Dimanche de la Sainte Croix

Dimanche 31 mars 2019.

(18 mars dans l’ancien calendrier.)

Dimanche de la Sainte Croix.

3e dimanche du Grand Carême.

                                 Synaxaire du 3e dimanche de Carême

Ce troisième dimanche de carême, nous célébrons comme une fête la vénération de la précieuse et vivifiante Croix. Puisque, par le jeûne des quarante jours, nous sommes en quelque sorte crucifiés nous aussi, morts aux passions, et que nous avons un sentiment d’amertume à cause de notre négligence ou de notre découragement, voici qu’est exposée la vivifiante Croix, comme pour nous ranimer et nous soutenir, nous encourager en nous rappelant les souffrances de notre Seigneur Jésus Christ. Dieu s’est laissé crucifier pour nous, que ne devons-nous pas faire pour Lui ?

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître du saint apôtre Paul aux Hébreux (4, 14 – 5, 6) :

Frères, puisqu’en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a pénétré au-delà des cieux, tenons ferme la profession de notre foi. En effet, le grand prêtre que nous avons n’est pas incapable, lui, de partager nos infirmités, mais en toutes choses il a connu l’épreuve, comme nous, et il n’a pas péché. Avançons donc, avec pleine assurance, vers le trône de sa tendresse, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. Tout grand prêtre, en effet, est pris parmi les hommes, il est chargé d’intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu, afin d’offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. Il est en mesure de comprendre ceux qui pèchent par ignorance ou par égarement, car il est, lui aussi, revêtu de faiblesse et, pour cela même, il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés comme pour ceux du peuple. Nul ne s’attribue cet honneur à soi-même, on le reçoit par un appel de Dieu, comme Aaron. De même, ce n’est pas le Christ qui s’est attribué la gloire de devenir grand prêtre, mais il l’a reçue de celui qui lui a dit : « Tu es mon Fils, aujourd’hui je t’ai engendré », comme il déclare dans un autre psaume : « Tu es prêtre à jamais, selon l’ordre de Melchisédech. »

Итак, имея Первосвященника великого, прошедшего небеса, Иисуса Сына Божия, будем твердо держаться исповедания нашего. Ибо мы имеем не такого первосвященника, который не может сострадать нам в немощах наших, но Который, подобно нам, искушен во всем, кроме греха. Посему да приступаем с дерзновением к престолу благодати, чтобы получить милость и обрести благодать для благовременной помощи. Ибо всякий первосвященник, из человеков избираемый, для человеков поставляется на служение Богу, чтобы приносить дары и жертвы за грехи, могущий снисходить невежествующим и заблуждающим, потому что и сам обложен немощью, и посему он должен как за народ, так и за себя приносить жертвы о грехах. И никто сам собою не приемлет этой чести, но призываемый Богом, как и Аарон. Так и Христос не Сам Себе присвоил славу быть первосвященником, но Тот, Кто сказал Ему: Ты Сын Мой, Я ныне родил Тебя; как и в другом месте говорит: Ты священник вовек по чину Мелхиседека.

Lecture de l’Évangile selon Saint Marc (8, 34 – 9,1)

Еn ce temps-là, Jésus, ayant appelé la foule avec ses disciples, leur dit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à soi, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la Bonne Nouvelle la sauvera. Et que sert-il à un homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? Que donnerait un homme en échange de son âme ? Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges. » Il leur dit encore : « Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Royaume de Dieu venant avec puissance. »

И подозвав народ с учениками Своими, сказал им: |кто хочет идти за Мною, отвергнись себя, и возьми крест свой, и следуй за Мною. Ибо кто хочет душу свою сберечь, тот потеряет ее, а кто потеряет душу свою ради Меня и Евангелия, тот сбережет ее. Ибо какая польза человеку, если он приобретет весь мир, а душе своей повредит? Или какой выкуп даст человек за душу свою? Ибо кто постыдится Меня и Моих слов в роде сем прелюбодейном и грешном, того постыдится и Сын Человеческий, когда приидет в славе Отца Своего со святыми Ангелами. И сказал им: истинно говорю вам: есть некоторые из стоящих здесь, которые не вкусят смерти, как уже увидят Царствие Божие, пришедшее в силе.

 

Paroles des Pères

Seuls avancent sans tomber ceux-là qui, conformément au précepte du Seigneur, se sont complètement reniés eux-mêmes, ont pris en horreur toutes les convoitises du monde, tous ses liens, ses distractions, ses plaisirs, ses occupations, qui ne gardent que le Seigneur seul devant les yeux et désirent accomplir ses commandements. Ainsi, c’est par sa propre volonté que chacun est détourné du Royaume ; cela vient de ce qu’il ne veut pas prendre de la peine et se renier lui-même, et de ce qu’il aime quelque autre chose en même temps que Dieu, garde des ménagements envers certains plaisirs et certaines convoitises de ce siècle, et ne dirige pas tout son amour vers le Seigneur, autant qu’il serait au pouvoir de son libre choix et de sa volonté. (…)

Il arrive à chacun de discerner clairement et de voir que ce qu’il veut faire ne convient pas ; mais, parce qu’on aime la chose et qu’on n’y renonce pas, on est vaincu par elle. Tout d’abord, une lutte et un combat se livrent à l’intérieur, dans le cœur ; on met en balance l’amour de Dieu et l’amour du monde, on les soupèse, on en compare le poids. Puis on va plus loin, et on se demande si l’on va en venir à livrer bataille et à combattre son frère, en se disant en soi-même : « Vais-je parler, ou ne rien dire ? Vais-je répliquer, ou me taire ? » On se souvient bien de Dieu, mais on veut aussi sauvegarder sa propre gloire, et on ne se renie pas soi-même. Si l’amour du monde et son poids viennent à prévaloir, si peu que ce soit, sur la balance du cœur, aussitôt le mot méchant vient aux lèvres. (…) Des actes bons en apparence sont parfois accomplis pour obtenir la gloire et les louanges des hommes ; mais, devant Dieu, ils sont semblables aux injustices, aux vols et aux autres péchés. (…)

Quand un homme porte volontairement les chaînes d’un amour terrestre et charnel, le mal se sert de ce moyen pour le séduire, jusqu’à ce que cet amour devienne un lien, une entrave, un fardeau pesant qui l’enfonce dans le mal et l’y suffoque, qui l’empêche de prendre son essor et d’aller vers Dieu. En effet, tout ce qu’on aime de ce monde fait descendre l’intellect, le maintient au sol et l’empêche de prendre son envol. (…)

En effet, dans ce qu’on aime, on trouve un secours ou un poids qui nous entraîne. Si l’on aime quelque chose du monde, cet amour devient un fardeau et un lien qui entraînent vers le bas et empêchent de s’élever vers Dieu. Aime-t-on au contraire le Seigneur et ses commandements, on trouvera en cela aide et soulagement, et tous les préceptes du Seigneur deviendront alors faciles à observer, pourvu qu’on garde entièrement son amour pour le Seigneur. (…)

Supposons qu’une maison soit dévorée par le feu : celui qui veut avoir la vie sauve, dès qu’il perçoit l’incendie, s’enfuit, nu, abandonnant tout ; son unique souci est de préserver sa vie, et il est sauvé. Mais un autre veut emporter quelques meubles de la maison, ou des vêtements, ou quelque autre chose : il y rentre pour les prendre, et, tandis qu’il les saisit, le feu embrase toute la maison, l’enveloppe alors qu’il est encore à l’intérieur et le consume. Tu vois comment, à cause de l’amour dont il a aimé un objet transitoire, il périt dans le feu par sa propre volonté. (…)

La plupart des hommes, en effet, veulent entrer dans le Royaume sans peine, sans combat, sans sueur, – chose bien impossible. (…) Ainsi, quand nous lisons dans l’Écriture comment tel juste a plu à Dieu, comment il est devenu un ami et un familier de Dieu, comment tous les Pères sont devenus les amis et les héritiers de Dieu, quelles tribulations ils ont supportées, quelles souffrances ils ont endurées pour Dieu, quel bien ils ont fait et quels combats ils ont menés, nous les félicitons, nous voulons obtenir les mêmes récompenses et les mêmes honneurs, nous concevons un ardent désir de ces dons glorieux, mais nous passons à côté de leurs labeurs, de leurs combats, de leurs tribulations et de leurs souffrances. (…)

Voilà pourquoi ceux-là entrent légitimement dans le Royaume, qui se sont reniés eux-mêmes, selon la parole du Seigneur, et qui n’ont aimé que le Seigneur seul, plus que leur propre souffle. (…)

Combattons donc, par la foi et par une conduite vertueuse (…) afin que, lorsque nous nous dévêtirons de notre corps, on ne nous trouve pas nus, et qu’il ne nous manque pas ce qui en ce jour glorifiera notre chair. Car le corps sera alors lui-même glorifié dans la mesure exacte où chacun, grâce à sa foi et à son zèle, aura été rendu digne de participer au Saint-Esprit. Les trésors que l’âme recueille maintenant en elle-même, seront alors révélés et paraîtront extérieurement dans le corps. C’est ainsi que les arbres, quand l’hiver est passé, réchauffés par la vertu invisible du soleil et des brises, produisent de l’intérieur et se tissent comme un vêtement de feuilles, de fleurs et de fruits. De même, en cette saison, les fleurs des champs sortent du sein de la terre, le sol se couvre et se revêt d’un manteau, et l’herbe pousse comme les lis, dont le Seigneur dit : « Même Salomon, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux » (Matth. 6, 29). Ce sont là des exemples, des figures et des images des chrétiens à la résurrection.

C’est pour cela que toutes les âmes qui aiment Dieu, c’est-à-dire les vrais chrétiens, considèrent le xanthique, qu’on appelle aussi avril, comme le premier des mois, car c’est le temps de la résurrection, où, par la puissance du Soleil de justice, la gloire du Saint-Esprit surgit de l’intérieur des âmes, couvre et enveloppe le corps des saints. Cette gloire, ils la possédaient jusque-là cachée à l’intérieur des âmes. Maintenant, ce qui était caché se manifeste au-dehors dans le corps.

– Saint Macaire le Grand, Les homélies spirituelles, Cinquième homélie, trad. père Placide, ed. Abbaye de Bellefontaine, Spiritualité orientale n°40.

***

Comment peut-on combattre contre soi-même ? Ce n’est pas difficile à comprendre. Faire la guerre contre soi-même signifie renoncer aux désirs que nous inspirent nos passions, qu’ils soient petits ou grands.

Les saints Pères conseillent de commencer par de petites choses, car, comme le dit saint Ephrem le Syrien, comment pourriez-vous éteindre un grand incendie avant d’avoir appris à étouffer un petit feu ? Si vous voulez être capable de vaincre une violente passion, disent les saints Pères, brisez de petits désirs. Ne croyez pas qu’on puisse les séparer les uns des autres : ils se tiennent comme les anneaux d’une chaîne ou les mailles d’un filet.

C’est pourquoi il ne sert à rien de s’attaquer aux vices principaux et aux habitudes mauvaises qui vous opposent une forte résistance, si vous ne vous efforcez pas en même temps de vaincre vos petites faiblesses « innocentes » : petites gourmandises, démangeaisons de parler, curiosité, habitude de se mêler des affaires des autres. Tous nos désirs, en effet, grands ou petits, ont le même fondement : notre habitude constante de satisfaire notre seule volonté propre.

Notre volonté est corrompue. Depuis la chute originelle, elle est au service exclusif de notre propre moi. Aussi l’objectif de notre combat est-il la mort de la volonté propre. Il faut s’y mettre sans retard, et poursuivre la lutte sans répit.

Cela vous démange de poser une question ? ne la posez pas ! Vous avez grande envie de boire deux tasses de café ? n’en prenez qu’une ! Vous avez la tentation de regarder par la fenêtre ce qui se passe dehors ? ne regardez pas ! Vous êtes pris du désir de faire une visite ? restez chez vous. C’est là se persécuter soi-même. Par ce moyen, avec l’aide de Dieu, on fait taire la voix bruyante de la volonté propre.

Peut-être vous demandez-vous si cela est vraiment nécessaire ? Les saints Pères vous répondent par une autre question : croyez-vous vraiment qu’il soit possible de remplir d’eau pure un vase, sans vider d’abord l’eau sale qui s’y trouve ? Ou voudriez-vous recevoir un hôte aimé dans une chambre encombrée par toute sorte de déchets et d’objets mis au rebut ? Non. « Celui qui a l’espérance de voir le Seigneur tel qu’Il est se purifie », dit l’apôtre saint Jean (1 Jn 3, 3).

Purifions donc notre cœur ! Jetons dehors toutes les vieilleries poussiéreuses qui s’y accumulent ; lavons le plancher à la brosse, nettoyons les vitres et ouvrons les fenêtres, pour que l’air et la lumière entrent dans la chambre dont nous voulons faire un sanctuaire pour le Seigneur. Changeons enfin de vêtement, pour que notre vieille odeur de moisi cesse de s’attacher à nous, et que nous ne soyons pas jetés dehors (Luc 13, 28). Voilà notre labeur de chaque jour et de chaque instant !

– Tito Colliander, Le Chemin des Ascètes, Guide spirituel pour les laïcs, Monastère Saint-Antoine-le-Grand et monastère de Solan, p.17-19.

Commémorés ce dimanche

Saint Cyrille, archevêque de Jérusalem (386) ; saints Trophime et Eucarpe, martyrs à Nicomédie (vers 300) ; saint Aninas, hiéromoine ; saint Léobard, reclus à Marmoutier (593) ; saint Tétric, évêque d’Auxerre (709) ; saint Mérole, évêque du Mans (vers 785) ; saints néo-martyrs de Russie : Démètre (Rozanov), prêtre ; Nathalie (Balkanova), moniale (1938).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire

Mémoire de saint Cyrille de Jérusalem. Notre saint Père Cyrille naquit probablement à Jérusalem, vers 315, de parents pieux et orthodoxes. Il fut ordonné prêtre par l’archevêque saint Maxime qui le chargea de la formation des catéchumènes. Homme de paix, humble et doux, plus préoccupé de l’édification des fidèles que des interminables controverses doctrinales qui déchiraient l’Église après le Concile de Nicée, il évitait d’employer le mot « consubstantiel » (homoousios), mais partageait pleinement la foi orthodoxe. Cette réserve fit croire aux ariens qu’il était de leur parti et, lorsqu’à la mort de Maxime (347), il fut élu par le peuple pour lui succéder, Acace, le métropolite arien de Césarée de Palestine, dont dépendait alors Jérusalem, agréa l’élection et l’ordonna évêque. Mais il dut bientôt reconnaître amèrement sa méprise, car le nouvel évêque enseignait clairement la doctrine orthodoxe sur la divinité du Fils et Verbe de Dieu en expliquant le Symbole de foi aux catéchumènes dans ses Catéchèses baptismales. Tel le Bon Pasteur, il gouverna avec sagesse la Ville sainte qui, grâce aux constructions entreprises par saint Constantin le Grand, retrouvait une nouvelle gloire et attirait un grand nombre de pèlerins venus de toutes les extrémités du monde chrétien.

En 351, saint Cyrille fut témoin comme tous les habitants de l’apparition merveilleuse d’une immense Croix lumineuse dans le ciel, du Golgotha au Mont des Oliviers, et il écrivit à l’empereur Constance pour l’en informer. Il contribua aussi à l’organisation des fêtes et des processions dans les Lieux saints, qui deviendront le fondement de maintes fêtes générales de l’Église. Quelques années après, il présenta au métropolite de Césarée une requête, dans laquelle il demandait la reconnaissance des privilèges apostoliques de Jérusalem, que les Pères du Concile de Nicée avaient reconnus, mais sans les définir exactement. Cette revendication déclencha la haine d’Acace qui, sous prétexte qu’en temps de famine Cyrille avait vendu des vases sacrés et des ornements liturgiques de la basilique de la Résurrection pour nourrir les pauvres, le convoqua à son tribunal ecclésiastique, en vue de le condamner. Comme Cyrille ne se rendait pas à ses convocations réitérées, il le déposa et le fit expulser par la force de Jérusalem, en mettant à sa place un arien. Saint Cyrille fit appel, demandant que l’affaire soit soumise à une autorité ecclésiastique supérieure. En attendant, il trouva refuge à Tarse, en Cilicie, auprès de l’évêque Silvain. En dépit des menaces d’Acace, celui-ci l’accueillit fraternellement et lui demanda de prêcher au peuple qui l’écoutait avec enthousiasme, comme un homme vraiment apostolique. Le concile réuni à Séleucie en 359 lui rendit justice et déposa Acace. Mais la sentence n’eut pas le temps d’être mise à exécution, car le métropolite de Césarée, se précipitant à Constantinople, fit pression auprès de l’empereur Constance pour qu’il annule la décision du concile, et il fit confirmer la déposition de Cyrille par un conciliabule d’évêques ariens (360).

Lorsque, peu après, Julien l’Apostat prit le pouvoir, saint Cyrille put profiter des mesures de tolérance religieuse, prises par l’empereur afin de préparer sa restauration du paganisme, et il rejoignit son siège avec tous les autres évêques exilés au temps de Constance. Mais ce ne fut que pour affronter de nouvelles tribulations. Incités par l’empereur, les païens de Gaza se soulevèrent alors contre les chrétiens, en faisant de nombreuses victimes, puis ils détruisirent le monastère de saint Hilarion [21 oct.] et dispersèrent ses moines. Comme l’Apostat voulait démontrer la fausseté des prophéties du Christ concernant la ruine définitive du Temple de Jérusalem (cf. Mt 24, 2), détruit par les Romains sous Tite, il permit aux Juifs de le reconstruire. Mais, conformément à la prédiction de saint Cyrille, les travaux furent bientôt arrêtés par un terrible tremblement de terre, qui renversa même les fondations de l’ancien Temple, et un feu, sortant des fondements, consuma certains ouvriers, en mutila d’autres, laissant à tous les marques les plus visibles de la colère divine.

Après la disparition de Julien (363), le calme étant rétabli, Cyrille put reprendre son œuvre pastorale et, à la mort d’Acace, il fit élire son neveu comme métropolite de Césarée. Mais, par leurs intrigues, les ariens convainquirent l’empereur Valens (364-378) de déposer le saint évêque de Jérusalem et de le condamner à un nouvel exil, ainsi que tous les autres évêques bannis sous Constance (367). À la mort de Valens, saint Cyrille put regagner son diocèse, au bout de douze ans d’absence, mais il eut la douleur de découvrir que certains orthodoxes, influencés par les calomnies des ariens, refusaient de le reconnaître comme leur évêque légitime et de communier avec lui. C’est pour cette raison que le Concile d’Antioche (379) envoya saint Grégoire de Nysse [10 janv.], pour rétablir la paix dans le diocèse de Jérusalem. Ayant échoué, celui-ci se retira découragé et plein de tristesse, laissant saint Cyrille affronter seul, avec foi et espérance, les divisions dans la Maison de Dieu. Il prit part au IIe Concile Œcuménique (381) réuni par l’empereur Théodose, et contribua à la condamnation définitive de l’arianisme et de ses diverses variantes. Au terme de ses sessions, le Concile reconnut solennellement les combats de l’évêque de Jérusalem pour la cause de l’Orthodoxie. De retour dans sa cité saint Cyrille put jouir pour peu de temps de la paix qu’il avait restaurée au prix de tant de labeurs, et il s’endormit en 386, après trente-cinq ans d’épiscopat, dont seize se passèrent en exil.

Texte préparé par Olivier Goulais

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