Dimanche 20 juin 2021 – Fête de la sainte et glorieuse Pentecôte

Dimanche de la sainte et glorieuse Pentecôte.

Descente de l’Esprit Saint sur les Apôtres et les disciples du Christ.

Dimanche 20 juin 2021.

(7 juin dans l’ancien calendrier.)

 

Synaxaire de ce dimanche

Ce huitième dimanche de Pâques, nous fêtons la sainte Pentecôte, c’est-à-dire la descente de l’Esprit Saint sur les apôtres réunis dans la chambre haute à Jérusalem. Comme par un vent violent, le Christ donne le Saint Esprit aux Apôtres sous forme de langues de feu. Ceci se produisit le jour de la Pentecôte juive, fête qui rappelle que Dieu a donné les dix commandements à Moïse ; de même, ce jour, nous fêtons la descente du Saint-Esprit qui donne la loi nouvelle, non plus d’une manière extérieure mais intérieure. La fête de Pentecôte est célébrée cinquante jours après Pâques (pentekosti signifie 50 en grec) , comme la Pentecôte juive est aussi célébrée cinquante jours après la Pâque juive.

Sur l’icône de la Pentecôte, les Apôtres sont assis dans la maison, en demi-cercle (forme qui rappelle les lieux d’enseignements dans l’Antiquité, mais ici la place du Maître, au centre, est représentée vide, car c’est la place du Christ invisiblement présent). De chaque côté, les Douze Apôtres sont assis face à face, en symétrie : en haut, les apôtres Pierre et Paul (Paul était absent historiquement le jour de la Pentecôte, mais l’icône représente moins l’évènement que son sens spirituel : l’Eglise comme Pentecôte perpétuelle) ; puis les quatre évangélistes tenant l’Évangile (Matthieu et Luc à gauche, Jean et Marc à droite de l’image) ; puis  les Apôtres Simon, Barthélémy et Philippe (ou Jude) d’un côté et André, Jacques et Thomas de l’autre côté. En bas au centre s’ouvre une cavité noire où une figure apparaît, pouvant varier selon les icônes : soit le prophète Joël, qui prophétisa la descente du Saint Esprit (cf. Joël, 2, 28) ; soit, le plus souvent, un vieillard couronnée, représentant le monde temporel, le « cosmos », tenant dans un linge les 12 rouleaux de l’enseignement des apôtres.

Péricopes de ce dimanche

Lecture des Actes des Apôtres (2, 1-11)

Frères, lorsqu’arriva le jour de Pentecôte, les apôtres se trouvaient tous ensemble dans un même lieu. Soudain retentit depuis le ciel un bruit comme celui d’un souffle violent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis. Ils virent apparaître une sorte de feu, qui se partageait en langues, pour se poser sur chacun d’eux. Alors ils furent tous remplis de l’Esprit saint et se mirent à parler en d’autres langues, chacun s’exprimant selon le don de l’Esprit. Or il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui se produisit, ils se rassemblèrent en foule, et chacun eut la stupéfaction d’entendre les apôtres parler sa propre langue. Déconcertés, émerveillés, ils se disaient tous, les uns aux autres : « Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous des Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? Nous qui sommes Parthes, Mèdes ou Elamites, qui habitons la Mésopotamie, la Judée ou la Cappadoce, le Pont, l’Asie, la Phrygie, la Pamphylie ou l’Egypte, Libyens de Cyrénaïque, Romains résidant ici, Juifs de naissance ou prosélytes, Crétois ou Arabes, tous, nous les entendons en notre propre langue proclamer les merveilles de Dieu ! »

При наступлении дня Пятидесятницы все они были единодушно вместе. И внезапно сделался шум с неба, как бы от несущегося сильного ветра, и наполнил весь дом, где они находились. И явились им разделяющиеся языки, как бы огненные, и почили по одному на каждом из них. И исполнились все Духа Святаго, и начали говорить на иных языках, как Дух давал им провещевать. В Иерусалиме же находились Иудеи, люди набожные, из всякого народа под небом. Когда сделался этот шум, собрался народ, и пришел в смятение, ибо каждый слышал их говорящих его наречием. И все изумлялись и дивились, говоря между собою: сии говорящие не все ли Галилеяне? Как же мы слышим каждый собственное наречие, в котором родились. Парфяне, и Мидяне, и Еламиты, и жители Месопотамии, Иудеи и Каппадокии, Понта и Асии, Фригии и Памфилии, Египта и частей Ливии, прилежащих к Киринее, и пришедшие из Рима, Иудеи и прозелиты, критяне и аравитяне, слышим их нашими языками говорящих о великих делах Божиих?

Lecture de l’Évangile selon saint Jean (7, 37-52 à 8, 12)

En ce temps-là, le dernier jour de la fête des Tentes, le grand jour, Jésus était là et Il s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et que boive celui qui croit en moi ! Comme l’a dit l’Ecriture, de son sein couleront des fleuves d’eau vive. » Jésus dit cela de l’Esprit que recevraient ceux qui croiraient en lui ; car l’Esprit n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié. Alors, dans la foule, certains de ceux qui avaient entendu ces paroles disaient : « Celui-ci est vraiment le Prophète. » D’autres disaient : « Celui-ci est le Christ. » Il y en avait qui disaient : « Est-ce de Galilée que viendrait le Christ ? N’était-il pas dit dans l’Ecriture que c’est de la semence de David, et de Bethléem, la localité d’où était David, que viendrait le Christ ? » Il y eut donc division dans la foule à cause de Jésus. Certains d’entre eux voulaient se saisir de lui, mais nul ne porta la main sur lui. Les gardes vinrent donc vers les grands prêtres et les pharisiens, et ceux-ci leur dirent : « Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ? » Les gardes répondirent : « Aucun être humain n’a jamais parlé comme parle cette personne. » Les pharisiens leur répondirent alors : « Auriez-vous, vous aussi, été égarés ? Parmi les autorités ou les pharisiens, en est-il un seul qui ait cru en lui ? Mais cette foule qui ne connaît pas la Loi, elle est maudite ! » L’un des leurs, Nicodème, qui était venu vers Jésus auparavant, leur dit : « Notre loi condamne-t-elle quelqu’un, avant de l’avoir entendu et d’avoir su ce qu’il fait ? » Ils lui répondirent : « Toi aussi serais-tu de Galilée ? Cherche et vois dans les Ecritures que de Galilée ne surgit pas de prophète. » Jésus se remit alors à leur parler et dit : « Moi, Je suis la Lumière du monde ; qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie. »

B последний же великий день праздника стоял Иисус и возгласил, говоря: кто жаждет, иди ко Мне и пей. Кто верует в Меня, у того, как сказано в Писании, из чрева потекут реки воды живой. Сие сказал Он о Духе, Которого имели принять верующие в Него: ибо еще не было на них Духа Святаго, потому что Иисус еще не был прославлен. Многие из народа, услышав сии слова, говорили: Он точно пророк. Другие говорили: это Христос. А иные говорили: разве из Галилеи Христос придет? Не сказано ли в Писании, что Христос придет от семени Давидова и из Вифлеема, из того места, откуда был Давид? Итак произошла о Нем распря в народе. Некоторые из них хотели схватить Его; но никто не наложил на Него рук. Итак служители возвратились к первосвященникам и фарисеям, и сии сказали им: для чего вы не привели Его? Служители отвечали: никогда человек не говорил так, как Этот Человек. Фарисеи сказали им: неужели и вы прельстились? Уверовал ли в Него кто из начальников, или из фарисеев? Но этот народ невежда в законе, проклят он. Никодим, приходивший к Нему ночью, будучи один из них, говорит им: судит ли закон наш человека, если прежде не выслушают его и не узнают, что он делает? На это сказали ему: и ты не из Галилеи ли? рассмотри и увидишь, что из Галилеи не приходит пророк. Опять говорил Иисус к народу и сказал им: Я свет миру; кто последует за Мною, тот не будет ходить во тьме, но будет иметь свет жизни.

Paroles des Pères

La prière, le jeûne, les veilles et autres activités chrétiennes, aussi bonnes qu’elles puissent paraître en elles-mêmes, ne constituent pas le but de la vie chrétienne, tout en aidant à y parvenir. Le vrai but de la vie chrétienne consiste en l’acquisition du Saint-Esprit de Dieu. Quant à la prière, au jeûne, aux veilles, à l’aumône et toute autre bonne action faite au nom du Christ, ce ne sont que des moyens pour l’acquisition du Saint-Esprit. […]

Il est certain que toute bonne action faite au Nom du Christ confère la grâce du Saint-Esprit, mais la prière plus que toute autre chose, étant toujours à notre disposition. […]

Quand le Saint-Esprit descend sur l’homme avec la plénitude de ses dons, l’âme humaine est remplie d’une joie indescriptible, le Saint-Esprit recréant dans la joie tout ce qu’il effleure. C’est de cette joie que le Seigneur parle dans l’Évangile lorsqu’il dit : « Une femme qui enfante est dans la douleur, son heure étant venue. Mais ayant mis un enfant au monde, elle ne se souvient plus de la douleur, tellement sa joie est grande. Vous aussi, vous aurez à souffrir dans ce monde, mais quand je vous visiterai vos cœurs seront dans la joie, personne ne pourra vous la ravir » (Jn 16, 21-22). Toute grande et consolante qu’elle soit, la joie que vous ressentez en ce moment, n’est rien en comparaison de celle dont le Seigneur a dit, par l’entremise de son Apôtre : « La joie que Dieu réserve à ceux qui l’aiment est au-delà de tout ce qui peut être vu, entendu et ressenti par le cœur de l’homme en ce monde » (1 Co 2,9). Ce qui nous est accordé à présent n’est qu’un acompte de cette joie suprême.

– Saint Séraphim de Sarov, Entretien avec Motovilov.

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Si, après tout ce qui a été dit, il t’appelle à l’écart, t’ordonne de vivre dans la quiétude (l’hesychia) et te dit : « Demeure ici sans sortir, jusqu’à ce que tu sois revêtu de la force d’en-haut », avec une ferme espérance et une joie insatiable, écoute-le : il est sans mensonge, mon Frère, il est véridique, le maître dont je parle. Car maintenant aussi surviendra sur toi la même force de l’Esprit très Saint, non dans une manifestation sensible sous forme de feu ni avec grand fracas et souffle violent – car c’est pour les incroyants que tout cela s’est produit dans le temps – mais c’est sous la forme d’une lumière intelligible (noétique), avec grand calme et allégresse, qu’elle apparaîtra à ton intellect – ce qui est le prélude de l’éternelle et primordiale lumière, ce qui constitue un rayonnement et un éclat de la béatitude perpétuelle. A son apparition, toute pensée (logismos) passionnelle disparaît et toute passion de l’âme est chassée, toute maladie du corps trouve sa guérison. Alors les yeux du cœur sont purifiés, et ils voient Cela même qui est écrit dans les Béatitudes. Alors, comme dans un miroir, l’âme voit jusqu’à ses petites défaillances, elle s’enfonce dans l’abîme de l’humilité et, comprenant la grandeur de cette gloire, elle est emplie de toute espèce de joie et de félicité, et stupéfaite par ce qu’il y a d’inespéré dans ce miracle, elle répand des ruisseaux de larmes. Ainsi l’homme est-il entièrement transformé, il connaît Dieu et tout d’abord est connu de lui. Car c’est elle et elle seule qui fait que, choses terrestres et choses célestes, choses présentes aussi bien que futures, douloureuses et joyeuses, l’homme les méprise toutes, en même temps qu’elle le rend ami de Dieu, fils du Très-Haut et, autant qu’il est possible aux hommes, dieu.

– Saint Syméon le Nouveau Théologien, Catéchèses, tome II, SC 104, Catéchèse XX, p.345.

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La porte, c’est le Fils – « Je suis, dit-il, la porte » – ; la clef de la porte, l’Esprit-Saint – « Recevez, dit-il, l’Esprit-Saint : ceux à qui vous remettez les péchés, ils leur sont remis, ceux à qui vous les retenez, ils sont retenus » – ; la maison, le Père – « Car dans la maison de mon père, il y a beaucoup de demeures ». Fais donc soigneusement attention au sens spirituel (en grec θεωρία, theôria) de la parole. À moins que la clef n’ouvre – car « à lui, dit-il, le portier ouvre » -, la porte n’est pas ouverte ; mais si la porte ne s’ouvre pas, personne n’entre dans la maison du Père, comme dit le Christ : « Personne ne vient au Père, sinon par moi ».

Or, que l’Esprit-Saint, le premier, ouvre notre esprit et nous enseigne ce qui concerne le Père et le Fils, c’est encore lui qui l’a dit : « Quand viendra celui-là, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il témoignera, lui, à mon sujet, et il vous guidera dans la vérité totale. » Tu vois comment, par l’Esprit ou plutôt dans l’Esprit, le Père et le Fils se donnent à connaître inséparablement.

– Saint Syméon le Nouveau Théologien, Catéchèses, tome III, SC 113, Catéchèse XXXIII, p. 255.

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Après avoir ainsi convoqué les fidèles à l’auguste banquet, le prêtre y communie lui-même le premier; puis tous ceux qui sont comme lui du rang sacerdotal et ceux qui entourent l’autel. Mais le célébrant a auparavant versé dans le calice de l’eau chaude, pour symboliser la descente du Saint-Esprit sur l’Eglise. Car il y descendit après que toute l’oeuvre rédemptrice du Sauveur eut été achevée ; maintenant, il vient lorsque le sacrifice a été offert et que les dons sacrés ont atteint leur perfection pour ceux-là au moins qui peuvent communier dignement.

Toute l’oeuvre rédemptrice du Christ, en effet, est reproduite sur le pain au cours des rites de la sainte Liturgie comme sur une tablette : en symbole, nous le voyons petit enfant, puis conduit à la mort, puis crucifié, puis transpercé au côté ; ensuite, nous assistons à la transformation du pain lui-même en ce corps très saint qui a réellement enduré ces souffrances, qui est ressuscité, qui est monté au ciel et qui est assis à la droite du Père. Il fallait que le terme suprême de tous ces mystères fut aussi signifié après tout le reste, afin que fût complète la célébration du mystère, l’effet définitif venant ainsi s’ajouter à l’ensemble de l’action et de l’oeuvre rédemptrice.

Aussi bien, quel est le résultat et l’effet des souffrances du Christ, de ses actes et de ses discours ? Si on les considère par rapport à nous, ce n’est rien d’autre que la descente du Saint-Esprit sur l’Eglise. Il fallait donc que cette descente du Sant-Esprit fût, elle aussi, signifiée après les autres mystères. Elle l’est précisément par l’acte de verser l’eau chaude dans les saintes espèces.

Cette eau, qui à la fois est de l’eau et participe à la nature du feu, signifie l’Esprit-Saint, qui est aussi parfois appelé eau et qui apparut comme du feu lorsqu’il tomba sur les disciples du Christ.

Le moment présent de la saint Liturgie signifie ce moment de la Pentecôte : alors, le Saint-Esprit descendit après que tous les mystères du Christ eurent été accomplis ; maintenant, les dons sacrés ayant atteint leur suprême perfection, on y ajoute cette eau.

De plus, les saints Mystères signifient encore l’Eglise parce qu’elle est « le corps du Christ » et que les fidèles sont « les membres du Christ, chacun pour sa part ». A la Pentecôte, elle a reçu l’Esprit-Saint Après que le Christ fut monté au ciel ; maintenant, elle reçoit le don du Saint-Esprit après que les oblats ont été acceptés à l’autel céleste ; Dieu, qui a agréé ces dons, nous envoie en retour l’Esprit-Saint, comme il a été dit : car le Médiateur est le même, aujourd’hui comme alors, et c’est aussi le même Saint-Esprit.

– Saint Nicolas Cabasilas, Explication de la Divine Liturgie, chapitre XXXVII, SC 4 bis, p227.

Saint célébrés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Saint Méthode, évêque de Patare en Lycie, martyr (312) ; saint Nicolas Cabasilas, laïc de Constantinople (vers 1397) ; saint Gleb, prince de Vladimir (1174) ; saint Leucius, évêque de Brontisiopolis, confesseur (V°) ; sainte Gemma, martyre en Saintonge ; saint Gobain, moine, solitaire, martyr dans l’Aisne (vers 670) ; saint Bain, évêque de Thérouanne (710) ; saint Govan, ermite gallois (VI°).

Saint célébrés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Saint Théodote d’Ancyre, martyr (303) ; saint hiéromartyr Marcellin, pape de Rome et martyrs Claude, Cyrin et Antonin (304) ; saintes martyres Valérie, Cyriaque et Marie à Césarée de Palestine (284-305) ; saint hiéromartyr Marcellin, pape de Rome et martyrs Sisinius, Cyriaque, Large, Apronien, Saturne, Pappias et Maure, Crescentien, Priscille, Lucine et la princesse Artémie (304-310) ; saint Marcellin, évêque de Monistrol (VIème s.) ; saint Vulphy, martyr en Mésie (vers 643) ; saint Aventin, apôtre des Pyrénées, reclus, martyr (732) ;  saint Mériadec, évêque de Vannes (886) ; saint Panaghis (ou Païssios) Bassia, prêtre en Céphalonie (1888) ; saints nouveaux martyrs de Russie : hiéromartyr Andronique, archevêque de Perm, Alexandre (Osetrov), Valentin (Belov), Benjamin (Loukanine), Victor (Nikiforov), Alexandre (Makhetov), Paul (Anochkine), Vladimir (Belozerov), Ignace (Yakimov), Michel (Denisov), Nicolas (Onianov), Paul (Sokolov), Alexandre (Preobrajensky), Nicolas (Rojdestvensky), Nicolas (Konioukhov), prêtres, Grégoire (Smirnov), diacre, et martyrs Athanase (Joulanov) et Alexandre (Zouïev) (1918) ; hiéromartyr Pierre (Kouznetsov), prêtre (1919).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire selon l’ancien calendrier

Chrétien d’Ancyre en Galatie, saint Théodote avait été élevé dans la piété par la sainte vierge et martyre Técuse [18 mai]. S’étant marié, il exerçait avec probité la profession de cabaretier et profitait de toutes les occasions pour pratiquer la charité, indistinctement envers tous, chrétiens et infidèles, à tel point que Dieu lui accorda d’accomplir plusieurs guérisons miraculeuses.

Lorsque, sous la direction du gouverneur Théotècne, la persécution faisait rage à Ancyre (303 ou 311), Théodote, s’étant pourvu d’une ample provision de blé et de vin, avait transformé son auberge en asile où les chrétiens pouvaient trouver des denrées qui n’avaient pas été offertes aux idoles. Au péril de sa vie, il rendait visite aux confesseurs dans leur prison pour les encourager à ne pas faiblir, et allait enterrer les corps des martyrs. C’est ainsi qu’il exhorta au martyre son ami Victor, dont les persécuteurs essayaient de vaincre la résolution par des promesses trompeuses. Animé d’un nouveau courage, Victor souffrit patiemment les supplices, mais fléchissant au dernier moment, alors qu’il parvenait à l’issue du combat, il demanda à réfléchir sur les propositions qu’on lui avait faites. Ramené en prison, il mourut de ses blessures, privé de la couronne de la victoire.

Un autre chrétien, nommé Valens, ayant quant à lui résisté jusqu’à la mort, Théodote recueillit ses reliques, qui avaient été jetées dans l’Halys, et alla les ensevelir au bourg de Malos . Il y rencontra un groupe de chrétiens qu’il avait précédemment délivrés de prison. Dans la joie des retrouvailles, ils décidèrent de partager un repas fraternel et convoquèrent le prêtre de Malos, Fronton, pour y prendre part. Après le repas, Théodote recommanda à Fronton de bâtir en ce lieu paisible une chapelle pour y déposer des reliques de martyrs et, lui donnant son anneau en gage, il promit de lui procurer ces saintes reliques.

De retour à Ancyre, Théodote trouva la ville dans une grande confusion, par suite de l’arrestation de sa tante Técuse et de ses six compagnes. Il resta caché avec d’autres chrétiens, en priant pour la confirmation des saintes dans leurs épreuves, et dès qu’il apprit qu’elles avaient péri noyées sans avoir renié le Seigneur, il rendit grâce à Dieu et changea ses lamentations en larmes de joie. S’étant informé des détails de leur passion, il réfléchit sur le moyen de tromper la surveillance des gardes, pour s’emparer des corps des saintes et leur donner une sépulture chrétienne. Sainte Técuse lui apparut pendant sa prière et, lui rappelant le soin qu’elle avait pris pour l’instruire dans la vie évangélique, elle lui recommanda de ne pas hésiter davantage et de partir en hâte pour accomplir sans crainte cette mission agréable à Dieu. S’enfonçant dans les ténèbres de la nuit, alors qu’une terrible tempête s’était levée, Théodote et ses compagnons parvinrent jusqu’au bord du lac. Les gardes placés là, effrayés par l’apparition du saint martyr Sosandre, armé et entouré de flammes, prirent la fuite avec terreur, et les eaux, soulevées par la tempête, laissèrent apparaître les corps des saintes. Ils purent ainsi les recueillir et allèrent les ensevelir pieusement dans une église connue d’eux seuls.

Dès le lendemain matin, toute la ville fut en émoi en apprenant l’enlèvement des corps des saintes martyres. Sur l’ordre du gouverneur, les soldats arrêtaient tous les chrétiens qu’ils rencontraient pour les soumettre à la question. On arrêta Polychronion, un des compagnons de Théodote, qui perdant courage sous la torture, révéla l’endroit où les corps avaient été enterrés et dénonça Théodote comme responsable de cette entreprise. Théotècne fit aussitôt déterrer les corps, les livra aux flammes, puis il envoya ses hommes à la recherche de Théodote. Restant sourd aux supplications de ses amis, qui le conjuraient de prendre la fuite, Théodote alla se livrer de lui-même au gouverneur, en se confiant en la puissance de la vivifiante Croix.

Lorsqu’il entra dans la salle des interrogatoires, il regarda en souriant le feu et les instruments de torture et, rejetant avec mépris les propositions flatteuses de Théotècne, il tourna en dérision la faiblesse d’une religion qui a besoin de tant d’hommes armés contre un seul soldat de Jésus-Christ. Son discours jeta le gouverneur dans une grande fureur et les prêtresses païennes, qui s’arrachaient les cheveux et déchiraient leurs vêtements, ainsi que la foule, criaient qu’on châtiât l’ennemi des dieux.

Après l’avoir fait flageller, le tyran fit étendre le martyr sur le chevalet et donna licence aux bourreaux de lui déchirer le corps avec des ongles de fer, puis ils versèrent sur ses plaies du vinaigre et y appliquèrent des torches enflammées. Armé d’une endurance surnaturelle par l’invocation du Nom du Christ, le saint répliquait à ses tortionnaires que ces supplices, loin de le vaincre, allaient démontrer avec éclat la puissance que Dieu accorde à ceux qui l’aiment. On lui brisa les dents et les mâchoires à coups de pierres, puis, les bourreaux étant épuisés, on le jeta en prison. Cinq jours après, il fut de nouveau présenté au tribunal et soumis aux mêmes tortures, à l’issue desquelles on l’étendit sur des briques rougies au feu. Comme les supplices restaient sans effet et tournaient plutôt le magistrat en ridicule, Théotècne ordonna de le décapiter et de jeter son corps au feu.

Arrivé au lieu de l’exécution Théodote rendit grâce à Dieu, pria pour qu’Il mît fin à la persécution et accordât la paix à Son Église, puis, se tournant vers les chrétiens présents, il les exhorta à sécher leurs larmes pour remercier le Seigneur de lui avoir accordé d’achever heureusement son combat, et il reçut avec joie le coup de glaive qui lui procura la couronne éternelle. Le bûcher sur lequel on plaça son corps fut soudain entouré d’une lumière si éclatante que les bourreaux ne purent approcher pour entretenir le feu et le corps resta intact.

Ce jour-même, Fronton, le prêtre de Malos, parvenait en ville avec un âne chargé de vin. L’animal s’arrêta épuisé de fatigue près de l’endroit où le corps de saint Théodote était gardé par des soldats. Invité par ces derniers à passer la nuit avec eux, Fronton apprit ce qui s’était passé, il leur proposa de goûter à son vin et, les ayant enivrés, il s’empara du corps du saint martyr, lui passa au doigt l’anneau qu’il lui avait autrefois remis et, le chargea sur son âne. Guidé par un ange, la bête alla tout droit jusqu’au lieu que Théodote avait désigné à Fronton pour y construire une église, et c’est ainsi qu’il accomplit sa promesse de lui fournir des reliques.