Dimanche 5 juillet – la guérison du serviteur d’un centurion

Dimanche 5 juillet 2020.

(Dimanche 22 juin dans l’ancien calendrier.)

4e dimanche après la Pentecôte, ton 3.

 

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Romains (6, 18-23)

Frères, ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus serviteurs de la justice. – J’emploie pour vous une comparaison humaine, adaptée à la faiblesse de votre chair. – De même, donc, que vous avez livré vos membres au service de l’impureté et de la licence pour faire le mal, ainsi maintenant mettez vos membres au service de la justice, pour arriver à la sainteté. Car, lorsque vous étiez serviteurs du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice. Quels fruits portiez-vous alors ? Des fruits dont vous rougissez aujourd’hui. Car la fin de ces choses, c’est la mort. Mais maintenant, étant affranchis du péché et devenus serviteurs de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté et pour fin la vie éternelle. Car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus Christ notre Seigneur.

Освободившись же от греха, вы стали рабами праведности. Говорю по рассуждению человеческому, ради немощи плоти вашей. Как предавали вы члены ваши в рабы нечистоте и беззаконию на дела беззаконные, так ныне представьте члены ваши в рабы праведности на дела святые. Ибо, когда вы были рабами греха, тогда были свободны от праведности. Какой же плод вы имели тогда? Такие дела, каких ныне сами стыдитесь, потому что конец их – смерть. Но ныне, когда вы освободились от греха и стали рабами Богу, плод ваш есть святость, а конец – жизнь вечная. Ибо возмездие за грех – смерть, а дар Божий – жизнь вечная во Христе Иисусе, Господе нашем.

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (8, 5-13)

En ce temps-là, comme Jésus entrait dans Capharnaüm, un centurion l’aborda, le priant et disant : « Seigneur, mon serviteur est couché à la maison, atteint de paralysie et souffrant beaucoup. » Jésus lui dit : « J’irai, et je le guérirai ». Le centurion répondit : « Seigneur, je ne suis pas digne que Tu entres sous mon toit ; mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri. Car, moi qui suis soumis à des supérieurs, j’ai des soldats sous mes ordres ; et je dis à l’un : “Va !” et il va ; à l’autre : “Viens !” et il vient ; et à mon serviteur : “Fais cela !” et il le fait. » Après l’avoir entendu, Jésus fut dans l’étonnement, et il dit à ceux qui le suivaient : « Je vous le dis en vérité, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. Or, je vous déclare que plusieurs viendront de l’orient et de l’occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le Royaume des cieux. Mais les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » Puis Jésus dit au centurion : « Va, qu’il te soit fait selon ta foi ». Et à l’heure même le serviteur fut guéri.

Когда же вошел Иисус в Капернаум, к Нему подошел сотник и просил Его: Господи! слуга мой лежит дома в расслаблении и жестоко страдает. Иисус говорит ему: Я приду и исцелю его. Сотник же, отвечая, сказал: Господи! я недостоин, чтобы Ты вошел под кров мой, но скажи только слово, и выздоровеет слуга мой; ибо я и подвластный человек, но, имея у себя в подчинении воинов, говорю одному: пойди, и идет; и другому: приди, и приходит; и слуге моему: сделай то, и делает. Услышав сие, Иисус удивился и сказал идущим за Ним: истинно говорю вам, и в Израиле не нашел Я такой веры. Говорю же вам, что многие придут с востока и запада и возлягут с Авраамом, Исааком и Иаковом в Царстве Небесном; а сыны царства извержены будут во тьму внешнюю: там будет плач и скрежет зубов. И сказал Иисус сотнику: иди, и, как ты веровал, да будет тебе. И выздоровел слуга его в тот час. 

Paroles des Pères

Seigneur, mon Dieu, je sais que je ne suis pas digne ni préparé pour que tu entres sous le toit de mon âme, car je suis entièrement vide et délabré et tu n’a pas en moi de place pour reposer ta tête. Mais de même que tu es descendu pour nous des hauteurs du ciel et tu t’es abaissé, descends à présent jusqu’à ma bassesse.

– Saint Jean Chrysostome, extrait des Prières avant la communion, dans l’Office de la Sainte Communion.

« Et le centurion lui répondit: Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison. » Écoutons ces paroles, nous autres qui devons recevoir Jésus-Christ. Car il ne nous est pas impossible encore aujourd’hui de le recevoir chez nous. Écoutons ce centurion, mes frères, imitons sa foi, et estimons autant que lui la gloire de recevoir Jésus-Christ. Car lorsque vous accueillez chez vous un pauvre qui meurt de froid et de faim, vous accueillez et vous nourrissez Jésus Christ même.

«Mais dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri.» Ces paroles nous font voir que ce centurion avait une haute idée de la toute-puissance du Fils de Dieu. Car il ne dit pas : Priez ou demandez, mais «  commandez. » […] Mais vous direz peut-être que nous ne devons pas tirer une preuve de la divinité de Jésus-Christ des paroles de cet homme, mais considérer seulement si Jésus-Christ les a approuvées. […] Le centurion s’est servi d’une expression par laquelle il attribuait à Jésus-Christ plutôt la puissance d’un Dieu que celle d’un homme, et néanmoins non-seulement Jésus-Christ ne l’en reprit pas, mais il l’approuva, et il releva sa foi avec de grandes louanges. Car l’évangéliste ne se contente pas de dire simplement que Jésus-Christ loua le centurion ; mais ce qui est sans comparaison davantage, il dit qu’il « l’admira» : « Jésus entendant ces paroles fut dans l’admiration. » Et il ne fut pas seulement dans l’admiration de la foi de cet homme, mais il la proposa comme un modèle à tout le peuple qui l’environnait. […]

Le centurion ayant dit: « Dites seulement une « parole, et mon serviteur sera guéri, » Jésus-Christ admira sa foi : « Et Il dit à ceux qui le suivaient : « Je vous le dis en vérité, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. » Il est aisé de montrer la vérité de cette parole de Jésus-Christ en comparant le centurion avec ceux d’entre les Juifs qui ont eu plus de foi en lui. Marthe croyait au Sauveur; et cependant elle ne dit rien qui approche de la foi de ces deux hommes (note : le centurion et le lépreux guéri en Matth. 8,1-4). Au contraire elle lui parle d’une manière bien différente: « Je sais que Dieu vous accordera tout ce que vous lui demanderez. » (Jean, 11, 22.) Aussi Jésus-Christ non-seulement ne la loua pas de cette parole, mais quoiqu’elle fût aimée particulièrement de lui, et qu’elle eût une grande affection et un grand zèle pour lui, il ne laissa pas de la reprendre, comme ayant exprimé des sentiments trop bas et trop indignes de lui. Car il lui répondit aussitôt: « Ne vous ai-je pas dit que si vous croyez, vous verrez la gloire de Dieu? » l’accusant visiblement de n’avoir pas encore une véritable foi. Et pour mieux réfuter cette pensée qu’elle témoignait avoir de lui, en disant: «Je sais que Dieu vous accordera ce que vous lui demanderez », il lui apprend qu’il n’avait pas besoin de rien recevoir d’un autre, et qu’il était lui-même la source de tous les biens: « Je suis, » dit-il, « la Résurrection et la Vie, » c’est-à-dire, je n’attends point cette puissance d’un autre; mais je puis tout par moi-même.

C’est donc pour récompenser cette vive foi du centurion qu’il l’admire, qu’il le loue, qu’il le préfère à tout Israël, qu’il lui donne rang dans le Royaume des cieux, et qu’il porte tout le monde à l’imiter. Et pour vous mieux faire voir que Jésus-Christ ne parlait de la sorte que pour exhorter les autres à la même foi, voyez avec quel soin un autre évangéliste le marque : « Jésus se tournant vers ceux qui le suivaient, leur dit : « Je n’ai pas trouvé une si grande foi dans Israël même. » Ainsi la foi consiste principalement à avoir une haute idée de la grandeur de Jésus Christ. C’est ce qui nous ouvre le Royaume des cieux, et qui nous devient une source de biens infinis.

– Saint Jean Chrysostome, Homélies sur l’Evangile selon saint Matthieu, homélie XXVI.

***

Dans l’évangile qui vient d’être lu, nous avons entendu Jésus faire l’éloge de notre foi vécue dans l’humilité. Quand le Seigneur lui eut promis de se rendre chez lui pour y guérir son serviteur, le centurion répondit : Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri (Mt 8, 8). En faisant l’aveu de son indignité, il s’est rendu digne de la visite du Christ dans son cœur plutôt que dans sa demeure.

Ces paroles, si pleines de foi et d’humilité, le centurion ne les aurait pas prononcées s’il n’avait pas déjà accueilli dans son cœur celui qu’il craignait de laisser entrer dans sa maison. D’ailleurs, aurait-il été tellement heureux d’accueillir le Seigneur dans son habitation, sans l’avoir en même temps dans son cœur ? Celui qui nous a enseigné l’humilité par sa parole et son exemple est allé manger, il est vrai, chez un pharisien orgueilleux appelé Simon. Le Fils de l’homme s’est bien attablé chez lui, mais il n’a trouvé dans son cœur aucune place où reposer la tête (cf. Lc 7,36).

– Saint Augustin, Sermon 62, 1.3-4, PL 38, 414-416.

Saints célébrés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Saint Athanase du Mont-Athos (1000) ; saint Mars, évêque de Nantes (VIème s.) ; saint Lampade d’Irénopolis en Isaurie (Xème s.) ; invention des reliques de saint Serge de Radonège (1421) ; saintes Anne et Cyrilla, martyres à Cyrène (304) ; saints nouveaux martyrs de Russie : Gennade Zdorovtsev, prêtre, moine Agapet Taube, confesseur (1936).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire selon le nouveau calendrier

Cet astre brillant dans le firmament des saints Pères naquit vers l’an 930, à Trébizonde (Pont), de parents nobles, et fut nommé Abraamios au saint baptême. Devenu orphelin de père et de mère peu après sa naissance, il fut recueilli par une parente de sa mère, épouse d’un des personnages les plus en vue de Trébizonde, Kanita. Enfant, il ne s’adonnait pas aux jeux turbulents, mais emmenait ses compagnons dans la forêt ou près d’une grotte et jouait le rôle d’higoumène. Ses rapides progrès dans les études faisaient l’admiration de ses proches et, à peine parvenu à l’âge adolescent, il fut remarqué par un haut fonctionnaire impérial en mission dans la ville, qui le prit en affection et l’emmena avec lui à Constantinople. Accueilli dans la maison du stratège Zéphinézer , il poursuivit ses études sous la direction d’un maître remarquable, Athanase, et fut même bientôt promu professeur adjoint, malgré son jeune âge. Son application aux Lettres ne lui faisait cependant pas négliger la vie ascétique, qu’il aimait depuis son enfance, et il se montrait moine avant l’heure et lutteur avant même d’entrer dans l’arène. Il fuyait la riche table du général et échangeait les victuailles qu’on lui faisait parvenir par deux serviteurs, contre un pain d’orge, qu’il mangeait de deux jours en deux jours. Il ne s’allongeait pas pour dormir et luttait contre le sommeil en s’arrosant le visage d’eau froide. Quant aux vêtements, il les distribuait aux pauvres, et lorsqu’il n’avait plus rien à donner, il se retirait dans un coin pour se dépouiller de ses sous-vêtements. Des élèves accouraient de partout vers Abraamios, et d’autres désertaient l’établissement de son maître, non seulement à cause de sa science et de ses capacités d’enseignement, mais surtout en raison de son affabilité, de sa vie sainte et de son aspect divin. L’empereur Constantin VII Porphyrogénète le transféra dans un autre établissement ; mais, comme les disciples s’attachaient à lui plus fort que le lierre au chêne, pour ne pas être cause de scandale et de rivalité avec son ancien maître, Abraamios — qui considérait les honneurs comme une honte — décida de renoncer à la carrière professorale, et avec elle à tous les soucis du siècle.

De retour à Constantinople, après un séjour de trois ans dans la région de la mer Égée, en compagnie du stratège, celui-ci le mit en relation avec son parent, saint Michel Maléïnos [12 juil.], higoumène de la laure du mont Kyminas, qui était bien connu de tous les gens de qualité. Conquis par cet homme divin, le jeune homme lui dévoila son désir d’embrasser la vie monastique. Vers la fin de cet entretien, il se présenta chez saint Michel, son neveu, Nicéphore Phocas, alors stratège du thème des Anatoliques , qui se lia aussitôt d’une grande affection, mêlée d’admiration, pour Abraamios. Celui-ci, ayant trouvé le père spirituel que son cœur désirait, suivit saint Michel au mont Kyminas, où il reçut rapidement le Petit Habit sous le nom d’Athanase. L’ancien, ayant discerné que son jeune et ardent disciple était déjà avancé dans les pratiques ascétiques, et désirant faire de lui un soldat de Jésus-Christ aguerri dans l’obéissance, lui refusa l’autorisation de manger une fois par semaine, mais seulement tous les trois jours, et il lui ordonna de dormir sur une natte, et non sur un siège comme il en avait l’habitude. Athanase, qui avait reçu les charges de copiste et d’aide-sacristain, se soumettait volontiers à tout ce qui contrecarrait sa volonté propre, si bien que ses condisciples émerveillés le surnommèrent « fils de l’obéissance ». Il montra un tel zèle qu’en moins de quatre ans, il atteignit la pureté de l’intellect et, gratifié par Dieu des arrhes de la contemplation, il fut jugé digne de s’engager dans le stade de la vie hésychaste. Michel lui permit de se retirer dans une petite cellule érémitique, à un mille environ du monastère, de s’y nourrir de pain sec et d’eau, tous les deux jours, et d’y passer la nuit entière dans la veille. C’est dans cette retraite que Nicéphore Phocas, en visite au Kyminas, vint le trouver et lui dévoila son intention de devenir moine en sa compagnie, dès que les circonstances le lui permettraient. Peu après, saint Michel ayant laissé entendre à ses proches qu’Athanase deviendrait son héritier dans la grâce et la direction des âmes, certains moines, croyant qu’il voulait faire de lui son successeur dans l’higouménat, commencèrent à venir importuner le jeune ascète par leurs flatteries. Brûlé par l’amour de l’hésychia et repoussant tout honneur, le saint choisit une fois de plus la fuite et, n’emportant avec lui que ses vêtements, deux livres et la cuculle de son père spirituel, il se rendit directement au Mont Athos, qu’il avait admiré depuis l’île de Lemnos lors de son séjour en Égée, et où ne vivaient alors guère que des ermites, habitant dans des huttes de branchages, et qui, étrangers à tout souci, ne possédaient rien et ne travaillaient pas la terre. Après avoir admiré leur mode de vie en une courte visite, il se rangea sous la direction d’un ancien fort simple, qui résidait dans la partie nord de la péninsule, le Zygos, en se faisant passer pour un marin victime d’un naufrage, du nom de Barnabé ; et pour écarter tout soupçon sur son origine, il feignit d’être illettré et incapable d’apprendre même l’alphabet. Entre temps, Nicéphore Phocas, qui avait reçu le titre de Domestique des Scholes, faisait rechercher partout Athanase. Il écrivit même au juge de Thessalonique, lui demandant d’enquêter sur le Mont Athos. Celui-ci s’adressa au prôtos Étienne, qui lui répondit ignorer la présence d’un tel moine. Le jour de la Nativité (958 ou 959), lors de la vigile qui rassemblait tous les Athonites dans la modeste église du Prôtaton à Karyès, le prôtos reconnut à la noblesse d’allure du jeune Barnabé, le moine qu’on lui avait décrit, et il lui ordonna de faire la lecture de l’homélie de saint Grégoire le Théologien. Athanase commença par ânonner comme un enfant, mais le prôtos lui ayant intimé l’ordre de lire « comme il le savait », ne pouvant plus dissimuler, il se mit à lire de telle manière que tous les moines admiratifs vinrent se prosterner devant lui. Le plus en vue d’entre eux, Paul de Xiropotamou [28 juil.], prédit que celui qui était venu après eux sur la Montagne les devancerait dans le Royaume de Dieu, et que tous les moines allaient se ranger sous sa direction. Le prôtos prit Athanase à l’écart et, ayant appris toute la vérité, il lui promit de ne pas le trahir et lui assigna une cellule solitaire, à trois stades de Karyès, où il pourrait converser sans distraction avec Dieu seul. Le saint y subvenait à ses besoins en copiant des livres, et il montrait une telle dextérité dans cette activité qu’il recopiait, d’une écriture élégante et soignée, un Psautier par semaine.

La lampe ne pouvait cependant rester longtemps cachée sur la montagne, et quand le frère de Nicéphore, Léon Phocas, se rendit en pèlerinage à l’Athos pour rendre grâces à Dieu après une campagne victorieuse contre les barbares, il réussit à découvrir Athanase. Les moines athonites, constatant que le bienheureux était si cher à des personnages aussi haut placés, lui demandèrent d’intercéder auprès de Léon, pour que l’église du Prôtaton fût reconstruite et agrandie. Il obtint aussitôt satisfaction et, après avoir pris congé de son puissant ami, il retourna dans sa solitude. Mais, comme les moines venaient sans cesse lui demander conseil, il prit de nouveau la fuite, en quête de l’hésychia, et se retira sur le cap sud de la Montagne, dans un endroit désert, battu par les vents, Mélana. Il y fut rudement éprouvé par le démon, qui déclenchait contre l’ascète toutes ses machinations, et surtout la guerre de l’acédie, l’épreuve particulière des ermites. L’Ennemi lui provoquait une telle sécheresse spirituelle que, parvenu presque au découragement complet, Athanase souhaitait quitter ce lieu ; mais dans un suprême effort, il décida cependant de prendre patience jusqu’à la fin de l’année. Le dernier jour venu, alors qu’il se préparait à quitter Mélana, n’ayant trouvé aucun apaisement dans l’épreuve, une lumière céleste le pénétra soudain, le remplissant d’une joie ineffable et lui procurant le don des larmes, qu’il versa dès lors, sans effort, jusqu’à la fin de ses jours, c’est pourquoi ce lieu lui devint aussi cher qu’il lui était haïssable auparavant. Sur ces entrefaites, Nicéphore Phocas, qui avait reçu le commandement de toute l’armée byzantine pour délivrer la Crète des Arabes, lesquels épouvantaient toutes les côtes par leurs raids de piraterie, envoya des messagers dans les centres monastiques du temps — et particulièrement à l’Athos, car il avait appris par son frère qu’Athanase s’y trouvait — demandant qu’on lui envoie des moines capables de l’aider par leurs prières. Les Pères de la Sainte Montagne réussirent à vaincre les résistances de l’amant de l’hésychia, en lui rappelant que plusieurs moines se trouvaient prisonniers des Arabes ; et Athanase arriva en Crète, en compagnie d’un ancien, nommé Théodose, peu après l’éclatante victoire de Nicéphore (961). Transporté par la joie de retrouver son père spirituel, celui-ci lui confirma qu’il avait toujours l’intention de se retirer du monde, et il le supplia de commencer la fondation d’un monastère près de son ermitage pour les abriter. L’homme de Dieu, estimant que travailler à son propre salut était déjà une assez lourde charge, et fuyant toute occasion de soucis et de dissipation, refusa cette proposition et repartit pour l’Athos. Nicéphore envoya à sa suite un de ses proches, Méthode, qui devint ensuite higoumène de la laure du mont Kyminas, et ce dernier réussit à convaincre Athanase d’entreprendre la fondation. Avec l’or offert par Nicéphore, on put rapidement construire un oratoire dédié au Précurseur avec des cellules érémitiques destinées à Athanase et Nicéphore  ; et, après le départ de Méthode au bout de six mois, on commença l’édification d’une grande église de la Mère de Dieu et de la Laure, dite « de Mélana » , à l’emplacement même où Athanase avait été délivré de l’acédie par la vision de la lumière divine. Athanase ayant chassé par sa prière le démon qui avait paralysé les ouvriers, ceux-ci décidèrent de devenir moines et furent tonsurés par le saint qui, avant de les accepter comme disciples, alla recevoir le Grand Habit des mains d’un ermite des environs, Isaïe. Cette année-là (962-963), une terrible famine frappa tout l’Empire, si bien que le ravitaillement de la Laure se trouva interrompu. Athanase ayant décidé d’aller demander conseil aux anciens à Karyès, rencontra en chemin la Mère de Dieu, qui fit jaillir devant lui une source d’eau abondante , et elle lui recommanda de ne pas s’inquiéter, car elle assumerait elle-même, pour la suite des temps, la charge d’« Économe du monastère » . Et lorsque le saint rentra au monastère, la Toute-Sainte lui montra les réserves pleines. Par la grâce de Dieu et la prière du saint, les travaux avancèrent rapidement, malgré les grandes difficultés dues à cet endroit escarpé, plein de pierres et de broussailles épaisses. À l’église, munie de deux chœurs en forme de croix , furent ajoutés un réfectoire , une hôtellerie, un hôpital muni d’un bain, un aqueduc, un moulin et tout ce qui était nécessaire à la vie d’un grand monastère. Le nombre des moines croissant rapidement, le saint veillait aussi à l’organisation de la communauté, en réglant dans le plus grand détail, tant les offices liturgiques que les observances quotidiennes, selon le modèle du Stoudion, de manière à ce que tout y soit accompli dignement et dans l’ordre, et que les moines, dépouillés de tout bien et de leur volonté propre, puissent persévérer d’un seul cœur et sans souci dans la glorification permanente de Dieu. Pour saint Athanase, la vie au monastère consiste à : « Regarder en commun le but de la vie, c’est-à-dire le salut, et former dans la vie cénobitique un seul cœur et une seule volonté. Que d’un commun désir toute la fraternité ne forme qu’un seul corps constitué de plusieurs membres ». Tout semblait aller pour le mieux, quand parvint la nouvelle du couronnement de Nicéphore sur le trône impérial (16 août 963). Désemparé par ce qu’il estimait être une trahison, Athanase, sous prétexte de se rendre à Constantinople, s’embarqua sur-le-champ avec trois disciples. Mais à peine éloigné de la côte, il envoya l’un d’eux auprès du souverain, porteur d’une lettre annonçant sa démission, chargea le second, Théodote, de porter cette nouvelle à la Laure, et il se dirigea avec le troisième, Antoine, vers l’île de Chypre. Ils s’y présentèrent au monastère des « Prêtres », prétendant être des pèlerins qui, ayant renoncé à gagner la Terre Sainte occupée par les Sarrasins, demandaient à vivre en ascètes à proximité. La joie de Nicéphore en accueillant l’envoyé de son père spirituel fut rapidement ternie à la lecture de sa lettre, et il fit aussitôt rechercher Athanase. Pendant ce temps, la Laure, privée de son higoumène, périclitait rapidement, et les moines orphelins ne pouvaient trouver ni consolation ni harmonie. Quand les deux fugitifs apprirent que l’higoumène du monastère des Prêtres avait été informé que l’empereur recherchait deux moines correspondant à leur signalement, ils prirent la fuite. Les vents les ayant repoussés sur le littoral de l’Asie Mineure, près d’Attalia, Athanase eut une vision lui révélant la situation lamentable dans laquelle se trouvait la Laure et lui annonçant qu’elle était promise, sous sa direction, à un brillant avenir. Ils n’avaient pas plutôt décidé de prendre le chemin du retour que, par un effet de la divine providence, ils rencontrèrent Théodote, qui s’était mis en route pour Chypre afin d’y trouver le saint et de lui rapporter quelle était la situation à l’Athos. À son retour au monastère, Athanase fut reçu par ses moines comme le Christ entrant à Jérusalem, et la Laure reprit rapidement vie. Il se rendit peu après à Constantinople. L’empereur Nicéphore, confus, n’osa pas le recevoir avec la pompe habituelle, et c’est vêtu simplement qu’il prit le saint à part, dans sa chambre, pour lui présenter ses excuses et l’inciter à prendre patience jusqu’à ce que les circonstances lui permettent de réaliser ses promesses. Athanase, ayant reçu de Dieu la révélation que Nicéphore allait mourir sur le trône, l’exhorta à la justice et à la mansuétude, puis il prit congé, muni d’un chrysobulle qui accordait à la Laure le titre de monastère impérial, avec une rente annuelle considérable, et lui cédait le monastère de Saint-André de Péristéra, dans la région de Thessalonique, comme dépendance (métochion). De retour à l’Athos, le saint reprit la direction des travaux. Au cours de l’aménagement du port, il fut gravement blessé au pied et dut rester alité pendant trois ans, mais il tira profit de cette immobilité pour se consacrer davantage à Dieu et à la direction spirituelle des frères. À la mort de Nicéphore Phocas, assassiné par Jean Tzimiskis qui monta alors sur le trône (969-976), comme le nouveau souverain se trouvait fort mal disposé envers le saint à cause de son attachement à son prédécesseur, certains ermites athonites, hommes simples et attachés à leur forme ancienne de vie, accusèrent Athanase de transformer la Sainte Montagne en un lieu mondain par ses constructions, ses plantations et l’établissement d’un grand monastère. L’empereur convoqua Athanase à Constantinople, mais le saint fit sur lui si grande impression, que Tzimiskis changea du tout au tout son attitude à son égard et lui accorda par chrysobulle une rente double de la précédente. Puis il envoya à l’Athos Euthyme du Stoudion, avec pour mission d’apaiser le conflit provoqué par le diable et de donner à la Sainte Montagne sa première organisation officielle (972) . À partir de ce moment, on vit des monastères cénobitiques remplacer les cabanes, et les ermites réconciliés avec les cénobites échanger leurs biens propres : les uns offraient aux cénobites leur application à l’hésychia et à la prière continuelle, tandis que les autres procuraient aux ermites l’ordre et l’harmonie sous la direction de l’higoumène, placé au centre de la communauté comme image du Christ. On voyait des ermites abandonner leur désert, des higoumènes renoncer à leur monastère et même des évêques démissionner, pour venir se ranger sous la direction d’Athanase. Des disciples accouraient à l’Athos, venus d’Italie, de Calabre, d’Amalfi, d’Ibérie  et d’Arménie. Et des anachorètes de renom, comme le bienheureux Nicéphore le Nu, préféraient renoncer à leurs austérités, pour jouir de l’enseignement du saint higoumène et trouver la perfection par l’ascèse de l’humilité et de la soumission. La prière du saint était si puissante contre les démons que ces derniers entouraient invisiblement la Montagne, sans pouvoir porter atteinte à ses moines ; mais ils continuaient néanmoins de s’attaquer à Athanase lui-même. Un jour, ils suggérèrent à un moine négligent, qui avait pris en grippe la tension ascétique du saint, d’attenter à sa vie. Il se présenta de nuit à la porte de la cellule de l’higoumène ; mais dès qu’Athanase sortit et l’embrassa paternellement, le malheureux laissa choir son glaive et, tombant à ses pieds, confessa son funeste dessein. Le saint lui pardonna aussitôt et lui témoigna dès lors une plus grande affection qu’à tous ses autres disciples. Se faisant tout pour tous, envers les moines du coenobium, comme envers les ascètes des alentours ou les pèlerins venus de toutes parts pour trouver à la Laure la guérison de l’âme ou du corps, saint Athanase n’en cessait cependant pas son entretien permanent avec Dieu ainsi que ses combats ascétiques. En période de jeûne, il ne mangeait rien de toute la semaine, et en temps ordinaire son régime était celui des moines soumis aux plus sévères pénitences. Quand il assistait au repas, il distribuait sa part, de sorte que, sans qu’on s’en rendît compte, il ne mangeait guère plus que l’antidoron distribué à la fin de la Liturgie. Tout le temps qu’il ne passait pas à l’enseignement ou à la confession de ses disciples, il le consacrait à la prière, toujours baignée de larmes, et son mouchoir, qui en était toujours trempé, guérit à plusieurs reprises des malades. Chef et guide à l’autorité qui ne souffrait aucune contestation, il se faisait, à l’image du Christ, le serviteur de chacun, et portait une attention toute particulière aux malades, assumant lui-même les tâches qui répugnaient aux autres moines. Il considérait les lépreux comme le plus grand trésor de la Laure et les confiait à ses disciples les plus éprouvés. Quand un des moines mourait, le saint se rendait près du corps et fondait en larmes — non pas des sanglots d’émotion, mais plutôt des larmes d’intercession pour le salut du défunt — et, en se relevant, le visage empourpré comme par le feu, il rendait gloire à Dieu de Lui avoir offert son disciple en sacrifice agréable. La communauté, d’abord limitée à quatre-vingts moines par l’empereur, fut portée au nombre de cent vingt vers la fin de la vie d’Athanase, et elle ne cessait d’augmenter. Le saint restait cependant pour chacun un père. Il encourageait ses moines au travail manuel pour éviter l’oisiveté, mère de tous les vices, et montrait l’exemple en prenant la tête dans les travaux pénibles, qui n’étaient jamais privés du chant des psaumes et du sel de la Parole divine. Il enseignait que le but de la vie monastique, dans le coenobium, restait le même que celui des ermites : « Se préparer à l’illumination du Saint-Esprit, par la purification de l’intellect, de l’âme et du corps » . Un jour, le moine Gérasime se rendit dans un kellion où le saint s’était retiré, et vit son visage ardent comme une fournaise. Il recula d’abord, effrayé, et quand il s’approcha de nouveau, il le contempla radieux et entouré d’un orbe de lumière. Comme il avait poussé un cri qui trahit sa présence, Athanase lui fit jurer de ne révéler à personne ce qu’il avait vu. Cette familiarité acquise auprès de Dieu, procurait au saint une divine sagesse, aussi bien dans l’enseignement de la communauté, que dans la correction des fautes de ses moines. Quand il imposait une pénitence à des frères, il s’y soumettait aussi lui-même, et bien qu’il eût en public une attitude austère et magistrale, quand il se trouvait avec ses disciples, en privé ou pour un travail extérieur, il était toujours simple, enjoué et d’une grande douceur. Il guérit de nombreux malades, après avoir eu soin de leur appliquer des plantes médicinales pour cacher la puissance de sa prière. Et nombre de ceux qui venaient lui confesser quelque passion persistante, comme la colère ou l’envie, s’en retournaient délivrés, après que le saint les eut touchés de son bâton pastoral, en disant : « Va en paix, tu ne souffres plus d’aucun mal ! »  Pour répondre aux besoins de la communauté, on entreprit d’agrandir l’église et, les travaux ayant avancé rapidement grâce aux dotations impériales et aux dons d’amis du Christ, il ne restait plus que la coupole à terminer. Le saint, qui avait reçu de Dieu la révélation de sa fin prochaine, après avoir exhorté ses disciples dans une dernière catéchèse, revêtit ses vêtements solennels, se couvrit de la cuculle de saint Michel Maléïnos, qu’il ne portait que dans les grandes occasions, et fit l’ascension de l’échafaudage pour inspecter les travaux (5 juillet entre 997 et 1000). Soudain la coupole s’effondra, entraînant le saint et les six autres moines qui l’accompagnaient. Cinq d’entre eux moururent sur le coup, seuls Athanase et le maçon Daniel restèrent vivants, écrasés sous les décombres. Pendant trois heures, on put entendre la voix du saint murmurer : « Gloire à Toi ô Dieu. Seigneur Jésus-Christ, viens à mon aide ! » Quand les moines affolés réussirent à le dégager, ils le trouvèrent mort, les mains en croix sur la poitrine, n’ayant qu’une seule blessure à la jambe. Son corps resta exempt de corruption et comme endormi pendant trois jours, jusqu’à ce que tous les Athonites, au nombre d’environ trois mille, se réunissent pour célébrer les funérailles de leur Père et patriarche. De sa blessure s’écoula alors du sang frais, qu’on s’empressa de recueillir et qui accomplit de nombreuses guérisons. Par la suite, saint Athanase n’a pas cessé d’intervenir miraculeusement pour ceux qui venaient vénérer son tombeau, devant lequel brûle perpétuellement une veilleuse.  Quand la Grande Lavra célébra son retour à la vie cénobitique, le 5 juillet 1981, après des siècles passés dans l’idiorythmie, un liquide parfumé suinta soudain à la surface de la vitre protégeant l’icône qui recouvre le tombeau, manifestant la satisfaction du saint.

Saints célébrés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Saint Eusèbe, évêque de Samosate, martyr (380) ; saint Alban, protomartyr en Angleterre (254) ; saints Zenon et Zénas, martyrs en Arabie (304) ; saint Paulin le miséricordieux, évêque de Nole (431) ; saint Galaction et sainte Julienne, martyrs ; sainte Consorce, vierge en Gaule (VIème s.) ; saint Aaron d’Aleth, ermite en Bretagne (VIème s.) ; sainte Prèce, vierge à Metz (VIIème s.) ; st Grégoire, métropolite de Valachie (1834) ; saints nouveaux martyrs de Russie : Théodore (Smirnov) et Gabriel (Arkhangelsky), diacres (1938).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire selon l’ancien calendrier

Durant le règne de l’empereur Constance (337-360), qui se montrait favorable à l’arianisme, notre saint père Eusèbe manifesta un zèle grandissant pour la défense de la vraie foi, telle qu’elle avait été exposée par les Pères de Nicée. Il fut élu évêque de Samosate, ville située à 200 km à l’est d’Antioche, sur la rive nord de l’Euphrate, qui était à la tête de la province d’Euphratène. Ses combats pour l’affermissement de l’Orthodoxie, étendirent bientôt son influence à toute la Syrie, de sorte que, lorsque le siège d’Antioche se trouva vacant, ce fut Eusèbe qui favorisa l’élection de saint Mélèce [12 fév.]. Mais, quand Constance découvrit que Mélèce, loin d’être acquis au parti arien, se montrait au contraire un de leurs plus farouches adversaires, il réclama les Actes de son élection, qui avaient été confiés à saint Eusèbe. Celui-ci répliqua aux envoyés de l’empereur qu’il ne pourrait les livrer qu’après l’assentiment des signataires. Comme on le menaçait de lui trancher la main droite, il tendit généreusement ses deux poings, disant : « Je ne livrerai pas ce décret ! »

Lors du bref règne de Julien l’Apostat (360-363), qui tenta de restaurer le paganisme, le saint évêque se revêtit d’un costume de soldat et voyagea en Syrie, en Phénicie et en Palestine, encourageant les chrétiens à rester fermes dans la foi, et ordonnant en secret des prêtres et des évêques. À la mort de Julien, il prit part à un concile de vingt-sept évêques, réunis autour de saint Mélèce pour proclamer le dogme de Nicée comme règle de foi. C’est aussi grâce à son influence que saint Basile le Grand put être élu sur le siège de Césarée de Cappadoce (370), et il assista à son ordination. Dès lors, les deux saints hiérarques, liés par une étroite amitié, luttèrent de concert pour l’unité de l’Église. Saint Grégoire le Théologien, quant à lui, le louait comme « la colonne et le fondement de l’Église, le luminaire du monde, la règle de la Foi et l’ambassadeur de la vérité ». Lorsque Valens prit le pouvoir (364-378), il se montra adepte fanatique de l’arianisme. Renouvelant la persécution, il fit bannir Mélèce en Arménie, et après avoir déposé Eusèbe, il l’envoya en exil en Thrace (374), où le saint fut exposé aux dangers de la guerre contre les Goths. Lorsque Eusèbe reçut des envoyés de l’empereur la sentence d’exil, afin d’éviter que le peuple ne se révoltât pour le défendre et n’attentât à leur vie, il leur demanda d’attendre la nuit pour le faire sortir en cachette de la ville. Dès que les chrétiens de Samosate se rendirent compte que leur évêque avait été enlevé, ils s’embarquèrent sur l’Euphrate à sa recherche ; mais quand ils l’eurent rejoint, Eusèbe les exhorta à ne rien faire pour le délivrer et refusa les présents qu’ils lui proposaient en vue d’adoucir sa misère. Un arien, Eunome, fut nommé à sa place sur le siège de Samosate ; mais le peuple lui montrait un tel dédain qu’un jour, alors qu’il se baignait, seul, dans les bains publics et qu’il invitait les chrétiens qui se tenaient là à le rejoindre, ceux-ci refusèrent et dès qu’il sortit du bain, ils exigèrent qu’on renouvelât l’eau, car ils ne voulaient pas d’une onde souillée par l’hérésie d’Arius. Devant une telle hostilité Eunome se retira, mais il fut remplacé par un arien fanatique, Lucius, qui persécuta les orthodoxes de la ville.

Valens ayant finalement trouvé la mort au cours de sa campagne contre les Goths (378), l’empereur orthodoxe Gratien restaura la liberté de l’Église et rappela d’exil les glorieux confesseurs de la foi. Saint Eusèbe put rejoindre son troupeau spirituel qui l’accueillit en grande liesse, et immédiatement il se mit à la tâche pour placer de nouveaux pasteurs sur les sièges vacants. Le 22 juin 379, comme il entrait dans la ville de Dolikha (auj. Tell-Dülük), en compagnie du nouvel évêque orthodoxe de la cité, une femme arienne lui lança du haut d’un toit une lourde brique sur la tête. Saint Eusèbe s’affaissa, mais avant de rendre l’âme, il eut le temps de faire jurer à sa suite de ne pas poursuivre la coupable, et, à l’imitation de notre Seigneur et de saint Étienne, ses dernières paroles furent une prière pour ses ennemis.