Message pour la fête de l’Annonciation

Message pour la fête de l’Annonciation
Cette fête est le commencement (littéralement : la tête) de notre salut.
Dieu a voulu sauver l’être humain et a choisi d’opérer ce salut par un moyen radical et inouï, inconcevable : Se faire homme. Mais Dieu a voulu S’incarner sans contraindre l’homme, pour respecter notre liberté et peu à peu nous convaincre d’accepter le salut et nous laisser découvrir à quel point Dieu nous aime.
Dieu a attendu patiemment, durant des millénaires, tout en préparant activement son dessein, qu’une personne humaine se rende humblement disponible pour accepter l’Incarnation et procurer à Dieu la nature humaine en voulant bien accueillir Dieu en son propre sein. Cette personne humaine a été la Vierge Marie, la Toute Sainte, ainsi devenue Mère de Dieu.
L’Évangile de Saint Luc, dans l’épisode choisi comme lecture pour la fête de l’Annonciation, rapporte donc l’envoi de l’Archange Gabriel et ses paroles à Marie : « Réjouis-toi… », puis « Ne crains pas… » (1,28 et 30). Cette visite surprend d’abord beaucoup la future Mère de Dieu, méfiante après la tentation des premiers parents (Gen 3,5), mais ensuite elle accepte en toute confiance, en se déclarant « Servante du Seigneur » (1,38), cette mission qui pourtant la dépasse : celle de recevoir en son sein le Verbe de Dieu, la Seconde Personne de la Sainte Trinité.
Avec l’intercession de la Mère de Dieu, c’est toute l’humanité qui est invitée par Dieu Lui-même à accepter le salut. Dans la vie de l’Église, en ce temps de Carême, et dans tous les aspects de notre vie communautaire, familiale ou personnelle, c’est-à-dire dans le secret de la relation de chacun de nous avec notre Dieu, nous sommes ainsi invités à accepter le salut que Dieu réalise en nous au jour le jour, par des moyens sans cesse renouvelés, inédits, et qui souvent, comme ce fut d’abord le cas pour la Toute Sainte, nous dépassent, voire nous déroutent.
Cet épisode de l’Annonciation est une étape décisive du salut de l’humanité, inauguré par l’événement sans aucun équivalent qu’est l’Incarnation de Dieu. Si comme la Mère de Dieu nous sommes d’abord surpris ou stupéfaits par une intervention de Dieu dans notre vie, notre humble acceptation de ce qui nous incombe, et que nous ne comprenons pas, nous permettra que les circonstances de notre vie puissent être toujours plus utilisées par Dieu pour les transformer en autant d’instruments de progression vers notre propre salut. Ce salut est en marche pour l’humanité depuis maintenant plus de 2000 ans, car nous savons que la venue du Sauveur s’est produite dans un moment déterminé de l’histoire, moment choisi par Dieu comme favorable. Depuis lors, nous sommes appelés et invités à devenir, dès notre vie sur cette terre, des citoyens du Royaume de Dieu, inauguré par le Christ et qui un jour se manifestera de manière plus éclatante, car ce Royaume est ouvert par Dieu à tous les hommes qui souhaitent y entrer: à nous d’accepter de participer dès ici-bas à cette progression vers notre salut.

Note liturgique sur la célébration de la fête
Les hymnes du jour commentent abondamment la visite de l’Archange Gabriel et l’humble attitude de la Mère de Dieu qui répond en acceptant d’accueillir le Christ en son sein. Sans cette acceptation, l’Incarnation n’aurait pas eu lieu, ni le salut.
Selon l’usage grec, le propre de cette fête remplace complètement les éléments du Triode, au point de supprimer le jour de jeûne si la fête tombe en semaine, et la Divine Liturgie de Saint Jean Chrysostome est célébrée, comme un samedi ou dimanche, après Matines. Il s’agit bien de la Liturgie eucharistique dite complète, à distinguer d’une communion aux Dons présanctifiés.
Dans l’usage slave et russe, probablement plus ancien, le jour de jeûne n’est pas aboli, mais la Divine Liturgie de Saint Jean Chrysostome est célébrée après Vêpres (office parfois anticipé au matin par commodité), l’entrée vespérale est celle avec l’Évangile, suivie par les lectures de la Liturgie, du Triode puis de la fête. C’est l’un des quelques cas dans l’année où la Divine Liturgie est vespérale. Comme l’a montré le P. Alexandre Schmemann dans son livre Le Grand Carême, le jeûne est rompu par la célébration eucharistique, et parfois cette rupture intervient plus tard dans la journée pour marquer davantage la solennité de certains événements du salut. Plus généralement, l’attente du moment de notre rupture du jeûne par l’Eucharistie se confond dans notre vie avec l’attente de l’Avènement final du Royaume de Dieu à la fin des temps, moment décisif de notre rencontre avec Dieu à laquelle notre participation aux fêtes de l’Église nous prépare, plus spécialement en ce temps de Carême, où cette fête de l’Annonciation annonce notre salut par la Résurrection.