Dimanche 20 mars 2022 – dimanche de saint Grégoire Palamas.

Dimanche 20 mars 2022.

Dimanche de saint Grégoire Palamas.

2e dimanche du Grand Carême.

 

Synaxaire du 2e dimanche de Carême

Ce deuxième dimanche de carême, nous faisons mémoire de saint Grégoire Palamas (1296-1359), archevêque de Thessalonique. Saint Grégoire eut à s’opposer, pour la défense de l’Orthodoxie, aux idées d’un philosophe italien, Barlaam le Calabrais. Barlaam prétendait par erreur que l’homme ne pouvait pas faire l’expérience de Dieu mais seulement le connaître indirectement par la raison. Saint Grégoire Palamas défendit le témoignage des saints orthodoxes qui firent l’expérience des énergies incréées de Dieu. Si Dieu, en son essence, est inconnaissable, nous pouvons Le connaître par la participation à ses énergies divines et incréées. Le but de la vie chrétienne est la participation à la vie divine, car Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne dieu.

C’est à vingt ans que saint Grégoire décida de renoncer à la carrière et aux honneurs auxquels ses études le destinaient, pour se consacrer tout entier à Dieu. Il convainquit toute sa famille d’abandonner le monde : après avoir distribué leurs biens aux pauvres, sa mère, ses sœurs se firent moniales, tandis que ses frères le suivirent au Mont Athos afin d’être moines. Là il se consacra à la prière perpétuelle sous la guidée de grands hésychastes comme saint Grégoire le Sinaïte. Les incursions de pirates le forcèrent à revenir à Thessalonique, en compagnie des disciples de saint Grégoire le Sinaïte, parmi lesquels se trouvaient deux futurs patriarches de Constantinople. Devenu prêtre à Thessalonique, quiconque vivait selon Dieu reconnaissait en lui un porteur de l’Esprit. Saint Grégoire fut ensuite nommé archevêque de Thessalonique, où reposent ses saintes reliques.

 

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître du saint apôtre Paul aux Hébreux (du jour : Hébreux 1, 10 – 2, 3) :

Au commencement, Seigneur, Tu as fondé la terre, et les cieux sont l’œuvre de tes mains. Ils périront, mais Toi, Tu demeures. Tous, ils vieilliront comme un vêtement et, comme on fait d’un vêtement, Tu les enrouleras ; tel un manteau, ils seront changés ; mais Toi, Tu restes le même, et tes années ne passeront point. » Et auquel des anges Dieu a-t-Il jamais dit : « Siège à ma droite, jusqu’à ce que Je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds » ? Les anges ne sont-ils pas tous des esprits officiants, envoyés en service pour ceux qui doivent hériter le salut ? C’est pourquoi nous devons porter une plus grande attention aux enseignements que nous avons entendus, de peur d’être entraînés à la dérive. Car, si la parole annoncée par les anges a un effet, et si toute transgression et désobéissance a reçu une juste rétribution, comment nous-mêmes échapperons-nous en négligeant pareil salut qui, annoncé tout d’abord par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’ont entendu ?

B начале Ты, Господи, основал землю, и небеса – дело рук Твоих; они погибнут, а Ты пребываешь; и все обветшают, как риза, и как одежду свернешь их, и изменятся; но Ты тот же, и лета Твои не кончатся. Кому когда из Ангелов сказал Бог: седи одесную Меня, доколе положу врагов Твоих в подножие ног Твоих? Не все ли они суть служебные духи, посылаемые на служение для тех, которые имеют наследовать спасение? Посему мы должны быть особенно внимательны к слышанному, чтобы не отпасть. Ибо, если через Ангелов возвещенное слово было твердо, и всякое преступление и непослушание получало праведное воздаяние, 3то как мы избежим, вознерадев о толиком спасении, которое, быв сначала проповедано Господом, в нас утвердилось слышавшими от Него ?

Lecture de l’épître du saint apôtre Paul aux Hébreux (du saint : Hébreux 7, 26 – 8, 2)

Frères, il nous convenait, en effet, d’avoir un souverain sacrificateur comme lui, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux, qui n’a pas besoin, comme les souverains sacrificateurs, d’offrir chaque jour des sacrifices, d’abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple, -car ceci, il l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même. En effet, la loi établit souverains sacrificateurs des hommes sujets à la faiblesse ; mais la parole du serment qui a été fait après la loi établit le Fils, qui est parfait pour l’éternité. Le point capital de ce qui vient d’être dit, c’est que nous avons un tel souverain sacrificateur, qui s’est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux, comme ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme.

Таков и должен быть у нас Первосвященник: святой, непричастный злу, непорочный, отделенный от грешников и превознесенный выше небес, Который не имеет нужды ежедневно, как те первосвященники, приносить жертвы сперва за свои грехи, потом за грехи народа, ибо Он совершил это однажды, принеся в жертву Себя Самого. Ибо закон поставляет первосвященниками человеков, имеющих немощи; а слово клятвенное, после закона, поставило Сына, на веки совершенного. Главное же в том, о чем говорим, есть то: мы имеем такого Первосвященника, Который воссел одесную престола величия на небесах и есть священнодействователь святилища и скинии истинной, которую воздвиг Господь, а не человек.

Lecture de l’Évangile selon saint Marc (du jour : Marc 2, 1-12)

En ce temps-là, Jésus revint à Capharnaüm, et la nouvelle se répandit qu’il était à la maison. Aussitôt il s’y rassembla tant de monde qu’il n’y avait plus de place, même devant la porte ; et il leur annonçait la Parole. Des gens vinrent à lui, amenant un paralytique, porté par quatre hommes ; et, ne pouvant approcher de lui à cause de la foule, ils défirent le toit au-dessus de l’endroit où se trouvait Jésus et, par l’ouverture, ils firent descendre le grabat où gisait le paralytique. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : « Mon enfant, tes péchés te son remis ! » Or il y avait là, dans l’assistance, quelques scribes qui se disaient dans leur cœur : « Comment celui-ci peut-il proférer de tels blasphèmes ? Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? » Mais Jésus, pénétrant en son esprit leurs intimes pensées, leur dit aussitôt : « Pourquoi de telles pensées dans vos cœurs ? Quel est le plus facile, de dire au paralytique : Tes péchés te sont remis, ou de dire : Lève-toi, prends ton grabat et marche ? Eh bien, pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés, je te l’ordonne, dit-il au paralytique, prends ton grabat et retourne chez toi ! » Aussitôt il se leva et, prenant son grabat, il sortit en présence de tous, au point que les gens furent tous saisis de stupeur et rendaient gloire à Dieu en disant : « Jamais nous n’avons rien vu de pareil ! »

Через несколько дней опять пришел Он в Капернаум; и слышно стало, что Он в доме. Тотчас собрались многие, так что уже и у дверей не было места; и Он говорил им слово. И пришли к Нему с расслабленным, которого несли четверо; и, не имея возможности приблизиться к Нему за многолюдством, раскрыли кровлю дома, где Он находился, и, прокопав ее, спустили постель, на которой лежал расслабленный. Иисус, видя веру их, говорит расслабленному: чадо! прощаются тебе грехи твои. Тут сидели некоторые из книжников и помышляли в сердцах своих: что Он так богохульствует? кто может прощать грехи, кроме одного Бога ? Иисус, тотчас узнав духом Своим, что они так помышляют в себе, сказал им: для чего так помышляете в сердцах ваших? Что легче? сказать ли расслабленному: прощаются тебе грехи? или сказать: встань, возьми свою постель и ходи? Но чтобы вы знали, что Сын Человеческий имеет власть на земле прощать грехи, – говорит расслабленному: тебе говорю: встань, возьми постель твою и иди в дом твой. Он тотчас встал и, взяв постель, вышел перед всеми, так что все изумлялись и прославляли Бога, говоря: никогда ничего такого мы не видали.

Lecture de l’Évangile selon saint Jean (du saint : Jean 10, 9-16)

En ce temps-là, Jésus déclara : « Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages. Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire ; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance. Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. Mais le mercenaire, qui n’est pas le berger, et à qui n’appartiennent pas les brebis, voit venir le loup, abandonne les brebis, et prend la fuite ; et le loup les ravit et les disperse. Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire, et qu’il ne se met point en peine des brebis. Je suis le bon berger. Je connais mes brebis, et elles me connaissent, comme le Père me connaît et comme je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. »

Я есмь дверь: кто войдет Мною, тот спасется, и войдет, и выйдет, и пажить найдет. Вор приходит только для того, чтобы украсть, убить и погубить. Я пришел для того, чтобы имели жизнь и имели с избытком. Я есмь пастырь добрый: пастырь добрый полагает жизнь свою за овец. А наемник, не пастырь, которому овцы не свои, видит приходящего волка, и оставляет овец, и бежит; и волк расхищает овец, и разгоняет их. А наемник бежит, потому что наемник, и нерадит об овцах. Я есмь пастырь добрый; и знаю Моих, и Мои знают Меня. Как Отец знает Меня, так и Я знаю Отца; и жизнь Мою полагаю за овец. Есть у Меня и другие овцы, которые не сего двора, и тех надлежит Мне привести: и они услышат голос Мой, и будет одно стадо и один Пастырь.

Paroles des Pères

Le paralysé, immobile, était étendu sur son lit. Après avoir épuisé l’art des médecins, il vint, porté par les siens, vers le seul vrai Médecin, le Médecin qui vient du Ciel. Quand il fut placé devant Celui qui pouvait le guérir, sa foi mérita le regard du Seigneur. Pour bien montrer que cette foi détruisait le péché, Jésus déclara aussitôt au malade : « Tes péchés sont pardonnés. » On me dira peut-être : Si cet homme voulait être guéri de sa maladie, pourquoi le Christ lui annonce-t-il la rémission de ses péchés ? Pour que tu apprennes que Dieu voit le cœur de l’homme dans le silence et sans bruit, qu’il contemple les chemins de tous les vivants. L’Écriture dit en effet : « Les yeux du Seigneur observent les chemins de l’homme, ils surveillent tous ses sentiers » (Proverbes 5,21).

Lorsque le Christ disait : « Tes péchés sont pardonnés », Il laissait le champ libre à l’incrédulité : le pardon des péchés ne se voit pas, en effet, avec nos yeux de chair. Mais lorsque le paralysé, une fois la maladie chassée, se lève et marche, il manifeste avec évidence que le Christ possède la puissance de Dieu. Le Seigneur dit donc : « Lève-toi, prends ton lit et rentre chez toi. » Ce qui fut fait. L’homme rentra chez lui, libéré de sa longue maladie. Du coup était démontré que le Fils de l’homme avait le pouvoir de remettre les péchés sur la terre.

Mais qui donc possède ce pouvoir ? Lui seul ou nous aussi ? Nous, avec lui. Lui, en effet, parce qu’Il est le Dieu-homme, le Seigneur de la Loi, Il pardonne les péchés. Quant à nous, nous avons reçu de Lui cette grâce admirable et merveilleuse. Car Il a voulu donner à l’homme ce pouvoir. Il a dit en effet aux apôtres : « Je vous le dis, en vérité, tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel » (Matthieu 18,18). Et encore : « Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis » (Jean 20,23). Quand leur a-t-Il dit cela ? Lorsqu’Il eut foulé aux pieds la puissance de la mort et que, ressuscité d’entre les morts, Il souffla sur eux en leur disant : « Recevez l’Esprit Saint ».

– Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444), Commentaire de l’évangile de Luc, 5 ; PG 72, 56.

Synaxaire

Dimanche de saint Grégoire Palamas, Archevêque de Thessalonique.

Le sublime Théologien, de la lumière incrée, dans la lumière sans déclin, rejoint la Source de clarté.

Grégoire Palamas — WikipédiaCe fils de la lumière divine et sans déclin, cet homme de Dieu en vérité, cet admirable serviteur et liturge des mystères divins venait de l’Asie et il eut pour parents des gens illustres et renommés, qui cherchèrent à former, par l’instruction et la vertu, non seulement l’homme extérieur et sensible, mais bien plus l’homme intérieur, celui qu’on ne voit pas. Comme il avait perdu son père dans sa tendre enfance, sa mère le fit croître et grandir, ainsi que ses frères et sœurs, dans l’instruction et la morale religieuses, autant que dans les saintes lettres, puis auprès de maîtres en philosophie elle leur fit pratiquer comme il faut la sagesse profane. Vu la promptitude de sa nature, comme il y appliquait un zèle approprié, il acquit en peu de temps toute science rationnelle, de sorte qu’à l’âge de vingt ans, comme il jugeait les choses terrestres plus trompeuses que les songes, il s’efforça de remonter vers la cause et la source de toute sagesse, c’est-à-dire vers Dieu, et de se consacrer tout entier à Lui par une vie plus parfaite. Alors il révéla à sa mère son pieux dessein, le désir et l’amour enflammé qui l’entraînaient vers Dieu. Et il découvrit qu’elle éprouvait cela elle-même depuis longtemps et qu’elle s’en réjouissait pour les mêmes raisons que lui. Aussitôt donc, la mère réunit ses enfants autour d’elle et, disant : « Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés », elle sonda leurs pensées en ce qui concerne le bien et leur révéla le dessein du sublime Grégoire. Et lui, leur adressant des paroles d’exhortation, réussit, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, à les persuader, à susciter en eux un désir semblable au sien et à leur faire suivre sa fuite du monde. Alors, il distribua ses biens aux pauvres, pour se conformer à l’Evangile, et de bon cœur abandonna les faveurs impériales, les honneurs et le tumulte des palais, pour suivre le Christ. Il établit sa mère et ses sœurs dans un couvent et, prenant avec lui ses frères, il gagna la Sainte Montagne de l’Athos. Cependant il suggéra à ses frères d’entrer dans des Monastères différents, car il n’était pas possible de vivre la vie selon Dieu en restant unis les uns aux autres. Lui-même, il se soumit à la direction d’un homme admirable, du nom de Nicodème, qui vivait dans la quiétude pour Dieu seul et auprès duquel il apprit par la pratique, dans l’humilité de l’âme, toute règle et toute vertu. Après son départ vers le Seigneur, alors qu’il s’était assuré, au cours d’une secrète révélation, l’aide de la toute Sainte Mère de Dieu et, en tout, son invincible secours, il passa quelques années à la grande Laure ; puis, avec un zèle accru et un esprit plus mûr, par amour de la quiétude, il quitta la Laure et embrassa la vie érémitique. Accroissant de plus en plus son désir et souhaitant vivre constamment avec Dieu, il s’adonna aux plus sévères macérations. Réprimant complètement ses sens par une prière assidue, élevant son esprit vers Dieu, consacrant tout son temps à l’oraison continue et à la divine méditation, et réglant sa vie de la meilleure façon, il remporta la victoire sur les démons, selon ses forces, avec l’aide de Dieu, purifia son âme par le flots de ses larmes et les stations de toute la nuit, devint un vase d’élection des charismes de l’Esprit Saint, eut de nombreuses visions de Dieu. Et, chose admirable, lorsqu’il dut gagner Thessalonique, par suite des incursions musulmanes, puis établir sa skite à Berrée et, par nécessité, fréquenter l’une ou l’autre ville, même alors il ne sortit point de l’exactitude avec laquelle il menait son genre de vie.

Ayant donc en peu d’années purifié parfaitement et son corps et son âme, il reçut par vocation divine la grande grâce du Sacerdoce ; et c’est comme un incorporel ou, pour ainsi dire, comme étranger à lui-même qu’il en célébrait les Mystères, visant uniquement à toucher les âmes de ceux qui le voyaient : il était vraiment sublime, et quiconque vivait selon Dieu reconnaissait en lui un porteur de l’Esprit. Même à ceux qui regardaient superficiellement, il apparaissait comme ayant pouvoir contre les démons, capable de sauver ceux qui étaient sujets à ses leurres et tromperies, de faire porter des fruits à des arbres stériles, de prévoir l’avenir, et il était orné de bien d’autres charismes et fruits de l’Esprit divin. Car si le fait de pratiquer la vertu est en notre pouvoir, celui de rencontrer des épreuves ne nous est pas étranger : sans elles, il n’y a ni perfection ni manifestation de la foi en Dieu (car c’est ensemble que le désir et la pratique du bien rendent parfait l’homme qui vit selon Dieu). Que ce grand Saint ait rencontré de constantes et multiples épreuves, il faut l’admettre, et c’est ainsi qu’il nous paraît vraiment parfait. Ces choses-là, quel esprit pourrait les concevoir, quel récit pourrait relater les complots, inouis jusqu’alors, ourdis par le terrible fauteur de litiges, les dénonciations et les calomnies des nouveaux adversaires de Dieu contre lui, les combats qu’il dut mener pour la vraie foi, durant ces vingt-trois ans où il subit de la part de ses ennemis toutes sortes de maux et d’afflictions ? Car le tigre de l’Italie, le calabrais Barlaam, qui s’appuyait par trop sur la philosophie profane et, dans la vanité de ses propres pensées, s’imaginait tout savoir, déclencha une terrible querelle contre l’Eglise du Christ, contre notre foi véritable et contre ceux qui s’y tenaient fermement. Car il soutint de façon insensée que la grâce commune du Père, du Fils et du Saint Esprit, et la lumière du monde à venir, celle qui fait briller les justes comme soleil et que le Christ a d’avance montrée en resplendissant sur la montagne du Thabor, enfin toute puissance et énergie de la tri-personnelle Divinité, et tout ce qui d’une manière quelconque diffère de la nature divine, sont chose créée ; quant à ceux qui, conformément à la vraie foi, retiennent incréée cette lumière toute-divine, ainsi que toute puissance et énergie émanant de Dieu, c’est en de longs discours et traités, prétendant que cela n’appartient à aucun nouvel attribut naturel de Dieu, qu’il les appelle dithéistes et polythéistes, comme l’ont fait, en parlant de nous, les Juifs, ainsi que Sabellius et Arius. Pour cela donc, Saint Grégoire, en illustre protecteur et champion de la foi, et comme celui qui avant tous combattait pour elle en première ligne, fut dénoncé et, envoyé par l’Eglise, il arriva à Constantinople. Alors le pieux empereur Andronic IV Paléologue réunit, en protecteur de la foi, le Saint Concile. Barlaam y assista, exposant ses opinions erronées et ses accusations contre les tenants de l’Orthodoxie. Mais Saint Grégoire, rempli de l’Esprit Saint et revêtu de l’invincible puissance venue d’en haut, ferma cette bouche ouverte contre Dieu, la discrédita complètement et, par des traités et des discours enflammés, réduisit en cendres les broussailles de ses hérésies. Ne supportant pas le discrédit, cet adversaire de la piété s’enfuit chez les Latins, d’où il venait. Aussitôt après lui, Grégoire dénonçait au Concile celui qu’il appelait « Polykindynos », c’est-à-dire « qui présente de multiples dangers » [jeu de mots sur Akindynos, dont le nom signifie « sans danger »], et passa au crible ses traités, par des discours les réfutant. Mais ceux qui avaient contracté leur maladie ne cessèrent pas si facilement de combattre l’Eglise du Christ. Le Concile et l’empereur lui-même s’y opposèrent avec grande force : Grégoire, confirmé de préférence à tous par le suffrage divin, accéda au trône archiépiscopal en devenant Pasteur de l’Eglise de Thessalonique. Pour la Foi Orthodoxe, il supporta avec courage et fermeté des combats encore plus nombreux que les précédents. Car les détestables successeurs d’Akindynos et de Barlaam, qui se montrèrent aussi nombreux qu’insupportables, leurs cruels agissements de bêtes féroces, leurs opinions et leurs écrits, ce ne fut pas une ou deux ou trois, mais mainte et mainte fois, non sous un seul Empereur ou Patriarche, mais sous trois sceptres successifs et sous autant de Patriarcats, et au cours de Synodes difficiles à énumérer que, par des discours et des écrits divinement inspirés, il les contra de multiples façons et finalement, selon son pouvoir, en triompha.

Après avoir guidé pendant treize ans son troupeau, en apôtre et de manière agréable à Dieu, et après en avoir amélioré les mœurs par ses discours, il se dirigea vers le bercail céleste ; devenu, pour ainsi dire, le commun bienfaiteur de tous les Orthodoxes vivants et a venir, il quitta cette vie pour l’autre, vers l’an du Christ treize cent soixante, ayant vécu en tout soixante-trois ans. Son esprit, il le remit entre les mains de Dieu ; son corps, il le laissa à son troupeau comme une relique sacrée qui est conservée dans la Sainte Métropole de Salonique, pour y briller splendidement et y être glorifiée comme un héritage et un trésor de grand prix. Car il fait bénéficier de ses Miracles les fidèles qui chaque jour s’en approchent et leur accorde la guérison de tout mal ; et ce ne serait pas une bagatelle que d’en faire en détail le récit.

Par ses prières, ô notre Dieu, aie pitié de nous et sauve-nous. Amen.

Cette vie de saint Grégoire Palamas est tirée du « Triode de Carême », Diaconie Apostolique, 1993.