Homélie et note catéchétique de père André – Dimanche 26 juillet

Mt 9,27-35, 7e dimanche après Pentecôte
Ce récit tiré de l’Évangile selon Saint Matthieu nous raconte une guérison, puis l’expulsion d’un démon, deux actions opérées par le Sauveur et révélant, une fois de plus, sa toute puissance. Les deux aveugles suivent le Christ en chemin et Le supplient d’avoir pitié d’eux : le Sauveur répond et les guérit, non aussitôt ni à l’extérieur, mais une fois arrivés à la maison. Dans son commentaire sur ce passage, Saint Jean Chrysostome fait remarquer que le Christ voulait ainsi éviter que la nouvelle de cette guérison ne se propage pour de mauvaises raisons, pour empêcher une tentation de suivre le Christ non pour Lui-même ni par amour pour Lui, mais en raison de son pouvoir. De plus, le Christ demande à ceux qu’Il vient de guérir de rester discrets. Le Sauveur voulait ainsi montrer qu’Il agit uniquement par amour envers l’homme, ne visant que le bien des personnes, et non pour Se montrer ni, encore moins, par vanité, ce qui serait indigne de Dieu. Mais malgré cette demande de discrétion, la guérison est tellement forte que les aveugles guéris ne peuvent s’empêcher d’en propager la nouvelle, se faisant ainsi prédicateurs du Christ, simplement pour témoigner du bien qu’ils ont reçu de Dieu.
Cette guérison est un témoignage de la divinité du Christ et de sa puissance sur toute sorte de mal, qu’Il est venu combattre et chasser. Ainsi, de nouveau par amour, et aucunement pour montrer quelque chose, le Sauveur expulse un démon hors de la personne possédée que d’autres Lui amènent, et sa toute puissance, là encore, ne peut rester cachée. Cette deuxième guérison nous révèle en partie le combat que le Christ venu sur terre veut livrer contre Satan et les autres anges déchus, adversaires de Dieu, pour délivrer le genre humain de leur emprise. Ce combat atteindra son paroxysme sur la Croix et lors de la descente du Christ aux enfers.
La délivrance est proposée à toute l’humanité, et parmi les humains, les chrétiens, une fois baptisés, appartiennent au Christ : ils se se trouvent effectivement délivrés de l’influence du mal. Dans ce combat, le Christ est Vainqueur, comme Dieu ; ce combat dépasse notre nature humaine, puisqu’il se joue entre Dieu et les anges déchus, mais l’expulsion rapportée aujourd’hui nous montre que la nature humaine y est aussi impliquée. Le démon se sait vaincu par le Christ, mais à une personne humaine ignorante, il peut laisser croire l’inverse. L’être humain chrétien, lui, participe étroitement à ce combat depuis son baptême. Notre entrée dans l’Église en effet nous range fortement du côté du Christ Vainqueur, et depuis lors c’est le Christ qui lutte en nous contre tout ce qui subsiste encore de l’influence ancienne du démon. Par ce combat que mène tout chrétien contre toute sorte de mal, à commencer par notre vie intérieure et nos pensées, Dieu éprouve notre choix car il nous est possible, à chaque fois que nous le voulons, de nous ranger du côté du Christ Vainqueur. Dans les moments difficiles, n’hésitons donc pas à réactualiser instantanément notre engagement pris lors de notre baptême, par nous-mêmes et en notre nom par nos parrain et marraine. Notre réappropriation quotidienne de la grâce du baptême se fait par l’Esprit Saint, car sans cesse Il nous fait adhérer de nouveau au Christ. Encore nous faut-il Lui demander son aide : nous le faisons par notre prière et notre vie sacramentelle régulière et consciente, toujours à approfondir ; nous y sommes aidés aussi en reprenant régulièrement les épisodes évangéliques tels que l’expulsion lue aujourd’hui ; de même aussi l’intercession des saints, ainsi que l’exemple de leur combat, nous aideront dans cet engagement. Les saints ne sont pas des exceptions dans l’Église, c’est au contraire le fait de ne pas rechercher la sainteté qui n’est pas normal. Encouragés que nous sommes par ces récits de guérison, prenons au sérieux les actions de Dieu racontées dans les Évangiles, et qui se reproduisent tout au long de l’histoire de l’Église jusqu’à nos jours, même si c’est de manière moins spectaculaire. Car depuis sa fondation, l’Église introduit ses membres dans le Royaume de Dieu déjà inauguré et qui n’aura pas de fin, dans lequel nous sommes dès maintenant invités à témoigner des bienfaits de Dieu, pour glorifier sans cesse la victoire du Christ, ensemble avec son Père sans commencement et son Esprit très Saint, bon et vivifaint, maintenant et toujours et pour les siècles des siècles. Amen.

Note catéchétique : Parole de Dieu et consolation
D’après le passage tiré aujourd’hui de l’Épître aux Romains (15,1-7), la Parole de Dieu a été fixée par écrit pour -notre persévérance et notre consolation (15,4). Ces mots de Saint Paul peuvent être rapprochés d’autres expressions qui témoignent de l’inspiration des Écritures (par exemple : 2 Tim 3,16). Dans ce contexte des premiers temps de l’Église, les expressions Parole de Dieu ou Écriture Sainte se rapportaient à l’Ancien Testament, mais dans le temps de l’Église où nous sommes, nous pouvons les étendre aussi au Nouveau Testament, Évangiles, Épîtres et Apocalypse. Le caractère inspiré de l’Écriture Sainte, qu’il s’agisse de l’Ancien ou du Nouveau Testament, nous amène à nous poser la question de la manière dont nous comprenons ce qui est écrit, et sans doute pas toujours d’une manière strictement littérale. Certains éléments, comme par exemple la création de l’univers en six jours, telle que rapportée au tout début de la Genèse, sont difficiles à admettre tels quels, et ces récits bibliques n’ont pas pour vocation ni d’être confrontés aux découvertes géologiques sur l’origine du monde ou de l’homme, ni de donner une réponse scientifique ou rationnelle à ces questions. Mais cet exemple montre que le message est à recevoir sur un plan spirituel et symbolique, dans le sens où l’Écriture nous place en communion avec des réalités invisibles non moins fondamentales que ce que révèle la science. L’Écriture Sainte n’a pas pour objet de solutionner les questions de ce monde, ni scientifiques, ni sociales. Par exemple, l’apôtre Paul ne déclare pas qu’il faut abolir l’esclavage, qui existait à son époque, même s’il ne l’encourage pas. Mais il recommande aux personnes chrétiennnes confrontées à cette situation de se considérer comme libres, qu’il s’agisse d’un maître ou d’un esclave, car tous sont serviteurs du même Maître qui nous a affranchis du péché (voir Rom 6,18 ; Eph 6,5-9).
Dieu seul en effet peut conférer la vraie liberté et même un subalterne, dans ce monde, peut accepter sa situation en se déclarant libre du péché. Ainsi l’Écriture propose, plus profondément, une interprétation spirituelle de ce qui nous arrive, au sens où les situations décrites concernent avant tout la relation d’une personne, d’un peuple ou d’une communauté avec Dieu, reconnu comme Créateur et Fondateur. La Parole de Dieu nous procure ainsi une réelle consolation, dans le sens où elle est une fixation par écrit, à travers des écrivains humains, de leur expérience vécue de relation avec Dieu. Cette fixation a été faite progressivement, car l’œuvre de Dieu s’est inscrite et continue à s’inscrire dans l’histoire de l’humanité, et Dieu a inspiré aux auteurs des livres de la Bible, certains connus et d’autres anonymes, de fixer par écrit les actes et les paroles accomplis par Dieu tout au long de l’histoire. En ce sens, il nous est bon de fréquenter tous les livres de la Bible, dans une démarche de foi, c’est-à-dire de conscience du fait que l’Écriture, à travers toutes les époques, est un témoignage sûr de la relation de l’être humain avec Dieu.