Message de Père André – la parabole du riche insensé

Pour le 9e dimanche de S. Luc (12,16-21) : la parabole du riche insensé

Dieu dit à cet homme enrichi : « Insensé », car l’homme a thésaurisé du bien pour lui-même, au lieu de s’enrichir pour Dieu (16,21). Cette parole du Sauveur, concluant la parabole, concerne moins une distinction entre une bonne et une mauvaise richesse, que plutôt notre manière de nous comporter vis-à-vis de ce qu’il nous est donné de posséder, de toutes les sortes de biens qui sont mis par Dieu à notre disposition.

Les richesses de ce monde peuvent être matérielles, mais cette parabole vise aussi tout ce que nous pouvons posséder ou acquérir dans ce monde, comme par exemple la sagesse, l’intelligence ou encore une ingéniosité à résoudre des problèmes concrets. Tout cela peut nous être donné, non par nos propres efforts, même si nous avons beaucoup œuvré, mais par Dieu, car ces biens, quels qu’ils soient, peuvent servir à la gloire de Dieu, être partagés et à travers notre corps, dans le meilleur des cas, enrichir aussi notre âme.
Cet homme s’adresse à son âme, après s’être enrichi pour lui-même, préoccupé de biens qui ne concernent que le corps, tandis que seul Dieu peut combler notre âme.
Toutes nos richesses, quelles qu’elles soient, nous sont accordées par Dieu, confiées à nous non pour une satisfaction personnelle ni un repli sur soi, mais comme instruments pour servir la gloire de Dieu et pour aider notre entourage, et l’humanité entière, à progresser vers le Royaume à venir.
Saint Jean Chrysostome insiste beaucoup, dans plusieurs de ses homélies, sur le partage de nos richesses avec les pauvres. Son propos concerne moins un souci de lutte contre une inégalité terrestre, que d’abord notre charité envers le prochain. Mais surtout, notre partage exprime aussi notre conscience de notre précarité sur cette terre, par rapport à la plus grande importance des biens à venir, du Royaume des Cieux dont l’attente comble notre âme, bien plus que toute possession terrestre (voir par exemple la fin de son Homélie 12 sur Mt).
Nous n’avons en effet aucun pouvoir sur le moment où notre âme nous sera enlevée, pour rencontrer Dieu, et ce moment peut survenir « cette nuit même » (16,20), il nous est totalement inconnu.
Tout ce qui nous est donné ici-bas a pour but d’enrichir notre âme en vue de Dieu, par tous les moyens spirituels. L’enrichissement de notre âme s’opère avant tout par la prière, le désir de Dieu, et d’autant plus si nous avons reçu la grâce de Le connaître, déjà par notre baptême, notre participation à l’Eucharistie et aux autres sacrements, quelle qu’en soit la fréquence, car l’essentiel est de développer en nous cet ardent désir de Dieu, propre à combler notre âme, ce qui se fait par la reconnaissance des biens que nous avons déjà reçus de notre Créateur, par une authentique attitude intérieure, et sans cesse renouvelée, d’action de grâces envers Lui.
Quelles que soient les richesses à notre disposition, apprenons à les faire fructifier en vue du Royaume, véritable richesse finale propre à nourrir notre âme, et non plus notre seul corps, lui aussi un instrument destiné à servir la gloire de Dieu. Cette attitude d’action de grâces nous aidera à découvrir peu à peu que le monde qui nous entoure n’a pas sa fin en soi, mais que Dieu nous permet de cheminer vers Lui, même dans une situation inconfortable. Les divers inconvénients sont assumés et dépassés dans l’Église par la perspective de ce Royaume final, déjà inauguré par Dieu et appelé à se manifester dans notre vie. Soyons donc conscients de cette imminence du Royaume, ce qui nous apprendra à réaliser toujours plus notre vocation qui est de glorifier Dieu sans fin.