Dimanche 20 décembre 2020

Dimanche 20 décembre 2020.

(7 décembre dans l’ancien calendrier.)

 

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Colossiens (selon le calendrier julien : Col 1,12-18) :

Frères, rendez grâces au Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière, qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés. Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. Il est la tête du corps de l’Eglise; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier.

Благодаря Бога и Отца, призвавшего нас к участию в наследии святых во свете, избавившего нас от власти тьмы и введшего в Царство возлюбленного Сына Своего, в Котором мы имеем искупление Кровию Его и прощение грехов,  Который есть образ Бога невидимого, рожденный прежде всякой твари; ибо Им создано всё, что на небесах и что на земле, видимое и невидимое: престолы ли, господства ли, начальства ли, власти ли,- все Им и для Него создано;  и Он есть прежде всего, и все Им стои́т. И Он есть глава тела Церкви; Он – начаток, первенец из мертвых, дабы иметь Ему во всем первенство.

Lecture de l’Évangile selon saint Luc (selon le calendrier julien : Lc 17,12-19) :

10 ten lepers healing icon - Crossroads InitiativeEn ce temps-là, alors que Jésus entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, aie pitié de nous. » A cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

И когда входил Он в одно селение, встретили Его десять человек прокаженных, которые остановились вдали и громким голосом говорили: Иисус Наставник! помилуй нас. Увидев их, Он сказал им: пойдите, покажитесь священникам. И когда они шли, очистились. Один же из них, видя, что исцелен, возвратился, громким голосом прославляя Бога, и пал ниц к ногам Его, благодаря Его; и это был Самарянин. Тогда Иисус сказал: не десять ли очистились? где же девять? как они не возвратились воздать славу Богу, кроме сего иноплеменника? И сказал ему: встань, иди; вера твоя спасла тебя.

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Selon le calendrier grégorien, dimanche avant Noël, de la Généalogie : Hb 11,9-10, 32-40 et Mt 1,1-25.

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Paroles des Pères

Penses-tu au présent ? Tu es en vie grâce au Seigneur. Penses-tu à l’avenir ? L’espoir de réaliser tes désirs repose sur le Seigneur. Penses-tu au passé ? Tu n’aurais pas existé si le Seigneur ne t’avait pas créé. Il t’a accordé sa faveur en te faisant naître, et depuis ta naissance il te l’accorde encore. Comme l’Apôtre le dit : Tu as en lui la vie et le mouvement (cf. Ac 17,28). […]
Même si tu ne cesses de rendre grâce à Dieu durant toute ta vie, cela égalera à peine la grâce qu’il te fait au moment présent, et tu ne trouveras jamais le moyen de payer ta dette de reconnaissance pour le passé et pour l’avenir. Que nous sommes loin, d’ailleurs, de lui rendre grâce selon la mesure de nos capacités ! C’est au point que nous n’employons même pas les possibilités qui nous sont offertes de manifester notre gratitude. Nous négligeons, en effet, de réserver, je ne dis pas toute la journée, mais même une infime partie de celle-ci, à la méditation des réalités divines. […] Il n’y a personne qui comprenne (Rm 3,11), dit l’Écriture. Car, en vérité, si nous y étions vraiment attentifs, durant toute notre vie nous ne cesserions de rendre grâce à Dieu.
– Saint Grégoire de Nysse, Homélies sur la prière du Seigneur, 1, PG 44, 1120 1124-1125.

Tout dans l’Ancienne Loi était symbolique, figuratif et obscur. Pour cette raison, cette loi considérait la lèpre comme un péché, une souillure, et qualifiait d’impurs les lépreux et les personnes souffrant de suppurations, ainsi que ceux qui avaient un contact avec eux ou touchaient un cadavre (cf. Lév. 13: 1-15 : 33, Nombres 19:11), faisant allusion obscurément à l’impureté de ceux qui pèchent contre Dieu, de ceux qui les assistent et de ceux qui les fréquentent. Les lépreux symbolisent les hommes trompeurs, méchants, colériques et rancuniers. Car comme la lèpre rend la peau du corps rugueuse et tachée, de même la tromperie, la méchanceté, la colère et la rancune rendent le raisonnement de l’âme dur et changeant. Les lépreux étaient un moyen de signifier de telles passions de l’âme, qui sont bien pires que la lèpre, et quelqu’un souffrant d’un écoulement symbolisait une personne immorale. En désignant ceux qui étaient en contact avec des cadavres, la loi déclarait impurs ceux qui fréquentent les pécheurs.

Quand le Seigneur, à cause de l’océan inexprimable de sa miséricorde, est apparu sur la terre comme homme pour guérir les maladies de notre âme et ôter le péché du monde, il a également guéri ces maladies que la loi spécifiait comme impures. Si quelqu’un considère donc de telles maladies comme étant réellement une impureté et un péché, qu’il confesse comme Dieu celui qui en délivre les hommes. Si, cependant, il prend à juste titre de telles afflictions comme des symboles de l’impureté et de la transgression réelles, qu’il comprenne d’après ce que le Christ a accompli à l’égard de ces symboles, qu’Il est vraiment celui qui a le pouvoir de pardonner et de purifier le péché du monde. 

À mon avis, il serait également correct et véridique d’ajouter une chose supplémentaire : le Seigneur nous exhorte à rechercher les choses spirituelles – «Cherchez d’abord le royaume de Dieu», dit-il, «et sa justice» – et si nous cherchons ce qui est bénéfique pour nos âmes et apporte le salut, Il promet également de subvenir à nos besoins corporels, comme il le déclare : «Et toutes ces choses vous seront données par surcroît.» (Matt. 6:33). De la même manière, lorsqu’Il a voulu gracieusement incliner les cieux et descendre d’en haut jusqu’à notre état le plus bas, afin de nous purifier de nos péchés, Il a accordé de surcroît que les boiteux marchent, que les aveugles voient et les lépreux soient purifiés, et il a soigné toutes nos maladies corporelles, car Il est riche en miséricorde.

Comme l’évangéliste Luc nous le dit aujourd’hui, alors que le Seigneur montait à Jérusalem et qu’il entrait dans un village, dix lépreux le rencontrèrent en chemin. Ceux-ci “se tenaient à distance et élevèrent la voix” (Luc 17: 12-13). L’évangéliste fait bien de souligner que les lépreux ne l’ont pas rencontré après son entrée dans le village, mais au moment où il y entrait, parce qu’ils ont été chassés des villes et des villages comme impurs, et vivaient à l’extérieur de ceux-ci. Ils «se tenaient à distance », car même à l’extérieur, il n’était pas permis de s’approcher des personnes en bonne santé. Ils ont élevé la voix, c’est-à-dire qu’ils se sont mis à crier, à cause de la distance qui les séparait : «Jésus, Maître, aie pitié de nous» (Luc 17:13). […]

Puisque, selon la loi, il était impossible pour les lépreux de se mêler aux foules entourant le Seigneur et d’être ainsi conduits à la foi par son enseignement et ses miracles, le Christ eut pitié d’eux et les purifia de la lèpre, afin qu’étant délivrés de cet obstacle qui les séparait des autres, ils puissent désormais se joindre à lui et devenir meilleur en sa compagnie.

Mais comment les purifie-t-il? En leur ordonnant : « « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. » (Luc 17:14).  […] La signification cachée de la lèpre étant le péché, l’obligation d’en démontrer la purification aux prêtres montre clairement qu’aucun de ceux qui ont péché contre Dieu, même s’ils abandonnent le péché et le réparent par des œuvres de repentance, ne peuvent obtenir le pardon de leur propre chef, à moins qu’ils n’aillent à celui qui a reçu l’autorité de Dieu pour remettre les péchés, et lui montrent, par la confession, leur âme rongée par la lèpre du péché, afin de recevoir de lui la pleine assurance. 

Le Christ, qui a accompli les exigences symboliques de la loi pour nous, a envoyé les lépreux se faire examinés par les prêtres pour cette raison, mais il prévoyait également quelque chose de plus. Car le miracle était suffisamment manifeste pour délivrer ces prêtres de leur manque de foi en Lui. Il s’était trouvé que la sœur de Moïse, Myriam, avait été atteinte de la lèpre. Ce n’est pas le moment d’expliquer pourquoi, mais elle est devenue lépreuse (cf. Nombres 12: 1–10), et Moïse, profondément attristé par ce qui était arrivé à sa sœur, a cherché la guérison de Dieu par la prière; et il la reçut, mais seulement après sept jours (Nombres 12: 13-15). Considérez comment le miracle témoigne de la supériorité du Christ par rapport à Moïse. Quand un lépreux déclara au Christ: «Seigneur, si tu veux, tu peux me rendre pur», Il répondit : «Je le veux; sois pur »(Matthieu 8: 2, 3), et il le guérit aussitôt de la lèpre. Dans notre passage, au contraire, Il a accordé la guérison aux dix lépreux, qui l’ont imploré en se tenant à distance d’être purifiés, sans rien dire, mais simplement en donnant son consentement. 

Il est alors évident à ceux qui comprennent que celui que Moïse a prié et qu’il a supplié en tant que Dieu de purifier Myriam, c’est le Christ. Ces dix lépreux qui avaient été purifiés de cette manière ont été envoyés aux prêtres, afin que ces prêtres eux-mêmes puissent reconnaître la puissance du Christ par ce miracle. De la sorte, apprenant des lépreux qu’ils étaient venus accomplir la loi par la volonté de celui qui a un tel pouvoir, ils pourraient comprendre que sa volonté est aussi la Loi donnée par Moïse. Ainsi, ils pourraient croire en ce Dieu unique, qui est Dieu à la fois de la Loi et de la grâce, et conduire les lépreux purifiés à une foi plus parfaite en Lui. Il aurait dû en être ainsi, même si les prêtres ont, d’une manière insensée, fait le contraire. Bien qu’ils aient fait le contraire, le Christ n’a jamais rien laissé de côté qui pourrait les amener au salut. Sa patience et son amour pour l’humanité sont inépuisables et invincibles, et sa patience ne pouvait être vaincue par leur méchanceté.

– Saint Grégoire Palamas, Sermon sur la guérison des dix lépreux, in Miracles of the Lord: Sermons by Saint Gregory Palamas. Mount Thabor Publishing.

Saints célébrés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Avant-fête de la Nativité de Notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ (jusqu’au 24 Décembre). Saint Ignace le Théophore, évêque d’Antioche, hiéromartyr (107) ; saint Philogone, évêque dAntioche (323) ; saint Jean de Cronstadt, prêtre (1908) ; saint Ursicin, évêque de Cahors (vers 585) ; saint Ursanne (ou Ursicin), abbé-fondateur de Saint-Ursanne en Suisse (vers 620) ; saint Ignace, archimandrite des Grottes de Kiev (1435) ; saint Jean le tailleur, néo-martyr grec à Constantinople (1650).

Saints célébrés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Saint Ambroise, évêque de Milan (397) ; les 62 prêtres et les 300 fidèles martyrisés à Carthage par les Vandales ariens (477) ; saint Paul l’Obéissant, ermite à Chypre ; saint Nil du Lac Stolobenskoye (1554) ; saint Antoine de Siya (lac Michailov) (1556) ; saint Jean le jeûneur des Grottes de Kiev (XII°) ; saint Athénodore, martyr en Mésopotamie (vers 304) ; transfert des reliques de sainte Philotée de Tirnovo, martyre, de Tirnovo à Curtea de Argès en Valachie (au XV°).

Tropaire, ton 4
La justice de tes œuvres a fait de toi * pour ton troupeau une règle de foi, * un modèle de douceur, * un maître de tempérance ; * c’est pourquoi tu as obtenu l’exaltation par ton humilité * et par ta pauvreté la richesse. * Père saint, Pontife Ambroise, * prie le Christ notre Dieu * de sauver nos âmes.

 Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire

Le 7 décembre, mémoire de notre Père dans les Saints AMBROISE, Evêque de MILAN.

St Ambrose of Milan Hand-Painted Icon - BlessedMartFlambeau rayonnant de la lumière incréée, cet illustre Père, dont le nom évoque l’immortalité divine, était issu d’une noble et puissante famille romaine convertie au Christianisme. Il naquit à Trèves, en 349, où son père exerçait l’importante charge de préfet du prétoire pour la province des Gaules. A la mort de ce dernier, sa mère retourna à Rome avec ses trois enfants, encore en bas âge: Ambroise, Marcelline et Satyre, qui allaient être tous trois honorés comme Saints. Encore au berceau, des abeilles vinrent voltiger un jour autour du petit Ambroise. Elles pénétrèrent dans sa bouche, puis s’élevèrent vers le ciel, en présage de son éloquence céleste. Confié aux meilleurs maîtres, il montra par la suite de grandes capacités pour les sciences, et faisait en particulier l’admiration de tous par ses dons oratoires. A l’issue de ses études de droit, il fut bientôt désigné par l’empereur Valentinien ler (+ 375) comme gouverneur de la province de Ligurie-Emilie, ayant pour capitale Milan. Le- préfet Probus lui dit alors, sans savoir qu’il prononçait une prophétie: «Va et gouverne plutôt en Evêque qu’en juge», voulant par là l’exhorter à la compassion et à la miséricorde. Et, de fait, le jeune homme acquit bien vite par sa sagesse et ses vertus l’attachement et la reconnaissance du peuple.

Or à cette époque, malgré de longues années de luttes depuis le Concile de Nicée (325), l’hérésie arienne était encore tenace et divisait cruellement l’Eglise, surtout en Orient où elle avait trouvé le soutien du nouvel empereur Valens (364-378). A la mort de l’évêque arien de Milan (373), Auxence, une assemblée se tint dans la cathédrale pour procéder à l’élection du nouvel Evêque, mais le peuple était si divisé entre les deux partis, orthodoxe et arien, qu’il était impossible de parvenir à un accord. On fit alors appel à Ambroise pour intervenir et calmer le tumulte. Les paroles du gouvemeur, sa douceur, sa persuasion, son esprit de paix firent une telle impression que tous les. fidèles s’écrièrent soudain d’une seule voix: «Ambroise Evêque!» Surpris, puis effrayé, Ambroise objecta qu’il n’était encore que catéchumène -car la coutume était alors répandue de retarder le Baptême pour ne pas le souiller par des péchés ultérieurs- et il se réfugia dans son palais, suivi par la foule qui répétait sans cesse ce même cri. La nuit venue, il tenta de s’enfuir à cheval, mais il perdit son chemin et, au petit matin, se retrouva à son point de départ. Il essaya ensuite d’échapper à ces honneurs en écrivant à l’empereur, mais celui-ci, d’habitude indifférent aux affaires ecclésiastiques, soutint avec admiration l’élection d’Ambroise. Finalement résigné à se soumettre à la volonté de Dieu, ce rhéteur et administrateur de trente-quatre ans fut ordonné Evêque, huit jours après son Baptême, à la satisfaction des deux partis.

Dès lors Ambroise se consacra complètement à son ministère céleste et renonça à tous biens, richesses et plaisirs. Il distribua son argent aux pauvres et fit don de ses vastes propriétés à l’Eglise. Ne gardant rien pour lui, il passait presque toute la semaine dans le jeûne le plus austère, consacrait ses nuits à la prière et à la méditation des Saintes Ecritures et des Saints Pères, alors que pendant le jour il s’occupait des affaires de l’Eglise et de la direction de son troupeau spirituel. Sous la direction du Prêtre Simplicien, il acquit une profonde connaissance de la philosophie et des Pères grecs (en particulier Origène) et s’engagea avec fougue dans la défense de l’Orthodoxie, à la grande confusion des ariens qui avaient agréé l’élection de ce gouverneur modéré, espérant en faire leur instrument. Infatigable dans ses écrits et ses sermons, l’Evêque de Milan se montra pendant 25 ans le champion de l’Orthodoxie en Occident, après Saint Hilaire, et fit de son siège, qui était devenu depuis 381 la résidence de l’empereur d’Occident, la métropole où se décidaient toutes les affaires ecclésiastiques des diocèses d’Italie, de Pannonie, de Dacie et de Macédoine. S’opposant fermement à l’impératrice Justine et à l’entourage du jeune héritier Valentinien II, gagnés par l’hérésie, Ambroise parvint à gagner la confiance et l’intérêt de l’empereur d’Occident Gratien (375-383), grâce auquel il put faire réunir le concile de Sirmiurn (juillet 378) et faire décréter des lois proscrivant l’arianisme. A la mort de Valens (379), l’empire d’Orient passa aux mains du pieux Théodose (commémoré le 17 janvier), qui avait pour le Saint Evêque une affection pleine de respect. Profondément orthodoxe, le nouvel empereur fit réunir le Saint et Grand Concile de Constantinople (Second Concile Oecuménique) en juillet 381, pendant que Gratien, conseillé par Ambroise, réunissait le concile d’Aquilée, qui scella la fin de l’arianisme en Occident. Mais cette amitié avec les princes ne faisait pas perdre à Saint Ambroise le sens de l’indépendance de l’Eglise à l’égard du pouvoir civil. Pressé par sa mère arienne, Justine, le jeune Valentinien II intima un jour au prélat l’ordre de livrer son église. «Allez dire à votre maître, répondit Ambroise aux envoyés de l’empereur, qu’un Evêque ne livrera jamais le temple de Dieu! » Il s’enferma alors dans l’église, entouré du peuple décidé à mourir avec lui; et, du Dimanche des Palmes au Jeudi Saint, ils résistèrent ainsi aux troupes qui avaient investi l’église, en n’ayant pour armes que la prédication enflammée de leur pasteur, et le chant des Psaumes et des hymnes.

Quelques années plus tard, alors que Théodose était au faite de sa gloire, il fit réprimer avec une cruauté inutile une émeute qui s’était déclenchée à Thessalonique, et fit massacrer plus de sept mille personnes. La nouvelle parvint jusqu’à Milan et, lorsque l’empereur en visite dans la métropole italienne se présenta à la porte de la Cathédrale pour assister à la Sainte Liturgie, le Saint Evêque, interprète du courroux divin, ne craignit pas de lui en interdire l’entrée et de l’excommunier pendant plus de huit mois. Respectueux envers la discipline de l’Eglise, le souverain, devant lequel tremblait l’univers, se retira alors en pleurant dans son palais et se soumit avec humilité à la pénitence publique. Le jour de la Nativité, il s’approcha à nouveau de la Sainte Eglise, se prosterna à terre aux pieds d’Ambroise, en baignant le sol de ses larmes et en suppliant d’être à nouveau jugé digne de la participation aux Saints Mystères. Après avoir obtenu le pardon de l’Evêque, au moment de la Communion, il pénétra dans le Sanctuaire pour communier avec les Clercs, comme c’était la coutume à Constantinople. Mais le serviteur de Dieu Ambroise se tourna vers lui et l’humilia publiquement une nouvelle fois en le repoussant et lui disant: «Sors d’ici et demeure à ta place parmi les laïcs, car la pourpre n’institue pas des Prêtres, mais des empereurs». Sans répliquer, Théodose sortit alors et se rangea parmi les pénitents, tant son respect pour Ambroise était grand. De retour à Constantinople, jamais plus il n’osa entrer dans le Sanctuaire pour communier.

Familier des princes et des grands de ce monde, Ambroise portait aussi une attention toute paternelle pour le moindre de ses fidèles. Lorsqu’un pécheur venait vers lui pour se confesser, il le prenait dans ses bras et le baignait de ses larmes. Défenseur ardent de la Foi, il détourna aussi un grand nombre de païens des ténèbres et les initia au Mystère du Christianisme, tant par ses sermons publics que par ses entretiens privés. Le plus célèbre de ses disciples est Saint Augustin (mémoire le 15 juin) qui, grâce à l’Evêque de Milan, put se détourner du manichéisme et entrer définitivement dans l’Eglise quil allait si brillamment servir. C’est grâce à lui encore que la reine de la tribu germanique des Macromans reçut le Saint Baptême et attira son peuple à la Sainte et Vraie Foi.

Malgré ses multiples activités, ce grand pasteur trouva cependant le temps de composer de nombreux ouvrages, principalement exégétiques et moraux, dans lesquels il montre une vaste culture, tant sacrée que profane, et qui contribuèrent grandement à la diffusion de la doctrine des Pères grecs dans le monde latin. Outre son oeuvre oratoire, Ambroise enrichit aussi l’Eglise par de magnifiques hymnes liturgiques, destinées à être chantées par le peuple en deux choeurs antiphonés, qui furent un des plus riches éléments de la liturgie latine pendant de longs siècles.

Saint Ambroise s’endormit dans la paix du Christ le 4 avril 397, deux ans après son impérial ami et disciple Théodose, dont il avait prononcé l’éloge funèbre. Son corps repose jusqu’à aujourd’hui dans la basilique de Milan.