Dimanche 25 octobre 2020

Dimanche 25 octobre 2020.

(12 octobre selon l’ancien calendrier.)

Dimanche des saints Pères du VIIe Concile Œcuménique selon l’ancien calendrier.

 

Synaxaire de ce dimanche

Ce dimanche, selon l’ancien calendrier, nous célébrons la mémoire des saints Pères réunis pour le septième Concile Œcuménique à Nicée, afin de réfuter l’hérésie iconoclaste, c’est-à-dire de ceux qui rejetaient par erreur la vénération des saintes Icônes.

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Hébreux (des saints Pères selon le calendrier julien : Héb. 13, 7-16) :

Frères, souvenez-vous de vos chefs qui vous ont annoncé la parole de Dieu ; considérez quelle a été la fin de leur vie, et imitez leur foi. Jésus Christ est le même hier, aujourd’hui, et éternellement. Ne vous laissez pas entraîner par des doctrines diverses et étrangères ; car il est bon que le cœur soit affermi par la grâce, et non par des aliments qui n’ont servi de rien à ceux qui s’y sont attachés. Nous avons un sacrifice dont ceux qui font le service au tabernacle n’ont pas le pouvoir de manger. Les corps des animaux, dont le sang est porté dans le sanctuaire par le grand prêtre pour l’expiation des péchés, sont brûlés hors du camp. C’est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre. Car nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-a-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. Et n’oubliez pas de faire du bien et de partager, car c’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir.

Поминайте наставников ваших, которые проповедовали вам слово Божие, и, взирая на кончину их жизни, подражайте вере их. Иисус Христос вчера и сегодня и во веки Тот же. Учениями различными и чуждыми не увлекайтесь; ибо хорошо благодатью укреплять сердца, а не яствами, от которых не получили пользы занимающиеся ими. Мы имеем жертвенник, от которого не имеют права питаться служащие скинии. Так как тела животных, которых кровь для очищения греха вносится первосвященником во святилище, сжигаются вне стана,- то и Иисус, дабы освятить людей Кровию Своею, пострадал вне врат. Итак выйдем к Нему за стан, нося Его поругание; ибо не имеем здесь постоянного града, но ищем будущего. Итак будем через Него непрестанно приносить Богу жертву хвалы, то есть плод уст, прославляющих имя Его. Не забывайте также благотворения и общительности, ибо таковые жертвы благоугодны Богу.

Lecture de l’épître de saint Paul aux Galates (du jour selon le calendrier julien et grégorien : Gal 1, 11-19 ).

***

Lecture de l’Évangile selon saint Jean (des saints Pères selon le calendrier julien : Jean 17, 1-13) :

En ce temps-là, Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie et que, selon le pouvoir sur toute chair que Tu lui as donné, Il donne la vie éternelle à tous ceux que Tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, Toi, le seul vrai Dieu, et celui que Tu as envoyé, Jésus Christ. Je t’ai glorifié sur la terre, J’ai achevé l’œuvre que Tu m’as donnée à faire. Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi de cette gloire que J’avais auprès de toi avant que le monde ne fût. J’ai manifesté ton Nom aux humains que Tu as tirés du monde pour me les donner. Ils étaient à toi, Tu me les as donnés et ils ont observé ta parole. Ils savent maintenant que tout ce que Tu m’as donné vient de toi, que les paroles que Je leur ai données sont celles que Tu m’as données. Ils les ont reçues, ils ont véritablement connu que Je suis sorti de toi, et ils ont cru que Tu m’as envoyé. Je prie pour eux ; Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que Tu m’as donnés : ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi comme tout ce qui est à toi est à moi, et J’ai été glorifié en eux. Désormais Je ne suis plus dans le monde ; eux restent dans le monde, tandis que Moi Je vais à toi. Père saint, garde-les en ton Nom que Tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous sommes un. Lorsque J’étais avec eux, Je les gardais en ton Nom que Tu m’as donné ; Je les ai protégés et aucun d’eux ne s’est perdu, hormis le fils de perdition, en sorte que l’Écriture fût accomplie. Maintenant Je vais à toi et Je dis ces paroles dans le monde pour qu’ils aient en eux ma joie dans sa plénitude ! »

После сих слов Иисус возвел очи Свои на небо и сказал: Отче! пришел час, прославь Сына Твоего, да и Сын Твой прославит Тебя, так как Ты дал Ему власть над всякою плотью, да всему, что Ты дал Ему, даст Он жизнь вечную. Сия же есть жизнь вечная, да знают Тебя, единого истинного Бога, и посланного Тобою Иисуса Христа. Я прославил Тебя на земле, совершил дело, которое Ты поручил Мне исполнить. И ныне прославь Меня Ты, Отче, у Тебя Самого славою, которую Я имел у Тебя прежде бытия мира. Я открыл имя Твое человекам, которых Ты дал Мне от мира; они были Твои, и Ты дал их Мне, и они сохранили слово Твое. Ныне уразумели они, что все, что Ты дал Мне, от Тебя есть, 8ибо слова, которые Ты дал Мне, Я передал им, и они приняли, и уразумели истинно, что Я исшел от Тебя, и уверовали, что Ты послал Меня. Я о них молю: не о всем мире молю, но о тех, которых Ты дал Мне, потому что они Твои. И все Мое Твое, и Твое Мое; и Я прославился в них. Я уже не в мире, но они в мире, а Я к Тебе иду. Отче Святый! соблюди их во имя Твое, тех, которых Ты Мне дал, чтобы они были едино, как и Мы. Когда Я был с ними в мире, Я соблюдал их во имя Твое; тех, которых Ты дал Мне, Я сохранил, и никто из них не погиб, кроме сына погибели, да сбудется Писание. Ныне же к Тебе иду, и сие говорю в мире, чтобы они имели в себе радость Мою совершенную.

Lecture de l’Évangile selon saint Luc (du jour selon le calendrier grégorien : Luc 8,26-39).

Lecture de l’Évangile selon saint Luc (du jour selon le calendrier julien : Luc 7, 11-16).

Paroles des Pères

Avant d’avoir été visité par Dieu, quand je lisais les Evangiles ou les épîtres des Apôtres, je n’arrivais pas vraiment à comprendre quelle réalité ontologique se cache derrière ces paroles. C’est la vie même qui m’a montré qu’en dehors d’une expérience réelle de Dieu ou d’une rencontre avec les puissances spirituelles « cosmiques » (cf. Eph.6,12) un savoir purement intellectuel ne conduit pas vers ce qui est le sens même de notre foi : la connaissance vécue de l’Être premier, c’est-à-dire Dieu, – « connaissance » comprise comme entrée dans l’acte même de Son Eternité. « La vie éternelle, c’est qu’ils Te connaissent, Toi, le seul vrai Dieu » (Jn.17,3). Aux heures où l’Amour divin me touchait, en lui je « reconnaissais » Dieu : « Dieu est amour ; et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui » (1.Jn.4,16). Après avoir été visité d’En-haut, je lisais l’Evangile avec une compréhension différente de celle que j’avais auparavant : j’éprouvais une joie profonde et une vive gratitude en y trouvant une confirmation de ma propre expérience.

– Archimandrite Sophrony, Voir Dieu tel qu’Il est, p.10-11

***

C’est au cours de la période iconoclaste des VIIIe-IXe siècles que l’Église formula clairement la portée dogmatique de l’icône. En défendant les images, ce n’est pas seulement leur rôle didactique, ni leur côté esthétique que défendait l’Église orthodoxe, c’est la base même de la foi chrétienne : le dogme de l’Incarnation de Dieu. En effet, l’icône de notre Seigneur est à la fois un témoignage de son Incarnation et celui de notre confession de sa divinité. « J’ai vu l’image humaine de Dieu et mon âme est sauvée », dit saint Jean Damascène (Premier traité pour la défense des saintes icônes, chapitre 22).

D’une part, l’icône témoigne, en représentant la Personne du verbe incarné, de la réalité et de la plénitude de son Incarnation : d’autre part, nous confessons par cette image sacrée que ce « Fils de l’Homme » est réellement Dieu, la vérité révélée. Ainsi, nous voyons chez saint Pierre qui, le premier, confessa la divinité du Christ, non pas une connaissance humaine naturelle, mais une connaissance d’ordre supérieur, suivant la parole de notre Seigneur : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux (Ma. 16,17). (…)

La tradition dans l’art liturgique, comme dans l’Église elle-même, se base sur deux réalités : un fait historique d’une part, et la révélation dépassant les limites du temps d’autre part. C’est ainsi que l’image d’une fête ou d’un saint reproduit le plus fidèlement possible la réalité historique et nous ramène à son prototype, sans quoi elle n’est pas une icône. (…) D’un autre côté, une image sacrée ne représente pas simplement un événement historique ou un être humain parmi les autres ; elle nous montre de cet événement ou de cet être humain son visage éternel, nous révèle son sens dogmatique et son rang dans l’enchaînement des événements salutaires de l’économie divine. (…)

Mais si l’icône dépasse les limites du temps, elle ne rompt pas ses relations avec le monde, ne s’enferme pas en elle-même. Les saints sont toujours représentés de face ou de trois quarts vers le spectateur. Ils ne sont presque jamais vus de profil, même dans les compositions compliquées, où leur mouvement est dirigé vers le centre de la composition. Le profil, en effet, interrompt en quelque sorte la communion, il est comme un début d’absence. On le tolère dans la représentation de personnages qui n’ont pas acquis la sainteté, comme par exemple les bergers ou les mages dans l’icône de la Nativité de notre Seigneur.

Cette absence de profil est une des expressions de la relation intime entre celui qui prie et le saint représenté. (…)

Si aujourd’hui nous avons cessé de comprendre le message que nous apporte l’icône, c’est que nous avons perdu la clef de son langage. Cette clef est le sens concret et vivant de la Transfiguration, idée centrale de l’enseignement chrétien. Ainsi que disait un évêque russe du XIXe siècle, saint Ignace Braintchaninov,  » la connaissance même de la capacité du corps humain à être spirituellement sanctifié est perdue par les hommes  » (Essai ascétique, premier volume).

L’icône est précisément le témoignage de cette connaissance concrète, vécue de la sanctification du corps humain, de sa transfiguration. De même que la parole, mais au moyen d’images visibles, elle nous montre la créature pénétrée et déifiée par la grâce incréée. « L’homme, dont l’âme est toute devenue feu, transmet également à son corps une partie de la gloire acquise intérieurement, tout comme le feu matériel transmet son action au fer » (saint Syméon le Nouveau Théologien, sermon 83). (…)

L’icône est donc, comme nous l’avons dit, un témoignage de la déification de l’homme, de la plénitude de la vie spirituelle, une communication par l’image de ce qu’est l’homme en état de prière sanctifiée par la grâce. C’est en quelque sorte de la peinture d’après nature, mais d’après la nature rénovée, à l’aide de symboles. Elle est le chemin et le moyen ; elle est la prière même. De là, la majesté de l’icône, sa simplicité, le calme du mouvement, de là le rythme de ses lignes et de ses couleurs qui découle d’une harmonie intérieure parfaite.

Léonide Ouspensky, Mélanges de l’Institut orthodoxe français de Paris, IV, 1948.

Synaxaire de ce dimanche selon le nouveau calendrier

Saints Marcien et Martyrios, martyrs à Constantinople (vers 355) ; sainte Tabitha ressuscitée par l’apôtre saint Pierre (I°) ; saint Marcellin, pape de Rome, saints Claude Cynn et Antonm, martyrs à Rome (304) ; saint Anastase, martyr (III°) ; saints Martyrios, diacre, et Martyrios, reclus, des Grottes de Kiev (XIII-XIV°) ; saint Front, évêque de Périgueux (II°) ; saints Crépin et Crépinien, cordonniers, martyrs à Soissons (vers 285) ; saint Hilaire (ou Chélyj), évêque de Mende (535) ; saint Rufinien, évêque de Bayeux (V°) ; saint Loup, évêque de Bayeux (V°) ; saint Capuan, évêque de Cahors (vers 700) ; sainte Hildemarque, abbesse à Fécamp (vers 670) ; saint Gouesnou, évêque de Léon en Bretagne (675).

Synaxaire de ce dimanche selon l’ancien calendrier

Mémoire des Pères du Septième Concile Œcuménique ; saint Carpus, évêque de Thyatire, saint Papylas, diacre, saint Agathodore et sainte Agathonice, martyrs à Pergame (251) ; saint Florent, martyr à Thessalonique (vers 310) ; saint Benjamin, diacre, martyr en Perse (vers 424) ; saint Nicétas, moine à Constantinople, confesseur (vers 838) ; saint Benjamin des Grottes de Kiev (XIV°) ; saint Venance, abbé à Tours (V°) ; saint Léobon, ermite en Limousin (VI°) ; saint Berthoald (ou Bertaud), évêque de Cambrai (VII°) ; saint Géraud, thaumaturge à Aurillac (909) ; saint Antoine, métropolite de Tchkondidi (1815) et son disciple saint Jacques le hiéromoine ; sainte Chrysie, néo-martyre grecque (1795) ; saint Alexis (Medvedkov), prêtre à Ugine en Savoie, translation des reliques(2004).

Mémoire des Pères du Septième Concile Œcuménique.

Synodikon of the Seventh Ecumenical CouncilCe dimanche, nous faisons mémoire des Pères du Septième Concile Œcuménique. Ce Concile s’est réuni, à l’initiative de l’impératrice régente Irène, en 787 à Nicée, où s’était déjà tenu le Premier Concile en 325 (c’est pourquoi le 7e Concile œcuménique est aussi appelé Concile de Nicée II). Sous la présidence du Patriarche de Constantinople saint Taraise, il rassembla 350 évêques orthodoxes, auxquels se joignirent ensuite dix-sept autres hiérarques, qui abjurèrent l’hérésie iconoclaste. Aux côtés des représentants du Pape de Rome et des Patriarches d’Antioche et de Jérusalem, un grand nombre de moines, au nombre de 136, étaient aussi présents au Concile. Cette présence des moines est importante car les empereurs iconoclastes Léon III l’Isaurien (717-741) et Constantin V Copronyme (741-775) n’avaient pas seulement été hostiles envers les saintes Images mais aussi envers le monachisme qu’ils avaient persécuté.

Ce 7e Concile Œcuménique mit ainsi fin à la première période de l’iconoclasme. Mais l’iconoclasme a malheureusement repris vigueur quelques années plus tard, sous Léon V l’Arménien (813-820). Ce n’est qu’en 843, grâce à l’impératrice Théodora et au Patriarche Saint Méthode, que l’iconoclasme fut vaincu, évènement que nous célébrons lors du Dimanche du Triomphe de l’Orthodoxie, le premier dimanche du Grand Carême.

Les Saints Pères réfutèrent, lors du Concile de Nicée II, le prétendu « concile » iconoclaste réuni à Hiéreia sur l’initiative de l’empereur Constantin V (754) et proclamèrent la mémoire éternelle des saints défenseurs de l’Orthodoxie : le Patriarche Germain (715-730), Saint Jean Damascène, Georges de Chypre et tous ceux qui s’étaient offerts à l’exil et à la torture pour la défense des Saintes Icônes.

Ce n’était pas seulement le culte des Saintes Images que les Pères défendaient ainsi, mais au fond la réalité même de l’Incarnation du Fils de Dieu : « Je représente Dieu l’invisible, dit Saint Jean Damascène, non pas en tant qu’invisible, mais dans la mesure où il est devenu visible pour nous par la participation à la chair et au sang. Je ne vénère pas la matière, mais je vénère le Créateur de la matière qui pour moi est devenu matière, qui a assumé la vie dans la matière et qui, par la matière (c’est à dire son corps mort et ressuscité) a réalisé mon salut » (Premier Discours sur les saintes Images).