Dimanche 27 juin – de tous les saints : pas de célébration

Fête de tous les saints de tous les temps et de tous les lieux.

Dimanche 27 juin 2021.

(14 juin dans l’ancien calendrier.)

 

Attention : pas de célébrations ce weekend en l’église St-Nicolas !

 

Synaxaire de ce dimanche

Ce premier dimanche après la Pentecôte, nous célébrons la mémoire de tous les Saints qui ont vécu dans le monde entier. « De mon Seigneur et Dieu, je loue tous les amis, souhaitant d’être un jour dans leur grand nombre admis. » Nos Pères saints ont décrété de célébrer cette fête après la descente du Saint Esprit, car la sainteté atteste de la présence en nous de l’Esprit Saint.

Au centre de l’icône du dimanche de tous les saints, notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ est assis en gloire sur un arc-en-ciel, entouré de la « nuée de témoins » décrite par saint Paul dans sa lettre aux Hébreux (11,33-12,2). La multitude des saints évoque « une grande multitude, que personne ne peut dénombrer, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue » (Apocalypse 7,9). Les rangées de saints incluent  la Très Saint Mère de Dieu et saint Jean le Baptiste, les archanges et les anges, les Apôtres, les évêques, les grands martyrs, les ascètes et les moines. En dessous du Christ en gloire se trouve l’Etimasie (ἑτοιμασία, “préparation”), le trône vide symbolisant l’attente du retour du Christ, devant lequel s’inclinent en révérence Adam et Eve. Les saints, de même, lèvent leurs mains en adoration. Les saints sont inclus dans une mandorle, manifestant la communion des saints avec Dieu.

Le paysage dépeint le Paradis. Dans la partie du bas, à gauche, de l’icône se trouve le Patriarche Abraham, tenant sur son sein l’âme d’un juste, comme dans la parabole évangélique du pauvre Lazare et de l’homme riche. Le sein d’Abraham symbolise le lieu où les âmes des justes reposent jusqu’au jour du Jugement (Luc 16,19-31). Dans le bas droit se trouve le patriarche Jacob, tenant les 12 tribus dans un tissu. Au centre, en bas, se tien Dismas, le bon larron crucifié avec le Christ et à qui le Seigneur a dit : « aujourd’hui même tu seras avec moi dans le Paradis » (Luc 23, 39-43).

Dans les coins supérieurs de l’icône se trouve d’un côté le roi David, qui s’écrit dans le Psaume 138, v.17-18 : « J’ai beaucoup honoré tes amis, ô Dieu, leur empire s’est grandement affermi ; si je les comptais, ils se trouveraient plus nombreux que le sable. » De l’autre côté, se trouve le roi Salomon. Deux lectures sont faites de la Sagesse de Salomon lors des grandes vêpres du dimanche de tous les saints, dont voici un extrait : « Les justes vivront à jamais, leur récompense est aux mains du Seigneur; c’est le Très-Haut qui en prend soin. » (Sagesse de Salomon 5, 16).

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître du saint apôtre Paul aux Hébreux (11, 33-40 ; 12, 1-2) :

Frères, c’est par la Foi que tous les saints conquirent des royaumes, exercèrent la justice, obtinrent l’accomplissement des promesses, fermèrent la gueule des lions, éteignirent la violence du feu, échappèrent au tranchant du glaive, tirèrent force de leur faiblesse, montrèrent leur vaillance au combat, mirent en fuite des armées d’étrangers. Par la Foi, certains ont ressuscité pour des femmes leur enfant mort ; d’autres se sont laissé torturer, refusant leur délivrance afin d’obtenir une meilleure résurrection. D’autres encore ont subi la dérision, les coups de fouet, en plus des chaînes et de la prison. On les a lapidés, sciés, torturés, livrés par le glaive à la mort. Ou bien, ils durent aller çà et là, sous des toisons de chèvre ou des peaux de mouton, dénués, opprimés, maltraités. Eux que le monde n’était pas digne d’accueillir, ils ont erré dans les déserts et sur les monts, habitant les cavernes, les trous de la terre. Néanmoins, tous ceux-là, tous ces martyrs de la Foi, n’ont pas bénéficié de ce que Dieu avait promis : Il avait prévu pour nous un sort meilleur, afin qu’ils ne puissent pas sans nous parvenir à la perfection. Voilà donc pourquoi nous aussi, entourés que nous sommes d’une si grande foule de témoins, débarrassons-nous de tout ce qui nous alourdit, et d’abord du péché qui nous entrave ; alors, nous pourrons courir avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine de notre foi et qui la mène à son ultime perfection.

Kоторые верою побеждали царства, творили правду, получали обетования, заграждали уста львов, угашали силу огня, избегали острия меча, укреплялись от немощи, были крепки на войне, прогоняли полки чужих; жены получали умерших своих воскресшими; иные же замучены были, не приняв освобождения, дабы получить лучшее воскресение; другие испытали поругания и побои, а также узы и темницу, были побиваемы камнями, перепиливаемы, подвергаемы пытке, умирали от меча, скитались в милотях и козьих кожах, терпя недостатки, скорби, озлобления; те, которых весь мир не был достоин, скитались по пустыням и горам, по пещерам и ущельям земли. И все сии, свидетельствованные в вере, не получили обещанного, потому что Бог предусмотрел о нас нечто лучшее, дабы они не без нас достигли совершенства. Посему и мы, имея вокруг себя такое облако свидетелей, свергнем с себя всякое бремя и запинающий нас грех и с терпением будем проходить предлежащее нам поприще, взирая на начальника и совершителя веры Иисуса, Который, вместо предлежавшей Ему радости, претерпел крест, пренебрегши посрамление, и воссел одесную престола Божия.

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (10, 32-33, 37-38 ; 19, 27-30) :

En ce temps-là, le Seigneur dit : « Toute personne qui me reconnaîtra devant les gens, Je la reconnaîtrai devant mon Père qui est dans les cieux. Toute personne qui me reniera devant les gens, Je la renierai devant mon Père qui est dans les cieux. Qui aime son père ou sa mère plus qu’il ne m’aime n’est pas digne de moi ; qui aime son fils ou sa fille plus qu’il ne m’aime n’est pas digne de moi. Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. » Pierre répondit alors et dit au Seigneur : « Voici que nous avons tout laissé et que nous t’avons suivi ; qu’en sera-t-il pour nous ? » Jésus lui répondit : « En vérité, Je vous le dis, vous qui m’avez suivi, lors de la régénération de tout, lorsque le Fils de l’Homme trônera dans sa gloire, vous siégerez également sur douze trônes et jugerez les douze tribus d’Israël, et toute personne qui aura quitté maisons, frères ou sœurs, père ou mère, enfants ou champs à cause de mon Nom, recevra le centuple et héritera la vie éternelle. Beaucoup de premiers seront derniers et de derniers premiers. »

Итак всякого, кто исповедает Меня пред людьми, того исповедаю и Я пред Отцем Моим Небесным; а кто отречется от Меня пред людьми, отрекусь от того и Я пред Отцем Моим Небесным. Кто любит отца или мать более, нежели Меня, не достоин Меня; и кто любит сына или дочь более, нежели Меня, не достоин Меня; и кто не берет креста своего и следует за Мною, тот не достоин Меня. Тогда Петр, отвечая, сказал Ему: вот, мы оставили всё и последовали за Тобою; что же будет нам? Иисус же сказал им: истинно говорю вам, что вы, последовавшие за Мною, – в пакибытии, когда сядет Сын Человеческий на престоле славы Своей, сядете и вы на двенадцати престолах судить двенадцать колен Израилевых. И всякий, кто оставит домы, или братьев, или сестер, или отца, или мать, или жену, или детей, или зéмли, ради имени Моего, получит во сто крат и наследует жизнь вечную. Многие же будут первые последними, и последние первыми. 

Paroles des Pères

Ceux qui ont été jugés dignes de devenir enfants de Dieu et de renaître d’en-haut par le Saint-Esprit, qui portent en eux le Christ qui les illumine et leur donne le repos, ceux-là sont dirigés de manières multiples et variées par le Saint-Esprit et subissent invisiblement dans leur coeur, établis dans un repos spirituel, l’action de la grâce. Citons quelques types de jouissances visibles de ce monde, pour illustrer la manière dont la grâce se comporte dans l’âme. Parfois, ces âmes se réjouissent comme à un banquet royal, et elles éprouvent une allégresse et un bonheur indicibles. Une autre fois, elles sont comme l’épouse qui se repose en compagnie de son époux dans un repos divin. Parfois, elles sont comme des anges incorporels et jouissent, avec leurs corps, d’une liberté et d’une agilité semblables à la leur. Et parfois, elles sont comme prises de boisson, joyeuses et enivrées dans l’Esprit de la divine ivresse des mystères spirituels.

Une autre fois, elles gémissent et se lamentent sur le genre humain, et elles intercèdent pour Adam tout entier ; elles sont alors saisies par l’affliction et les larmes, brûlées qu’elles sont de l’amour de l’Esprit pour l’humanité. À un autre moment, l’Esprit les embrase d’une telle allégresse et d’une telle charité qu’elles voudraient, si la chose était possible, enfermer dans leur coeur tous les hommes, sans distinction de bons ou de mauvais. Parfois encore, elles s’humilient tellement en-dessous de tous les hommes, dans l’humilité de l’Esprit, qu’elles se tiennent pour les dernières de toutes et les plus insignifiantes. Une autre fois, elles sont absorbées par l’Esprit dans une joie ineffable. Une autre fois, elles ressemblent à un guerrier puissant, qui revêt toute l’armure royale, part en guerre contre les ennemis, combat vaillamment et remporte la victoire ; semblablement, l’homme spirituel prend les armes célestes de l’Esprit, marche contre ses ennemis, engage la bataille et les met sous ses pieds.

Une autre fois, l’âme se repose dans une grande tranquillité, dans une sérénité et une paix profondes, plongée entièrement dans un plaisir spirituel, dans un repos ineffable et un plein contentement. Une autre fois, la grâce la rend sage en lui donnant une intelligence, une sagesse ineffable, une connaissance insondable dans l’Esprit, qu’aucune langue ni aucune bouche ne peuvent exprimer. Une autre fois, elle redevient comme n’importe quel homme. C’est ainsi que la grâce se comporte en chacun d’une manière variée et dirige l’âme de nombreuses façons, la mettant en repos selon la volonté de Dieu, l’exerçant diversement, pour la remettre au Père céleste parfaite, irréprochable et toute pure.

– Saint Macaire le Grand, Homélies spirituelles, Dix-huitième homélie, §7-9.

***

L’homme est un mystère. Nous portons en nous l’héritage des siècles, tout le bien vécu par les prophètes, les saints, les martyrs, les apôtres et principalement, par notre Seigneur Jésus Christ. Mais nous portons aussi le mal qui existe dans le monde depuis Adam jusqu’à aujourd’hui. […]

Le Seigneur disait à ses disciples : « Quand l’Esprit Saint viendra, il vous enseignera tout » (cf. Jn 14,26). C’est l’Esprit Saint qui nous enseigne tout. Il nous sanctifie. Il nous divinise. Quand nous avons l’Esprit de Dieu, nous devons incapable de tout péché, nous accédons à l’inaptitude au péché. Quand l’Esprit Saint est en nous, nous ne pouvons pas faire le mal. Nous ne pouvons pas nous fâcher, haïr, dire du mal, etc. Soyons pleins, soyons riches de la plénitude du Saint-Esprit. C’est en cela que réside la substance de la vie spirituelle. C’est cela l’art des arts. Ouvrons donc les bras et tombons dans les bras du Christ. Une fois le Christ venu, nous avons tout gagné. Le Christ changera tout en nous. Il apportera la joie, l’humilité, la prière, l’élévation. La grâce du Christ nous rénovera. Tournons-nous vers Lui avec ferveur, avec ardeur, avec dévouement, dans un amour passionné : le Christ nous donnera tout. […]

Notre religion est parfaite. Sa philosophie est profonde. Ce qui est simple est aussi ce qu’il y a de plus précieux. Dans le combat spirituel, c’est ainsi que vous devez lutter : en toute simplicité, en toute douceur, sans violence. L’âme se trouve sanctifiée et purifiée par l’étude des paroles des Pères, en retenant de mémoire les psaumes ainsi que des extraits des Vies des saints, par la pratique du chant liturgique, par la prière. […] Ne luttez pas pour chasser les ténèbres de la chambre de votre âme. Ouvrez un petit trou afin que la lumière y vienne, et les ténèbres partiront. Ne luttez pas contre elles ; transfigurez-les plutôt en force par le mépris du mal. Occupez-vous aux cantiques, aux canons, à l’adoration de Dieu, à l’amour divin. Tous les livres sacrés de notre Eglise, le Paraclitique, le Livres de Heures, le Psautier, les Ménées, contiennent de saintes paroles : des paroles d’amour pour notre Christ. Dès que vous vous consacrerez à cet effort avec ardeur, votre âme en sera sanctifiée d’une manière douce, secrète, sans que vous vous en rendiez compte. […]

Quant aux faiblesses, laissez-les là toutes. […] Ne dites pas non plus : « Mon Dieu, délivre-moi de cela » – de la colère par exemple, ou bien encore de l’affliction. Il n’est pas bon de prier à propos d’une passion précise, ni même d’y penser : il se passe quelque chose dans notre âme qui fait que nous nous en retrouvons plus embarrassés encore. […] Ne combattez pas la tentation d’une manière directe. N’implorez pas sa fuite. Ne dites pas : « Prends-la, mon Dieu ! » C’est alors que vous lui accordez de l’importance et que la tentation vous enserrera. Car, tout en disant : « Prends-la, mon Dieu ! », au fond c’est là que vous vous en souvenez et l’attirez davantage. La disposition à s’en débarrasser devra, bien entendu, exister ; mais elle sera vraiment très secrète et fort délicate, elle ne devra pas paraître. Elle agira dans le secret. Rappelez-vous ce que disent les Saintes Ecritures : « Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite » (cf. Matthieu 6,3). Que toutes vos forces soient orientées vers l’amour de Dieu, vers son adoration, vers l’attachement à Lui. C’est de cette manière que la délivrance du mal et de vos faiblesses sera opérée secrètement, sans que vous vous en rendiez compte, sans effort pénible.

– Saint Porphyre (1906-1991), Vie et Paroles, « Sur le combat spirituel ».

Saints célébrés selon le nouveau calendrier

Sainte Jeanne, la myrrhophore (I°) ; saint Anecte, martyr à Césarée en Cappadoce (vers 304) ; saint hiéromartyr Pieros, prêtre à Antioche ; saint Zoïle et ses compagnons, martyrs à Cordoue (vers 301) ; saint Samson l’hospitalier, anargyre à Constantinople (vers 530) ; saint Jean, ermite à Chinon (VI°) ; saint Sérapion du lac Koja (1611).

Saints célébrés selon l’ancien calendrier

Saint Élisée, prophète (IXème s. av. J.-C.) ; saint Méthode, patriarche de Constantinople, confesseur (847) ; saint Mstislav baptisé Georges, prince de Novgorod (1180) ; saint Méthode, higoumène de Pechnocha (XIVème s.) ; saint Élisée de Soumy (XVème-XVIème s.) ; saints Valère et Rufin, martyrs à Bazoche (287) ; saint Éthère, évêque de Vienne (VII°) ; saint Psalmode (ou Sayman), anachorète dans le Limousin (VIIème s.) ; saint Agrice, évêque de Sens (Vème s.)

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire selon l’ancien calendrier

Le saint prophète Élisée, dont le nom signifie « Dieu est salut », était fils d’un riche cultivateur d’Abel-Mehola dans la vallée du Jourdain. Un jour qu’il labourait avec douze paires de bœufs, le saint prophète Élie [20 juil.] s’approcha et jeta sur lui sa mélote , signifiant par cet acte qu’il l’instituait son disciple et l’héritier de son charisme prophétique. Élisée immola deux bœufs et se servit de leur attelage pour les brûler en sacrifice au Seigneur. Puis, renonçant à tout et sans aller dire adieu aux siens, il suivit Élie et se fit son serviteur dévoué. Quand Élie eut achevé sa mission, Élisée insista pour le suivre jusqu’au lieu où il devait être enlevé au ciel, et il demanda à son maître de lui léguer une double part de son esprit prophétique. Un char de feu apparut, et Élie monta au ciel dans un tourbillon, laissant glisser à terre son manteau. Élisée le prit et revint sur la rive du Jourdain. Il frappa les eaux en invoquant le « Dieu d’Élie », et les eaux se divisèrent d’un côté et de l’autre pour le laisser traverser à pied sec. La congrégation des frères prophètes vint alors se prosterner devant lui, disant : « L’esprit d’Élie s’est reposé sur Élisée ! » Élisée accomplit son ministère prophétique pendant environ cinquante ans (850-800 av. J.-C.), dans le royaume de Samarie, sous les règnes successifs de Joram, Jéhu, Joachaz et Joas. Il exhortait inlassablement les Israélites : rois, puissants et gens du peuple, à se détourner des dieux étrangers, Baal et Astarté, pour retourner au culte du seul vrai Dieu. Certains prophètes prêchèrent par des paroles et des visions, d’autres par leurs souffrances et leurs tribulations, Élisée, lui, comme son maître, manifesta la véracité de sa prédication par des miracles. L’Esprit de Dieu était en lui « puissance » qui renversait les lois naturelles pour témoigner de la grâce accordée à ceux qui adhèrent au vrai Dieu, et annonçait ainsi, en figure, l’œuvre du Sauveur. Le prophète assainit par du sel les eaux d’une fontaine près de Jéricho, multiplia la réserve d’huile d’une pauvre veuve pour lui permettre de s’acquitter de ses dettes, transforma du potage amer en une soupe délicieuse pour nourrir les frères prophètes, et multipliant vingt pains d’orge, il nourrit plus de cent personnes. Chaque fois qu’il passait à Sumen, l’homme de Dieu était hébergé chez une femme de qualité. Un jour, le fils qu’elle avait obtenu grâce aux prières d’Élisée, vint à mourir. Elle alla en hâte rejoindre le prophète au mont Carmel et le supplia de venir auprès du défunt. Élisée le trouva étendu sur son propre lit et, alors que le miracle aurait pu s’accomplir par sa seule prière, il s’étendit sur l’enfant, mettant sa bouche contre sa bouche, ses yeux contre ses yeux, ses mains contre ses mains, et il lui insuffla un souffle de vie. Par cet acte, le prophète figurait l’Incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ qui est descendu du ciel, pour se proportionner à la mesure de l’homme, mort par le péché, et lui insuffler son Esprit de vie éternelle. Par la suite, Élisée engagea la même Sunamite à fuir le royaume d’Israël et à se rendre dans le pays des Philistins, afin d’échapper à une famine qui allait durer sept années. Une autre fois, un des frères prophètes, qui était au travail au bord du Jourdain, laissa tomber le fer de sa hache dans le fleuve. À sa prière, Élisée prit un morceau de bois, le jeta à cet endroit et fit surgir le fer, annonçant ainsi en figure la vertu de la Croix qui relève la nature humaine déchue. Illuminé par la grâce de Dieu, le regard d’Élisée était si pénétrant qu’il dévoilait aux rois d’Israël et à leurs alliés, les plans du roi d’Assyrie. Et chaque fois que celui-ci voulait dresser une embuscade aux Israélites, il les trouvait déjà en place et prêts au combat. Dans Samarie assiégée par les Syriens et aux prises avec la famine, l’homme de Dieu annonça la prochaine délivrance au roi qui était prêt à blasphémer. Le lendemain, on découvrit que l’armée ennemie avait décampé, à la suite d’une vision terrifiante, laissant derrière elle toutes ses réserves et un immense butin. Non content de prophétiser pour les Israélites, le prophète Élisée exerça aussi son ministère envers les païens. Il prédit l’assassinat du roi de Damas, Ben-Hdad II, par son officier Hazaèl et annonça à ce dernier qu’il allait prendre le pouvoir. Une autre fois, il guérit de la lèpre Naaman, le général de l’armée syrienne, en lui ordonnant d’aller se baigner dans le Jourdain, figurant ainsi le salut des païens par le saint baptême. Mais la grâce de Dieu agissait aussi par lui pour châtier le péché. Des enfants insolents s’étant moqués du prophète, il les maudit, et deux ours sortirent du bois et déchirèrent quarante-deux d’entre eux. Comme son serviteur, Ghézi, avait voulu soutirer les présents que Naaman lui avait envoyés en signe de gratitude, il ne put échapper au regard infaillible de son maître et fut atteint de lèpre. Par toutes ces actions d’éclats accomplies par Dieu, par l’entremise de son prophète, le royaume d’Israël fut presque débarrassé du culte de Baal ; mais les Juifs, coupables d’avoir rompu l’unité du royaume, avaient néanmoins besoin de constantes interventions divines, pour se détourner des idoles et du péché, et revenir au culte du vrai Dieu. Le saint prophète Élisée mourut dans un grand âge, après avoir prédit au roi d’Israël, qui était venu à son chevet pleurer sur sa perte, qu’il vaincrait les Syriens. Cette année-là, un mort, qui avait été jeté dans la tombe du prophète au cours d’une attaque des Moabites, reprit vie et se dressa sur ses pieds. C’est pourquoi Sirac le Sage loue le saint prophète en disant : « Et jusque dans la mort son corps prophétisa » (Sir 48,13). Cette sépulture, après avoir été en grand honneur chez les Juifs, fut violée sous Julien l’Apostat (362), mais des fragments des reliques du prophète purent être transférés à Alexandrie et Constantinople, où une église lui était dédiée.