Dimanche 28 juin 2020 – les soucis de ce monde

Dimanche 28 juin 2020.

(15 juin dans l’ancien calendrier.)

3e dimanche après la Pentecôte.

 

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’Épître de saint Paul aux Romains (du jour : Rom. 5, 1-10)

Frères, justifiés que nous sommes par la Foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, Qui nous a donné d’avoir accès par la Foi au monde de la grâce dans lequel nous sommes établis ; et notre fierté, c’est l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. Mais ce n’est pas tout : nous mettons aussi notre fierté dans les afflictions, sachant que l’affliction produit la patience, la patience une fidélité à toute épreuve, qui à son tour produit l’espérance. Or l’espérance ne déçoit pas, puisque, par l’Esprit saint qu’Il nous a donné, Dieu a répandu son amour dans nos cœurs. En effet, alors que nous étions encore sans cette force, c’est alors, au temps fixé, que le Christ est mort pour des impies. À peine voudrait-on mourir pour un juste ; pour un homme de bien, oui, peut-être osera-t-on mourir. Mais la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous. Combien plus, maintenant que nous sommes justifiés dans son sang, serons-nous par lui sauvés de la colère. Si, étant ennemis, nous fûmes réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, combien plus, une fois réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie !

Итак, оправдавшись верою, мы имеем мир с Богом через Господа нашего Иисуса Христа, через Которого верою и получили мы доступ к той благодати, в которой стоим и хвалимся надеждою славы Божией. И не сим только, но хвалимся и скорбями, зная, что от скорби происходит терпение, от терпения опытность, от опытности надежда, а надежда не постыжает, потому что любовь Божия излилась в сердца наши Духом Святым, данным нам. Ибо Христос, когда еще мы были немощны, в определенное время умер за нечестивых. Ибо едва ли кто умрет за праведника; разве за благодетеля, может быть, кто и решится умереть. Но Бог Свою любовь к нам доказывает тем, что Христос умер за нас, когда мы были еще грешниками. Посему тем более ныне, будучи оправданы Кровию Его, спасемся Им от гнева. Ибо если, будучи врагами, мы примирились с Богом смертью Сына Его, то тем более, примирившись, спасемся жизнью Его.

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (du jour : 6, 22-33)

En ce temps-là, le Seigneur dit : « La lampe du corps c’est l’œil ; si ton œil est sans malice, tout ton corps sera lumineux ; mais si ton œil est mauvais, tout ton corps sera obscur. Si la lumière qui est en toi est obscure, quelle obscurité ! Nul ne peut être l’esclave de deux seigneurs : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il restera attaché à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez être l’esclave de Dieu et de la richesse. C’est pourquoi Je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez ou boirez, ni pour votre corps de ce que vous revêtirez. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement ? Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne récoltent, ni n’entassent dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. N’êtes-vous pas plus importants qu’eux ? Qui de vous, dans son inquiétude, peut allonger sa taille d’une seule coudée ? Et pourquoi vous inquiéter du vêtement ? Regardez les lys des champs : comme ils poussent ! Ils ne peinent ni ne filent, mais Je vous dis que jamais, dans toute sa splendeur, Salomon ne fut vêtu comme un seul d’entre eux. Si donc Dieu vêt ainsi la plante des champs qui se dresse aujourd’hui et demain sera jetée au four, ne fera-t-Il pas plus pour vous, gens de peu de foi ? Ne vous faites donc pas de soucis en disant : Que mangerons-nous, que boirons-nous, que mettrons-nous ? De tout cela s’inquiètent les nations. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez tout d’abord son royaume et sa justice, et tout cela vous sera accordé. »

Светильник для тела есть око. Итак, если око твое будет чисто, то всё тело твое будет светло; если же око твое будет худо, то всё тело твое будет темно. Итак, если свет, который в тебе, тьма, то какова же тьма? Никто не может служить двум господам: ибо или одного будет ненавидеть, а другого любить; или одному станет усердствовать, а о другом нерадеть. Не можете служить Богу и маммоне. Посему говорю вам: не заботьтесь для души вашей, что вам есть и что пить, ни для тела вашего, во что одеться. Душа не больше ли пищи, и тело одежды? Взгляните на птиц небесных: они ни сеют, ни жнут, ни собирают в житницы; и Отец ваш Небесный питает их. Вы не гораздо ли лучше их? Да и кто из вас, заботясь, может прибавить себе росту хотя на один локоть? И об одежде что заботитесь? Посмотрите на полевые лилии, как они растут: ни трудятся, ни прядут; но говорю вам, что и Соломон во всей славе своей не одевался так, ка́к всякая из них; если же траву полевую, которая сегодня есть, а завтра будет брошена в печь, Бог так одевает, кольми паче вас, маловеры! Итак не заботьтесь и не говорите: что нам есть? или что пить? или во что одеться? потому что всего этого ищут язычники, и потому что Отец ваш Небесный знает, что вы имеете нужду во всем этом. Ищите же прежде Царства Божия и правды Его, и это все приложится вам.

Paroles des Pères

Quand les démons te voient plein d’ardeur pour prier vraiment, alors ils te suggèrent des idées (noemata) de certaines affaires soi-disant nécessaires, et en peu de temps ils éveillent le souvenir de ces choses et poussent l’esprit à leur recherche ; alors, l’esprit, échouant à les trouver, devient très triste et abattu. Lorsque l’esprit se tient pour prier, les démons lui rappellent les choses qu’il a cherché et dont il s’est souvenu, afin de l’entraîner à les considérer et ainsi perdre le fruit de l’oraison. […]

Ne prie pas pour que ta volonté soit faite, car ta volonté n’est pas en pleine harmonie avec celle de Dieu. Prie plutôt comme il nous a été enseigné, en disant : “Que ta volonté soit faite” en moi. Et en toute chose, demande-Lui de cette manière que sa volonté soit faite. Il veut seulement ce qui est bien et profitable pour l’âme, mais ce n’est pas toujours ce que tu poursuis. Souvent dans mes prières j’ai demandé d’obtenir quelque chose qui me semblait bon, insistant dans ma requête, violentant irrationnellement la volonté de Dieu, sans Lui permettre de me procurer ce que Lui-même savait mieux me convenir. Et quand je recevais finalement ce que j’avais demandé, j’étais désolé d’avoir demandé que ma volonté se fît ; car la chose ne tournait pas pour moi comme je m’étais figuré. Qui est bon sinon Dieu ? Abandonnons-Lui tout ce qui nous concerne, et nous nous en trouverons bien. Car Il est entièrement bon et le dispensateur de bonnes choses.

Ne t’afflige pas si tu ne reçois pas aussitôt de Dieu l’objet de ta requête ; Il souhaite pour toi un plus grand bénéfice par la persévérance dans la prière.  Car qu’y a-t-il de plus grand que de converser avec Dieu et d’être en relation avec Lui ? […]

Dans ta prière, poursuis seulement la justice et le Royaume, c’est-à-dire la vertu et la connaissance, et tout le reste te sera donné par surcroît.

– Saint Nil d’Ancyre (Évagre), Traité sur l’oraison.

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Quand nous appelle l’heure de l’assemblée, il faut préférer à tout les biens spirituels et la réunion qui se tient dans l’église, pour que même les biens que nous avons sous la main soient placés en sécurité.

Si vraiment nous donnons la première place aux réalités spirituelles, nous n’aurons pas à nous préoccuper des biens matériels, car Dieu, dans sa bonté, nous les procurera en abondance. Si, au contraire, négligeant les biens spirituels, nous veillons uniquement à nos intérêts temporels et que, faisant bon marché de notre âme, nous nous soucions constamment des choses terrestres, nous perdrons alors les biens spirituels sans rien y gagner pour ceux de ce monde.

Ne renversons donc pas, je vous en prie, l’ordre des choses. Connaissant la bonté de notre Maître, remettons-nous à lui en toutes choses et ne nous laissons pas accabler par les soucis de cette vie. Si Dieu nous a tirés du néant à l’être, par sa bienveillance, à bien plus forte raison nous fera-t-il encore plus sûrement bénéficier à l’avenir de toute sa providence. Car, dit l’Évangile, votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela avant même que vous l’ayez demandé.

C’est pourquoi il exige que nous soyons libres de tout souci temporel et que nous nous consacrions totalement aux biens spirituels. « Cherchez donc, nous dit-il, les biens spirituels et je pourvoirai moi-même amplement à tous vos besoins matériels. » […] Troquons nos préoccupations et partageons nos soucis : prenons sur nous le soin de notre âme, puisqu’elle est l’essentiel en nous, et laissons au commun Maître de toutes choses tout le souci et les préoccupations du corps.

C’est là précisément le plus beau témoignage de sa sagesse et de son ineffable bonté, de nous avoir mis en mains le soin de ce qu’il y a de plus grand en nous, je veux dire l’âme, nous apprenant, par les faits eux-mêmes, qu’il nous a créés libres et qu’il a laissé en notre pouvoir et en notre volonté ou de choisir la vertu ou de passer dans le camp du mal, tout en promettant de pourvoir lui-même à tout ce qui concerne le corps. […]

C’est pourquoi, nous qu’il a honorés de la raison – quelle prééminence dont il nous a jugés dignes ! – Dieu nous invite à imiter les êtres sans raison. « Voyez, dit-il, les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit ». Autrement dit : « Si je prends un tel soin des oiseaux sans raison et leur procure tout ce dont ils ont besoin, sans semailles ni labour, je veillerai d’autant mieux sur vous, qui êtes doués de raison, pourvu que vous choisissiez de préférer le spirituel au charnel. Si pour vous j’ai produit tout cela et la création tout entière, si j’en prends un tel soin, de quelle providence attentive ne vous jugerai-je pas dignes, vous pour qui j’ai fait tout cela ? »

Mettons donc notre confiance, je vous en prie, en la promesse de Dieu et dirigeons toutes nos pensées vers les désirs spirituels. Considérons tout le reste comme secondaire par rapport à la jouissance des biens futurs.

– Saint Jean Chrysostome, Catéchèses baptismales, 8, SC 50, p. 257-260.

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– Attendez, attendez, cher Boris Iakovlévitch, lui dit le père Alexandre, l’interrompant. Vous connaissez bien l’histoire russe ?

– Je la connais, bien sûr, j’étais même premier en classe, j’écrivais des exposés ; à l’école je faisais des conférences sur l’histoire.

– Oh, mais ce n’est pas suffisant ! À l’école, on vous cachait beaucoup de choses, et on en modifiait certaines autres. Mais indépendamment de l’école, avez-vous lu quelque chose sur l’histoire russe, tenez par exemple des livres de Klioutchevski ou de Soloviev ?

– J’ai lu quelque chose, mais pas grand-chose en fait.

– Peut-être avez-vous lu comment fut conquise et peuplée notre terre septentrionale, et celle où nous roulons en ce moment vous et moi, et celle dont tous ces écrivailleurs en décrivent la construction des ports ? Cette terre fut conquise à l’aide des moines, la quintessence même de la « gent ecclésiastique » dont vous pensez qu’elle n’aurait pas pu atteindre des résultats semblables aux réalisations soviétiques contemporaines.

Le schéma du développement de l’espace sans limites de notre Nord, depuis Iaroslavl, Kostroma et Viatka jusqu’aux monts d’Oural et à l’Océan arctique, peut être dépeint en quelques traits de la façon suivant : l’homme aspirant au salut de son âme, quittait villes et villages des régions de Souzdal ou de Novgorod, vers une union avec Dieu, sans distraction. Il partait dans le Nord et se construisait une cabane au fin fond de la forêt. Cet ermite était rejoint ensuite par d’autres personnes partageant la même recherche spirituelle et c’est ainsi que naissait un monastère. À côté du monastère s’établissaient des cultivateurs et, peu à peu, un village émergeait. De ce monastère, qui n’était plus un ermitage isolé, son fondateur (si ce processus était suffisamment rapide) ou parfois quelques moines issus de la génération suivant, proches de son état d’esprit, partaient à leur tour plus loin dans le Nord, dans les terres vierges, et là-bas la même chose se répétait. Voici de quelle manière fut peuplé le Nord. Cette conquête n’est-elle pas plus héroïque que celle réalisée de nos jours à l’aide de tracteurs et de véhicules tout-terrain ? Il y avait en ce temps-là davantage de combat avec la nature, plus d’audace et d’exploits, et aussi plus de grandeur intérieure.

– Ainsi donc vous désapprouvez les procédés techniques contemporains dans la lutte avec le Nord ? demanda Boris.

– Non, absolument pas, je ne les blâme pas et ne les nie pas. Il est tout à fait possible qu’à cette époque, s’il avait existé les moyens techniques contemporains, bon nombre de saints constructeurs de monastères en auraient profité. Nos monastères du Nord tels que Solovki et Valaam étaient jusqu’à la fin, jusqu’à la veille de la révolution, des pionniers à l’avant-garde des réalisations techniques les plus modernes en matière de conquête de la nature sur leur île. Ils y ont construit de leur propre main des menuiseries, des serrureries, des ateliers de tournage, des tanneries, une usine chimique – bref tout ce qu’il y avait de plus moderne dans la technique. Mais la différence entre l’imprégnation et la mise en valeur de la nature par les moines et la façon dont elle est réalisée par les bolchéviques de nos jours, est immense. Cette différence ne réside pas dans les capacités techniques plus ou moins grandes, mais dans la distinction dans la hiérarchie des valeurs. Les moines, et non seulement eux, mais en général tous les chrétiens, construisaient la vie et conquéraient la nature, mais avant tout se préoccupaient du salut de leur âme, pensaient à l’acquisition de la vie éternelle, ne considérant le triomphe sur la nature que comme quelque chose de secondaire, comme simplement la conséquence de leurs efforts.

– Attendez, Alexandre Alexandrovitch, l’interrompit Boris. Comment peut-on unir cette représentation de ces moines ou de ces chrétiens travaillant sans relâche, cette image de labeur, avec l’enseignement donné par Jésus Christ aux hommes, de vivre comme les oiseaux du ciel ?

– Parce que les oiseaux du ciel ne peinent pas, peut-être ? Merci bien ! Essayez donc de travailler comme l’oiseau, de l’aube au coucher du soleil, sans défense aucune, sans vie organisée – je voudrais bien vous y voir !

– Mais alors quel est le sens de ces paroles de Jésus Christ ?

– Notre évêque, émigré à l’étranger depuis, nous avait très bien expliqué cela. Le sens de cette image, de cette parabole du Christ, c’est que l’oiseau n’est pas accablé par sa tâche. Il besogne en chantant. Il s’envole de son nid, fermement persuadé qu’il trouvera de la nourriture pour lui et pour ses petits. De même, l’homme doit croire que s’il travaille, le Seigneur arrangera son existence. Il doit vivre dans une atmosphère de foi, et non d’accablement par les soucis. Ses bras, son cerveau, il peut et doit les consacrer à son travail pour gagner son pain substantiel, mais il doit conserver son âme pure de tout souci terrestre, et la consacrer pleinement à Dieu, parce que c’est précisément cette âme-là que Dieu veut.

Père Alexandre s’arrêta, puis se mit à rire.

– Chez nous au séminaire il y avait un enseignant qui, en expliquant ce passage, nous recommandait d’observer la plus grande passivité si nous rencontrions une difficulté dans notre vie. « Il faut, nous disait-il, attendre ce que Dieu nous enverra, comme le petit oiseau qui, perché sur sa branche, gazouille en attendant le moucheron. » Essayons donc de gazouiller comme ça ! On mourrait de faim. C’était pourtant quelqu’un de bien, un homme plein de bonhomie, mais il disait parfois de ces absurdités…

Ainsi donc, l’esprit du chrétien bâtisseur de la vie, consacrant au travail toutes ses forces, toute l’énergie de son corps et de son intelligence, mais ménageant son âme pour Dieu seul, est toujours paisible et rempli de joie, que son travail soit couronné ou non de succès. Le travail ne lui ruine pas la santé, qu’il soit fructueux ou non. Il se réalise tranquillement, plongeant profondément ses racines dans le sol du passé et donnant ainsi beaucoup plus tard des fruits pour la postérité, bien qu’en apparence il soit moins impressionnant. Le chantier bolchévique quant à lui est vide à l’intérieur. Il mise seulement sur un effet extérieur, mais ne procure à ses partisans aucune joie tranquille intérieure. En cas de succès, il exacerbe leur orgueil, mais, en cas d’échec, il détruit leur énergie, leur met le cœur à l’envers, les livre au désespoir, parce que ce chantier n’a qu’une valeur intrinsèque. Et cependant, par lui-même, ce travail n’a aucune signification intemporelle pouvant justifier une telle emprise sur l’âme humaine. Celle-ci – comme nous le croyons – est immortelle et par conséquent elle est une valeur éternelle. Les fruits du travail technique, eux, sont temporels ; ils sont tout à fait inutiles à l’homme après sa mort. En fait, les constructeurs du chantier bolchéviques ne font rien pour leur sort après leur mort. Mais le travailleur chrétien, tout en construisant sa vie extérieure avec non moins de succès que le bolchévique, crée en même temps des valeurs pour sa vie future – la vie éternelle.

– Archevêque Nathanaël Lvov, La conversion de Boris, ed. Apostolia, p. 38-43

Saints célébrés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Translation des reliques des saints Cyr et Jean (412) ; saint Zacharie, évêque de Lyon (IIIème s.) ; sainte Téchilde, reine de Bourgogne (vers 600) ; saint Maëlmon, évêque d’Aleth (v. 658) ; saint Paul de Corinthe, médecin (VIIème s.) ; saint Xénophon de Robéïka (1262), saints Serge et Germain, thaumaturges de Balaam (vers 1353) ; saints néomartyrs de Russie : Basile (Sitnikov), diacre (1918) ; moniale Sebastienne (Agueiëva-Zouïeva) (1938) ; Grégoire (Samarine), diacre (1940).

Extrait du Synaxaire de Père Macaire selon le nouveau calendrier

Translation des reliques des saints Cyr et Jean (412). Après le glorieux martyre des saints anargyres Cyr et Jean [31 janv.], des pieux chrétiens allèrent cacher leurs corps dans l’église Saint-Marc, de peur que les païens ne les profanent. De longues années après, sous le règne de Théodose le Jeune (414), comme notre saint Père saint Cyrille [9 juin], qui venait de succéder à son oncle Théophile sur le siège d’Alexandrie, priait Dieu avec larmes de lui révéler comment lutter contre les restes de cultes idolâtres, en particulier celui d’Isis guérisseuse, à Ménouthis, près de Canope , un ange lui apparut et lui ordonna d’y transférer les reliques des deux saints martyrs Cyr et Jean, dans une église dédiée aux saints Évangélistes, que Théophile avait fait ériger non loin du sanctuaire païen. Le saint évêque rassembla aussitôt son clergé et le peuple et, après leur avoir rapporté sa vision, il prit lui-même la tête d’un somptueux cortège, auquel s’adjoignit presque toute la population d’Alexandrie. Parvenus à l’église Saint-Marc, on ouvrit le tombeau des saints martyrs, qui était tombé dans l’oubli, et leurs reliques apparurent intactes et resplendissantes de la grâce du Saint-Esprit. On les plaça sur un char, et dans un grand concert de chants et d’hymnes, accompagnés de lumières et d’encens, on procéda à leur translation jusqu’à Ménouthis. Aussitôt des miracles commencèrent à se produire : les malades étaient guéris, les possédés délivrés, les aveugles recouvraient la vue, les infirmes marchaient, comme au temps de la vie publique du Seigneur. Quand on déposa les reliques dans l’église des Saints-Évangélistes, le démon qui habitait le temple d’Isis s’enfuit effrayé et les prêtres païens, voyant toutes ces merveilles, vinrent se jeter aux pieds de l’archevêque pour demander le baptême. Avec le temps, le temple abandonné fut enfoui dans le sable, tandis que le sanctuaire des saints martyrs attirait une foule toujours grandissante de pèlerins, venus de toutes les extrémités de l’Empire pour y solliciter leur assistance. On avait construit autour du sanctuaire de nombreuses hôtelleries pour les recevoir, mais les malades passaient en général la nuit auprès du tombeau des saints qu’ils baisaient avec dévotion, s’oignant de l’huile de leurs veilleuses ou buvant l’eau de la fontaine qui coulait à l’extérieur. Innombrables étaient les miracles qui s’accomplissaient par l’intercession des saints anargyres , qui souvent révélaient aux malades le moyen par lequel ils obtiendraient la guérison, en leur apparaissant en rêve ou à l’état de veille.

Saints célébrés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Saint Amos, prophète (VIIIème s. av. J.-C.) ; saints Guy et Modeste et sainte Crescence, nourrice, martyrs en Italie (vers 303) ; saint Doulas, martyr en Cilicie (305-313); saint Jérôme (419) ; saint Doulas, moine en Égypte (Vème s.) ; saint Agrice, évêque de Sens (Vème s.) ; saint Landelin, abbé dans le nord de la France (686) ; saint Abraham, abbé de Saint-Cyrgues en Auvergne (472) ; saints Domitien et Adelin, moines dans le nord de la France (VIIème s.) ; saint Constantin, évêque de Beauvais (vers 706) ; saint Michel, premier métropolite de Kiev (Xème s.) ; saint Lazare, prince de Serbie (1389) ; saints Grégoire et Cassien d’Avnège (1392) ; saint Éphrem II, patriarche de Serbie (1395) ; saint Jonas, métropolite de Moscou, thaumaturge (1461). Synaxe des saints néomartyrs de Serbie.

Extrait du Synaxaire de Père Macaire selon l’ancien calendrier

Le saint prophète Amos était simple bouvier et cultivateur de sycomores au village de Téqoa, situé à quelques kilomètres de Bethléem, dans le royaume de Juda. Il vécut sous les règnes d’Osias (781-740), roi de Juda, et de Jéroboam II (784-744), roi d’Israël. Alors qu’il menait son troupeau, le Seigneur l’appela et lui dit : « Va, prophétise à mon peuple Israël ». Il se rendit donc dans le royaume du Nord, qui se trouvait alors à son apogée, mais où les riches opprimaient honteusement les humbles, se comportaient de manière dissolue et avaient abandonné le culte du vrai Dieu pour adorer le veau d’or. C’est pourquoi Dieu ordonna à son prophète de leur annoncer que leur châtiment était imminent. Amos prédit d’abord la ruine des nations païennes voisines : Damas, la Philistie, la Phénicie, Édom, Ammon et Moab ; et il ajouta que la colère du Seigneur allait aussi s’abattre sur le royaume de Juda et, avant lui, sur le royaume de Samarie qui avait profané son saint Nom par le culte idolâtre. Le prophète eut d’abord la vision de multitudes de sauterelles qui dévoraient toutes les cultures d’Israël, mais il intercéda pour le peuple et le fléau fut écarté. Ensuite, Dieu lui fit voir qu’Il se préparait à châtier par le feu, et une fois de plus la prière du prophète réussit à apaiser la colère divine. Les habitants du royaume du Nord ne se repentaient pas pour autant et persistaient dans leurs péchés, aussi le Seigneur manifesta à son prophète, en trois visions, qu’Il ne pardonnerait plus, et qu’Il allait frapper les rebelles et abattre leurs cités orgueilleuses. Contre ceux qui, se vantant d’être le peuple élu, se fiaient en la faveur de Dieu, il dit que le « Jour du Seigneur », qu’ils attendaient, serait ténèbres et non lumière. Leur culte hypocrite, mêlé à l’iniquité, a attiré l’irritation du Seigneur, qui les repousse en disant : « Je hais, je méprise vos fêtes et je ne puis supporter vos solennités. Écartez de moi le bruit des cantiques, que je n’entende pas la musique de tes harpes » (5, 21, 23). Le châtiment de leur orgueil sera terrible, les cadavres seront jetés pêle-mêle en tous lieux, et tous ceux qui ne périront pas se lamenteront et seront dans le deuil. Ces catastrophes marqueront la fin définitive du royaume schismatique d’Israël : Elle est tombée, elle ne se relèvera plus la vierge d’Israël  (5, 2), et annonceront aussi de loin les bouleversements cosmiques de la fin des temps. Malgré ces prédictions de malheurs, tout espoir de salut ne sera pas perdu pour ceux qui se convertiront : Cherchez le Seigneur et vous vivre… Haïssez le mal, aimez le bien, et faites régner le droit, peut-être le Seigneur prendra-t-Il en pitié le reste de Joseph  (5, 14, 15). Car alors, dit le Seigneur : J’enverrai la faim dans le pays, non pas une faim de pain, non pas une soif d’eau, mais d’entendre la parole du Seigneur  (8, 11).

Comme le prophète prononçait ces oracles à Béthel, le prêtre Amasias l’accusa auprès du roi de fomenter une conspiration, en annonçant que le souverain allait périr par l’épée et que le peuple serait déporté loin de sa terre. Et il dit à Amos : 3Voyant, va-t-en ; fuis au pays de Juda, mange ton pain là-bas et là-bas prophétise. Mais à Béthel cesse de prophétiser, car c’est un sanctuaire royal, un temple du royaume3  (7, 12-13). Amos persista cependant dans sa mission, et prédit au prêtre qu’il périrait en exil. Il continua de glorifier Dieu qui allait révéler Sa gloire par le jugement et l’extermination des pécheurs ; mais précisa, en terminant sa prophétie, que ces désastres verraient cependant le relèvement de la lignée de David et l’établissement du royaume messianique, vers lequel toutes les nations païennes accourront : « Après cela je reviendrai et je relèverai la tente de David qui était tombée ; je relèverai ses ruines et je la redresserai, afin que le reste des hommes cherchent le Seigneur, ainsi que toutes les nations qui ont été consacrées à mon Nom, dit le Seigneur qui fait connaître ces choses depuis les siècles » . En ces jours-là, ajoute le prophète, les montagnes suinteront la suavité et toute la terre sera transformée en un jardin aux fruits éternels. Une tradition postérieure rapporte que le fils d’Amasias, Ozias, aurait frappé Amos d’un coup de massue, le laissant à demi mort. Le prophète aurait alors été transporté dans sa patrie, Téqoa, où il aurait expiré quelques jours plus tard.