Message de Père André pour le dimanche 8 novembre 2020

Pour dimanche 8 novembre 2020 : Guérison et resurrection

En ce dimanche sont proposées plusieurs lectures, et d’autant plus si nous tenons compte des diverses traditions en usage dans l’Église. Selon le calendrier grégorien, la lecture du jour nous rapporte deux miracles accomplis par le Christ (Lc 8,41-56) : la guérison d’une femme atteinte d’une perte de sang et la ressuscitation de la fille de Jaïre. Le calendrier julien propose la parabole, déjà lue et commentée chez nous, du pauvre Lazare et du riche.

Au milieu d’une grande foule, le Sauveur est donc abordé par le chef de la synagogue nommé Jaïre. Celui-ci supplie le Sauveur de venir secourir sa fille qui est mourante. Sa demande est pressante, car avant la venue du Christ sur la terre, la mort est considérée comme irrémédiable, sans retour. C’est ce que va montrer la suite du récit, car une fois la jeune fille décédée, ceux qui entourent Jaïre viennent lui dire : « N’importune plus le Maître » (8,49). Ils reconnaissent le Christ comme Maître, mais non encore comme réellement Dieu, donc tout puissant même sur la mort.

Au milieu de cette presse, le Christ prend la peine de guérir une femme atteinte d’une perte de sang, et même si pour cela un seul geste, un seul contact suffit, le Sauveur demande encore : « Qui M’a touché ? » (8,45), ce qui surprend Pierre et les autres Apôtres présents. Le Christ prend le temps car à ce moment, Lui seul sait qu’Il est venu sur terre pour triompher de la mort, pour l’anéantir. La Résurrection du Sauveur, non encore survenue à ce moment-là, va transformer notre mort corporelle en un sommeil provisoire, ce que le Sauveur annoncera déjà discrètement en déclarant : « Ne pleurez pas, elle n’est pas morte, mais elle dort » (8,52), ce qui provoque des moqueries de la part de personnes incrédules.

En se dirigeant vers la maison de Jaïre, le Christ a donc senti qu’une force guérissante était sortie de Lui et Il a voulu montrer, malgré la foule, que cette guérison est survenue en réponse à la foi de cette femme souffrante. Ce que lui dit le Sauveur : « Ta foi t’a sauvée, va en paix » (8,48), peut ainsi servir d’exemple à ceux qui étaient là, aux Apôtres, et à partir d’eux, à nous tous.

Arrivé à la maison de Jaïre, le Christ ressuscite la jeune fille en lui prenant la main et en lui disant de se lever : c’est la toute puissance du Dieu Sauveur et de sa Parole créatrice, capable même de faire revenir son esprit en la jeune fille (8,55). Cette ressucitation est accomplie, comme dans le cas de la guérison précédente, en réponse à la foi de Jaïre, car le Sauveur lui a dit : « Crois seulement et elle sera sauvée » (8,50.

Soyons donc attentifs aux diverses relations, nullement fortuites, que le Sauveur établit avec celles et ceux qui à ces moments L’entourent : contrairement aux apparences, aucun anonymat ni aucune indifférence de Dieu à l’égard de chacune de ses créatures, ni voici 2000 ans, ni aujourd’hui. Au milieu de la foule, le Sauveur guérit en toute conscience une personne, et malgré les incrédules, Il fait revenir quelqu’un à la vie. Que notre foi en la Résurrection soit fortifiée par ces exemples : la femme souffrante ne s’est pas laissée arrêter par la foule, ni Jaïre par ceux qui voulaient le dissuader d’importuner le Maître, ou encore ceux qui dans la maison se moquaient de Lui (8,53).

Notre prière, et aussi notre fréquentation des Écritures, doit redoubler et persévérer à tout moment, sans nous arrêter à des pensées contraires, semblables à une foule ou à ceux qui conseillaient à Jaïre de ne plus déranger le Maître, comme s’il était trop tard. Comme l’a montré déjà la fin de la parabole lue dimanche dernier, notre prise au sérieux de Moïse et des prophètes (Luc 16,31) devrait nous conduire tôt ou tard à une prise de conscience de la force de la Résurrection, en toute circonstance au long de notre vie, et non uniquement à la fin des temps.

Ici, on a vu qu’une foule de personnes a pressé le Sauveur sans être guérie, peut-être même sans rechercher ni attendre une guérison, mais à l’inverse, quiconque dans son cœur approche avec foi le Christ ressuscité, par tous les moyens et surtout par une prière assidue, a la certitude d’obtenir salut, guérison et participation à la victoire du Christ, à sa Résurrection. Cette force de la Résurrection se manifeste en nous, discrètement mais sûrement, pour autant que nous le voulions, que nous soyons attentifs à développer en nous la grâce reçue en germe lors de notre baptême, et qui depuis est à l’œuvre au plus profond de notre cœur pour nous faire progressivement triompher sur toute sorte de souffance et de mort. Depuis l’Incarnation, bien au-delà de toute incrédulité humaine, Dieu est présent au milieu de nous, et de quiconque fait preuve de foi en Lui.

Les solennités de ce jour (8 novembre ou 26 octobre) ne sont pas sans lien avec cette force de la Résurrection. La mémoire des Saints Anges et Archanges nous place en face d’au moins deux réalités : les hymnes liturgiques du jour en l’honneur des Anges montrent que les diverses catégories d’êtres incorporels se tiennent invisiblement en permanence au plus près de la Gloire et de la Lumière divines, ainsi que le montre par exemple la vision du prophète Isaïe dans le Temple de Jérusalem (6,2-3). D’autre part, on connaît plusieurs apparitions d’Anges sur la terre, dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament. Ces apparitions et interventions concrètes nous montrent que les Anges nous sont proches, prêts à agir en notre faveur aussitôt que nous leur demandons leur secours. Le Sauveur les envoie auprès de nous comme messagers, guides, et aussi comme protecteurs contre toute adversité, contre tout ce qui nous sépare encore de Dieu. N’hésitons pas à les invoquer, surtout dans les moments difficiles.

Dans le calendrier julien, l’Église commémore aussi un séisme, survenu au 8e siècle à Constantinople et qui d’après les descriptions a été assez violent. Les hymnes liturgiques à ce sujet saisissent cette occasion pour remercier le Sauveur d’avoir mis fin à cette épreuve, plutôt que de se lamenter sur les pertes. Le passage évangélique choisi, racontant l’apaisement de la tempête par le Christ (Mt 8,23-27), nous permet, à la suite des apôtres témoins de ce miracle, de prendre conscience de la toute puissance divine du Christ non seulement sur les personnes humaines, dont Il veut le salut, mais aussi, contre toute apparence, sur les éléments naturels que l’être humain ne domine pas. En confessant cette toute puissance divine, nous pouvons découvrir que malgré toutes les épreuves, qui à chaque époque ne manquent pas, notre Dieu Créateur reste le Maître de toute la création, même lorsque tout semble incertain autour de nous. Comme lors d’un séisme, Dieu intervient dans notre vie pour nous stabliliser en vue du salut, quelles que soient nos épreuves personnelles ou collectives. Celles-ci ne doivent pas nous faire perdre de vue notre cheminement, et aussi celui de la terre entière, ébranlée mais dont les éléments sont contenus par Dieu, vers le Royaume qui depuis la Résurrection du Sauveur se manifeste toutjours plus, selon des voies que Dieu seul connaît, envers quiconque apprend à ne pas désespérer de L’attendre. Même lorsque tout semble se dérober autour de nous (selon I Cor 4,11-13), au point de ne pouvoir proposer de solutions concrètes aux diffficultés qui surviennent, « ne sachant qu’espérer, mais non désespérés » (II Cor, 4,8), gardons grâce à l’expérience de l’Église, exprimée ici en sa tradition liturgique, la certitude de l’avènement du Royaume que Dieu révèle dans notre cœur, chaque fois que nous voulons bien nous tourner vers Lui. Notre vocation est en effet de participer au Royaume en y entrant déjà, non seulement à la fin des temps, mais déjà maintenant par notre persévérance dans la foi, pour glorifier Dieu tout au long et dans tous les aspects de notre vie, demeurant constamment dans l’attente du siècle à venir.

Lectures de ce dimanche : http://toulouse-orthodoxe.com/dimanche-8-novembre-2020/