Message de Père André – Le jeune homme riche, 13e dimanche de Luc, 18,18-27 

Le jeune homme riche, 13e dimanche de Luc, 18,18-27

« Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu » (18,27) : cette parole du Sauveur conclut le récit choisi pour ce 13e dimanche de Luc ; elle s’adresse non seulement au riche qui interrogeait le Christ, mais aux autres auditeurs, et depuis, à quiconque veut suivre le Christ et obtenir la vie éternelle. Le thème de la richesse est souvent souligné par l’Évangéliste Saint Luc, plus que par les autres Évangiles, même si cet épisode en particulier se retrouve aussi chez plusieurs autres. En tout cas, il ne n’agit pas seulement de biens matériels, mais de toute forme de richesse, qui peut faire obstacle à la vie éternelle.

`Vivre avec Dieu est impossible à l’homme par ses propres forces, mais cette déclaration du Sauveur nous montre le caractère à la fois absolu, et pourtant proposé par l’Évangile à tout être humain, d’une vie chrétienne, c’est-à-dire une vie avec et en Dieu.

Vivre avec Dieu, c’est plus que par exemple vivre aux côtés de Dieu, comme on suivrait d’un peu loin un maître qui serait strictement humain. La vie en Dieu consiste justement en ce que Dieu intervienne dans le concret, le quotidien de notre vie d’une manière telle que malgré nos péchés, nos limites, notre attachement à toute sorte de richesse, ce qui nous est humainement impossible est rendu possible par la grâce divine, et cela, Dieu le veut.

Cet homme riche, ce jeune homme (selon Mt 19,20, passage parallèle à celui lu ici) a accompli les commandements de l’Ancienne Loi, que lui rappelle ici le Christ et qui sont toujours valables : « Ne pas commettre l’adultère, ne pas tuer » et la suite (Lc 18,20). Mais le Sauveur les déclare insuffisants et nous invite à un dépassement. Cette insuffisance, ou insatisfaction, rend triste le riche qui questionnait le Christ. Comme le montrent aussi d’autres passages des Évangiles, la Loi ancienne a eu en effet pour l’humanité un rôle préparatif à recevoir le Christ, mais elle ne suffit pas en elle-même à sauver l’être humain : seul le Christ peut le faire, étant Dieu. Et lorsque le Sauveur répond à l’homme riche « un seul est bon » (18,19), ce n’est pas pour nier sa propre divinité, ensemble avec le Père et l’Esprit, mais pour conduire ses interlocuteurs à dépasser la seule nature humaine pour Le confesser aussi comme Dieii, ce que ne faisait pas, ou pas encore, celui qui L’interrogeait.

Se détacher de ses biens quels qu’ils soient n’est donc pas possible par nos seules forces humaines, mais tout être humain qui confesse le Chtist comme Dieu reconnaît sa toute puissance, selon  laquelle Dieu opère Lui-même ce détachement au plus profond de l’homme, dans son cœur, le tout est de l’accepter. Cette confession du Christ comme Dieu, nous l’avons déclarée une fois pour toutes, nous ou peut-être nos parrains et marraines en notre nom, juste avant notre baptême, lorsque le catéchumène déjà joint au Christ déclare : « Je crois en Lui comme Roi et Dieu » (office de l’Initiation chrétienne, rite d’adhésion). Depuis lors, que nous ayons été baptisés récemment ou il y a longtemps, nous avons à renouveler sans cesse notre adhésion, notamment par notre participation aux sacrements et aux offices de l’Église, mais aussi par notre prière et chacun de nos mouvements intérieurs en direction de Dieu, car nous pouvons être sûrs que Dieu y répond. Et dans notre situation où la vie sacramentelle se trouve raréfiée par les circonstances extérieures, profitons-en pour redécouvrir la valeur et la puissance des sacrements déjà reçus et de la prière, car chacune de nos invocations, si brèves soient-elles, si nous appelons Fils de Dieu le Christ Jésus, nous confessons sa divinité et actualisons ainsi notre engagement baptismal. C’est ainsi que se manifeste en nous, toujours plus, la grâce divine déposée en notre cœur, une grâce qui est appelée et qui lutte en nous contre tout ce qui nous éloigne encore de Dieu et de sa volonté. Contre toute insuffisance et toute tristesse, résultant d’un attachement excessif à ce qui nous sépare de Dieu, il nous est profitable de prendre conscience de cette grâce et de la puissance divine reçue en nous, capable de nous arracher de toute richesse superflue, pour ainsi accomplir notre vocation : glorifier le Christ comme Dieu tout puissant, ensemble avec son Père éternel et son très saint Esprit, maintenant et toujours et pour les siècles.