Lectures du 1 janvier 2022

Lecture de l’épître du saint apôtre Paul aux Colossiens (pour la circoncision : Col II,8-12) :

Frères, prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ. Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Vous avez tout pleinement en lui, qui est le chef de toute domination et de toute autorité. Et c’est en lui que vous avez été circoncis d’une circoncision que la main n’a pas faite, mais de la circoncision de Christ, qui consiste dans le dépouillement du corps de la chair : ayant été ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu, qui l’a ressuscité des morts.

Смотрите, братия, чтобы кто не увлек вас философиею и пустым обольщением, по преданию человеческому, по стихиям мира, а не по Христу; ибо в Нем обитает вся полнота Божества телесно, и вы имеете полноту в Нем, Который есть глава всякого начальства и власти. В Нем вы и обрезаны обрезанием нерукотворенным, совлечением греховного тела плоти, обрезанием Христовым; быв погребены с Ним в крещении, в Нем вы и совоскресли верою в силу Бога, Который воскресил Его из мертвых.

***

Lecture de l’épître du saint apôtre Paul à Timothée (st Basile : Hb VII,26-VIII,2) :

Frères, il nous convenait, en effet, d’avoir un souverain sacrificateur comme lui, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux, qui n’a pas besoin, comme les souverains sacrificateurs, d’offrir chaque jour des sacrifices, d’abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple, -car ceci, il l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même. En effet, la loi établit souverains sacrificateurs des hommes sujets à la faiblesse ; mais la parole du serment qui a été fait après la loi établit le Fils, qui est parfait pour l’éternité. Le point capital de ce qui vient d’être dit, c’est que nous avons un tel souverain sacrificateur, qui s’est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux, comme ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme.

Таков и должен быть у нас Первосвященник: святой, непричастный злу, непорочный, отделенный от грешников и превознесенный выше небес, Который не имеет нужды ежедневно, как те первосвященники, приносить жертвы сперва за свои грехи, потом за грехи народа, ибо Он совершил это однажды, принеся в жертву Себя Самого. Ибо закон поставляет первосвященниками человеков, имеющих немощи; а слово клятвенное, после закона, поставило Сына, на веки совершенного. Главное же в том, о чем говорим, есть то: мы имеем такого Первосвященника, Который воссел одесную престола величия на небесах и есть священнодействователь святилища и скинии истинной, которую воздвиг Господь, а не человек.

***

Lecture de l’épître du saint apôtre Paul à Timothée (samedi après Nativité: I Tim 6,11-16).

***

Lecture de l’Évangile selon Saint Luc (Circoncision : Luc II, 20-21, 40-52) :

Après avoir vu Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche, les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, et qui était conforme à ce qui leur avait été annoncé. Le huitième jour, auquel l’enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, nom qu’avait indiqué l’ange avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère.
Or, l’enfant croissait et se fortifiait. Il était rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. Les parents de Jésus allaient chaque année à Jérusalem, à la fête de Pâque. Lorsqu’il fut âgé de douze ans, ils y montèrent, selon la coutume de la fête. Puis, quand les jours furent écoulés, et qu’ils s’en retournèrent, l’enfant Jésus resta à Jérusalem. Son père et sa mère ne s’en aperçurent pas. Croyant qu’il était avec leurs compagnons de voyage, ils firent une journée de chemin, et le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. Mais, ne l’ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour le chercher. Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Tous ceux qui l’entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses. Quand ses parents le virent, ils furent saisis d’étonnement, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous ? Voici, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse. » Il leur dit : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père ? » Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Puis il descendit avec eux pour aller à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait toutes ces choses dans son cœur. Et Jésus croissait en sagesse, en stature, et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.

И возвратились пастухи, славя и хваля Бога за всё то́, что слышали и видели, ка́к им сказано было. По прошествии восьми дней, когда надлежало обрезать Младенца, дали Ему имя Иисус, нареченное Ангелом прежде зачатия Его во чреве. Младенец же возрастал и укреплялся духом, исполняясь премудрости, и благодать Божия была на Нем. Каждый год родители Его ходили в Иерусалим на праздник Пасхи. И когда Он был двенадцати лет, пришли они также по обычаю в Иерусалим на праздник. Когда же, по окончании дней праздника, возвращались, остался Отрок Иисус в Иерусалиме; и не заметили того Иосиф и Матерь Его, но думали, что Он идет с другими. Пройдя же дневной путь, стали искать Его между родственниками и знакомыми и, не найдя Его, возвратились в Иерусалим, ища Его. Через три дня нашли Его в храме, сидящего посреди учителей, слушающего их и спрашивающего их; все слушавшие Его дивились разуму и ответам Его. И, увидев Его, удивились; и Матерь Его сказала Ему: Чадо! что́ Ты сделал с нами? Вот, отец Твой и Я с великою скорбью искали Тебя. Он сказал им: зачем было вам искать Меня? или вы не знали, что Мне должно быть в том, что́ принадлежит Отцу Моему? Но они не поняли сказанных Им слов. И Он пошел с ними и пришел в Назарет; и был в повиновении у них. И Матерь Его сохраняла все слова сии в сердце Своем. Иисус же преуспевал в премудрости и возрасте и в любви у Бога и человеков.

***

Lecture de l’Évangile selon Saint Luc (st Basile : Lc VI,17-23) :

En ce temps-là, Jésus descendit avec eux, et s’arrêta sur un plateau, où se trouvaient une foule de ses disciples et une multitude du peuple de toute la Judée, de Jérusalem, et de la contrée maritime de Tyr et de Sidon. Ils étaient venus pour l’entendre, et pour être guéris de leurs maladies. Ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous. Alors Jésus, levant les yeux sur ses disciples, dit :
« Heureux vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous !
Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés !
Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie !
Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu’on vous chassera, vous outragera, et qu’on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme !
Réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillez d’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel ; car c’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes. »

И, сойдя с ними, стал Он на ровном месте, и множество учеников Его, и много народа из всей Иудеи и Иерусалима и приморских мест Тирских и Сидонских, которые пришли послушать Его и исцелиться от болезней своих, также и страждущие от нечистых духов; и исцелялись. И весь народ искал прикасаться к Нему, потому что от Него исходила сила и исцеляла всех. И Он, возведя очи Свои на учеников Своих, говорил: Блаженны нищие духом, ибо ваше есть Царствие Божие. Блаженны алчущие ныне, ибо насытитесь. Блаженны плачущие ныне, ибо воссмеетесь. Блаженны вы, когда возненавидят вас люди и когда отлучат вас, и будут поносить, и пронесут имя ваше, как бесчестное, за Сына Человеческого. Возрадуйтесь в тот день и возвеселитесь, ибо велика вам награда на небесах. Так поступали с пророками отцы их.

***

Lecture de l’Evangile selon saint Matthieu (samedi après Nativité: Mt 12,15-21).

***

Synaxaire du 1 janvier

Circoncision selon la chair de Notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ.
Saint Basile le Grand, archevêque de Césarée en Cappadoce (379) ; saint Grégoire, évêque de Nazianze, père de saint Grégoire le Théologien (374) ; saint Basile, évêque d’Aix-en-Provence (vers 475) ; saint Félix, évêque de Bourges (580) ; saint Oyend, abbé du monastère de Condat dans le Jura (vers 510) ; saint Fulgence, évêque de Ruspe en Tunisie (533) ; saint Clair, abbé de Vienne (vers 660) ; saint Maelrhys, moine dans l’île de Bardsey (VI°) ; saint Pierre du Péloponnèse, néo-martyr grec (1776).

Le 1er janvier, mémoire de notre Saint Père BASILE le GRAND, Archevêque de Césarée en Cappadoce.

Notre Saint Père Basile le Grand vit le jour en 329, à Césarée de Cappadoce, au sein d’une famille riche et distinguée, dont le plus grand titre de gloire est d’avoir orné la robe de l’Eglise d’une série de Saints, comme d’autant de joyaux. Un de ses aïeux maternels avait gagné la palme du Martyre, ses grands-parents paternels avaient confessé le Christ pendant la persécution de Maximin (305) et s’étaient réfugiés dans les montagnes du Pont, où ils vécurent pendant sept ans, nourris miraculeusement par les bêtes sauvages. Ses parents, Saint Basile l’Ancien et Sainte Emmélie se rendirent célèbres par leurs vertus, leur sollicitude envers les pauvres et pour avoir guidé leurs dix enfants sur le chemin de la Sainteté. Sa soeur, Sainte Macrine la Philosophe (mémoire le 19 juillet), véritable chef spirituel de la famille, encouragea vers la vie monastique sa mère et ses frères: Saint Naucrace, Saint Grégoire, futur évêque de Nysse (mémoire le 10 janvier), et Saint Pierre, futur évêque de Sébaste.

Saint Basile passa son enfance à Néocésarée dans le Pont, recevant les semences de la Foi Orthodoxe de sa mère et de sa grand-mère, Sainte Macrine l’Ancienne, disciple de Saint Grégoire le Thaumaturge (mémoire le 17 novembre). Sous la direction de son père, célèbre maître de rhétorique, il progressa rapidement dans la connaissance des lettres profanes, qu’il avait soin d’associer à l’avancement dans la vertu. Après la mort de celui-ci, il poursuivit ses études, en quête des meilleurs maîtres, dans les plus grands centres de la culture d’alors: Césarée de Palestine, Constantinople et finalement Athènes, l’antique capitale de la science et de l’éloquence, où sa réputation l’avait précédé, par l’entremise de Grégoire (le Théologien), avec lequel il avait fait connaissance en Cappadoce. Leur amitié, d’abord commune et humaine, devint toute sainte et spirituelle quand ils découvrirent qu’ils n’avaient tous deux pour but unique que Dieu et l’acquisition des biens célestes. Étroitement unis par le lien de la charité, toutes choses leurs étaient communes: le logis, la table frugale, la répugnance pour les dissipations des jeunes gens de leur âge, la soif insatiable de science et de sagesse, l’audace dans les hautes spéculations de l’intelligence, l’amour de l’éloquence et, surtout, une sainte émulation dans la course vers la perfection de la vertu; si bien qu’on eût cru qu’ils n’avaient qu’une âme en deux corps, malgré leurs caractères très différents. Basile, le cœur ferme, l’intelligence vigoureuse et décidée, s’intéressait à toutes les sciences, excellait en toutes: aussi bien dans la philosophie, la grammaire, la logique, la rhétorique, que dans les mathématiques, l’astronomie, et même dans les arts pratiques comme la médecine. Là où la prédication de Saint Paul avait été dédaigneusement rejetée par les sophistes orgueilleux, Basile et Grégoire faisaient triompher la folie de la Croix, en employant les armes mêmes de la sagesse profane. Basile acquit ainsi un tel prestige qu’une fois ses études achevées, ses condisciples voulurent le garder comme maître; mais, avide de voler vers de nouveaux horizons, il quitta la ville et avec elle la culture hellénique, en leur laissant pour quelque temps Grégoire, comme un otage.

De retour dans sa patrie (356), il découvrit que sa mère Emmélie et sa sœur Macrine avaient transformé leur demeure familiale d’Annésis en couvent et que ses frères menaient eux aussi la vie monastique à proximité avec des hommes. Les exhortations enflammées de Macrine, l’exemple des ascètes installés depuis peu en Cappadoce sous l’influence d’Eustathe de Sébaste et surtout une méditation approfondie de l’Évangile lui firent réaliser combien vaine avait été jusque là sa course après la sagesse de ce monde. Il abandonna sa carrière prometteuse de rhéteur, se fit baptiser 4 et décida de chercher un père spirituel pour le conduire sur la voie de l’ascétisme. N’en ayant pas trouvé dans son pays, il entreprit un grand voyage vers les centres prestigieux de la vraie philosophie: l’Egypte, la Palestine, la Syrie et jusqu’à la Mésopotamie, où il put admirer les exploits ascétiques et les vertus divines des citoyens du ciel qui s’y illustraient. Semblable à une abeille industrieuse, il récoltait chez les uns et les autres le meilleur de ce qu’il pouvait trouver et acquit ainsi en peu de temps une connaissance approfondie dans l’art de l’ascèse. Il lui restait cependant à la mettre en application dans un endroit propice, suffisamment retiré du monde et silencieux pour y vaquer à l’oeuvre de Dieu sans distraction. Ce lieu, il le trouva dans une vallée désertique, séparée du monastère familial d’Annsis par le cours de l’Iris, véritable paradis terrestre, selon son jugement, où il put attirer Grégoire et mener pendant quelque temps en sa compagnie la vie d’ascèse, de travail manuel, de méditation de l’Ecriture Sainte et de prière, dont ils rêvaient depuis Athènes. S’étant dépouillé de tous ses biens pour se faire pauvre, comme notre Seigneur s’est dépouillé de Sa gloire pour nous enrichir de Sa divinité, Basile ne gardait que le strict nécessaire pour couvrir son corps et survivre jusqu’au lendemain; son seul trésor était la Croix qu’il embrassait dans toute sa conduite: par l’ascèse, en vivant comme déchargé de la chair, et par la patience dans la maladie qu’il aura comme compagne jusqu’à sa mort. Resté seul au bout d’une année, Basile n’en rayonnait pas moins dans toute la région par sa science et sa vertu, et nombreux étaient ceux qui venaient lui rendre visite: moines, laïcs, et même les enfants, envers lesquels il montra toujours une tendre affection. Comme un nombre croissant de ses visiteurs décidaient d’embrasser eux aussi cette vie semblable aux Anges, il commença pour eux la rédaction de ses fameuses Règles, considérées comme la véritable charte de fondation du monachisme, tant en Orient qu’en Occident. Malgré son jeune âge, il légiférait avec l’autorité d’un vieillard blanchi par de longues années de travaux ascétiques, et montrait la connaissance approfondie de l’âme humaine que Dieu lui avait accordée au cours des jours et des nuits qu’il consacrait à la contemplation. Corrigeant les excentricités ascétiques des disciples d’Eustathe de Sébaste, il insiste sur la vie communautaire menée sous la direction d’un seul père, image vivante du Christ, sur l’exigence du dépouillement complet de tous biens et de toute volonté propre, sur la charité et le respect des uns envers les autres, sur l’application des commandements de l’Evangile avec crainte de Dieu et Foi Orthodoxe.

Rappelé à Césarée en 360, il est ordonné Diacre par son Evêque, Dianos, et assiste au concile de Constantinople, au cours duquel il put mesurer avec douleur combien l’Eglise du Christ était déchirée par les luttes interminables entre ariens, semi-ariens (omoioussiens) et Orthodoxes. Le faible Dianos s’étant laissé entraîner à signer le formulaire favorable aux hérétiques, Basile rompit quelque temps la communion avec lui et regagna sa solitude, rejoint par Saint Grégoire en fuite après son ordination forcée. En 363, il est ordonné Prêtre par le nouvel Evêque de Césarée, Eusèbe, mais, un différend ayant bientôt été suscité entre eux par des envieux, Basile gagna derechef son ermitage afin de préserver la paix. Pendant ce séjour, il poursuivit l’organisation des moines de Cappadoce en communautés cénobitiques, régla leur mode de vie, leurs Offices Liturgiques, leurs relations mutuelles et avec le monde. Partisan résolu de la vie communautaire, Saint Basile n’en abandonnait pas pour autant son amour pour la vie solitaire. Non loin de chaque monastère, il avait soin de fonder des cellules pour des ermites, de sorte que les solitaires ne fussent pas privés de la sécurité que donne la compagnie des hommes et que ceux qui étaient consacrés à la vie pratique reçoivent exemple et émulation de ceux qui persévèrent dans le silence et la prière sans distraction.

Devant la menace provoquée par l’avènement du farouche empereur arien Valens (365), Basile se résolut à quitter de nouveau sa famille monastique pour prendre cette fois une part active au combat pour la Vérité. Après s’être réconcilié avec Eusèbe, il fut chargé de l’instruction du peuple de Césarée. Avec une admirable éloquence il leur enseignait à admirer la sagesse de Dieu dans la création (homélies sur l’Hexaéméron) et leur inspirait l’amour de la véritable beauté que l’âme obtient par la pratique des vertus et la méditation de la Sainte Ecriture (homélies sur les Psaumes). Pendant la terrible famine qui accabla la ville en 367, il fit preuve d’une admirable charité: distribuant les derniers biens qui lui restaient, faisant ouvrir les greniers des riches et des accapareurs par la force irrésistible de son éloquence (homélies sur les richesses), se dépensant sans compter pour organiser les distributions de vivres et mettant ses connaissances médicales au service des malades. Des milliers de personnes furent ainsi sauvées de la mort et lui gardèrent une si grande reconnaissance que son élection sur le siège de Césarée, difficilement acquise à cause des intrigants et des hérétiques, fut saluée avec enthousiasme par les fidèles (370).

Dès son installation, le nouveau Métropolite se prépara au combat en affermissant la foi et en réglant la discipline de son Clergé et de ses évêques suffragants. Voyant que la Métropole de Césarée s’élevait, seule avec celle d’Alexandrie, comme une tour fortifiée contre ses entreprises, Valens décida de s’y rendre en personne et envoya devant lui le préfet Modeste pour soumettre l’intrépide évêque. Après avoir vainement essayé d’attirer Basile par des promesses et des paroles flatteuses, le préfet le menaça de confiscation de ses biens, d’exil, de tortures de toutes sortes et de la mort. «Cherche d’autres menaces à me faire, répondit le Saint d’un ton assuré, car il n’y a rien là qui m’atteigne. En vérité, un homme qui n’a rien ne craint point la confiscation, à moins que tu ne tiennes à ces méchants haillons que voilà et à quelques livres: ce sont là tous les biens que je possède. Quant à l’exil, je n’en connais point, puisque je ne suis attaché à aucun lieu; celui que j’habite n’est pas à moi et je me regarde comme chez moi dans quelque lieu qu’on me relègue; ou plutôt, je regarde toute la terre comme étant à Dieu et je me considère comme étranger quelque part que je sois. Pour les supplices, où les appliqueras-tu? je n’ai pas un corps capable d’en supporter ( … ) Quant à la mort, je la recevrai comme une faveur, car elle me conduira plus tôt vers Dieu pour qui je vis, pour qui j’agis, pour qui je suis plus qu’à demi-mort et vers qui je soupire depuis longtemps». Stupéfait et désarmé, le préfet confessa qu’il n’avait jamais entendu de telles paroles; -«c’est que tu n’as jamais eu affaire à un évêque», reprit Basile. Guéri ensuite d’une maladie par la prière du Saint, Modeste devint son ami et son admirateur empressé.

Une autre fois, comme les ariens menaçaient de s’emparer de l’Eglise de Nicée, Saint Basile, tel un nouvel Elie (voir I Rois 18:20-40), suggéra que l’un et l’autre parti élèvent successivement leurs prières devant les portes fermées de l’église. Les supplications des hérétiques restèrent sans effet, mais dès que le Saint éleva les mains pour s’adresser à Dieu, toute l’église trembla sur ses bases et les portes s’ouvrirent d’elles-mêmes aux cris d’allégresse des fidèles (ce miracle est commémoré le 19 janvier). De tels signes de Dieu se produisirent directement envers la famille du souverain, sa fille ayant été frappée de mort subite après qu’il eût signé une déclaration hérétique, et même sur sa personne. Entrant un jour dans l’église de Césarée, lors de la célébration de la Théophanie, Valens fut tellement impressionné ,par la beauté des chants, le bon ordre de la foule et surtout par l’allure majestueuse de Saint Basile, debout devant l’Autel, tel le Grand-Prêtre de notre Salut, Jésus, qu’il vint malgré lui porter son offrande avec les fidèles. Un peu après, comme on lui présentait l’ordre de bannissement de l’évêque, sa plume se brisa à trois reprises. Effrayé par tous ses signes de la faveur de Dieu, il cessa d’inquiéter le Saint, mais n’en renonçant pas, néanmoins, à sa politique, fi fit diviser la Cappadoce en deux Métropoles ecclésiastiques, pensant ainsi réduire l’influence de l’Evêque de Césarée. Basile réagit aussitôt en créant de nouveaux Évêchés, sur les sièges desquels il plaça des hommes sûrs (son frère Grégoire à Nysse, Grégoire le Théologien à Sasimes … ). Il fit aussi des appels répétés à la charité des évêques d’Occident, alors solidement établis dans la paix et la Foi Orthodoxe, en leur demandant d’envoyer une délégation en Orient en vue d’un grand Concile Orthodoxe, mais il ne trouva chez eux qu’un froid soutien. Les Occidentaux soutenaient en effet Paulin, rival de Saint Mélèce (voir 12 février) sur le siège d’Antioche, occasionnant ainsi de nouveaux déchirements à l’intérieur de l’Eglise, déjà assaillie de toutes parts à l’extérieur par les hérétiques.

 

Sur le plan doctrinal, ayant déjà réfuté les ariens extrémistes (Traité contre Eunome, en 364), Saint Basile s’attaqua alors aux semi-ariens (omoioussiens) qui, malgré leur apparente proximité avec les Orthodoxes, n’en troublaient que davantage la situation par d’inextricables querelles de personnes. Contre les adversaires de la divinité du Saint-Esprit (pneumatomaques ou macédoniens), il fut le premier des Pères Orthodoxes à oser déclarer clairement que le Saint-Esprit est pleinement Dieu, de même nature que le Père et le Fils. Inspiré lui-même par ]’Esprit de Dieu, communiant par la Grâce au Mystère de l’Union ineffable des trois Personnes de la Sainte Trinité, Saint Basile savait discerner le moment favorable et la manière d’exposer avec une clarté et une précision incomparables les notions fondamentales de la Théologie Orthodoxe (essence, hypostase), sans jamais les isoler du Mystère de notre Salut et de la déification de l’homme. Critère de vérité, il exerçait son autorité bien au-delà des limites de son diocèse. Tel un aigle qui s’élève vers les hauteurs, il surveillait tout, protégeait toutes les églises en détresse en les couvrant de ses ailes. Il fit pour cela de nombreux voyages et, quand il en était empêché par ses fréquentes maladies, il indiquait la voie à suivre dans une importante correspondance, qui reste un des trésors de la littérature patristique. Ce prestige sans cesse grandissant lui valut, à la mort de Saint Athanase d’Alexandrie (373), ce défenseur infatigable de la Foi de Nicée, d’être considéré comme le phare de l’Orthodoxie et le porte-parole le plus autorisé de la Vérité.

En dépit de cette activité, Saint Basile n’en restait pas moins le pasteur attentif de son troupeau spirituel et le père compatissant pour chacun de ses fidèles. Sa sollicitude à l’égard des pauvres ne connaissait pas de bornes et, poursuivant l’oeuvre entreprise quand il était Prêtre, il fit construire un peu en dehors de Césarée un immense établissement de bienfaisance, la «cité de la charité», appelée par la suite Basiliade, qui regroupait autour d’une église: hospices, hôpitaux, léproserie, école etc.. Chaque fois qu’il le pouvait, le Saint s’y rendait, n’hésitant pas à soigner lui-même les malades les plus repoussants ou à embrasser les lépreux. D’après le témoignage de Saint Ephrem (voir au 28 janvier), quand Saint Basile prêchait, une colombe blanche et lumineuse lui murmurait à l’oreille ses sublimes paroles, et quand il offrait le Saint Sacrifice, il devenait semblable à une colonne de feu montant de la terre au ciel. L’Eglise Orthodoxe continue jusqu’à nos jours de célébrer la Liturgie qu’il rédigea et d’utiliser ses prières à la haute inspiration théologique. Il encouragea également le développement des fêtes des Martyrs et le Culte des Saintes Reliques.

Docteur universel, lumière de la Foi Orthodoxe, père des moines, nourricier des pauvres, providence de tous ceux qui espèrent en Dieu, Saint Basile fut le modèle parfait de l’Evêque, l’image vivante du Christ qui, par lui, se faisait tout pour tous, parlant par ses paroles et répandant par ses actions les trésors de Son amour pour les hommes. Pourtant, en tant qu’homme, il ne connaissait qu’échecs, calomnies et afflictions de toutes sortes; malgré ses efforts, les divisions persistaient à tel point que tout autre que lui aurait pu désespérer de voir se rétablir un jour la paix. Ce n’est qu’une année avant sa mort que, Valens ayant succombé lors d’une campagne contre les Goths (378), le pieux Théodose lui succéda sur le trône et commença sans retard à chasser les ariens et à rétablir les évêques orthodoxes sur leurs sièges. Mais, le corps épuisé par la maladie et les austérités, le Saint remit son âme à Dieu avant de voir le couronnement de ses travaux, lors du Second Concile Œcuménique à Constantinople (38 1). Ses funérailles, célébrées le ler janvier 379, furent son triomphe. On eut dit qu’on s’y rassemblait pour le Second Avènement du Christ, et plusieurs miracles s’y accomplirent. Conformément au nom qu’il avait reçu, Saint Basile occupe maintenant une place «royale» dans la cour des Saints Pères, toute proche du Trône du Roi céleste.