Dimanche 6 septembre

Dimanche 6 septembre 2020.

(24 août dans l’ancien calendrier.)

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Corinthiens (1 Cor 16, 13-24)

Frères, veillez, soyez fermes dans la foi, soyez des hommes, soyez forts, faites tout avec amour. Encore une recommandation, frères : vous savez que Stéphanas et sa famille sont les prémices de l’Achaïe ; ils se sont dévoués au service des saints. Obéissez donc à des personnes de cette valeur et à quiconque partage leurs travaux et leur peine. Je suis heureux de la présence de Stéphanas, de Fortunatus et d’Achaïcus ; ils ont suppléé à votre absence ; car ils ont tranquillisé mon esprit et le vôtre. Sachez donc apprécier des hommes de cette valeur. Les Églises d’Asie vous saluent. Aquilas et Prisca vous envoient bien des salutations dans le Seigneur, ainsi que l’Église qui se réunit chez eux. Tous les frères vous saluent. Saluez-vous les uns les autres d’un saint baiser. La salutation est de ma main, à moi, Paul. Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur, qu’il soit anathème. Marana tha [le Seigneur vient] ! La grâce du Seigneur Jésus soit avec vous. Je vous aime tous en Jésus Christ : Amen !

Бодрствуйте, стойте в вере, будьте мужественны, тверды. Все у вас да будет с любовью. Прошу вас, братия (вы знаете семейство Стефаново, что оно есть начаток Ахаии и что они посвятили себя на служение святым), будьте и вы почтительны к таковым и ко всякому содействующему и трудящемуся. Я рад прибытию Стефана, Фортуната и Ахаика: они восполнили для меня отсутствие ваше, ибо они мой и ваш дух успокоили. Почитайте таковых. Приветствуют вас церкви Асийские; приветствуют вас усердно в Господе Акила и Прискилла с домашнею их церковью. Приветствуют вас все братия. Приветствуйте друг друга святым целованием. Мое, Павлово, приветствие собственноручно. Кто не любит Господа Иисуса Христа, анафема, мара́н-афа́. Благодать Господа нашего Иисуса Христа с вами, и любовь моя со всеми вами во Христе Иисусе. Аминь.

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (21, 33-44)

Homily on the Parable of the Vineyard / OrthoChristian.ComЕn ce temps-là, Jésus dit : « Écoutez une autre parabole. Il y avait un propriétaire qui planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour ; puis il la donna en fermage à des vignerons et partit en voyage. Quand le temps des fruits approcha, il envoya ses serviteurs aux vignerons pour recevoir les fruits qui lui revenaient. Mais les vignerons saisirent ces serviteurs : l’un, ils le rouèrent de coups ; un autre, ils le tuèrent ; un autre, ils le lapidèrent. Le maître envoya encore d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers ; ils les maltraitèrent de même. Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : ‘Ils respecteront mon fils’. Mais les vignerons, voyant le fils, se dirent entre eux : ‘C’est l’héritier. Venez ! Tuons-le et emparons-nous de l’héritage’. Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Eh bien ! lorsque viendra le maître de la vigne, que fera-t-il à ces vignerons-là ? » Ils lui répondirent : « Il fera périr misérablement ces misérables, et il donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons, qui lui remettront les fruits en temps. » Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures ‘La pierre qu’avaient rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue la tête d’angle ; c’est d’auprès du Seigneur qu’elle est advenue et elle est admirable à nos yeux !’ ? Aussi Je vous le déclare : ‘le Royaume de Dieu vous sera enlevé, et il sera donné à un peuple qui en produira les fruits. Celui qui tombera sur cette pierre sera brisé, et celui sur lequel elle tombera, elle l’écrasera. »

Выслушайте другую притчу: был некоторый хозяин дома, который насадил виноградник, обнес его оградою, выкопал в нем точило, построил башню и, отдав его виноградарям, отлучился. Когда же приблизилось время плодов, он послал своих слуг к виноградарям взять свои плоды; виноградари, схватив слуг его, иного прибили, иного убили, а иного побили камнями. Опять послал он других слуг, больше прежнего; и с ними поступили так же. Наконец, послал он к ним своего сына, говоря: постыдятся сына моего. Но виноградари, увидев сына, сказали друг другу: это наследник; пойдем, убьем его и завладеем наследством его. И, схватив его, вывели вон из виноградника и убили. Итак, когда придет хозяин виноградника, что сделает он с этими виноградарями? Говорят Ему: злодеев сих предаст злой смерти, а виноградник отдаст другим виноградарям, которые будут отдавать ему плоды во времена свои. Иисус говорит им: неужели вы никогда не читали в Писании: камень, который отвергли строители, тот самый сделался главою угла? Это от Господа, и есть дивно в очах наших?

 

Paroles des Pères

Dans ce passage, saint Irénée de Lyon réfute l’hérésie des Marcionites, qui rejetaient l’Ancien Testament et refusaient par erreur de reconnaître que le Dieu de l’Ancien Testament est véritablement le même que Celui du Nouveau Testament. Il s’appuie pour cela sur la parabole des mauvais vignerons :

Par cette parabole, le Seigneur montre clairement à ses disciples qu’il n’y a qu’un seul et même Maître de maison, c’est-à-dire un seul Dieu Père qui, par lui-même, a fait toutes choses ; mais il y a plusieurs sortes de vignerons ; les uns « insolents, orgueilleux » (cf. Rom. 1, 30), stériles, meurtriers de leur Seigneur ; les autres remettant en toute obéissance les fruits en leur temps. Et c’est le même Maître de maison qui envoie tantôt ses serviteurs et tantôt son Fils. Le Père qui envoya son Fils aux vignerons qui le tuèrent est donc bien celui-là même qui leur avait envoyé déjà ses serviteurs; mais le Fils venait de la part de son Père avec l’autorité souveraine – aussi disait-il : « Mais moi, je vous dis… » -, tandis que les serviteurs venaient en service de la part de leur Seigneur – et c’est pourquoi ils disaient: « Voici ce que dit le Seigneur… » […]

Dieu, en effet, planta la vigne du genre humain par le modelage d’Adam et l’élection des patriarches. Puis il la confia à des vignerons par le don de la Loi mosaïque. Il l’entoura d’une clôture, c’est-à-dire circonscrivit la terre qu’ils auraient à cultiver. Il bâtit une tour, c’est-à-dire choisit Jérusalem. Il creusa un pressoir, c’est-à-dire prépara un réceptacle pour l’Esprit prophétique. Et c’est ainsi qu’il leur envoya des prophètes avant l’exil de Babylone, puis, après l’exil, d’autres encore, en plus grand nombre que les premiers, pour réclamer les fruits et pour leur dire : « Voici ce que dit le Seigneur: Redressez vos voies et vos habitudes de vie » (Jr 7,3) ; « jugez avec justice, pratiquez la pitié et la miséricorde chacun envers son frère, n’opprimez pas la veuve et l’orphelin, l’étranger et le pauvre, et que personne d’entre vous ne conserve dans son cœur le souvenir de la méchanceté de son frère » (Za 7,9-10) ; « n’aimez pas faire de faux serments » (Za 8,17) ; « lavez-vous, purifiez-vous, ôtez la malice de vos cœurs de devant mes yeux ; cessez vos méchancetés, apprenez à bien faire ; recherchez la justice, sauvez celui qui souffre l’injustice, faites droit à l’orphelin et défendez la veuve : venez alors et disputons ensemble, dit le Seigneur » (Is 1, 16-18) ; et encore : « Détourne ta langue du mal et tes lèvres des paroles perfides; évite le mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-la » (Ps. 33, 14-15). Voilà par quelles prédications les prophètes réclamaient le fruit de la justice (cf. Am 6,12 ; Ph 1,11 ; Jc 3,18).

Mais, comme ceux-là demeuraient incrédules, il leur envoya finalement son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, que ces mauvais vignerons tuèrent et jetèrent hors de la vigne. Aussi Dieu a-t-il confié celle-ci – non plus circonscrite, mais étendue au monde entier – à d’autres vignerons qui lui en remettent les fruits en leur temps. La tour de l’élection se dresse partout dans son éclat, car partout resplendit l’Église ; partout aussi est creusé le pressoir, car partout sont ceux qui reçoivent l’Esprit de Dieu. […] C’est donc un seul et même Dieu Père qui a planté la vigne, fait sortir le peuple, envoyé les prophètes, envoyé son Fils et confié sa vigne à d’autres vignerons qui lui en remettent les fruits en leur temps.

C’est pourquoi le Seigneur disait à ses disciples, pour nous disposer à être de bons ouvriers : « Prenez garde à vous-mêmes et veillez en tout temps, de peur que vos cœurs ne s’alourdissent dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis matériels, et que ce jour-là ne fonde sur vous à l’improviste : car il viendra comme un filet sur tous ceux qui sont assis sur la face de la terre » (Lc 21, 34-36) ; « Que vos reins soient donc ceints et vos lampes allumées ! Et vous, soyez semblables à des hommes qui attendent leur maître » (Lc 12, 35-36).

 – Saint Irénée de Lyon, Contre les hérésies, livre IV, IIIe partie, trad. Adelin Rousseau.

Saints célébrés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Commémoration du miracle de l’Archange Michel à Colosses (Chonais) en Phrygie ; saints Eudoxe, Romulus, Zenon et Macaire, martyrs en Arménie (311) ; saints Cyriaque et Fauste, prêtres, saint Habib, diacre, et leurs huit compagnons, martyrs à Alexandrie (vers 250) ; saint Arateur, évêque de Verdun (vers 460) ; saints Sanctien et Augustin et sainte Béate, martyrs près de Sens (273) ; saint Cagnoald, évêque de Laon (635) ; sainte Eve, martyre à Dreux ; saints Félix et Augebert (ou Aubert), martyrs près de Langres (VII°) ; saint Gondulphe, évêque de Metz (IX°).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire

Ορθόδοξος Συναξαριστής :: Ανάμνηση Θαύματος Αρχαγγέλου Μιχαήλ στις Χωναίς (ή Κολασσαίς)Le 6 septembre, mémoire du miracle accompli par l’ARCHANGE MICHEL à Colosses en Phrygie. Longtemps avant l’Incarnation du Christ, le grand Archange Michel montra de bien des manières sa sollicitude et sa bienveillance pour le genre humain, et après la venue du Sauveur en ce monde, les marques de son amour se firent encore plus grandes pour les Chrétiens. Lorsqu’il vint à passer par la Phrygie pour y annoncer l’Evangile, l’Apôtre Jean prophétisa une prochaine visite providentielle du prince des Archanges, Michel, dans un lieu nommé Chérétopa. En effet, peu de temps après, jaillit miraculeusement de la terre une source qui guérissait toute maladie. Un des nombreux fidèles, dont la fille avait été guérie par cette eau, fit construire sur les lieux, en signe de reconnaissance, une belle petite église dédiée à l’Archange Michel. Quatre-vingt dix ans plus tard, vint s’installer dans cette église, pour y pratiquer l’ascèse et servir de sacristain, un jeune homme, nommé Archippe, originaire de Hiérapolis. Son zèle et son amour de Dieu étaient tels qu’il acquit bientôt la grâce de faire des miracles. Furieux de voir ces prodiges s’accomplir et les grâces abonder de la source miraculeuse, le diable déchaîna la jalousie de païens des environs. Après avoir à plusieurs reprises insulté et frappé le jeune Archippe, ils essayèrent une nuit de boucher la source; mais en vain, car le Saint Archange était invisiblement présent pour les en empêcher. Ils ne se découragèrent pas et tentèrent de détourner la rivière coulant à proximité, pour qu’elle inonde l’église et les fidèles qui s’y trouvaient en permanence. Mais l’entreprise resta sans succès. Une autre fois, ils détournèrent deux rivières qui coulaient plus haut que l’église, firent un barrage et s’apprêtèrent à le rompre pour engloutir l’église sous les eaux. Mais l’Archange Michel apparut au bienheureux Archipe, le rassura et, semblable à une colonne de feu, il se tint debout face aux eaux furieuses qui dévalaient la colline. Au moment où elle parvinrent à lui, il frappa la pierre du bâton qu’il tenait en main, et le rocher se fendit alors, laissant passer les eaux, comme dans une gorge naturelle, en les détournant de l’église. C’est parce que le fleuve est depuis lors comme absorbé par le rocher qu’on a appelé ce lieu «Chonais» («chônè» = creuset, entonnoir), à la gloire de Dieu et en l’honneur de notre protecteur, le Saint Archange Michel.

Saints célébrés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Saint Eutychès, disciple de saint Jean le Théologien, martyr (I°) ; saint Arsène de Komel (1550) ; saint Tation, martyr à Claudiopolis (305) ; saint Georges de Lemnos, moine, martyr (VIII°) ; translation des reliques de saint Denis, archevêque d’Egine, de l’île des Strophades à Zakynthos (en 1716) ; saint Cosmas d’Etolie, moine, évangélisateur du sud de l’Albanie, égal aux apôtres, martyr (1779) ; saint Ouen (ou Dodon), évêque de Rouen (684) ; saint Parize, évêque de Nevers (VI°) ; saint Eptade, prêtre à Cervon (VI°) ; saint Rigomer et sainte Ténestine, solitaires dans le Maine (VI°) ; saint Sérapion le thaumaturge, abbé du monastère de saint Jean Baptiste (1747).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire

Cosmas of Aetolia - WikipediaLe 24 août, mémoire du Saint nouveau-Hiéromartyr, Égal-aux-Apôtres, COSMAS d’AITOLIE.  Saint Cosmas était natif d’un petit village d’Aitolie, Mega-Dendron, dans le diocèse dArta (vers l7l4) Ses parents, des gens simples et pieux, l’éduquèrent dans la crainte de Dieu et l’amour des Saintes Ecritures. Vers l’âge de vingt ans, il se rendit sur la Sainte Montagne de l’Athos pour y étudier à l’Académie alors installée en dépendance du monastère de Vatopédi, où enseignait le célèbre Eugène Boulgaris. Mais les réactions provoquées par la fondation de cet établissement, qui transmettait l’esprit des Lumières au coeur de la citadelle de l’Orthodoxie, obligèrent bientôt Boulgaris et d’autres illustres professeurs à quitter l’Athos, et l’Académie tomba rapidement en déclin (1759). Ce fut pour le jeune Cosmas un signe de la Providence et, renonçant aux études, il s’engagea dans la vie monastique au Monastère de Philothéou, où son zèle pour les combats ascétiques et sa piété le rendirent digne d’être ordonné Prêtre peu après sa tonsure monastique. Depuis sa jeunesse, le bienheureux avait un grand désir de répandre la Parole de Dieu autour de lui, à tel point qu’il disait que le souci du salut de ses frères le dévorait comme le ver mange l’arbre de l’intérieur. En ces temps difficiles pour le peuple grec opprimé, l’ignorance des rudiments de la Foi et de la Culture Chrétienne entraînait la négligence et la décadence des moeurs, de sorte que la prédication de l’Evangile s’imposait comme la tâche la plus urgente. Mais averti par l’enseignement des Saints Pères, Cosmas ne voulait pas s’engager dans la vie apostolique de sa propre volonté. Désirant donc savoir si telle était la volonté de Dieu, il ouvrit un jour l’Ecriture Sainte au hasard et tomba sur cette parole de l’Apôtre : « Que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui d’autrui. » (I Cor. 10:24). Ainsi éclairé par la Parole de Dieu et après avoir pris l’avis des pères spirituels de la Sainte Montagne, il se rendit à Constantinople pour y recevoir la permission du Patriarche Séraphim II (1757-1761) et prendre quelques leçons de rhétorique auprès de son frère, l’Archimandrite Chrysanthos, qui devint ensuite directeur de l’Académie patriarcale puis de l’école de Naxos.

Le nouvel Apôtre commença son oeuvre de prédication dans les églises de la région de Constantinople, puis il poussa vers les régions occidentales de la Grèce: Naupacte, Brachori, Mesolongion et la Thessalie, et revint à Constantinople. Après s’être retiré quelque temps à l’Athos, il reçut du Patriarche Sophrone II (1774-1780) l’autorisation d’aller prêcher dans l’archipel des Cyclades, afin d’y consoler la population découragée par l’échec d’une tentative d’insurrection suscitée par la Russie (1775). De là il retourna faire une retraite dans les monastères, complétant ainsi dix-sept ans de séjour sur la Sainte Montagne. Mais son coeur, brûlant d’amour pour ses frères, ne le laissait pas en place. Il repartit donc pour Thessalonique, séjourna brièvement à Bérée et parcourut toute la Macédoine, rassemblant de grandes foules de fidèles qui l’écoutaient avec componction.

De Céphalonie, il se rendit dans l’île de Zakynthos puis à Corfou, et de là passa en Épire, où le christianisme se trouvait dans un état lamentable, afin de confirmer la Foi Orthodoxe dans le peuple et d’empêcher les conversions à l’Islam. Assisté par la grâce de Dieu, Saint Cosmas fit des merveilles dans ces régions qui restent imprégnées jusqu’à nos jours des échos de sa prédication, et par ses exhortations il parvint à redresser les moeurs des Chrétiens.

Sa parole était simple, à la portée de tous, employant des images et des expressions empruntées à la vie quotidienne; mais elle était aussi pleine de la douceur, de la paix et de la joie que seul le Saint-Esprit peut procurer. Elle avait la vertu de pénétrer d’emblée dans l’âme de ses auditeurs et d’être accueillie aussitôt avec enthousiasme comme l’expression de la volonté de Dieu. Comme aucune église ne pouvait contenir les foules qui se rassemblaient autour du nouvel Apôtre, il prêchait en plein air, monté sur une estrade portable, auprès d’une grande croix qu’il avait fichée en terre et qui devenait, après son départ, une source de guérisons et de soulagement pour les maux corporels et spirituels. Il enseignait aux Chrétiens à vivre selon les commandements du Christ et à observer le dimanche, jour du Seigneur, en laissant de côté leurs occupations pour se rendre à l’église et écouter la Parole de Dieu. Partout où il passait, il fondait des écoles – tâche qu’il considérait comme fondamentale – où l’on enseignait gratuitement le grec et les Saintes Ecritures. Il persuadait les riches de consacrer leurs surplus à l’aumône, à la distribution de livres de piété, de croix et de chapelets, et les incitait aussi à offrir aux églises des baptistères pour le baptême des enfants.

Une foule de deux à trois mille fidèles le suivait partout, si bien que c’était une véritable armée du Christ qui se déplaçait dans toute l’Albanie à la suite du Saint, qu’on regardait comme Énoch ou le Prophète Élie venu annoncer l’aurore d’un âge nouveau. Avant de commencer sa prédication, il célébrait les Vêpres ou une paraclisis à la Mère de Dieu, puis, après avoir parlé, il laissait le soin aux quelques cinquante Prêtres qui l’accompagnaient, de poursuivre son oeuvre par la Confession, la célébration de l’Office des Saintes Huiles, la Sainte Communion et la visite de chacun personnellement.

Bien que l’enseignement du Saint n’eût aucune tendance polémique, mais se limitât à l’enseignement des vertus évangéliques, et qu’ayant comparu devant le pacha de loannina, il eût reçu de lui de grandes marques d’honneurs, certains Juifs, excités par la jalousie et furieux depuis que le Saint avait fait déplacer le marché du dimanche au samedi, convainquirent le pacha de mettre fin à sa vie.

Cosmas avait coutume, en arrivant dans un endroit où il désirait prêcher, d’aller d’abord demander personnellement la bénédiction de l’Evêque du lieu, puis il envoyait quelques-uns de ses disciples solliciter l’autorisation des autorités civiles turques. Arrivé un jour près d’un village d’Albanie nommé Kolikontasi, il apprit que le pacha de la région, Kourt Pacha, séjournait non loin de là, à Bérati. Malgré les conseils de prudence de son entourage, le Saint décida d’aller lui-même demander l’autorisation de prêcher au commissaire de la place qui lui apprit qu’il avait reçu l’ordre de le déférer devant Kourt Pacha. A ces mots Saint Cosmas comprit que le moment était venu pour lui de couronner son oeuvre par le Martyre, et il rendit grâces au Christ de l’avoir jugé digne d’un tel honneur. Le lendemain, 24 août 1779, sept soldats l’escortèrent, sous prétexte de l’amener au pacha; mais, après deux heures de route, ils s’arrêtèrent près du fleuve Paso et lui révélèrent que la sentence de son exécution avait déjà été prise. Plein de joie et rendant grâces à Dieu, le Saint bénit du signe de la Croix les quatre directions de l’espace et offrit une prière pour le salut de tous les Chrétiens. Il refusa qu’on lui lie les mains, afin de les garder en croix, et c’est sans opposer la moindre résistance qu’il fut pendu à un arbre et qu’il remit glorieusement son âme à Dieu. Il était âgé de soixante-cinq ans.

Comme les Chrétiens, qui s’étaient précipités pour recueillir dans leurs filets de pêche le corps du Saint que ses bourreaux avaient jeté dans le fleuve, étaient restés bredouilles, trois jours après, un Prêtre nommé Marc, s’étant armé de prière, découvrit la précieuse Relique qui flottait sur les eaux, debout, comme si le Saint était encore vivant. On le sortit de l’eau et, après l’avoir revêtu de ses vêtements monastiques, on l’enterra dignement. Et de très nombreux Miracles s’accomplirent par la suite sur son tombeau et par l’intermédiaire de ses Reliques. En 1813, Ali Pacha de Ioannina, auquel Saint Cosmas avait prédit son glorieux avenir, fit construire une église et un monastère auprès du tombeau et il offrit son crâne, dans un reliquaire en argent, à son épouse chrétienne, Basiliquie.

Saint Cosmas, dont la prédication a contribué de manière décisive au réveil de la foi et du sentiment national du peuple grec, fut aussitôt vénéré par le peuple comme nouvel apôtre et « prince des nouveaux-martyrs », mais son culte n’a été néanmoins officiellement reconnu qu’en 1961 par le Patriarcat Œcuménique.