Dimanche des Rameaux

Dimanche 21 avril 2019.

(8 avril dans l’ancien calendrier.)

Dimanche des Rameaux (ou des Palmes) :

Entrée de notre Seigneur à Jérusalem.

 

Synaxaire de ce dimanche

Ce dimanche des Rameaux, nous célébrons la fête brillante et glorieuse de l’entrée à Jérusalem de notre Seigneur Jésus Christ. Pour accueillir l’entrée du Christ, les enfants jetèrent sous ses pas leurs vêtements, ainsi que des branches de palmier qu’ils avaient coupées ; d’autres, tenant les branches en main, criaient en Lui faisant cortège : « Hosanna au Fils de David ; béni soit le Roi d’Israël qui vient au Nom du seigneur ! » C’est l’Esprit Saint qui les inspirait. Par les rameaux, ils symbolisèrent la victoire du Christ sur la mort ; car c’était la coutume d’honorer les vainqueurs des luttes aussi bien que des guerres, avec des rameaux d’arbres à feuilles persistantes et de les accompagner ainsi dans les processions de triomphe. A propos de cette fête, le Prophète Zacharie a dit dans l’Ancien Testament : « Sois transportée d’allégresse, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton Roi vient à toi ; Il est le Juste et le Sauveur, Il est humble et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse » (Zach. 9, 9). Et David, dans ses Psaumes, dit à propos des enfants : « Dans la bouche des tout-petits et des nourrissons, tu as mis une louange » (Psaume 8, 3). Pendant ce temps, les grands prêtres avaient en vue de de le faire mourir.

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Philippiens (4, 4-9)

Frères, réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je vous le répète, réjouissez-vous ! Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. N’entretenez aucun souci, mais en toute circonstance exposez vos requêtes à Dieu, recourant à la prière et à l’oraison, dans l’action de grâces. Alors la paix de Dieu, qui surpasse tout esprit, prendra sous sa garde vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. En conclusion, mes Frères, tout ce qu’il y a de vrai et de noble, tout ce qu’il y a de juste et de pur, tout ce qui est digne d’être aimé et d’être honoré, tout ce qui s’appelle vertu et mérite des éloges, voilà ce dont il faut vous préoccuper. Ce que vous avez appris et reçu, ce que vous avez vu et entendu de moi, mettez-le en pratique. Alors le Dieu de la paix sera avec vous !

Pадуйтесь всегда в Господе; и еще говорю: радуйтесь. Кротость ваша да будет известна всем человекам. Господь близко. Не заботьтесь ни о чем, но всегда в молитве и прошении с благодарением открывайте свои желания пред Богом, и мир Божий, который превыше всякого ума, соблюдет сердца ваши и помышления ваши во Христе Иисусе. Наконец, братия мои, что только истинно, что честно, что справедливо, что чисто, что любезно, что достославно, что только добродетель и похвала, о том помышляйте. Чему вы научились, что приняли и слышали, и видели во мне, то исполняйте, – и Бог мира будет с вами.

Lecture de l’Évangile selon saint Jean (Jean 12, 1-18)

En ce temps-là, six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, que Jésus avait réveillé d’entre les morts. Là, on lui prépara un repas. Marthe faisait le service, et Lazare était un de ceux qui étaient attablés avec Jésus. Alors, Marie, prenant une livre de parfum très pur et d’un grand prix, oignit les pieds de Jésus et lui essuya les pieds avec ses cheveux, et la maison s’emplit du parfum de la myrrhe. Mais Judas l’Iscariote, un de ses disciples, qui allait le livrer, dit : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu cette myrrhe trois cents deniers pour les donner aux pauvres ? » Il dit cela, non parce qu’il se souciait des pauvres, mais parce qu’il était un voleur et que, comme il tenait la bourse commune, il détournait ce qu’on y mettait. Jésus dit alors : « Laisse-la ; elle a gardé cela pour le jour de mon ensevelissement, car, les pauvres, vous les avez toujours avec vous, mais, moi, vous ne m’avez pas pour toujours. » Une foule nombreuse de Judéens sut qu’Il était là et vint, non seulement à cause de Jésus, mais pour voir Lazare qu’Il avait réveillé d’entre les morts. Les grands prêtres décidèrent alors de tuer aussi Lazare, car, à cause de lui, beaucoup de Judéens s’en allaient et croyaient en Jésus. Le lendemain, la foule nombreuse qui était venue pour la fête, entendant que Jésus venait à Jérusalem, prit les rameaux des palmiers et sortit à sa rencontre, et elle criait : « Hosanna ! Béni, celui qui vient au Nom du Seigneur, le roi d’Israël ! » Trouvant un petit âne, Jésus s’assit dessus, comme il est écrit : « Ne crains pas, fille de Sion, voici que vient ton roi, assis sur le poulain d’une ânesse. » D’abord, ses disciples ne le comprirent pas ; mais, une fois Jésus glorifié, alors ils se rappelèrent que, ce qui avait été écrit de lui, c’est cela même qu’ils avaient fait pour lui. La foule rendait témoignage, elle qui était avec lui quand il avait appelé Lazare hors du tombeau et l’avait réveillé d’entre les morts. C’est pourquoi la foule vint à sa rencontre, parce qu’elle avait entendu qu’Il avait fait ce signe.

За шесть дней до Пасхи пришел Иисус в Вифанию, где был Лазарь умерший, которого Он воскресил из мертвых. Там приготовили Ему вечерю, и Марфа служила, и Лазарь был одним из возлежавших с Ним. Мария же, взяв фунт нардового чистого драгоценного мира, помазала ноги Иисуса и отерла волосами своими ноги Его; и дом наполнился благоуханием от мира. Тогда один из учеников Его, Иуда Симонов Искариот, который хотел предать Его, сказал: Для чего бы не продать это миро за триста динариев и не раздать нищим? Сказал же он это не потому, чтобы заботился о нищих, но потому что был вор. Он имел при себе денежный ящик и носил, что туда опускали. Иисус же сказал: оставьте ее; она сберегла это на день погребения Моего. Ибо нищих всегда имеете с собою, а Меня не всегда. Многие из Иудеев узнали, что Он там, и пришли не только для Иисуса, но чтобы видеть и Лазаря, которого Он воскресил из мертвых. Первосвященники же положили убить и Лазаря, потому что ради него многие из Иудеев приходили и веровали в Иисуса. На другой день множество народа, пришедшего на праздник, услышав, что Иисус идет в Иерусалим, взяли пальмовые ветви, вышли навстречу Ему и восклицали: осанна! благословен грядущий во имя Господне, Царь Израилев! Иисус же, найдя молодого осла, сел на него, как написано: Не бойся, дщерь Сионова! се, Царь твой грядет, сидя на молодом осле. Ученики Его сперва не поняли этого; но когда прославился Иисус, тогда вспомнили, что та́к было о Нем написано, и это сделали Ему. Народ, бывший с Ним прежде, свидетельствовал, что Он вызвал из гроба Лазаря и воскресил его из мертвых. Потому и встретил Его народ, ибо слышал, что Он сотворил это чудо.

 

Paroles des Pères

L’entrée solennelle dans la sainte cité fut, dans la vie de Jésus, son seul triomphe visible : jusque-là, il avait volontairement repoussé toute tentative d’être glorifié, et ce n’est que six jours avant la Pâque que non seulement il accepta volontiers, mais provoqua même l’événement. En accomplissant à la lettre ce qu’avait dit le prophète Zacharie : « Voici ton roi qui vient, assis sur un ânon… » (Zac. 9, 9), il a montré clairement qu’Il voulait être reconnu et acclamé comme Messie, Roi et Sauveur d’Israël. (…)  Mais quel en est le sens pour nous, aujourd’hui ? Nous proclamons tout d’abord que le Christ est notre Roi et notre Seigneur. Trop souvent nous oublions que le Royaume de Dieu a été inauguré, qu’au jour de notre baptême nous en avons été faits citoyens, et que nous avons promis de placer notre fidélité à ce Royaume au-dessus de toute autre. (…) A partir de cette heure, le Royaume est révélé au monde et sa présence juge et transforme l’histoire humaine. Et lorsque au moment le plus solennel de la célébration liturgique, nous recevons une palme de la main du prêtre, nous renouvelons notre serment à notre Roi et nous confessons que son Royaume est l’unique but de notre vie, la seule chose qui lui donne son sens. (…) Pourtant, nous le savons, le Roi que les Juifs acclament aujourd’hui, et nous avec eux, s’achemine vers le Golgotha, vers la croix et vers le tombeau. Nous savons que ce court triomphe n’est que le prologue de son sacrifice. Les palmes dans nos mains signifient, dès lors, notre empressement à le suivre sur le chemin du sacrifice, notre acceptation du sacrifice et notre renoncement à nous-mêmes, dans lequel nous reconnaissons l’unique voie royale qui mène au Royaume.

Et finalement, ces palmes, cette célébration, proclament notre foi en la victoire finale du Christ. Son Royaume est encore caché et le monde l’ignore. Il vit comme si l’événement décisif n’avait jamais eu lieu, comme si Dieu n’était pas mort sur la croix et comme si, en lui, l’homme n’était pas ressuscité d’entre les morts. Mais nous, chrétiens, nous croyons en la venue de ce Royaume où Dieu sera tout en tous, et où le Christ apparaîtra comme seul Roi. Les célébrations liturgiques nous rappellent des événements passés ; mais tout le sens et toute la vertu de la liturgie consistent précisément à transformer le souvenir en réalité. En ce dimanche des Palmes, la réalité dont il s’agit, c’est notre propre implication dans le Royaume de Dieu, c’est notre responsabilité à son égard. (…) Ce qu’il attend de nous, c’est un réel accueil du Royaume qu’Il nous a apporté… Et si nous ne sommes pas prêts à être totalement fidèles au serment que nous renouvelons chaque année, le dimanche des Palmes, si vraiment nous ne sommes pas décidés à faire du Royaume la charte de toute notre vie, alors vaine est notre célébration, vaines et sans signification sont les palmes que nous rapportons de l’église chez nous.

– Alexandre Schmemann, Le Mystère Pascal, commentaires liturgiques.

Le simple peuple, voyant tous les miracles du Christ, crut en lui, non seulement en ayant envers lui une foi silencieuse, mais aussi en proclamant sa divinité en actions et en paroles. Car, après avoir réveillé Lazare d’un sommeil de quatre jours, Jésus prit un âne que ses disciples lui avaient amené, selon la narration de l’évangéliste Matthieu, le monta et entra ainsi à Jérusalem selon la prophétie de Zacharie : « Ne crains pas, fille de Sion, voici ton Roi qui vient à toi, le Juste, le Sauveur ; il est humble et monté sur un âne, le petit d’une ânesse » (Zach. 9,9). Par ces paroles le prophète montre que le Roi ainsi prédit était ce Roi qui seul est appelé à juste titre « Roi de Sion ». Car il veut dire : ton Roi ne doit pas inspirer la crainte par son aspect, il ne doit être ni sévère ni cruel, il n’a pas de gardes du corps ni d’escorte, il n’entraîne pas derrière lui une foule de fantassins ni de cavaliers. Il n’agit pas avec rapacité, n’exige pas des impôts ni des taxes, ni des services ou des fonctions non moins viles que nuisibles. Mais ses attributs sont l’humilité, la pauvreté, la modestie. Il fait son entrée sur un âne, sans déployer aucune escorte humaine. C’est pourquoi lui seul est le Roi juste qui sauve dans l’équité, et qui est doux en même temps, car la douceur est ce qui le caractérise.

Aussi le Seigneur a-t-il dit de lui-même : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mt. 11,29).

Lui donc, qui avait ressuscité Lazare, ce Roi trônant sur un âne, fait ainsi son entrée dans Jérusalem. Et toute la foule, presque tous les enfants, les hommes, les vieillards, étendant leurs vêtements et prenant des branches de palmier, qui sont l’insigne de la victoire, sont venus au-devant de lui comme vers l’auteur de la vie et le vainqueur de la mort, devant qui ils se prosternaient, et qu’ils escortaient non seulement au-dehors mais au-dedans des remparts de la ville, chantant d’une seule voix : « Hosanna au Fils de David ! Hosanna au plus haut des cieux » (Mt 21,9) ! Cet hosanna est un hymne adressé à Dieu. Il se traduit : « Sauve-nous, Seigneur ! » Ce qu’on ajoute : « au plus haut des cieux »montre qu’il n’est pas célébré seulement sur terre ni seulement par les hommes, mais dans les cieux et par les chœurs des anges.

– Saint Grégoire Palamas, Homélies, 15 ; PG 151

Text préparé par Olivier Goulais

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