Chers Frères et Sœurs,

Selon la tradition de notre sainte Église, la Divine Liturgie est célébrée deux fois pour Pâques : le Grand Samedi en fin de journée après Vêpres (souvent anticipée en fin de matinée), puis le Dimanche de Pâques après Matines (souvent avancée dans la nuit du samedi au dimanche). Mais ces deux célébrations sont une seule et même solennité pascale. Déjà les Vêpres annoncent la fin du règne de l’enfer et le triomphe du Christ. Toute cette célébration du Samedi soir est déjà pascale, et aussi baptismale : parmi les 15 lectures tirées de l’Ancien Testament, certaines proclament déjà la Résurrection, d’autres concernent plutôt le baptême, et d’autres encore associent ces deux réalités inséparables. Ainsi par exemple, une des lectures est tirée de l’Exode, elle raconte le passage de la Mer Rouge par le peuple hébreu qui échappe miraculeusement à la poursuite du Pharaon persécuteur. Ce passage à travers l’eau est une image du baptême, il préfigure aussi le passage des chrétiens, nouvel Israël, « de la mort à la vie et de la terre au ciel », comme cela est chanté dans les Matines. Le mot Pâques signifie passage, c’est notre transformation en personnes glorifiées par la participation à la Résurrection du Christ. D’autres lectures, comme par exemple la prophétie de Jonas, vont dans le même sens, et dans ce cas précis, le Christ interprète le séjour de Jonas dans le monstre marin comme annonçant sa propre Sépulture (v. Mt 12,40).

Dans les Matines pascales, plusieurs thèmes se croisent en des accents plus triomphants : les visites des femmes, puis des disciples, au Tombeau vide, pour constater le fait de la Résurrection et y croire peu à peu, les apparitions du Ressuscité à plusieurs groupes de personnes, et aussi la principale conséquence de l’événement pour la nature humaine, à savoir: notre salut. Les hymnes proclamées utilisent un grand nombre d’images tirées de l’Écriture et d’homélies pascales des Pères. Identifier ces expressions au fur et à mesure de leur défilement rapide permet à chaque chrétien d’approfondir cette certitude de la Résurrection universelle, rendue possible par celle du Christ.

La courte homélie catéchétique de Saint Jean Chrysostome pour Pâques nous assure que depuis la Résurrection du Christ, la fin de notre vie terrestre n’est plus la mort sans retour, mais un sommeil provisoire, dans l’attente de la Résurrection finale, laquelle inaugure le Royaume de Dieu sans fin. Ce triomphe pascal nous y fait déjà participer : à nous d’accepter cette réalité, de mettre toujours plus notre vie en conformité avec ce Royaume, et pour cela d’admettre, dans tous les aspects concrets de notre vie, et quelles qu’en soient les conditions, que le Christ est vraiment ressuscité !

A notre tour gardons en nous-mêmes ce triomphe et rendons grâces au Christ Vainqueur de nous avoir ouvert l’accès au ciel.

Bien fraternellement à vous tous,

+André Lossky.

PS: Cette semaine, du lundi au samedi, la Liturgie de l’Eglise reprend l’office pascal, sauf quelques petites différences. Sans continuer à vous envoyer un message chaque jour, je vous laisse découvrir et approfondir ces richesses par vous-mêmes, chacune et chacun à son rythme et avec ses propres moyens, mais vous pouvez m’adresser des questions si vous en avez, et j’y répondrai dès que possible.