Message de Père André pour le 3e dimanche de Carême – de la Sainte Croix

Pour éviter tout risque de contagion, le prêtre étant contraint de s’isoler 10 jours, il n’y aura pas de célébration des Vêpres, ni de la Liturgie, à Saint-Nicolas les samedis-dimanches 3-4 et 10-11 avril 2021; merci de votre compréhension.
La suite du programme liturgique sera communiquée dès que possible.
L’église sera ouverte samedi 3 avril à 18h et dimanche 4 à partir de 10h
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Lectures du jour : http://toulouse-orthodoxe.com/dimanche-4-avril-2021-de-la-sainte-croix-3e-dimanche-de-careme-pas-de-celebration/

Troisième Dimanche de Carême, 4 avril 2021: vénération de la Sainte Croix
La Croix, dans l’Église orthodoxe, est une réalité ni triste, ni doloriste, contrairement à d’autres opinions courantes. On peut ajouter que même si notre croix est difficile, le Christ ne l’abolit pas totalement, mais la transforme en une épreuve supportable, grâce à la puissance de la Résurrection, dont la Croix est profondément inséparable.

La Croix endurée par le Christ a été une grande souffrance, réelle et non figurée, puisque par son Incarnation le Verbe de Dieu a véritablement assumé la nature humaine, avec la bienveillance de Dieu le Père et le concours du Saint-Esprit, comme le montre par exemple le récit de l’Annonciation, où l’Esprit Saint est présent (v. Luc 1,35 et tout l’épisode). Le Christ a ainsi assumé la Croix en tout ce qu’elle a de tragique, en raison de la séparation qui a eu lieu : par son péché, l’être humain s’est séparé de Dieu, sans pouvoir lui-même réparer ou annuler cette séparation. Seul le Christ a pu le faire, puisqu’Il est Dieu.

Qu’il s’agisse de l’icône ou de la tradition liturgique, l’événement de la Croix est donc étroitement associé à la gloire de Dieu, à cette victoire divine sur la souffrance et sur la mort, ennemie du genre humain. C’est ainsi que l’on peut interpréter la « victoire sur les ennemis » demandée dans le tropaire de la Croix chanté ce jour : par la Croix, c’est le véritable ennemi qui est vaincu, Satan et la mort, bien au-delà de toute compréhension ethnique ou politique (voir. ce que dit S. Paul sur le véritable combat du chrétien, Eph 6,11-12).

La Croix est étroitement inséparable de la Résurrection, celle du Christ Vainqueur, qui a terrassé la mort, et procurant cette même résurrection à tout le genre humain. Le Christ a terrassé la mort : depuis plus de 2000 ans, le Christ Vainqueur nous invite, de génération en génération, à participer à cette victoire, à ressusciter nous aussi à la suite du Christ. Comme le proclame la prière eucharistique de S. Basile le Grand, par la Croix le Christ « a détruit les affres de la mort » et a « ouvert à toute chair la voie de la résurrection » (après le sanctus).

Pour bénéficier nous aussi de la résurrection, l’Évangile de ce 3e dimanche nous invite à renoncer à nous-mêmes, à notre propre vie, en confessant le Christ comme Vainqueur. Renoncer à soi-même et à sauver sa vie par ses propres moyens humains, c’est renoncer à notre égocentrisme, à notre propre conception de ce que nous pensons être bien pour nous, même à juste titre, cela pour préférer une vie en Dieu ressuscité et Vainqueur. Notre vocation, en effet, comme chrétiens, et celle proposée à tout être humain, est de mener une vie en Dieu. Remettre sa vie à Dieu, c’est chercher à Lui être agréable et rechercher sa volonté. Pour cela, il nous convient de rechercher des occasions de préférer la volonté de notre prochain à la nôtre, car cela est identique à préférer la volonté de Dieu. Notre renoncement est notre Croix personnelle, suivie à chaque instant d’une résurrection. A travers ce parcours de grandes ou petites morts et résurrections successives, Dieu construit peu à peu notre salut personnel et notre vie de ressuscités.

Cette vénération de la Sainte Croix est donc placée au milieu du Carême pour nous annoncer déjà la certitude de la Résurrection, victoire sur toute forme de souffrance et de mort. La Résurrection du Christ est aussi la nôtre, et cette vénération de la Croix, bien au-delà d’un simple geste rituel, renouvelle en nous, si nous le voulons, la force du Christ ressuscité. Accepter notre croix, c’est vivre sur cette terre une vie de ressuscité, selon laquelle nous glorifions et remercions sans cesse le Christ notre Sauveur, avec son Père éternel et son Esprit très saint, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

Note catéchétique
Dimanche dernier a eu lieu un congrès en ligne, reporté plusieurs fois, organisé par l’ACER-MJO, une organisation fondée voici bientôt 100 ans. L’événement a été annoncé sur le site de notre Paroisse S. Nicolas, avec un lien vers le programme. Le thème général en était la charité chrétienne, et le souci envers les plus pauvres. Entre autres, l’action de plusieurs organisations caritatives orthodoxes a été présentée, comme par exemple l’association Montgolfière, qui s’efforce de procurer de l’aide à des réfugiés.

Dans les échanges suite aux exposés, peu de place a été accordée aux précautions sanitaires qui nous sont recommandées face à la situation actuelle, mais il vaut la peine de relever un aspect: les participants n’étaient pas uniquement des personnes résidant en France; ainsi par exemple en Belgique, les rassemblements dans les lieux de culte sont limités à 15 personnes au maximum, avec un strict respect des distances. Cela conduit les paroissiens à aller jusqu’à se relayer dans l’église, pour céder la place à d’autres au bout d’un certain temps. Ceci constitue un bon exemple de solidarité, de respect de l’autre, et de charité, que nous pouvons appliquer concrètement.

L’Église est une assemblée composée de plusieurs membres : que chacune et chacun de nous pense aux autres, notamment durant la célébration, en cédant sa place, quitte à sortir pour revenir un peu plus tard. Ainsi la fréquentation des célébrations ne sera pas une affaire de « privilégiés » arrivés dès le début. Une telle démarche pourra nous fournir l’occasion de pratiquer la charité en préférant la volonté des autres, sans chercher à sauver sa vie, selon le mot de l’Évangile du jour (Mc 8,35), pour accepter de la confier, finalement, à Dieu.