Dimanche du l’Exil d’Adam et du Grand Pardon.

Dimanche 10 mars 2019.

(25 février dans l’ancien calendrier.)

Dimanche du l’Exil d’Adam et du Grand Pardon.

(Dernier jour des laitages et des œufs, début du Grand Carême.)

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Romains (du Triode : Rom. 13, 11-14 ; 14, 1-4) :

Frères, vous savez en quelle circonstance favorable nous sommes : voici l’heure de vous lever du sommeil ; en effet le salut est désormais plus près de nous que lorsque la foi nous fut donnée. La nuit s’avance, le jour est proche. Laissons là les œuvres de ténèbres et revêtons les armes de lumière. Comme en plein jour, conduisons-nous avec dignité : point de ripailles ni d’enivrement, pas de mollesse ni de mœurs relâchées, pas de querelles ni de rivalités. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ, et n’accomplissez pas les projets de la chair pour en satisfaire les convoitises. Envers celui qui est faible dans la foi, soyez accueillants, sans vouloir discuter des opinions. Tel a confiance qu’il peut manger de tout, tel autre, par faiblesse, se nourrit de légumes. Que celui qui mange ne méprise pas celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge pas celui qui mange, puisque Dieu l’a accueilli. Toi, qui es-tu, qui juge le serviteur d’autrui ? Qu’il demeure ferme ou qu’il tombe, c’est l’affaire de son maître. D’ailleurs il restera ferme, car le Seigneur a le pouvoir de le soutenir.

Так поступайте, зная время, что наступил уже час пробудиться нам от сна. Ибо ныне ближе к нам спасение, нежели когда мы уверовали. Ночь прошла, а день приблизился: итак отвергнем дела тьмы и облечемся в оружия света. Как днем, будем вести себя благочинно, не предаваясь ни пированиям и пьянству, ни сладострастию и распутству, ни ссорам и зависти; но облекитесь в Господа нашего Иисуса Христа, и попечения о плоти не превращайте в похоти. Немощного в вере принимайте без споров о мнениях. Ибо иной уверен, что можно есть все, а немощный ест овощи. Кто ест, не уничижай того, кто не ест; и кто не ест, не осуждай того, кто ест, потому что Бог принял его. Кто ты, осуждающий чужого раба? Перед своим Господом стои́т он, или падает. И будет восставлен, ибо силен Бог восставить его.

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (du Triode : Matthieu 6, 14-21)

En ce temps-là, le Seigneur dit : « Si vous pardonnez aux gens leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera à vous aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux gens, votre Père ne vous pardonnera pas vos fautes. Quand vous jeûnez, ne devenez pas comme les hypocrites à l’air triste : ils dissimulent leur visage pour apparaître aux gens comme jeûnant. Amen, Je vous le dis, ils ont reçu leur salaire. Toi, quand tu jeûnes, frotte-toi la tête d’huile et lave-toi le visage, pour paraître jeûner, non devant les humains, mais devant ton Père qui est dans le secret ; et ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Ne vous amassez pas de trésors sur la terre où les vers et la corrosion les rongent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel où ni vers ni corrosion ne rongent, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent : car là où est ton trésor, là sera également ton cœur. »

Ибо если вы будете прощать людям согрешения их, то простит и вам Отец ваш Небесный, а если не будете прощать людям согрешения их, то и Отец ваш не простит вам согрешений ваших. Также, когда поститесь, не будьте унылы, как лицемеры, ибо они принимают на себя мрачные лица, чтобы показаться людям постящимися. Истинно говорю вам, что они уже получают награду свою. А ты, когда постишься, помажь голову твою и умой лице твое, чтобы явиться постящимся не пред людьми, но пред Отцом твоим, Который втайне; и Отец твой, видящий тайное, воздаст тебе явно. Не собирайте себе сокровищ на земле, где моль и ржа истребляют и где воры подкапывают и крадут, но собирайте себе сокровища на небе, где ни моль, ни ржа не истребляют и где воры не подкапывают и не крадут, ибо где сокровище ваше, там будет и сердце ваше.

 

Paroles des Pères

– Ô Adam, nos âmes languissent, nous sommes écrasés sous le poids de nos peines. Dis-nous une parole de consolation. Chante-nous l’un des chants que tu entends au ciel, pour que toute la terre l’entende et que les hommes oublient leurs misères… Ô Adam, nous sommes accablés de tristesse.

– Ne troublez pas ma paix. Le temps de mes souffrances est passé. La beauté du Paradis et la douceur de l’Esprit Saint sont telles que je ne puis plus me souvenir de la terre. Mais voici ce que je vous dirai : le Seigneur vous aime, et, vous aussi, vivez dans l’amour ; soyez obéissants à toute autorité, humiliez vos cœurs, et le Saint-Esprit vivra en vous. Il vient silencieusement dans l’âme, lui donne la paix, et, sans parole, témoigne de son salut. Chantez à Dieu avec amour et humilité d’esprit, car c’est en cela que se réjouit le Seigneur.

– Ô Adam, notre père, que devons-nous donc faire ? Nous chantons, mais nous n’avons ni amour ni humilité.

– Repentez-vous devant le Seigneur, et demandez.  Il aime les hommes et leur accordera tout.  Moi aussi, je me suis beaucoup repenti, et j’ai beaucoup souffert d’avoir offensé le Seigneur, et d’avoir, par mon péché, perdu la paix et l’amour sur terre. Mes larmes ruisselaient sur mon visage et inondaient ma poitrine et la terre, et le désert entendait mes gémissements. Vous ne pouvez comprendre ma détresse ni comment je pleurais Dieu et le Paradis. Au Paradis, j’étais heureux et joyeux : l’Esprit de Dieu me réjouissait, et je ne connaissais aucune souffrance. Mais, lorsque je fus chassé du Paradis, le froid et la faim commencèrent à me torturer ; les animaux et les oiseaux qui étaient doux dans le Paradis et qui m’aimaient, devinrent sauvages et se mirent à me craindre et à me fuir. De mauvaises pensées m’assaillirent ; le soleil et le vent me brûlèrent ; la pluie me trempa ; les maladies et toutes les souffrances de la terre me tourmentèrent. Mais j’ai tout enduré, et j’ai fermement espéré en Dieu. Vous aussi, accomplissez les travaux de la pénitence. Aimez les afflictions, desséchez vos corps, humiliez-vous et aimez vos ennemis, pour que l’Esprit Saint puisse établir en vous sa demeure, et alors vous connaîtrez et trouverez le Royaume des Cieux. Mais moi, ne me troublez pas : Maintenant mon amour pour Dieu m’a fait oublier la terre et tout ce qui s’y trouve. J’ai même oublié le Paradis perdu, car je vois la Gloire du Seigneur et la Gloire des Saints. Eux aussi, ils resplendissent de la lumière qui jaillit de la Face de Dieu, semblables au Seigneur lui-même.

– Ô Adam, chante-nous un chant céleste, Pour que toute la terre puisse l’entendre et jouir de la paix dans l’amour de Dieu. Nous voudrions entendre ces chants : ils sont doux, car ils sont chantés dans l’Esprit Saint.

Adam avait perdu le Paradis terrestre et le cherchait en pleurant : « Mon Paradis, mon Paradis, mon merveilleux Paradis » Mais le Seigneur, par son amour sur la Croix, lui ouvrit un autre Paradis, meilleur que le premier, un Paradis dans les cieux où resplendit la Lumière de la Sainte Trinité. Que donnerons-nous au Seigneur pour son Amour envers nous ?

– Saint Silouane de l’Athos, Les lamentations d’Adam.

 

Saints commémorés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Saint Taraise, patriarche de Constantinople (806) sainte Adeltrude, abbesse à Maubeuge (vers 696) ; saints néomartyrs de Russie : Alexandre (Vinogradov), prêtre Mstislav (Fokine), martyr (1938), Nicolas (Troïtzky), prêtre (1945)

 

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire

Ce jour nous faisons mémoire de l’Exil d’Adam, notre premier père, chassé du Paradis des délices. Avec Adam et Eve amèrement déchus, le genre humain pleure son Paradis perdu.

Nous célébrons la mémoire de saint Taraise. Ce brillant luminaire de l’Orthodoxie naquit à Constantinople d’une famille très en vue, dont les membres étaient honorés du titre de patriciens. Il reçut de son père, juge célèbre, le sens de l’intégrité et de la protection des faibles et des innocents, et il hérita de sa mère une grande piété. Au terme d’une éducation profane très complète, il fut élevé à la dignité de consul et devint premier secrétaire d’État (protasécretis), sous le règne d’Irène et de son fils Constantin VI (780). Brillant par ses talents politiques, il gardait néanmoins le souci de tout rapporter à Dieu.

En ce temps-là, le patriarche Paul IV (780-784), qui était revenu à l’Orthodoxie après avoir soutenu les briseurs d’images, découragé par la situation inextricable dans laquelle se trouvait l’Église byzantine, renonça à sa charge et se retira au monastère de Florus. À l’impératrice régente et à son fils qui étaient venus lui faire de violents reproches sur sa démission, il répondit qu’il ne lui était plus possible de lutter et leur recommanda Taraise, comme seul homme capable de restaurer la vraie foi et de ramener l’Église de Constantinople à la communion avec les autres patriarcats.

Troublé par cette proposition et alléguant sa condition de simple laïc, Taraise commença par refuser. Mais, sous la pression des souverains, du Sénat et de tout le peuple rassemblé devant le palais, il finit par se soumettre, à la condition toutefois que l’on convoque sans retard un grand Concile Œcuménique, pour mettre un terme à l’hérésie. Il fut consacré archevêque de Constantinople, le 25 décembre 784.

Dès qu’il fut placé sur le candélabre de l’Église, il n’eut pour seul soin que de l’éclairer par la lumière des saintes vertus : le jeûne, les longues veillées nocturnes consacrées à la prière et à la méditation de la Parole de Dieu, et les œuvres de charité évangélique. À l’imitation du Seigneur, il se considérait comme le serviteur de tous et ne souffrait pas qu’on lui rendît les services les plus ordinaires. Vêtu avec simplicité et humble dans tous ses actes, c’est en prêchant par l’exemple qu’il luttait contre le luxe insolent du clergé de cette époque. Il répandait les aumônes avec une telle prodigalité qu’il reçut le surnom de « nouveau Joseph ». Il fit construire des hospices et des hôtelleries, invitait les pauvres à sa table pour partager son frugal repas, et accordait une rente mensuelle à d’autres indigents, qu’il avait fait recenser sur un registre en papyrus. Pendant l’hiver, il allait lui-même, revêtu de ses ornements sacerdotaux, servir un copieux repas aux pauvres.

Par cet exemple de vie vertueuse et par son enseignement, il attira un grand nombre de ses disciples à renoncer au monde, et il fonda pour eux un vaste monastère, sur la rive gauche du Bosphore, à son embouchure dans la mer Noire, d’où sortirent un bon nombre d’évêques, comme saint Michel de Synnades [23 mai] et saint Théophylacte de Nicomédie [8 mars], qui devinrent les colonnes de l’Orthodoxie renaissante. Conformément à sa promesse, le patriarche fit convoquer par les souverains une grande assemblée d’évêques à Constantinople, dans l’église des Saints-Apôtres, en août 786. Mais les iconoclastes firent alors irruption dans l’église et en chassèrent les Pères. On réprima avec peine l’émeute, et le concile fut transféré à Nicée, où la première session s’ouvrit le 24 septembre 787. Saint Taraise présida les séances et dirigea avec prudence et autorité les débats qui aboutirent à la condamnation de l’hérésie et à la restauration du culte des saintes images.

Par la suite, le bon pasteur mit tous ses soins à ramener avec douceur les hérétiques dans le bercail de la sainte Église, sans les décourager par des mesures d’une trop grande sévérité, ce qui lui valut une certaine opposition de la part des rigoureux stoudites, saint Platon et son neveu saint Théodore [11 nov.]. Il travailla aussi à combattre la simonie dans l’ordination des prêtres, et n’hésita pas à s’exposer lui-même pour défendre le droit d’asile dans les églises. C’est ainsi qu’il protégea un magistrat poursuivi pour avoir dilapidé l’argent de l’État, qui était venu chercher asile à Sainte-Sophie en tenant le coin de l’autel, et qu’il frappa d’excommunication les soldats qui l’avaient arrêté de force.

Devenu seul empereur à sa majorité (790), Constantin VI prétendit se mettre au-dessus des lois de l’Église et répudia son épouse, Marie l’Arménienne, pour épouser une de ses servantes, Théodote. Le patriarche refusa de bénir ce mariage adultère et fit de sévères remontrances à l’empereur, en le menaçant d’anathème s’il persévérait dans son péché. L’empereur irrité fit alors enfermer Taraise, avec interdiction à quiconque de communiquer avec lui. Il contraignit son épouse légitime à prendre le voile et fit bénir ses nouvelles noces par un prêtre intrigant, Joseph, économe de la Grande Église. Mais le jugement de Dieu ne se fit pas attendre et, l’année suivante, Constantin VI, victime d’une conspiration, fut aveuglé et détrôné.

Saint Taraise, recouvrant sa liberté, excommunia alors le prêtre Joseph et put ainsi se réconcilier avec les stoudites qui s’étaient séparés de sa communion, en entraînant une grande partie du peuple dans le schisme. Gardant, comme Job, la constance, la paix de l’âme et le recueillement au sein de toutes ces tribulations, le saint patriarche continua dès lors d’exhorter le peuple à faire fructifier la foi restaurée par la pratique des commandements. L’Église ayant finalement retrouvée la paix à l’avènement de l’empereur Nicéphore Ier (802-811), et saint Taraise ayant accompli son œuvre, au terme d’un épiscopat de vingt-deux ans, il fut atteint d’une longue et douloureuse maladie, mais n’en continua pas moins de célébrer chaque jour la Divine Liturgie, appuyé sur un bâton. Lorsqu’il parvint au seuil de la mort, on put le voir mener un combat redoutable contre les démons qui cherchaient à l’accuser de crimes imaginaires. La conscience pure devant Dieu, il les repoussait de la main, car il ne pouvait plus parler. Et lorsqu’on commença à chanter dans l’église le verset : « Incline, Seigneur, Ton oreille et écoute-moi… » (Ps 85, 1), son âme bienheureuse se débarrassa de sa tunique de peau et monta rejoindre les demeures éternelles, accompagnée par les larmes de toute la ville (18 février 806). Il fut enterré le 25 février dans son monastère, et l’huile de la lampe qui brûlait devant son tombeau accomplit par la suite de nombreux miracles.

En 820, l’empereur Léon V l’Arménien, qui avait soutenu pendant sept ans les iconoclastes et avait persécuté férocement les orthodoxes, vit en songe saint Taraise, le visage sévère, qui ordonnait à un certain Michel de percer l’empereur de son épée. De fait, six jours après, Léon fut assassiné par Michel le Bègue qui s’empara du pouvoir (4 décembre 820). L’aspect physique de saint Taraise était, dit-on, fort semblable à celui de saint Grégoire le Théologien.

Texte préparé par Olivier Goulais

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