Dimanche 3 novembre 2019

Dimanche 3 novembre 2019.

(21 octobre selon l’ancien calendrier.)

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Galates (Gal. 1, 11-19) :

Frères, sachez-le, l’Évangile que j’ai annoncé n’est pas à mesure humaine : ce n’est pas non plus d’un homme que je l’ai reçu ou appris, mais par une révélation de Jésus Christ. Vous avez certes entendu parler de ma conduite jadis dans le judaïsme, de la persécution effrénée que je menais contre l’Église de Dieu et des ravages que je lui causais, et de mes progrès dans le judaïsme, où je surpassais bien des compatriotes de mon âge, en partisan acharné des traditions de mes pères. Mais quand Celui qui dès le sein maternel m’a mis à part et appelé par sa grâce daigna révéler en moi son Fils pour que je l’annonce parmi les païens, aussitôt, sans consulter la chair et le sang, sans monter à Jérusalem trouver les apôtres mes prédécesseurs, je m’en allai en Arabie, puis je revins encore à Damas. Ensuite, après trois ans, je montai à Jérusalem rendre visite à Céphas et demeurai auprès de lui quinze jours : je n’ai pas vu d’autre apôtre, mais seulement Jacques le frère du Seigneur.

Возвещаю вам, братия, что Евангелие, которое я благовествовал, не есть человеческое, ибо и я принял его и научился не от человека, но через откровение Иисуса Христа. Вы слышали о моем прежнем образе жизни в Иудействе, что я жестоко гнал Церковь Божию, и опустошал ее, и преуспевал в Иудействе более многих сверстников в роде моем, будучи неумеренным ревнителем отеческих моих преданий. Когда же Бог, избравший меня от утробы матери моей и призвавший благодатью Своею, благоволил открыть во мне Сына Своего, чтобы я благовествовал Его язычникам,- я не стал тогда же советоваться с плотью и кровью, и не пошел в Иерусалим к предшествовавшим мне Апостолам, а пошел в Аравию, и опять возвратился в Дамаск. Потом, спустя три года, ходил я в Иерусалим видеться с Петром и пробыл у него дней пятнадцать. Другого же из Апостолов я не видел никого, кроме Иакова, брата Господня.

Lecture de l’Évangile selon saint Luc (Luc 16, 19-31)

En ce temps-là, le Seigneur dit la parabole suivante. Un homme riche s’habillait de pourpre et de lin fin, et faisait chaque jour des festins somptueux. Et un pauvre nommé Lazare gisait près de son portail, tout couvert de plaies. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche, mais c’étaient plutôt les chiens qui venaient lécher ses plaies. Or le pauvre mourut et fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham ; le riche mourut également et fut enseveli. Dans le séjour des morts, en proie aux tourments, le riche leva les yeux et vit de loin Abraham, et dans le sein d’Abraham, Lazare. Alors il s’écria : « Père Abraham, miséricorde ! Envoie Lazare tremper dans l’eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car dans ces flammes je souffre cruellement. » Abraham lui répondit : « Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et Lazare ses maux ; maintenant donc il trouve ici consolation, et c’est ton tour de souffrir. D’ailleurs entre vous et nous s’est ouvert un abîme profond ; et ceux qui le voudraient ne peuvent passer d’ici vers vous, pas plus que ceux qui voudraient passer de là jusqu’à nous ». Le riche dit alors : « Père, je t’en prie, envoie Lazare dans la maison de mon père. J’ai cinq frères : qu’il leur fasse la leçon, pour qu’ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de tourments ». Et Abraham de lui répondre : « Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent ! » Mais le riche reprit : « Non, Père Abraham, mais si quelqu’un de chez les morts va les trouver, ils se repentiront ». Mais Abraham lui dit : « S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne croiront pas davantage quelqu’un qui ressusciterait d’entre les morts ! »

Некоторый человек был богат, одевался в порфиру и виссон и каждый день пиршествовал блистательно. Был также некоторый нищий, именем Лазарь, который лежал у ворот его в струпьях и желал напитаться крошками, падающими со стола богача, и псы, приходя, лизали струпья его. Умер нищий и отнесен был Ангелами на лоно Авраамово. Умер и богач, и похоронили его. И в аде, будучи в муках, он поднял глаза свои, увидел вдали Авраама и Лазаря на лоне его и, возопив, сказал: отче Аврааме! умилосердись надо мною и пошли Лазаря, чтобы омочил конец перста своего в воде и прохладил язык мой, ибо я мучаюсь в пламени сем. Но Авраам сказал: чадо! вспомни, что ты получил уже доброе твое в жизни твоей, а Лазарь – злое; ныне же он здесь утешается, а ты страдаешь; и сверх всего того между нами и вами утверждена великая пропасть, так что хотящие перейти отсюда к вам не могут, также и оттуда к нам не переходят. Тогда сказал он: так прошу тебя, отче, пошли его в дом отца моего, ибо у меня пять братьев; пусть он засвидетельствует им, чтобы и они не пришли в это место мучения. Авраам сказал ему: у них есть Моисей и пророки; пусть слушают их. Он же сказал: нет, отче Аврааме, но если кто из мертвых придет к ним, покаются. Тогда Авраам сказал ему: если Моисея и пророков не слушают, то если бы кто и из мертвых воскрес, не поверят.

Paroles des Pères

Si le récit du riche et du pauvre Lazare se présente en termes assez matérialistes, dit Macrine, il est parsemé de multiples invitations incitant l’auditeur exigeant à une interprétation plus subtile. En effet, en séparant le bien du mal par un grand abîme, en montrant l’affligé réclamer une goutte d’eau au bout d’un doigt, en donnant au malchanceux de cette vie le sein du patriarche pour y reposer, alors qu’auparavant on les disait tous deux morts et enterrés, le texte éloigne grandement du sens premier celui qui ne suit pas de manière stupide. Quels yeux en effet le riche lève-t-il dans le séjour des morts, ayant laissé ses yeux de chair au tombeau ? Quelle flamme l’incorporel peut-il sentir ? Quelle langue désire-t-il rafraîchir d’une goutte, si celle de la chair est absente ? […]

– Mais que seront alors le feu, ou l’abîme, ou le reste, dis-je, s’il ne faut pas les comprendre littéralement ? […]

– Selon moi donc, voilà l’abîme : il ne survient pas parce que la terre s’entrouvre, mais c’est le jugement écartelé au cours de cette vie entre des choix contraires, qui le creuse. Car une fois qu’on a opté pour le plaisir de cette vie-ci et qu’on ne guérit pas son imprudence par le repentir, on se ferme dès lors l’accès du pays des biens, creusant soi-même cette contrainte insurmontable, comme un immense gouffre infranchissable.

Voilà aussi pourquoi, me semble-t-il, l’heureuse condition de l’âme dans laquelle le récit fait reposer l’athlète de la patience s’appelle le sein d’Abraham. Car ce patriarche est le tout premier dont on raconte qu’il échangea la jouissance du présent pour l’espérance de l’avenir ; dépouillé de tout ce qui faisait sa vie jusqu’alors, il vécut en terre étrangère, cheminant à travers les vexations du présent vers l’héritage espéré. […]

Mais le passage du riche et du pauvre nous enseigne encore une autre doctrine. Cet homme plein de passions et ami de la chair, réalisant que son malheur est inéluctable, on nous le montre soucieux de ses propres parents restés sur terre. Abraham lui dit que l’existence de ceux qui vivent dans la chair n’est pas négligée par la Providence, mais qu’ils disposent librement de la Loi et des Prophètes comme guides. Mais le riche continue d’insister pour que le message, annoncé par quelque mort revenu à la vie, leur parvienne, miraculeusement convaincant.

– Et quelle est ici cette doctrine, demandai-je ?

– L’âme de Lazare, dit-elle, s’applique au présent, elle ne revient sur aucune des réalités laissées en arrière. Le riche, lui, même après la mort, reste attaché comme par de la glu à la vie charnelle ; il ne l’a pas purement dépouillée, même s’il a cessé de vivre : par le souci, la chair et le sang lui restent présent (ce sont eux, en effet, qui lui font demander que ses parents soient arrachés aux malheurs, il est clair qu’il ne s’est pas encore affranchi de son attachement passionnel à la chair). Tous ces détails, dit-elle, nous font penser que le Seigneur enseigne ceci : il faut le plus possible, par une vie vertueuse, que ceux qui vivent dans la chair s’en écartent, pour ainsi dire, et s’affranchissent de ce lien, afin qu’après la mort nous n’ayons pas besoin d’une autre mort (cf. Ap. 2,11 ; 20,6 et 14) qui purifie des résidus de colle charnelle. Alors, comme si les liens autour de l’âme s’étaient rompus, libre et légère sera sa course au bien, sans l’entrave d’aucune charge corporelle.

Mais si en pensée on est devenu entièrement charnel, absorbant tout mouvement et action de l’âme dans les volontés de la chair (cf. Jn 1,13), même dégagé de la chair on ne se sépare pas des passions. Ceux qui ont longtemps séjourné dans les lieux les plus malodorants, même s’ils en changent pour un air agréable à respirer, ne se purifient pas de l’odeur fétide qui les a imprégnés pendant une période si prolongée.  […]

Toute nature attire ce qui lui est apparenté. Or l’humain a quelque parenté avec Dieu, car il porte en lui des similitudes de l’archétype. L’âme est donc nécessairement attirée vers ce qui est divin et de même souche. Il lui faut donc garder entièrement et absolument pour Dieu ce qui la constitue en propre. Si donc l’âme se trouve légère et sans entraves, si aucun fardeau corporel ne l’écrase, elle s’approche avec plaisir et aisance de ce qui l’attire.

Mais si les clous de l’attachement passionnel la fixent dans ses habitudes matérielles, on dirait qu’elle souffre comme ces corps écrasés sous les ruines des catastrophes sismiques. Supposons que les corps ne soient pas seulement oppressés par les décombres, mais encore transpercés de broches ou de pièces de bois qui s’y rencontrent. Voici sans doute ce qu’endureront les corps dans cette situation, quand leurs proches les retireront du cataclysme pour les funérailles : ils vont être tout déchiquetés et mis en pièces et subiront tout ce qu’il y a de plus pénible, lacérés par les décombres et par les clous sous l’effet d’une traction violente. C’est une souffrance semblable, à mon avis, qu’éprouvera l’âme lorsque par amour des hommes, la puissance divine arrachera ce qui lui est propre hors des ruines matérielles et animales. Ce n’est pas par haine ni châtiment de leur vie mauvaise, à mon sens, que Dieu inflige aux pécheurs ses situations pénibles, lui qui réclame et attire à lui tout ce qui est venu à l’existence grâce à lui justement, mais visant plus haut, il attire l’âme à lui qui est source de toute béatitude ; et cet état douloureux affecte nécessairement la personne tiraillée. […]

– Par conséquent, dis-je, à t’entendre ce n’est pas le jugement divin, semble-t-il, qui impose aux pécheurs leur châtiment mais, comme on l’a montré, Dieu n’attire que pour communiquer la béatitude ; dans cette attraction, c’est l’arrachement aux passions qui devient la douleur.

– Saint Grégoire de Nysse, Dialogue sur l’âme et la résurrection avec sa sœur Macrine.

***

Chaque fois que l’on fait ce que l’on doit, l’âme se recueille en elle-même, car tout homme aimant Dieu et la vertu jouit d’une sorte d’autarcie de bonheur, sans besoin des circonstances extérieures pour le lui procurer. (…) Ni maux, ni santé, ni richesse avilissante, ni manque de biens périssables, ni blâme, ni louange, ni mort, ni vie, ni présent, ni avenir, ni quelque autre des êtres ou événements ne peuvent corrompre cette philosophie nourrissante et porteuse d’une telle gloire auprès de Dieu. Et comment cela se fait-il ? Cela se produit quand nous confions entièrement à Dieu ce qui nous concerne, en renonçant à chercher ce que Dieu ne nous prescrit pas de chercher, mais au contraire en recherchant avec tout notre zèle tout ce que Dieu nous prescrit. (…)

Et tout ce à quoi Dieu permet de survenir, rapportons-le Lui avec empressement, que cela dépende ou non de notre libre-arbitre. Ce qui en soi n’est pas nature ni bon ni mauvais, n’est de cette évidence désirable ni souhaitable ni à éviter. Les choses en l’absence desquelles nous pouvons devenir, être ou demeurer bons et vertueux ou au contraire mauvais et dénués de vertu, leur acquisition n’est pas absolument pas et en aucune façon nécessaire. Ni certes leur non-possession pour que nous advienne quelque bien ou mal et que nous le conservions. Puisque aussi bien certains qui n’ont ni puissance, ni richesse, ni santé, ont acquis maints trésors des biens éternels, et que d’autres à l’inverse, nantis de puissance, de richesse et de santé, essuient par leur proprement jugement (γνώμη) la perte de tous les biens divins. Ce dont témoignent Lazare et son riche : l’un, dénué de toute puissance matérielle, richesse, santé, reçoit le repos bienheureux dans le sein d’Abraham ; l’autre, littéralement couvert de biens terrestres, est exclu des biens divins par un abîme et condamné au châtiment par le feu.

– Saint Maxime le Confesseur, « Lettre au serviteur de Dieu, le sieur Georges, le gouvernement loué de tous de la province d’Afrique », in Lettres, I, trad. E. Ponsoye, éd. du Cerf, coll. Sagesses Chrétiennes, Paris, 1998.

Saints célébrés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Saints martyrs Acepismas, évêque, Joseph, prêtre et Aïthala, diacre (IVème s.) ; Dédicacе de l’église Saint-Georges à Lydda (IVème s.) ; saints martyrs Attique, Agape, Eudocie, Catérie, Istucarie, Pactovie, Nictopolion et leurs compagnons (vers 320) ; saint Papoul, prêtre à Toulouse, martyr (vers 300) ; saint Acepismas (IVème s.) ; sainte Snandulie (IVème s.) ; saint Hormizd le Confesseur (Perse, Vème s.) ; saint Pirmin, évêque évangélisateur des pays germaniques (753) ; saint Hubert, évêque de Maestricht (727) ; saint Gwenhael, abbé de Landevenec (vers 550) ; saints Achéric et Guillaume, moines dans les Vosges (IXème s.) ; saint Georges de Néapolis, prêtre, néo-martyr grec (1797) ; saints néo-martyrs de Russie : Nicolas (Dinariev), prêtre et Paul (Parfenov) (1918) ; Basile (Arkhangelsky), Pierre (Orlenkov), Basile (Pokrovsky), Alexandre (Zverev), Vladimir (Pisarev), Serge (Kedrov), Nicolas (Piatnitsky), Vincent (Smirnov), Jean (Kesarisky), Pierre (Kosminkov), Alexandre (Parousnikov), Paul (Andreev), Cosmas (Petritchenko), prêtres et Syméon (Kretchkov), diacre (1937) ; Eudocie (Safronov) (1938) ; Serge (Stanislavlev), diacre (1942).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire

Ce dimanche, nous célébrons la mémoire des saints martyrs Acepsimas, Joseph et Aïthala. La trente-septième année de la sauvage persécution déclenchée par le roi de Perse Sapor II (378-379), les chefs des mages se virent attribuer le pouvoir de torturer tous les chrétiens qu’ils trouveraient et de les faire périr s’ils s’obstinaient dans la confession de leur foi. On arrêta alors Acepsimas, l’évêque de la ville de Pakâ et de la région d’Henaitâ. C’était un vénérable vieillard de quatre-vingts ans, qui montrait aux païens le chemin de la Vie par sa parole et son exemple. Il jeûnait et priait sans cesse, et versait chaque jour des larmes en abondance. Arrivé à Arbèle et interrogé par le chef des mages, le saint évêque ne chercha à se disculper d’aucune des accusations que l’on portait contre lui. « Je prêche effectivement le Dieu unique et Ami des hommes, afin que ceux-ci fassent pénitence, qu’ils délaissent les chemins de perdition et adorent le Créateur et non les créatures comme des dieux. » Le mage le fit flageller sans pitié pour son âge et le jeta dans un sombre cachot.

Vers la même époque, on arrêta aussi le prêtre Joseph de Bêt-Katôbâ. C’était un vieillard de soixante-dix ans, modèle du prêtre et zélé pour la foi comme aux premiers temps de sa conversion. Le diacre Aïthala de la région de Bêt-Nuhadré fut également arrêté. Il avait soixante ans, mais gardait encore le verbe tranchant ; il brûlait de l’amour de Dieu et aimait le Christ au point de n’attendre que de souffrir pour Lui afin de vivre en Lui. Ils furent enchaînés et conduits à Arbèle pour être traduits devant le même chef des mages. Celui-ci les menaça de mort sous prétexte qu’ils abusaient le peuple par leur magie (i.e. les saints Mystères). Joseph répondit à cette accusation : « Nous ne sommes pas des sorciers, nous enseignons aux hommes la Vérité, afin qu’ils délaissent les idoles sans vie pour reconnaître le Dieu vivant. » Le mage lui répliqua que la vérité ne pouvait se trouver que du côté du roi, des grands et des riches de ce monde, non chez ces pauvres et vils chrétiens. Joseph lui rétorqua : « Dieu méprise l’orgueil, la grandeur et la richesse de ce monde. Nous sommes certes pauvres, mais c’est volontairement. Nous donnons aux nécessiteux tout ce que nous gagnons à la sueur de notre front, alors que vous, vous les volez. La richesse est éphémère ; elle passe avec cette vie, c’est pourquoi nous n’y attachons pas notre cœur afin de mériter la gloire de l’autre monde. » L’assurance du vénérable prêtre irrita le chef des mages qui le fit écarteler par dix hommes et frapper avec des branches de grenadier couvertes d’épines. Alors que tout son corps baignait dans le sang, le saint martyr leva les yeux au ciel et dit : « Je te rends grâce, Christ, Fils de Dieu, de m’avoir jugé digne de ce second baptême qui me purifie de tous mes péchés. »

On fit ensuite venir Aithala. Le mage lui enjoignit : « Adore le soleil, bois du sang, prends femme, obéis aux ordres du roi et tu échapperas ainsi aux tortures et à la mort qui t’attendent. » Aithala répondit :« Mieux vaut mourir pour vivre, que vivre pour mourir éternellement. Notre Maître nous a enseigné à aimer la Vie que, dans votre ignorance, vous appelez mort, et de haïr la mort que vous appelez vie. Tu adores le soleil car tu es aveugle et ne vois pas la vraie lumière qui s’est levée sur le monde et a été annoncée jusqu’aux confins de la terre. » On soumit immédiatement l’audacieux confesseur à la torture puis on le flagella jusqu’à ce que ses articulations se disloquent. Il fut ensuite jeté dans le cachot où se trouvaient déjà les deux autres confesseurs.

Après cinq jours, on soumit les trois vieillards à des supplices encore plus cruels, sans toutefois pouvoir ébranler leur résolution. Lorsqu’ils furent ramenés en prison, ils ressemblaient plus à des cadavres qu’à des hommes vivants, et leur état empira encore après les privations, le froid et l’humidité d’un séjour de trois mois au cachot. Comme le roi venait à passer dans la province, on fit sortir les détenus pour les soumettre a un nouvel interrogatoire qui avait été confié au maître des mages de tout l’Orient. Celui-ci feignit d’avoir pitié de leurs cheveux blancs et les exhorta à obéir au roi pour échapper à la mort. Mais le bienheureux Acepsimas lui répondit : « Garde toi de changer d’attitude à notre endroit. Ne te fais pas d’illusion, jamais nous n’obéirons au roi. Donne tes ordres, que ce soit pour la mort ou pour la torture ; éprouve notre vieillesse avec les supplices qui te plairont. Notre patience en Celui qui nous fortifie est inlassable. C’est à travers nos épreuves que la Vérité que nous proclamons sera le plus clairement manifestée. Nos corps t’appartiennent, mais nos âmes sont à Dieu. Fais donc vite ce que tu as à faire. » Après l’avoir frappé avec rage, les bourreaux l’écartelèrent entre quatre pieux plantés en terre. Mais le saint, restant comme étranger à son propre corps, priait les yeux tournés vers le ciel. Il mourut sous les coups sans que ses bourreaux ne s’en aperçussent, si bien qu’ils continuèrent longtemps à s’acharner sur son corps mort.

Le bienheureux Joseph comparut ensuite et fut soumis à d’atroces mais inutiles tortures, et, le croyant mort, ses tortionnaires finirent par le jeter dehors. Lorsque Aïthala fut amené devant le juge, il n’avait rien perdu de son assurance devant les souffrances de ses compagnons et il s’écria : « Je persévère dans la Vérité et je n’écouterai pas le roi, l’ennemi de tout ce qui est grand et beau. Tes tourments ne m’effrayent en aucune façon, homme cynique et impuissant ! Si tu disposes de nouveaux bourreaux, amène-les pour affermir mon âme et fortifier mon corps. ». Comme il voyait que les supplices ne faisaient que renforcer l’ardeur des martyrs, le chef des mages imagina une façon d’outrager par eux le Corps du Christ, et ordonna que les deux confesseurs, Joseph et Aïthala, fussent lapidés par tous les chrétiens, hommes et femmes, que l’on pourrait trouver dans la région. La plupart d’entre eux, effrayés de verser un sang innocent, allèrent se cacher dans les montagnes.

Avant de procéder à l’exécution, on proposa aux saints de feindre d’avoir renié en buvant du jus de raisin à la place du sang et en mangeant de la viande qui n’avait pas été offerte en sacrifice aux idoles. Mais ils s’exclamèrent : « Dieu nous garde de souiller nos cheveux blancs et de dissimuler notre foi ou la vérité pour complaire à des hommes fourbes ! Nous nous garderons bien d’accepter la vie de vos mains. Votre puissance a brisé notre corps, mais vous ne pouvez pas arracher à notre âme son espérance indéfectible en la Résurrection qui nous est promise, alors que vous vous préparez pleurs et grincements de dents pour l’éternité. » L’impie répliqua avec sarcasme : « Et quelle récompense me donnerez-vous lorsque vous serez en ce lieu ? » Les bienheureux lui répondirent : « Dans l’autre monde, personne ne rendra le bien pour le mal. Mais dans ce monde, nous prions pour toi conformément à ce que nous a ordonné le Seigneur, en disant : Bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous persécutent (Mt V, 44). Nous le prions pour que tu te convertisses à Dieu, qu’Il ait pitié de toi et que tu reconnaisses qu’il n’en est pas d’autre en dehors de Lui. » Devant la magnanimité des martyrs, la rage du chef des mages ne connut plus de bornes. Il leur fit subir de nouvelles tortures et ordonna qu’ils fussent lapidés par les chrétiens qui avaient été arrêtés en foule. Ce fut d’abord le tour de Joseph. Les pierres pleuvaient, le sang du martyr se répandait à terre. Il fut bientôt enseveli sous un tas de pierres, mais comme il ne mourait pas, un soldat lui fracassa la tête avec une grosse pierre. Quelques jours plus tard, Aïthala fut conduit dans un bourg de la région, où l’on rassembla de force les chrétiens sur la place centrale pour les contraindre à jeter des pierres sur le vieillard. Il mourut ainsi lui aussi recouvert d’un monceau de pierres.

Les jours suivants, un myrte poussa soudainement à l’endroit de l’exécution et, pendant cinq ans, les habitants de la région y trouvèrent la guérison de toutes sortes de maux. Le martyre des saints Acepsimas, Joseph et Aïthala marqua la fin de la grande persécution qui avait commencé quarante ans auparavant avec l’exécution de saint Syméon et de ses compagnons.

Saints célébrés selon l’ancien calendrier

Saint Hilarion le Grand, ascète en Palestine (371) ; saints Dasius, Gaïus et Zotique, martyrs à Nicomédie (303) ; saint Viateur, diacre de saint Juste de Lyon, ermite en Égypte (vers 390) ; sainte Céline, mère de saint Rémi de Reims (Vème) ; sainte Céline, vierge, disciple de sainte Geneviève de Paris (vers 480) ; saint Walfroy, moine, stylite en Ardennes (595) ; sainte Ursule et ses 11000 compagnes, martyres à Cologne (IVème) ; saint Mauront, évêque de Marseille (800) ; saint Hilarion des Grottes de Kiev (XIème) ; saint Hilarion de Pskov (1476) ; saints Théophile et Jacques, fondateurs de la skite de la dormition de la Mère de Dieu à Omoutsk (vers 1412) ; saint Philothée du Mont Athos (XIVème s.) ; saint Jean de Monembasia, néomartyr grec (1773), saints Sophrone, Bessarion et Opréa, confesseurs, néomartyrs roumains (XVIIIème s.) ; saint Jean, prêtre confesseur de Galeș et saint Moïse de Sibiu, néomartyrs roumains (XVIIIème) ; saint Hilarion de Moglène (1164) ; saints néo-martyrs de Russie : Paulin, archevêque de Mogilev et ses compagnons : Arcade, évêque d’Ekaterinbourg ; Nicandre (Tchernelevsky) et Anatole (Levitsky), prêtres, et Cyprien (Annikov) ; Damien, archevêque de Koursk, Constantin (Tchekalov), Serge (Smirnov), Basile (Nikolsky), Théodore (Belayev), Vladimir (Vvedensky), Basile (Kozyrev) et son frère Jean, Nicolas (Raevsky), Alexandre (Bogoyavlensky), Démètre (Troitsky), Constantin Tchekalov, Alexis Moskvine, prêtres, Serge (Kazansky), archidiacre et Jean (Melnitsky), diacre, Sophrone (Nesmeyanov) et Néophyte (Osipov), moines (1937), Pélagie (Testov), moniale (1944).

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