Samedi 18 juillet 2020

Samedi 18 juillet 2020.

(5 juillet dans l’ancien calendrier.)

Commémoration des défunts.

 

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Romains (du jour : Rom. 9, 1-15) :

Frères, je dis la vérité en Christ, je ne mens point, ma conscience m’en rend témoignage par le Saint Esprit : j’éprouve une grande tristesse, et j’ai dans le cœur un chagrin continuel. Car je voudrais moi-même être anathème et séparé de Christ pour mes frères, mes parents selon la chair, qui sont Israélites, à qui appartiennent l’adoption, et la gloire, et les alliances, et la loi, et le culte, et les promesses, et les patriarches, et de qui est issu, selon la chair, le Christ, qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni éternellement. Amen !

Истину говорю во Христе, не лгу, свидетельствует мне совесть моя в Духе Святом, что великая для меня печаль и непрестанное мучение сердцу моему: я желал бы сам быть отлученным от Христа за братьев моих, родных мне по плоти, то есть Израильтян, которым принадлежат усыновление и слава, и заветы, и законоположение, и богослужение, и обетования; их и отцы, и от них Христос по плоти, сущий над всем Бог, благословенный во веки, аминь.

Lecture de l’épître de saint Paul aux Corinthiens (pour les défunts : I Cor. 15, 47-57) :

Frères, le premier homme provenant de la terre est terrestre ; le second homme vient du ciel. Tel a été l’homme terrestre, tels sont aussi les terrestres ; et comme est celui qui est du ciel, ainsi seront ceux du ciel. Et de même que nous avons été à l’image de celui qui est fait de terre, de même nous serons à l’image de celui qui vient du ciel. Je le déclare, frères : la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu, ni la corruption hériter de l’incorruptibilité. C’est un mystère que je vous annonce : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés, en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette. Car une trompette retentira, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons transformés. Il faut en effet que cet être corruptible revête l’incorruptibilité et que cet être mortel revête l’immortalité. Et quand cet être corruptible aura revêtu l’incorruptibilité et quand cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors se réalisera la parole de l’Écriture : « La mort a été engloutie dans la victoire. Ô Mort, où est ta victoire ? Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ? » L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la puissance du péché, c’est la Loi. Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ.

Первый человек – из земли, перстный; второй человек – Господь с неба. Каков перстный, таковы и перстные; и каков небесный, таковы и небесные. И как мы носили образ перстного, будем носить и образ небесного. Но то скажу вам, братия, что плоть и кровь не могут наследовать Царствия Божия, и тление не наследует нетления. Говорю вам тайну: не все мы умрем, но все изменимся вдруг, во мгновение ока, при последней трубе; ибо вострубит, и мертвые воскреснут нетленными, а мы изменимся. Ибо тленному сему надлежит облечься в нетление, и смертному сему облечься в бессмертие. Когда же тленное сие облечется в нетление и смертное сие облечется в бессмертие, тогда сбудется слово написанное: поглощена смерть победою. Смерть! где твое жало? ад! где твоя победа? Жало же смерти – грех; а сила греха – закон. Благодарение Богу, даровавшему нам победу Господом нашим Иисусом Христом!

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (du jour : Matth. 9, 18-26)

En ce temps-là, tandis qu’il leur adressait ces paroles, voici, un chef arriva, se prosterna devant lui, et dit : « Ma fille est morte il y a un instant ; mais viens, impose-lui les mains, et elle vivra. » Jésus se leva, et le suivit avec ses disciples. Et voici, une femme atteinte d’une perte de sang depuis douze ans s’approcha par derrière, et toucha le bord de son vêtement. Car elle disait en elle-même : « Si je puis seulement toucher son vêtement, je serai guérie. » Jésus se retourna, et dit, en la voyant : « Prends courage, ma fille, ta foi t’a guérie. » Et cette femme fut guérie à l’heure même. Lorsque Jésus fut arrivé à la maison du chef, et qu’il vit les joueurs de flûte et la foule bruyante, il leur dit : « Retirez-vous ; car la jeune fille n’est pas morte, mais elle dort. » Et ils se moquaient de lui. Quand la foule eut été renvoyée, il entra, prit la main de la jeune fille, et la jeune fille se leva. Le bruit s’en répandit dans toute la contrée.

Когда Он говорил им сие, подошел к Нему некоторый начальник и, кланяясь Ему, говорил: дочь моя теперь умирает; но приди, возложи на нее руку Твою, и она будет жива. И встав, Иисус пошел за ним, и ученики Его. И вот, женщина, двенадцать лет страдавшая кровотечением, подойдя сзади, прикоснулась к краю одежды Его, ибо она говорила сама в себе: если только прикоснусь к одежде Его, выздоровею. Иисус же, обратившись и увидев ее, сказал: дерзай, дщерь! вера твоя спасла тебя. Женщина с того часа стала здорова. И когда пришел Иисус в дом начальника и увидел свирельщиков и народ в смятении, сказал им: выйдите вон, ибо не умерла девица, но спит. И смеялись над Ним. Когда же народ был выслан, Он, войдя, взял ее за руку, и девица встала. И разнесся слух о сем по всей земле той.

Lecture de l’Évangile selon saint Jean (pour les défunts : Jean 6, 48-54)

En ce temps-là, Jésus dit : « Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »

Я есмь хлеб жизни. Отцы ваши ели манну в пустыне и умерли; хлеб же, сходящий с небес, таков, что ядущий его не умрет. Я хлеб живый, сшедший с небес; ядущий хлеб сей будет жить вовек; хлеб же, который Я дам, есть Плоть Моя, которую Я отдам за жизнь мира. Тогда Иудеи стали спорить между собою, говоря: как Он может дать нам есть Плоть Свою? Иисус же сказал им: истинно, истинно говорю вам: если не будете есть Плоти Сына Человеческого и пить Крови Его, то не будете иметь в себе жизни. Ядущий Мою Плоть и пиющий Мою Кровь имеет жизнь вечную, и Я воскрешу его в последний день.

Paroles des Pères

Sur l’épître de Paul aux Corinthiens :

Je veux vous adresser cette question : ces paroles s’appliquent-elles à la nature ? « Celui qui était né de la terre fut terrestre », et ces autres : « Le Seigneur descendu du ciel». Oui, dit saint Paul. Mais quoi ? Est-ce qu’Adam était seulement terrestre, ou bien avait-il une autre nature, parente des natures supérieures et incorporelles, que l’Écriture appelle âmes et esprits ? Il est clair qu’il avait aussi cette nature. Et ainsi le Seigneur lui-même n’était pas seulement une nature céleste. Quoiqu’il soit dit « du ciel », il s’était encore incarné. Ce qu’il veut donc dire est ceci : « Comme nous avons été à l’image de l’homme terrestre » désigne les actions mauvaises ; « reproduisons l’image de l’homme céleste », c’est-à-dire, la vie parfaite qui est au ciel. S’il parlait de la nature, ces exhortations et ces conseils seraient inutiles. C’est pourquoi il est démontré que ces paroles s’appliquent à la conduite de la vie. Et c’est à dessein qu’il s’est servi de cette expression, et ce mot d’image montre encore d’une autre manière, qu’il parle des actions, et non de la nature. En effet, nous avons été faits terrestres, quand nous avons fait le mal. Ce n’est pas dès le commencement que nous avons été faits terrestres, mais quand nous avons péché. En effet, le premier péché a existé avant la mort ; c’est après le premier péché que Dieu dit : « Tu es né de la terre et tu retourneras à la terre ». (Gen. III, 19.) C’est alors aussi que les passions et les désordres sont entrés en foule dans l’âme. De ce que l’on est né de la terre, il ne s’ensuit pas absolument que l’on soit terrestre, car le Seigneur aussi était formé de la même matière, mais c’est de faire des choses terrestres ; de même qu’être céleste, c’est accomplir des actions dignes du ciel. Mais pourquoi nous donner une peine inutile pour le prouver ? Lui-même, dans la suite de ses paroles, nous en découvre le sens, disant : « Je vous le dis, mes frères, la chair et le sang ne posséderont point le royaume de Dieu ».

Voyez-vous comment il s’explique lui-même et nous évite la peine de le faire. C’est ainsi qu’il agit en beaucoup d’endroits. Ce qu’il appelle chair, ce sont les actions mauvaises, ainsi qu’il fait en un autre endroit : « Vous n’êtes pas de la chair »; et ailleurs encore : « Ceux qui sont de la chair ne peuvent plaire à Dieu ». (Rom. VIII, 9, 8.) C’est pourquoi par ces paroles : « Je le dis », il veut nous faire entendre que tous ces discours ont pour objet de nous apprendre que les actions mauvaises ne nous introduiront point dans le Royaume du ciel. Après la résurrection, il parle aussitôt du royaume du ciel, et c’est pour cela qu’il ajoute : « La corruption ne possédera point cet héritage incorruptible », c’est-à-dire, le vice ne possède pas cette gloire, cette perception et cette jouissance des choses incorruptibles. En beaucoup d’autres endroits il se sert encore de la même expression, disant : « Celui qui sème dans la chair récoltera la corruption de la chair ». (Gal. VI, 8.) S’il parlait du corps, et non pas des actions mauvaises, il ne dirait pas la corruption ; car en aucun endroit il n’appelle le corps une corruption. En effet, ce n’est pas une corruption, mais une substance corruptible. Aussi, dans la suite de son discours, quand il parle du corps, il ne l’appelle pas une corruption, mais un être corruptible, disant : « Il faut que cet être corruptible soit revêtu de l’incorruptibilité ».

Après qu’il a fini ces exhortations relatives à la conduite de la vie, il fait ce qu’il a coutume de faire, il mêle continuellement un sujet à un autre sujet, il revient à son discours sur la résurrection, disant : « Voici que je dis un mystère ».

Il va donc révéler un mystère vénérable, et que tous ne connaissent pas ; il montre qu’il leur fait là un grand honneur en leur révélant les choses cachées. Et qu’est-ce ? « Nous ne mourrons pas tous, mais nous serons tous changés ». Voici ce qu’il veut dire: nous ne mourrons pas tous, mais nous serons tous transformés, même ceux qui ne meurent point ; car ceux-là aussi sont mortels. Parce que vous mourrez, dit-il, ne craignez pas de ressusciter; il en est, en effet, il en est quelques-uns qui éviteront la mort, et cependant cela ne leur suffit pas pour la résurrection, mais il faut que ces corps mêmes qui ne meurent point soient transformés et passent à un état incorruptible. […]

« En effet, la « trompette sonnera et les morts ressusciteront incorrompus, et nous serons transformés ». Cette parole « nous » ne s’applique pas à lui-même, mais à ceux qui alors seront trouvés vivants. « Il faut que cette substance corruptible soit revêtue d’incorruptibilité. » Quand vous entendrez dire que la chair et le sang ne posséderont pas le royaume de Dieu, pour que vous n’alliez pas croire que les corps ne ressuscitent pas, il ajoute : « Car il faut que ce corps corruptible sait revêtu de l’incorruptibilité, et que ce corps mortel soit revêtu de l’immortalité ». Le corps est corruptible et mortel, et c’est pour cela que le corps subsiste; car le corps, c’est la substance. La mortalité et la corruption, au contraire, sont détruites et disparaissent, tandis que l’immortalité et l’incorruptibilité deviennent le partage du corps. Ne doutez donc plus que le corps ne doive vivre éternellement, en apprenant qu’il devient incorruptible et qu’il est affranchi des lois de la mort.

– Saint Jean Chrysostome, Homélies sur les épîtres de Paul aux Corinthiens, homélie XLII.

***

Sur l’Evangile de Jean :

En vérité il est admirable que Dieu ait fait pleuvoir la manne pour nos pères et qu’ils aient été rassasiés chaque jour du pain du ciel. C’est pourquoi il est dit : « L’homme a mangé le pain des anges. » Pourtant ceux qui ont mangé ce pain au désert sont tous morts. Cette nourriture, au contraire, que tu reçois, ce pain vivant qui est descendu du ciel, fournit le soutien de la vie éternelle, et quiconque le mange ne mourra jamais. C’est le corps du Christ.

– Saint Ambroise de Milan, Traité des Mystères.

Saints célébrés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Saint Émilien de Durostorum en Scythie, martyr (363) ; saint Hyacinthe de Paphlagonie, martyr (IVème s.) ; saint Pambo, ermite au désert de Nitrie (IVème s.) ; saint Arnoul, évêque de Metz (641) ; saint Gonéry, ermite en Bretagne (VIème s.) ; saint Arnoul, martyr dans les Yvelines (VIème s.) ; saint Jean le grand souffrant des grottes de Kiev (1160) ; saint Pambo des Grottes de Kiev (XIIIème s.) ; sainte grande-duchesse Elisabeth et la moniale Barbara (1918).

Extrait du Synaxaire du Hiéromoine Macaire selon le nouveau calendrier

La grande-duchesse sainte Élisabeth Feodorovna naquit en 1864. Fille du duc de Hesse-Darmstadt et sœur de la tsarine Alexandra, elle se convertit du protestantisme à l’Orthodoxie lors de son mariage avec le grand-duc Serge Alexandrovitch. Dès les premiers jours de sa vie matrimoniale, elle commença à pratiquer largement l’aumône et à se consacrer à des œuvres philanthropiques ; et pendant la guerre russo-japonaise, elle organisa des convois d’ambulances et des hôpitaux pour recevoir les blessés. Le 18 février 1905, son époux fut assassiné par un terroriste. La grande-duchesse accepta le deuil avec résignation et, deux jours après, elle rendit visite à l’assassin en prison, pour l’exhorter au repentir. Elle adressa au tsar une demande de grâce, et tout le reste de sa vie, elle pria pour cet homme. Ayant décidé de se consacrer tout entière à Dieu, sainte Élisabeth vendit les nombreuses œuvres d’art qu’elle possédait et fonda à Moscou le monastère de Marthe-et-Marie, dédié aux œuvres de miséricorde et multiplia les œuvres de bienfaisance. Au printemps 1918, elle fut arrêtée par les bolcheviques en compagnie de deux moniales de ce monastère, Catherine et Barbara. La première fut libérée peu après, mais Barbara réussit à rester auprès de la grande-duchesse et partagea son martyre. La nuit du 18 juillet 1918, lendemain de l’assassinat de la famille impériale, sainte Élisabeth et d’autres membres de la famille Romanov, qui n’avaient pas pu entrer en contact avec le tsar, furent précipités vivants dans une galerie des mines d’Alapaïevsk, profonde de 80 m, où l’on fit éclater des grenades. Leurs corps furent retrouvés au mois d’octobre suivant, après que des chants et des prières eussent été entendus sur les lieux. Le corps de sainte Élisabeth avait été retenu sur une corniche, à environ 20 m de la surface, il était intact et incorrompu, manifestant qu’elle n’avait pas été atteinte par les grenades et était restée en vie longtemps. On envoya alors ses précieuses reliques, avec celle de la moniale Barbara, à Jérusalem, via la Sibérie et la mission russe de Pékin, où elles furent déposées dans l’église du monastère de Sainte-Marie-Madeleine, qui avait été construite par l’empereur Alexandre III.

Saints célébrés selon l’ancien calendrier

Saint Athanase du Mont-Athos (1000) ; saint Mars, évêque de Nantes (VIème s.) ; saint Lampade d’Irénopolis en Isaurie (Xème s.) ; invention des reliques de saint Serge de Radonège (1421) ; saintes Anne et Cyrilla, martyres à Cyrène (304) ; saints nouveaux martyrs de Russie : Gennade Zdorovtsev, prêtre, moine Agapet Taube, confesseur (1936).

Extrait du Synaxaire du Hiéromoine Macaire selon l’ancien calendrier

Cet astre brillant dans le firmament des saints Pères naquit vers l’an 930, à Trébizonde (Pont), de parents nobles, et fut nommé Abraamios au saint baptême. Resté orphelin de père et de mère peu après sa naissance, il fut recueilli par une parente de sa mère, épouse d’un des personnages les plus en vue de Trébizonde, Kanita. Enfant, il ne s’adonnait pas aux jeux turbulents, mais emmenait ses compagnons dans la forêt ou près d’une grotte et jouait le rôle d’higoumène. Ses rapides progrès dans les études faisaient l’admiration de ses proches et, à peine parvenu à l’âge adolescent, il fut remarqué par un haut fonctionnaire impérial en mission dans la ville, qui le prit en affection et l’emmena avec lui à Constantinople. Accueilli dans la maison du stratège Zéphinézer , il poursuivit ses études sous la direction d’un maître remarquable, Athanase, et fut même bientôt promu professeur adjoint, malgré son jeune âge. Son application aux Lettres ne lui faisait cependant pas négliger la vie ascétique, qu’il aimait depuis son enfance, et il se montrait moine avant l’heure et lutteur avant même d’entrer dans l’arène. Il fuyait la riche table du général et échangeait les victuailles qu’on lui faisait parvenir par deux serviteurs, contre un pain d’orge, qu’il mangeait de deux jours en deux jours. Il ne s’allongeait pas pour dormir et luttait contre le sommeil en s’arrosant le visage d’eau froide. Quant aux vêtements, il les distribuait aux pauvres, et lorsqu’il n’avait plus rien à donner, il se retirait dans un coin pour se dépouiller de ses sous-vêtements. Des élèves accouraient de partout vers Abraamios, et d’autres désertaient l’établissement de son maître, non seulement à cause de sa science et de ses capacités d’enseignement, mais surtout en raison de son affabilité, de sa vie sainte et de son aspect divin. L’empereur Constantin VII Porphyrogénète le transféra dans un autre établissement ; mais, comme les disciples s’attachaient à lui plus fort que le lierre au chêne, pour ne pas être cause de scandale et de rivalité avec son ancien maître, Abraamios — qui considérait les honneurs comme une honte — décida de renoncer à la carrière professorale, et avec elle à tous les soucis du siècle.

De retour à Constantinople, après un séjour de trois ans dans la région de la mer Égée, en compagnie du stratège, celui-ci le mit en relation avec son parent, saint Michel Maléïnos [12 juil.], higoumène de la laure du mont Kyminas, qui était bien connu de tous les gens de qualité. Conquis par cet homme divin, le jeune homme lui dévoila son désir d’embrasser la vie monastique. Vers la fin de cet entretien, se présenta chez saint Michel, son neveu, Nicéphore Phocas, alors stratège du thème des Anatoliques , qui se lia aussitôt d’une grande affection, mêlée d’admiration, pour Abraamios. Celui-ci, ayant trouvé le père spirituel que son cœur désirait, suivit saint Michel au mont Kyminas, où il reçut rapidement le Petit Habit sous le nom d’Athanase. L’ancien, ayant discerné que son jeune et ardent disciple était déjà avancé dans les pratiques ascétiques, et désirant faire de lui un soldat de Jésus-Christ aguerri dans l’obéissance, lui refusa l’autorisation de manger une fois par semaine, mais seulement tous les trois jours, et il lui ordonna de dormir sur une natte, et non sur un siège comme il en avait l’habitude. Athanase, qui avait reçu les charges de copiste et d’aide-sacristain, se soumettait volontiers à tout ce qui contrecarrait sa volonté propre, si bien que ses condisciples émerveillés le surnommèrent « fils de l’obéissance ». Il montra un tel zèle qu’en moins de quatre ans, il atteignit la pureté de l’intellect et, gratifié par Dieu des arrhes de la contemplation, il fut jugé digne de s’engager dans le stade de la vie hésychaste. Michel lui permit de se retirer dans une petite cellule érémitique, à un mille environ du monastère, de s’y nourrir de pain sec et d’eau, tous les deux jours, et d’y passer la nuit entière dans la veille. C’est dans cette retraite que Nicéphore Phocas, en visite au Kyminas, vint le trouver et lui dévoila son intention de devenir moine en sa compagnie, dès que les circonstances le lui permettraient. Peu après, saint Michel ayant laissé entendre à ses proches qu’Athanase deviendrait son héritier dans la grâce et la direction des âmes, certains moines, croyant qu’il voulait faire de lui son successeur dans l’higouménat, commencèrent à venir importuner le jeune ascète par leurs flatteries. Brûlé par l’amour de l’hésychia et repoussant tout honneur, le saint choisit une fois de plus la fuite et, n’emportant avec lui que ses vêtements, deux livres et la cuculle de son père spirituel, il se rendit directement au Mont Athos, qu’il avait admiré depuis l’île de Lemnos lors de son séjour en Égée, et où ne vivaient alors guère que des ermites, habitant dans des huttes de branchages, et qui, étrangers à tout souci, ne possédaient rien et ne travaillaient pas la terre. Après avoir admiré leur mode de vie en une courte visite, il se rangea sous la direction d’un ancien fort simple, qui résidait dans la partie nord de la péninsule, le Zygos, en se faisant passer pour un marin victime d’un naufrage, du nom de Barnabé ; et pour écarter tout soupçon sur son origine, il feignit d’être illettré et incapable d’apprendre même l’alphabet. Entre temps, Nicéphore Phocas, qui avait reçu le titre de Domestique des Scholes, faisait rechercher partout Athanase. Il écrivit même au juge de Thessalonique, lui demandant d’enquêter sur le Mont Athos. Celui-ci s’adressa au prôtos Étienne, qui lui répondit ignorer la présence d’un tel moine. Le jour de la Nativité (958 ou 959), lors de la vigile qui rassemblait tous les Athonites dans la modeste église du Prôtaton à Karyès, le prôtos reconnut à la noblesse d’allure du jeune Barnabé, le moine qu’on lui avait décrit, et il lui ordonna de faire la lecture de l’homélie de saint Grégoire le Théologien. Athanase commença par ânonner comme un enfant, mais le prôtos lui ayant intimé l’ordre de lire « comme il le savait », ne pouvant plus dissimuler, il se mit à lire de telle manière que tous les moines admiratifs vinrent se prosterner devant lui. Le plus en vue d’entre eux, Paul de Xiropotamou [28 juil.], prédit que celui qui était venu après eux sur la Montagne les devancerait dans le Royaume de Dieu, et que tous les moines allaient se ranger sous sa direction. Le prôtos prit Athanase à l’écart et, ayant appris toute la vérité, il lui promit de ne pas le trahir et lui assigna une cellule solitaire, à trois stades de Karyès, où il pourrait converser sans distraction avec Dieu seul. Le saint y subvenait à ses besoins en copiant des livres, et il montrait une telle dextérité dans cette activité qu’il recopiait, d’une écriture élégante et soignée, un Psautier par semaine.

La lampe ne pouvait cependant rester longtemps cachée sur la montagne, et quand le frère de Nicéphore, Léon Phocas, se rendit en pèlerinage à l’Athos pour rendre grâces à Dieu après une campagne victorieuse contre les barbares, il réussit à découvrir Athanase. Les moines athonites, constatant que le bienheureux était si cher à des personnages aussi haut placés, lui demandèrent d’intercéder auprès de Léon, pour que l’église du Prôtaton fût reconstruite et agrandie. Il obtint aussitôt satisfaction et, après avoir pris congé de son puissant ami, il retourna dans sa solitude. Mais, comme les moines venaient sans cesse lui demander conseil, il prit de nouveau la fuite, en quête de l’hésychia, et se retira sur le cap sud de la Montagne, dans un endroit désert, battu par les vents, Mélana. Il y fut rudement éprouvé par le démon, qui déclenchait contre l’ascète toutes ses machinations, et surtout la guerre de l’acédie, l’épreuve particulière des ermites. L’Ennemi lui provoquait une telle sécheresse spirituelle que, parvenu presque au découragement complet, Athanase souhaitait quitter ce lieu ; mais dans un suprême effort, il décida cependant de prendre patience jusqu’à la fin de l’année. Le dernier jour venu, alors qu’il se préparait à quitter Mélana, n’ayant trouvé aucun apaisement dans l’épreuve, une lumière céleste le pénétra soudain, le remplissant d’une joie ineffable et lui procurant le don des larmes, qu’il versa dès lors, sans effort, jusqu’à la fin de ses jours, c’est pourquoi ce lieu lui devint aussi cher qu’il lui était haïssable auparavant. Sur ces entrefaites, Nicéphore Phocas, qui avait reçu le commandement de toute l’armée byzantine pour délivrer la Crète des Arabes, lesquels épouvantaient toutes les côtes par leurs raids de piraterie, envoya des messagers dans les centres monastiques du temps — et particulièrement à l’Athos, car il avait appris par son frère qu’Athanase s’y trouvait — demandant qu’on lui envoie des moines capables de l’aider par leurs prières. Les Pères de la Sainte Montagne réussirent à vaincre les résistances de l’amant de l’hésychia, en lui rappelant que plusieurs moines se trouvaient prisonniers des Arabes ; et Athanase arriva en Crète, en compagnie d’un ancien, nommé Théodose, peu après l’éclatante victoire de Nicéphore (961). Transporté par la joie de retrouver son père spirituel, celui-ci lui confirma qu’il avait toujours l’intention de se retirer du monde, et il le supplia de commencer la fondation d’un monastère près de son ermitage pour les abriter. L’homme de Dieu, estimant que travailler à son propre salut était déjà une assez lourde charge, et fuyant toute occasion de soucis et de dissipation, refusa cette proposition et repartit pour l’Athos. Nicéphore envoya à sa suite un de ses proches, Méthode, qui devint ensuite higoumène de la laure du mont Kyminas, et ce dernier réussit à convaincre Athanase d’entreprendre la fondation. Avec l’or offert par Nicéphore, on put rapidement construire un oratoire dédié au Précurseur avec des cellules érémitiques destinées à Athanase et Nicéphore  ; et, après le départ de Méthode au bout de six mois, on commença l’édification d’une grande église de la Mère de Dieu et de la Laure, dite « de Mélana » , à l’emplacement même où Athanase avait été délivré de l’acédie par la vision de la lumière divine. Athanase ayant chassé par sa prière le démon qui avait paralysé les ouvriers, ceux-ci décidèrent de devenir moines et furent tonsurés par le saint qui, avant de les accepter comme disciples, alla recevoir le Grand Habit des mains d’un ermite des environs, Isaïe. Cette année-là (962-963), une terrible famine frappa tout l’Empire, si bien que le ravitaillement de la Laure se trouva interrompu. Athanase ayant décidé d’aller demander conseil aux anciens à Karyès, rencontra en chemin la Mère de Dieu, qui fit jaillir devant lui une source d’eau abondante , et elle lui recommanda de ne pas s’inquiéter, car elle assumerait elle-même, pour la suite des temps, la charge d’« Économe du monastère » . Et lorsque le saint rentra au monastère, la Toute-Sainte lui montra les réserves pleines. Par la grâce de Dieu et la prière du saint, les travaux avancèrent rapidement, malgré les grandes difficultés dues à cet endroit escarpé, plein de pierres et de broussailles épaisses. À l’église, munie de deux chœurs en forme de croix , furent ajoutés un réfectoire , une hôtellerie, un hôpital muni d’un bain, un aqueduc, un moulin et tout ce qui était nécessaire à la vie d’un grand monastère. Le nombre des moines croissant rapidement, le saint veillait aussi à l’organisation de la communauté, en réglant dans le plus grand détail, tant les offices liturgiques que les observances quotidiennes, selon le modèle du Stoudion, de manière à ce que tout y soit accompli dignement et dans l’ordre, et que les moines, dépouillés de tout bien et de leur volonté propre, puissent persévérer d’un seul cœur et sans souci dans la glorification permanente de Dieu. Pour saint Athanase, la vie au monastère consiste à : « Regarder en commun le but de la vie, c’est-à-dire le salut, et former dans la vie cénobitique un seul cœur et une seule volonté. Que d’un commun désir toute la fraternité ne forme qu’un seul corps constitué de plusieurs membres ». Tout semblait aller pour le mieux, quand parvint la nouvelle du couronnement de Nicéphore sur le trône impérial (16 août 963). Désemparé par ce qu’il estimait être une trahison, Athanase, sous prétexte de se rendre à Constantinople, s’embarqua sur-le-champ avec trois disciples. Mais à peine éloigné de la côte, il envoya l’un d’eux auprès du souverain, porteur d’une lettre annonçant sa démission, chargea le second, Théodote, de porter cette nouvelle à la Laure, et il se dirigea avec le troisième, Antoine, vers l’île de Chypre. Ils s’y présentèrent au monastère des « Prêtres », prétendant être des pèlerins qui, ayant renoncé à gagner la Terre Sainte occupée par les Sarrasins, demandaient à vivre en ascètes à proximité. La joie de Nicéphore en accueillant l’envoyé de son père spirituel fut rapidement ternie à la lecture de sa lettre, et il fit aussitôt rechercher Athanase. Pendant ce temps, la Laure, privée de son higoumène, périclitait rapidement, et les moines orphelins ne pouvaient trouver ni consolation ni harmonie. Quand les deux fugitifs apprirent que l’higoumène du monastère des Prêtres avait été informé que l’empereur recherchait deux moines correspondant à leur signalement, ils prirent la fuite. Les vents les ayant repoussés sur le littoral de l’Asie Mineure, près d’Attalia, Athanase eut une vision lui révélant la situation lamentable dans laquelle se trouvait la Laure et lui annonçant qu’elle était promise, sous sa direction, à un brillant avenir. Ils n’avaient pas plutôt décidé de prendre le chemin du retour que, par un effet de la divine providence, ils rencontrèrent Théodote, qui s’était mis en route pour Chypre afin d’y trouver le saint et de lui rapporter quelle était la situation à l’Athos. À son retour au monastère, Athanase fut reçu par ses moines comme le Christ entrant à Jérusalem, et la Laure reprit rapidement vie. Il se rendit peu après à Constantinople. L’empereur Nicéphore, confus, n’osa pas le recevoir avec la pompe habituelle, et c’est vêtu simplement qu’il prit le saint à part, dans sa chambre, pour lui présenter ses excuses et l’inciter à prendre patience jusqu’à ce que les circonstances lui permettent de réaliser ses promesses. Athanase, ayant reçu de Dieu la révélation que Nicéphore allait mourir sur le trône, l’exhorta à la justice et à la mansuétude, puis il prit congé, muni d’un chrysobulle qui accordait à la Laure le titre de monastère impérial, avec une rente annuelle considérable, et lui cédait le monastère de Saint-André de Péristéra, dans la région de Thessalonique, comme dépendance (métochion). De retour à l’Athos, le saint reprit la direction des travaux. Au cours de l’aménagement du port, il fut gravement blessé au pied et dut rester alité pendant trois ans, mais il tira profit de cette immobilité pour se consacrer davantage à Dieu et à la direction spirituelle des frères. À la mort de Nicéphore Phocas, assassiné par Jean Tzimiskis qui monta alors sur le trône (969-976), comme le nouveau souverain se trouvait fort mal disposé envers le saint à cause de son attachement à son prédécesseur, certains ermites athonites, hommes simples et attachés à leur forme ancienne de vie, accusèrent Athanase de transformer la Sainte Montagne en un lieu mondain par ses constructions, ses plantations et l’établissement d’un grand monastère. L’empereur convoqua Athanase à Constantinople, mais le saint fit sur lui si grande impression, que Tzimiskis changea du tout au tout son attitude à son égard et lui accorda par chrysobulle une rente double de la précédente. Puis il envoya à l’Athos Euthyme du Stoudion, avec pour mission d’apaiser le conflit provoqué par le diable et de donner à la Sainte Montagne sa première organisation officielle (972) . À partir de ce moment, on vit des monastères cénobitiques remplacer les cabanes, et les ermites réconciliés avec les cénobites échanger leurs biens propres : les uns offraient aux cénobites leur application à l’hésychia et à la prière continuelle, tandis que les autres procuraient aux ermites l’ordre et l’harmonie sous la direction de l’higoumène, placé au centre de la communauté comme image du Christ. On voyait des ermites abandonner leur désert, des higoumènes renoncer à leur monastère et même des évêques démissionner, pour venir se ranger sous la direction d’Athanase. Des disciples accouraient à l’Athos, venus d’Italie, de Calabre, d’Amalfi, d’Ibérie  et d’Arménie. Et des anachorètes de renom, comme le bienheureux Nicéphore le Nu, préféraient renoncer à leurs austérités, pour jouir de l’enseignement du saint higoumène et trouver la perfection par l’ascèse de l’humilité et de la soumission. La prière du saint était si puissante contre les démons que ces derniers entouraient invisiblement la Montagne, sans pouvoir porter atteinte à ses moines ; mais ils continuaient néanmoins de s’attaquer à Athanase lui-même. Un jour, ils suggérèrent à un moine négligent, qui avait pris en grippe la tension ascétique du saint, d’attenter à sa vie. Il se présenta de nuit à la porte de la cellule de l’higoumène ; mais dès qu’Athanase sortit et l’embrassa paternellement, le malheureux laissa choir son glaive et, tombant à ses pieds, confessa son funeste dessein. Le saint lui pardonna aussitôt et lui témoigna dès lors une plus grande affection qu’à tous ses autres disciples. Se faisant tout pour tous, envers les moines du coenobium, comme envers les ascètes des alentours ou les pèlerins venus de toutes parts pour trouver à la Laure la guérison de l’âme ou du corps, saint Athanase n’en cessait cependant pas son entretien permanent avec Dieu ainsi que ses combats ascétiques. En période de jeûne, il ne mangeait rien de toute la semaine, et en temps ordinaire son régime était celui des moines soumis aux plus sévères pénitences. Quand il assistait au repas, il distribuait sa part, de sorte que, sans qu’on s’en rendît compte, il ne mangeait guère plus que l’antidoron distribué à la fin de la Liturgie. Tout le temps qu’il ne passait pas à l’enseignement ou à la confession de ses disciples, il le consacrait à la prière, toujours baignée de larmes, et son mouchoir, qui en était toujours trempé, guérit à plusieurs reprises des malades. Chef et guide à l’autorité qui ne souffrait aucune contestation, il se faisait, à l’image du Christ, le serviteur de chacun, et portait une attention toute particulière aux malades, assumant lui-même les tâches qui répugnaient aux autres moines. Il considérait les lépreux comme le plus grand trésor de la Laure et les confiait à ses disciples les plus éprouvés. Quand un des moines mourait, le saint se rendait près du corps et fondait en larmes — non pas des sanglots d’émotion, mais plutôt des larmes d’intercession pour le salut du défunt — et, en se relevant, le visage empourpré comme par le feu, il rendait gloire à Dieu de Lui avoir offert son disciple en sacrifice agréable. La communauté, d’abord limitée à quatre-vingts moines par l’empereur, fut portée au nombre de cent vingt vers la fin de la vie d’Athanase, et elle ne cessait d’augmenter. Le saint restait cependant pour chacun un père. Il encourageait ses moines au travail manuel pour éviter l’oisiveté, mère de tous les vices, et montrait l’exemple en prenant la tête dans les travaux pénibles, qui n’étaient jamais privés du chant des psaumes et du sel de la Parole divine. Il enseignait que le but de la vie monastique, dans le coenobium, restait le même que celui des ermites : « Se préparer à l’illumination du Saint-Esprit, par la purification de l’intellect, de l’âme et du corps » . Un jour, le moine Gérasime se rendit dans un kellion où le saint s’était retiré, et vit son visage ardent comme une fournaise. Il recula d’abord, effrayé, et quand il s’approcha de nouveau, il le contempla radieux et entouré d’un orbe de lumière. Comme il avait poussé un cri qui trahit sa présence, Athanase lui fit jurer de ne révéler à personne ce qu’il avait vu. Cette familiarité acquise auprès de Dieu, procurait au saint une divine sagesse, aussi bien dans l’enseignement de la communauté, que dans la correction des fautes de ses moines. Quand il imposait une pénitence à des frères, il s’y soumettait aussi lui-même, et bien qu’il eût en public une attitude austère et magistrale, quand il se trouvait avec ses disciples, en privé ou pour un travail extérieur, il était toujours simple, enjoué et d’une grande douceur. Il guérit de nombreux malades, après avoir eu soin de leur appliquer des plantes médicinales pour cacher la puissance de sa prière. Et nombre de ceux qui venaient lui confesser quelque passion persistante, comme la colère ou l’envie, s’en retournaient délivrés, après que le saint les eut touchés de son bâton pastoral, en disant : « Va en paix, tu ne souffres plus d’aucun mal ! »  Pour répondre aux besoins de la communauté, on entreprit d’agrandir l’église et, les travaux ayant avancé rapidement grâce aux dotations impériales et aux dons d’amis du Christ, il ne restait plus que la coupole à terminer. Le saint, qui avait reçu de Dieu la révélation de sa fin prochaine, après avoir exhorté ses disciples dans une dernière catéchèse, revêtit ses vêtements solennels, se couvrit de la cuculle de saint Michel Maléïnos, qu’il ne portait que dans les grandes occasions, et fit l’ascension de l’échafaudage pour inspecter les travaux (5 juillet entre 997 et 1000). Soudain la coupole s’effondra, entraînant le saint et les six autres moines qui l’accompagnaient. Cinq d’entre eux moururent sur le coup, seuls Athanase et le maçon Daniel restèrent vivants, écrasés sous les décombres. Pendant trois heures, on put entendre la voix du saint murmurer : « Gloire à Toi ô Dieu. Seigneur Jésus-Christ, viens à mon aide ! » Quand les moines affolés réussirent à le dégager, ils le trouvèrent mort, les mains en croix sur la poitrine, n’ayant qu’une seule blessure à la jambe. Son corps resta exempt de corruption et comme endormi pendant trois jours, jusqu’à ce que tous les athonites, au nombre d’environ trois mille, se réunissent pour célébrer les funérailles de leur Père et patriarche. De sa blessure s’écoula alors du sang frais, qu’on s’empressa de recueillir et qui accomplit de nombreuses guérisons. Par la suite, saint Athanase n’a pas cessé d’intervenir miraculeusement pour ceux qui venaient vénérer son tombeau, devant lequel brûle perpétuellement une veilleuse.  Quand la Grande Lavra célébra son retour à la vie cénobitique, le 5 juillet 1981, après des siècles passés dans l’idiorythmie, un liquide parfumé suinta soudain à la surface de la vitre protégeant l’icône qui recouvre le tombeau, manifestant la satisfaction du saint.