui régnait sur la mort. C’est Toi qui as donné à tous ceux qui Te craignent le signe de la Sainte Croix, pour anéantir l’Adversaire et donner la sécurité à notre vie. Ô Dieu éternel! Vers qui je me suis élancée dès le sein de ma mère, Toi que mon âme a aimé de toute sa force, Toi à qui j’ai consacré ma chair et mon âme depuis ma jeunesse et jusqu’à cet instant, place auprès de moi un Ange de lumière qui me conduise par la main au lieu du rafraîchissement, là où se trouve l’eau du repos, dans le Sein des Saints Pères. Toi qui as brisé la flamme de l’épée de feu et rendu au Paradis le Larron qui était crucifié avec Toi et qui s’en était remis à Ta miséricorde, souviens-Toi aussi de moi dans Ton Royaume, car moi aussi j’ai été crucifiée avec Toi, j’ai cloué ma chair par Ta crainte et j’ai été saisie de crainte à cause de Tes préceptes. Ne me sépare pas de Tes élus par un abîme infranchissable. Que le Jaloux ne se dresse pas contre moi sur mon chemin, et que mon péché ne soit pas placé devant Tes yeux si, à cause de la faiblesse de notre nature, je suis tombée dans le péché par pensée, par parole ou par action. Toi qui as sur la terre le pouvoir de remettre les péchés, remets-les moi, afin que je reprenne haleine et qu’une fois séparée de ce corps je paraisse devant Toi, l’âme irréprochable et immaculée, comme l’encens devant ta Face. »

À ces mots, la Sainte traça le signe de croix sur ses yeux, sa bouche et son cœur. Elle assista en silence à l’Office du soir, puis cessa dans un grand soupir tout à la fois sa prière et sa vie. Au cours des funérailles, présidées par saint Grégoire, auxquelles assistait une foule immense, la beauté spirituelle de sainte Macrine rejaillissait de manière éclatante sur son corps, qui avait été paré comme celui d’une fiancée. Accompagnée du chant des hymnes, comme pour les fêtes des Martyrs, elle fut ensevelie à Ibora, dans le tombeau où reposaient ses parents, en l’église des Quarante-Martyrs.

Saints célébrés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Saint Sisoès le Grand, ascète au désert de Scété (429) ; sainte Lucie, vierge, et ses 24 compagnons de martyre en Campanie dont : saints Antoine, Lucien, Isidore, Dion, Diodore, Apamos et Rixos (301) ; saint Sisoès des Grottes de Kiev (XIII°) ; saint Gervais, martyr près d’Autun (IV°) ; saints Berthaire (ou Berthier), prêtre et Athalène, diacre, martyrs (VII°) ; sainte Sexburge, abbesse d’Ely en Angleterre (679).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire selon l’ancien calendrier

Le 6 juillet, nous célébrons la mémoire de notre vénérable Père Sisoès le Grand. Ayant pris sur lui la Croix de Notre Seigneur depuis sa jeunesse, notre bienheureux Père Sisoès se retira au désert de Scété. Il progressa si rapidement dans la vertu et dans les combats ascétiques, qu’il fut bientôt considéré par tous comme le modèle du moine. Peu après la mort de saint Antoine, alors que les déserts de Scété et de Nitrie commençaient à être trop peuplés, il décida de se rendre dans la montagne intérieure, où avait vécu le grand patriarche du désert, et qui se trouvait alors abandonnée à cause des incursions des barbares (vers 357). Il y demeura soixante-douze ans, suivant en tout les traces de saint Antoine. Un frère lui demanda un jour s’il était parvenu à la mesure d’abba Antoine. Il répondit: « Si j’avais l’une des pensées d’abba Antoine, je deviendrais tout entier comme du feu; pourtant je connais un homme qui, avec peine, peut porter la pensée d’abba Antoine. » Il recevait de temps en temps des provisions d’un moine venu de Pispir; mais il advint que ce dernier tarda pendant près de dix mois. Comme il marchait dans la montagne, Sisoès rencontra un chasseur, venu de Pharan (Sinaï), qui n’avait vu personne depuis onze mois. Le vieillard rentra alors dans sa cellule et se frappa la poitrine en disant: « Voilà, tu as pensé que tu avais fait quelque chose, mais tu n’es même pas arrivé au niveau de ce séculier ! »

Parmi les vertus qui ornaient son âme, il excellait avant tout dans l’humilité, et il enseignait à ses visiteurs qu’elle s’acquiert premièrement par l’abstinence, deuxièmement par la prière, et troisièmement en s’efforçant de se considérer en toute circonstance comme inférieur à tous les hommes. Il aimait tellement le jeûne, et était si absorbé par la prière, qu’il restait des jours entiers sans aucun souci pour la nourriture, et quand son disciple, Abraham, lui en faisait la remarque, il lui répondait avec une grande simplicité: « N’avons-nous pas mangé, mon enfant? » — L’autre lui ayant répondu que non, il disait: « Si nous n’avons pas mangé, apporte et mangeons. »

Le fils d’un homme qui était venu rendre visite à l’ancien sur la montagne, étant mort en chemin, le père, sans se troubler, l’apporta avec confiance au vieillard, et s’inclina devant lui avec son fils. Puis, il sortit. Le saint, pensant que l’enfant restait prosterné par respect, dit: « Lève-toi, va dehors! » Sur-le-champ le défunt se leva et sortit.

S’arrêtant un jour auprès du tombeau d’Alexandre le Grand, l’ancien contempla avec stupeur la vanité de la gloire terrestre et versa des larmes sur le sort commun de tout homme. Puis il retourna dans sa cellule, pour y persévérer dans l’attente du Seigneur. A un frère qui était tombé à plusieurs reprises dans le péché, il dit: « Relève-toi encore et encore. » — « Jusques à quand? » demanda le frère. — L’ancien répondit: « Jusqu’à ce que tu sois saisi soit dans le bien, soit dans le péché. Car l’homme se présente au jugement dans l’état dans lequel il est trouvé.»

Lorsque, ayant accompli sa course, saint Sisoès fut sur le point de mourir, alors que des Pères étaient assis autour de lui, son visage brilla soudain comme le soleil. Et il leur dit: « Voici que vient abba Antoine. » Peu après, il dit: « Voici le choeur des Prophètes. » Son visage brilla avec plus d’éclat et il dit: « Voici que vient le choeur des Apôtres. » Puis sa face s’illumina, et il semblait parler avec un personnage invisible. Les Pères lui ayant demandé quel était son interlocuteur, il répondît: « Voici que les Anges viennent me prendre, et je les supplie de me laisser faire un peu pénitence. » Les anciens répliquèrent: « Mais tu n’as plus besoin de faire pénitence, Père. » Il répondit alors en pleurant: « En vérité je n’ai pas même conscience d’en être au commencement. » Les Pères s’émerveillèrent d’une telle humilité et comprirent qu’il avait atteint la perfection. Son visage devint alors subitement plus brillant que le soleil, et tous les assistants furent remplis de crainte. L’ancien murmura: « Regardez, le Seigneur vient et Il dit: « Apportez-moi le vase du désert ». » À ces mots, saint Sisoès remit son âme entre les mains de Dieu. Il y eut comme un éclair fulgurant et tout l’endroit fut rempli de bonne odeur.