Dimanche dit « du Paralytique ». 

Dimanche dit « du Paralytique ». 

Dimanche 19 mai 2019.

(6 mai dans l’ancien calendrier.)

Synaxaire de ce dimanche

Ce quatrième dimanche de Pâques, nous faisons mémoire de la guérison du paralytique. La mémoire de ce miracle a été placée ici parce qu’il a été opéré par le Christ durant la période des Cinquante jours, la Pentecôte hébraïque.

Péricopes de ce dimanche

Lecture des Actes des Apôtres (9, 32-42)

Frères, en ces jours-là, il advint que Pierre parcourait toute la contrée de Galilée et de Samarie ; il s’arrêté également chez les saints qui habitaient Lydda. Il y trouva quelqu’un appelé Énée, gisant sur un grabat depuis huit ans. Pierre lui dit : « Énée, Celui qui te guérit, c’est le Christ Jésus. Lève-toi, et range tes affaires ! » Et aussitôt il se leva. Tous les habitants de Lydda et de la plaine de Saron virent cela et se tournèrent vers le Seigneur. À Joppé, il y avait une certaine disciple nommée Tabitha, ce qui se traduit Dorcas. Cette femme débordait d’œuvres de bien, se signalait par ses bonnes œuvres et pratiquait la miséricorde. Or il advint, en ces jours-là, qu’elle tomba malade et qu’elle mourut. On lui fit sa toilette, et on la déposa dans la chambre haute. Et, puisque Lydda n’est pas loin de Joppé, les disciples, ayant appris que Pierre s’y trouvait, lui dépêchèrent deux hommes, avec la prière de se rendre chez eux sans tarder. Pierre aussitôt se leva et partit avec eux ; et, dès qu’il arriva, on le fit monter à la chambre haute. Là, toutes les veuves l’entourèrent et lui montrèrent en pleurant les tuniques et les manteaux que Dorcas, lorsqu’elle était avec elles, fabriquait en leur compagnie. Pierre fit sortir tout le monde et se mit en prière, à genoux. Puis, se tournant vers le corps, il dit : « Tabitha, lève-toi ! » Elle ouvrit les yeux et, voyant Pierre, elle s’assit. Il lui tendit la main, la fit lever, puis, appelant les veuves et les autres fidèles, la leur présenta en vie. Cela fut connu de tout Joppé, et nombreux furent ceux qui crurent au Seigneur.

Cлучилось, что Петр, обходя всех, пришел и к святым, живущим в Лидде. Там нашел он одного человека, именем Энея, который восемь уже лет лежал в постели в расслаблении. Петр сказал ему: Эней! исцеляет тебя Иисус Христос; встань с постели твоей. И он тотчас встал. И видели его все, живущие в Лидде и в Сароне, которые и обратились к Господу. В Иоппии находилась одна ученица, именем Тавифа, что значит: « серна »; она была исполнена добрых дел и творила много милостынь. Случилось в те дни, что она занемогла и умерла. Ее омыли и положили в горнице. А как Лидда была близ Иоппии, то ученики, услышав, что Петр находится там, послали к нему двух человек просить, чтобы он не замедлил прийти к ним. Петр, встав, пошел с ними; и когда он прибыл, ввели его в горницу, и все вдовицы со слезами предстали перед ним, показывая рубашки и платья, какие делала Серна, живя с ними. Петр выслал всех вон и, преклонив колени, помолился, и, обратившись к телу, сказал: Тавифа! встань. И она открыла глаза свои и, увидев Петра, села. Он, подав ей руку, поднял ее, и, призвав святых и вдовиц, поставил ее перед ними живою. Это сделалось известным по всей Иоппии, и многие уверовали в Господа.

Lecture de l’Évangile selon saint Jean (5, 1-15)

En ce temps-là, après la guérison du fils de l’officier, il y avait une fête des Judéens et Jésus monta à Jérusalem. Or il y a à Jérusalem près de la Porte des brebis une piscine, appelée en hébreu Bethzatha, et qui possède cinq portiques. Sous ceux-ci une foule de malades étaient étendus, aveugles, boiteux, sourds, paralytiques, qui attendaient le bouillonnement de l’eau. Car l’ange du Seigneur descendait parfois dans la piscine et l’eau s’agitait ; le premier qui y entrait après le bouillonnement avait alors la santé, quel que fût son mal. Il était là quelqu’un de malade depuis trente-huit ans. Jésus le voyant étendu, et sachant qu’il y avait déjà longtemps, lui dit : « Veux-tu être guéri ? » Le malade lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me jeter dans la piscine lorsque l’eau s’agite et quand moi j’y vais, un autre y descend avant moi et reçoit la guérison et moi je m’en vais malade. » Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton grabat et marche ! » Sur-le-champ cette personne fut guérie : il prit son grabat et marcha. Ce jour-là était un jour de sabbat. Les Judéens dirent donc à celui qui avait été soigné : « C’est sabbat et il ne t’est pas possible de porter ton grabat. » Mais il leur répondit : « Celui qui m’a donné la santé, c’est Lui qui m’a dit : Prends ton grabat et marche. » Ils lui demandèrent donc : « Qui est la personne qui t’a dit : Prends et marche ? » Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c’était ; Jésus, en effet, avait disparu, car il y avait foule à cet endroit. Après cela, Jésus le trouve dans le Temple et lui dit : « Vois, tu es devenu en bonne santé ; ne pèche plus, de peur qu’il ne t’advienne pire. » Cette personne partit et dit aux Judéens que c’était Jésus qui lui avait donné la santé.

После сего был праздник Иудейский, и пришел Иисус в Иерусалим. Есть же в Иерусалиме у Овечьих ворот купальня, называемая по-еврейски Вифезда, при которой было пять крытых ходов. В них лежало великое множество больных, слепых, хромых, иссохших, ожидающих движения воды, 4ибо Ангел Господень по временам сходил в купальню и возмущал воду, и кто первый входил в нее по возмущении воды, тот выздоравливал, какою бы ни был одержим болезнью. Тут был человек, находившийся в болезни тридцать восемь лет. Иисус, увидев его лежащего и узнав, что он лежит уже долгое время, говорит ему: хочешь ли быть здоров? Больной отвечал Ему: так, Господи; но не имею человека, который опустил бы меня в купальню, когда возмутится вода; когда же я прихожу, другой уже сходит прежде меня. Иисус говорит ему: встань, возьми постель твою и ходи. И он тотчас выздоровел, и взял постель свою и пошел. Было же это в день субботний. Посему Иудеи говорили исцеленному: сегодня суббота; не должно тебе брать постели. Он отвечал им: Кто меня исцелил, Тот мне сказал: возьми постель твою и ходи. Его спросили: кто Тот Человек, Который сказал тебе: возьми постель твою и ходи? Исцеленный же не знал, кто Он, ибо Иисус скрылся в народе, бывшем на том месте. Потом Иисус встретил его в храме и сказал ему: вот, ты выздоровел; не греши больше, чтобы не случилось с тобою чего хуже. Человек сей пошел и объявил Иудеям, что исцеливший его есть Иисус.

 

Paroles des Pères

Abba Jean des Kellia a dit : Considère bien les cinq portiques de Salomon, où sont couchés des infirmes, des boiteux, des aveugles et des impotents ; l’un d’eux était infirme depuis trente-huit sur son lit. Jésus lui : « Veux-tu être sauvé ? » Jésus en effet laisse l’homme à sa volonté ; car les boiteux, les aveugles et les impotents sont les mauvaises pensées qui habitent dans l’homme. Jésus donc laisse l’homme à sa volonté, de sorte que, si l’homme le veut, Jésus l’exauce, le sauve et expulse de lui les mauvaises pensées.

– Apophtegme des Pères du désert.

 

Saints célébrés ce dimanche

Saint Job le Juste, prophète ; saints martyrs Barbare, Bacchus, Callimaque et Denis (vers 362) ; saint martyr Barbare, l’ancien bandit ; sainte Avoye (ou Aurée), vierge, martyre à Paris (IIIème s.) ; saint Germain de la Mer, évêque et martyr (480) ; saint Hatta, abbé de Saint-Vaast, à Arras (699) ; transfert des reliques de saint Sava, premier évêque de Serbie (1236) ; saint Michée de Radonège (1385) ; saint Job de Potchaïev (XVIIème s.)

Extrait du Synaxaire de Père Macaire

Ce dimanche 6 mai, nous célébrons la mémoire de saint Job. Bien longtemps avant la venue du Christ, vivait dans le pays d’Ausitide, aux confins de l’Idumée et de l’Arabie, un homme intègre et droit, qui craignait Dieu et se gardait de tout mal, nommé Job. Il était le plus fortuné de tous les fils de l’Orient et possédait quantité de troupeaux et de serviteurs, mais mettait ces richesses au service de Dieu. Un jour, Satan se présenta devant Dieu, en revenant de flâner sur la terre, où il avait cherché qui dévorer et entraîner dans sa déchéance. Comme Dieu lui montrait Job, en exemple d’un serviteur juste et droit, le diable répondit avec une ironie malveillante, qu’il était facile à ce riche de rester fidèle à Dieu. Répondant à cette provocation, le Seigneur remit tous les biens de Job en son pouvoir. Quelque temps après, des messagers vinrent annoncer au patriarche la perte de ses troupeaux et la mort violente de tous ses fils et de ses filles. Job déchira ses vêtements et se rasa la tête en signe de deuil, puis il se prosterna à terre et prononça ces paroles mémorables : « Nu je suis sorti du sein maternel, nu j’y retournerai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, que le Nom du Seigneur soit béni ! » (1, 21).

Dieu montra alors à Satan que son serviteur Job avait conservé sa foi dans le malheur, mais le diable ne s’avoua pas vaincu pour autant et dit : « Touche à ses os et à sa chair, et je te jure qu’il te maudira en face ». Bien qu’Il ne soit pas l’auteur du mal et qu’Il ne désire point la souffrance, Dieu permit donc que son serviteur fût affligé d’un ulcère, des pieds à la tête, afin d’éprouver sa vertu. Le riche et puissant patriarche, mis au rebut par tous, prit un tesson de poterie pour gratter ses plaies et il s’assit sur un tas de fumier, en dehors de la ville. À sa femme qui l’engageait à maudire Dieu, il répondit : « Tu parles comme une insensée. Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le malheur ! » (2, 10).

La nouvelle de l’infortune de Job parvint jusqu’à trois de ses amis, sages et nobles de villes d’Orient : Éliphaz de Téman, Bildad de Shuah et Sophar de Naamat. Ils vinrent pour le consoler, mais en le voyant sur son fumier, ils éclatèrent en sanglots et, pendant sept jours, ne purent prononcer une seule parole. Finalement ce fut Job qui prit la parole, pour maudire le jour de sa naissance et souhaiter la mort, qui marquera la fin de ses maux. À cette plainte du juste souffrant, Éliphaz opposa le commun argument de la raison humaine pour expliquer les afflictions : Le malheur et la souffrance sont envoyés par Dieu en châtiment des péchés commis au préalable. Que Job n’avance donc pas l’intégrité de sa conduite pour se justifier devant Dieu, mais qu’il confesse ses péchés et qu’il se repente, pour obtenir le pardon et recouvrer santé et prospérité. S’il se révolte contre son sort, il n’en tirera qu’un surcroît de maux. L’homme, ajouta le sage, naît pour la souffrance, et les péchés et les injustices que nous commettons doivent de toute manière être châtiés en cette vie. Au lieu de consoler Job, ces paroles le troublèrent et ravivèrent sa souffrance. Il reprocha à ses amis leur dureté à son égard — car ceux qui ne sont pas éprouvés ne peuvent comprendre qu’elle est la souffrance de l’innocent soumis à la tribulation — et il confirma son innocence. Sans se révolter contre Dieu ni demander à être délivré de ses maux, Job exprimait seulement le souhait d’en voir la fin par la mort, sa seule consolation serait alors de ne s’être jamais opposé à la parole de Dieu (6, 10).

Bildad l’interrompit, pour reprendre le même argument que son compagnon, et évoquer une loi générale et abstraite sur la rétribution des actes mauvais, qui toutefois ne s’appliquait pas au cas de Job : Dieu est absolument juste, Job ne doit donc pas protester de son innocence, mais implorer sa miséricorde. Job lui répondit que, certes, on peut admettre que les malheurs qui nous adviennent sont châtiments de nos péchés, mais de toute manière quel être créé pourrait être trouvé foncièrement juste devant le Dieu Tout-Puissant ? Même l’homme qui, comme lui, ne voit en lui-même rien à se reprocher, ne peut prétendre se justifier, et se voit donc livré aux tribulations comme l’inique. Et il ajouta, en s’adressant à Dieu : « Tu sais bien que je n’ai pas commis d’iniquité. Mais qui peut échapper à tes mains ? Cesse donc de me fixer, pour me permettre un peu de joie, avant que je ne m’en aille sans retour au pays des ténèbres et de l’ombre épaisse, où jamais la lumière ne pénètre, où l’on ne voit pas la vie des humains » (10 ; 7, 20-22).

Il apparut dès lors à Job qu’il ne pouvait guère escompter sur la compréhension de ses amis, qui prétendaient se faire les défenseurs de la justice divine par des accusations mensongères à son sujet ; et, prenant sa chair entre ses dents et sa vie en ses main (13, 14), il interrogea Dieu avec angoisse : « Combien de fautes et de péchés ai-je commis ? Dis-moi quelles ont été mes transgressions et mes péchés. Pourquoi caches-tu ta face ? » (13, 22-24). Après une nouvelle intervention d’Éliphaz, l’accusant de s’élever contre la Providence, Job, voyant que ses amis devenaient ses persécuteurs, s’écria : « Pitié, pitié pour moi, ô vous mes amis ! Car c’est la main de Dieu qui m’a frappé. Pourquoi vous acharner sur moi comme Dieu Lui-même ? » (19, 21). Puis, interrompant sa plainte, il confessa son espérance qui était celle, encore confuse, de tous les justes de l’Ancien Testament : « Je sais moi, que mon Rédempteur est vivant, que Lui, le dernier, se lèvera de la poussière. Après mon éveil, il me dressera près de lui et, de ma chair, je verrai Dieu » (19, 25-26).

Insensibles et implacables dans leur zèle à défendre leur conception de la justice divine, les trois sages revinrent une fois de plus à la charge contre le juste, en ne se contentant plus de généralités, mais en énumérant, cette fois dans le détail, les fautes que Job avait dû commettre au temps de sa prospérité pour encourir un tel châtiment. Gardant toutefois, envers et contre tous, le bon témoignage de sa conscience, Job demanda à comparaître devant Dieu pour être jugé, convaincu que sa cause triompherait et que c’est de Dieu seul qu’il tirerait sa consolation (23, 4-7). Puis, dans un admirable discours, il confessa que si la sagesse de Dieu dans la création est inaccessible à la connaissance humaine, il n’est pas possible de connaître les motifs de l’affliction du juste ; mais celui-ci n’en cessera pas cependant d’aimer Dieu et de se confier en Lui (28, 28). Il poursuivit par une longue apologie de sa conduite et proclama qu’il était prêt à rendre compte de toutes ses actions et à porter publiquement l’acte d’accusation qu’on rédigerait contre lui.

Comme les trois sages se taisaient, à bout d’arguments, Élihu, qui s’était tenu jusque-là sur la réserve, à cause de son jeune âge, s’enflamma de colère contre Job, qui prétendait avoir raison contre Dieu et ajoutait ainsi la rébellion à son péché. Élihu s’étant tu, Dieu prit la parole au sein de la tempête, comme Il l’avait fait jadis au sommet du Sinaï, pour mettre un terme au débat. Dans un discours grandiose sur les mystères de la création et le gouvernement de la Providence, qui soumet même les monstres et les catastrophes naturelles à son dessein bienveillant, Dieu donna à son serviteur Job la clé de l’énigme que la sagesse humaine n’avait pas été capable de résoudre. Ces épreuves ne lui avaient pas été envoyées comme châtiment d’une faute, mais par un dessein gratuit et insondable, afin de manifester sa justice : « Ne rejette pas mon juste jugement. Penses-tu donc que j’ai agi autrement que pour manifester ta justice ? » (40, 8 LXX). Réalisant que ses tribulations elles-mêmes avaient été une révélation du Dieu « incompréhensible, insondable et inaccessible », Job déclara finalement : « Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu. C’est pourquoi, plein de confusion, je me consume et me considère comme terre et cendre » (42, 5). Cet aveu d’une extrême humilité fut pour Job le couronnement de sa vertu et lui ouvrit l’accès à la vraie connaissance de Dieu, laquelle n’est autre que « la sensation de son incompréhensibilité » (Saint Grégoire de Nysse). Triomphant de l’épreuve, il fut comblé de bénédictions dès que, sur l’ordre de Dieu, il eut intercédé pour obtenir le pardon du péché commis par ses amis à son égard. Le Seigneur restaura sa fortune, Il lui donna le double de tout ce qu’il possédait auparavant et lui accorda une nombreuse descendance. Job vécut encore cent quarante ans et mourut, chargé de jours, à l’âge de deux cent quarante ans.

Le livre de Job occupe dans la sainte Écriture une place toute particulière et fut de tout temps la grande consolation des serviteurs de Dieu soumis à l’épreuve.

Texte préparé par Olivier Goulais

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