Message de Père André – Dimanche du Paralytique

Dimanche du Paralytique

Après plusieurs manifestations ou apparitions du Ressuscité, commémorées en temps pascal, la liturgie de l’Église nous offre en ce 4e dimanche de Pâques un récit de guérison d’un paralytique. Il est possible que ce choix soit lié à l’épisode proposé pour ce même jour comme lecture des Actes des Apôtres, rapportant aussi une guérison, puis la ressuscitation d’une fidèle nommée Tabitha. Ces actions merveilleuses, voire spectaculaires, provoquent la conversion de beaucoup de personnes au Seigneur. Elles sont à considérer comme des conséquences de la Résurrection du Sauveur. Et lorsque le Christ opère une guérison, c’est une participation à sa Résurrection, à laquelle Il appelle toute personne humaine.

« Veux-tu guérir ? », demande le Sauveur au paralytique (Jean 5,6), gisant depuis 38 ans, un délai que les Pères anciens interprètent comme exprimant sa grande persévérance. Tandis que le paralytique ne demandait rien, c’est le Sauveur qui vient l’aborder, prenant en quelque sorte les devants, et lui propose une guérison allant bien au-delà de ce à quoi s’attendait le paralytique. Son état de résignation, paralysant aussi son âme, le rend incapable même de formuler une demande. Et le paralytique répond : « Je n’ai pas d’homme pour me jeter dans la piscine » (5,7). D’après certaines hymnes liturgiques chantées ce jour, commentant l’épisode de cette guérison, cette expression vise l’Incarnation. Le paralytique ne sait pas encore, à ce moment, que Celui qui S’approche de lui est Dieu devenu homme. Ainsi, un stichère chanté le samedi soir fait dire au Sauveur : « Pour toi Je Me suis incarné, pour toi Je Me suis revêtu de la chair, et tu dis ‘je n’ai pas d’homme’? Prends ton grabat, je t’ordonne de marcher! ».

Le Sauveur intervient et délivre le paralytique de son mal, par la seule puissance de sa parole « Lève-toi » (5,8), et lorsque plus tard Il le revoit, guéri, dans le Temple, Il lui déclare « Ne pèche plus » (5,14), des mots aussi puissants que ceux ayant provoqué la guérison. Ces mots nous sont adressés aussi maintenant par le Sauveur, et il nous appartient de les prendre au sérieux, car les effets de notre baptême sont toujours là, en nous, prêts à se manifester dès l’instant que nous le demandons au Seigneur. Il nous appartient d’actualiser cette parole « Ne pèche plus », non par nos propres forces humaines, mais avant tout par la prière. Notre actuel empêchement de nous rendre à l’église ne doit pas nous servir de prétexte pour ne pas nous tourner vers Dieu, mais il nous convient au contraire de faire de ces circonstances une occasion de Lui demander instamment de nous transformer, de faire grandir en nous la certitude de la puissance de cette parole « Ne pèche plus », qui peut agir ici et maintenant, car même paralysés, nous sommes appelés à être avec Dieu en une communion que rien ne saurait empêcher. Telle est en effet la vocation donnée à l’être humain par Dieu, son Créateur : qu’il soit guéri et uni à Dieu, pour apprendre peu à peu à Le remercier et parvenir à Le glorifier, en toute circonstance, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

Le Christ est ressuscité ! En vérité Il est ressuscité !

Fréquenter la Parole de Dieu

En cette période entre Pâques et Pentecôte, rappelons-le, le calendrier liturgique nous propose une lecture à peu près suivie, lors de la Divine Liturgie, des Actes des Apôtres et de l’Évangile selon Saint Jean. À peu près, car d’une part certains versets ou passages de ces deux livres du Nouveau Testament sont omis, et d’autre part, des épisodes en sont choisis et réservés pour les dimanches ; parfois ce choix ne suit pas l’ordre du texte biblique. Par exemple, on lit le récit de la guérison du Paralytique (Jean 5), puis ce sera l’entretien du Christ avec la Samaritaine (Jean 4). Cette sorte d’inversion est historiquement explicable, mais elle montre surtout que la tradition liturgique nous apporte une richesse bien plus grande que ce que procurerait, même si c’est aussi utile, un atelier de découverte de l’Évangile ou de la Bible. Les livres liturgiques choisissent des passages bibliques et en proposent aussi une interprétation, très inspirée des Pères de l’Église, ce qui peut nous aider aujourd’hui à mieux assimiler le message évangélique, et aussi à découvrir, par nous-mêmes, le reste de la Bible. L’important est d’arriver à lire la Bible non comme un livre intéressant, mais surtout comme la Parole de Dieu, avec la conscience qu’à travers les mots écrits et les épisodes racontés, c’est Dieu qui s’adresse au coeur de chaque chrétien de tous les temps.

Le découragement est une tentation, surtout en ce moment, comme du reste de tout temps, car nous avons souvent l’impression que Dieu est loin de nous. Mais Dieu a éloigné de nous nos péchés (Ps 102,12), une fois pour toutes, en S’incarnant, mourrant et resssucitant (par exemple selon Hb 9,28) : cette action divine est toujours valable ! Quand le Ressuscité est apparu à Sainte Marie Madeleine, elle voulut d’abord se jeter à ses pieds, mais Jésus lui dit : « Ne Me touche pas » (Jean 20,17), ou encore « Ne Me retiens pas ». On interprète souvent, et à juste titre, cette parole du Sauveur non comme une distance, mais comme inauguration d’un changement de relation de l’être humain croyant avec Dieu, son Sauveur. Après une proximité corporelle qui fut celle des apôtres et autres contemporains de Jésus lors de son Incarnation, notre relation avec Dieu change : par notre prière, et aussi par notre fréquentation des Écritures, nous demandons concrètement à Dieu d’actualiser sa présence parmi nous et en nous. Devant notre bonne volonté, exprimée à la fois par la prière, et aussi par notre effort de mieux Le connaître en lisant l’Écriture, Dieu ne manque pas d’accorder sa miséricorde à chaque instant, pourvu que nous cherchions à Lui être agréables en observant ses commandements.

Saint Isaac le Syrien, un spirituel du 7e siècle, exprime un lien profond entre prière et lecture. S’agissant de l’Écriture Sainte, il déclare en effet : « L’âme est aidée par la lecture quand elle se met à prier, et elle est illuminée par la prière quand elle lit » (Discours 23, § 16). Selon lui, pour comprendre le sens de l’Écriture, il est bon de recourir à la prière, autrement dit d’en demander à Dieu l’explication. Et inversement, une lecture plus assidue de l’Écriture Sainte nous incite à renforcer notre prière ; elle nous aide à mieux connaître Dieu, donc à dévouvrir comment Dieu Se révèle à travers les âges à l’être humain, voulant nous sauver. Plus nous réalisons à quel point Dieu veut nous sauver coûte que coûte, plus aussi nous allons L’aimer, et par conséquent rechercher davantage dans l’Écriture comment Dieu sauve l’être humain.

Dans notre situation actuelle, faisons donc le maximum de notre possible, en attendant que soient rétablies des conditions plus habituelles : nous y serons d’autant plus préparés que nous profiterons de cet intervalle, quelle qu’en soit la durée, pour découvrir l’Écriture, moins dans une démarche de renseignement culturel ou historique, que surtout dans le but de mieux connaître Dieu et L’aimer de plus en plus, car c’est ce que Dieu attend de l’être humain, sa créature. L’actuel intervalle qui nous sépare d’un retour à des conditions dites normales, selon les critères du monde, n’est autre chose qu’une image, ou mieux une prise de conscience, de l’intervalle historique entre Pâques et la Parousie.

Bonne lecture de la Bible, et bonne découverte, à travers cette lecture, à quel point Dieu nous aime, et bonne suite du temps pascal, en cette période où contrairement à toutes les apparences, le Christ ressuscité nous est proche !

Les lectures de ce dimanche :  http://toulouse-orthodoxe.com/dimanche-10-mai-du-paralytique/