Semaine Sainte – Vendredi Saint – 17 avril

Lecture des 12 Evangiles de la Passion des Matines du Vendredi Saint :

(Selon l’usage en vigueur dans les paroisses, cet office est habituellement célébré le Jeudi Saint au soir.)

Lecture du 1er Evangile de la Passion (Jean 13,31 – 18,1)

Jésus dit à ses disciples : «  Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même et c’est bientôt qu’Il le glorifiera. Mes enfants, Je suis encore avec vous pour peu de temps. Vous me chercherez, et comme Je l’ai dit aux autorités juives : là où Je vais, vous ne pouvez venir ; à vous aussi Je le dis maintenant. Je vous donne un commandement nouveau : ‘‘Aimez-vous les uns les autres.’’ Comme Je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-Tu ? » Jésus lui répondit : « Là où Je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; mais tu me suivras plus tard. » Pierre lui dit : « Pourquoi ne puis-je pas te suivre dès maintenant ? Je donnerai ma vie pour toi. » Jésus lui répondit: « Donner ta vie pour moi ? En vérité, en vérité, Je te le dis, le coq ne chantera pas que tu ne m’aies renié trois fois. Que votre cœur ne soit pas troublé ! Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-Je dit  : ‘‘Je vais préparer un lieu pour vous.’’ Lorsque Je serai allé vous le préparer, Je reviendrai et Je vous prendrai auprès de moi, afin que là où Je suis, vous aussi vous soyez. Quant au lieu où Je vais, vous en savez le chemin. »

Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où Tu vas. Comment en connaîtrions-nous le chemin  ?  » Jésus lui dit : « Moi, Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Personne ne va vers le Père si ce n’est par moi. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ; dès à présent vous le connaissez et vous l’avez vu. »

Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit. » Jésus lui dit : « Voilà si longtemps que Je suis avec vous, et toi, Philippe, tu ne me connais toujours pas ? Qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : Montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que Je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que Je vous dis, Je ne les dis pas de moi-même : c’est le Père qui demeurant en moi accomplit ses œuvres. Croyez-moi. Je suis dans le Père et le Père est en moi. Si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause de ces œuvres. En vérité, en vérité, Je vous le dis, celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que Je fais, et il en fera même de plus grandes, car moi Je vais auprès du Père. Et tout ce que vous demanderez en mon nom, Je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, Je le ferai. Si vous m’aimez, vous gardez mes commandements ; et Je prierai le Père et Il vous donnera un autre Consolateur, pour qu’Il soit avec vous à jamais, l’Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et qu’il ne le connaît pas. Mais vous, vous le connaissez, car Il demeure auprès de vous et Il est en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins ; Je viens à vous. Encore un peu et le monde ne me verra plus. Mais vous, vous me verrez parce que Je suis vivant et vous aussi, vous vivrez. Ce jour-là, vous connaîtrez que Je suis en mon Père et que vous êtes en moi et moi en vous. Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; or celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; et Je l’aimerai et Je me manifesterai à lui. »

Jude – pas Judas l’Iscariote – lui dit : « Seigneur, comment se fait-il que Tu doives te manifester à nous et non pas au monde  ?  » Jésus lui répondit : «  Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles ; et la parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé. Je vous ai dit cela tandis que Je demeurais auprès de vous. Mais le Consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que Je vous ai dit. Je vous laisse la paix ; Je vous donne ma paix ; ce n’est pas comme le monde la donne que Je vous la donne. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre. Vous m’avez entendu dire : ‘‘Je m’en vais et Je viens à vous.’’ Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que Je dis : ‘‘Je vais vers le Père’’, car mon Père est plus grand que moi. Je vous le dis maintenant, avant que cela n’arrive, pour qu’au moment où cela arrivera, vous croyiez. Désormais Je ne m’entretiendrai plus beaucoup avec vous, car le prince de ce monde vient. Certes il n’a sur moi aucune prise  ; si bien que le monde saura que J’aime le Père et que Je fais ce que le Père m’a prescrit. Levez-vous ! Partons d’ici !

Moi, Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, Il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit, Il l’émonde, pour qu’il en porte davantage. Vous êtes déjà purs à cause de la parole que Je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment s’il ne demeure pas sur la vigne ne peut porter du fruit par lui-même, ainsi vous n’en porterez pas non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, Je suis la vigne ; vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte du fruit en abondance ; car en dehors de moi vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, et il se dessèche ; et les sarments on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent. Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voulez, et vous l’aurez. Ce qui glorifie mon Père c’est que vous portiez du fruit en abondance et deveniez mes disciples. Comme le Père m’a aimé, moi aussi Je vous ai aimés. Demeurez en mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, de même qu’en gardant les commandements de mon Père, Je demeure dans son amour. Je vous dis cela pour que ma joie demeure en vous et que votre joie soit parfaite. Voici mon commandement : ‘‘Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimés.’’

Nul n’a d’amour plus grand que celui qui donne sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que Je vous prescris. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son seigneur ; mais Je vous appelle amis, parce que tout ce que J’ai entendu de mon Père, Je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, Il vous le donne. Ce que Je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. Si le monde vous hait, sachez que moi, il m’a pris en haine en premier. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartiendrait ; vous n’êtes pas du monde, Je vous ai choisis pour vous mettre à part du monde, voilà pourquoi le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que Je vous ai dite : ‘‘Le serviteur n’est pas plus grand que son maître.’’ S’ils m’ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront ; s’ils ont retenu ma parole, la vôtre aussi ils la retiendront. Mais tout cela, ils vous le feront à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé. Si Je n’étais pas venu et ne leur avais pas parlé, ils n’auraient pas de péché ; mais maintenant leur péché est sans excuse. Celui qui me hait, hait aussi mon Père. Si Je n’avais pas fait parmi eux les œuvres que nul autre n’a faites, ils n’auraient pas de péché ; mais maintenant ils ont vu et ils continuent à nous haïr, moi et mon Père. Mais c’est pour que s’accomplisse la parole écrite dans leur loi : Ils m’ont haï sans raison. Lorsque viendra le Consolateur que Je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, Lui me rendra témoignage. Mais vous aussi, vous témoignerez, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement.

Je vous ai dit cela pour que vous ne soyez pas scandalisés. On vous exclura des synagogues. Bien plus, l’heure vient où quiconque vous tuera croira rendre un culte à Dieu. Ils agiront ainsi pour n’avoir connu ni le Père ni moi. Mais Je vous ai dit cela, afin que leur heure venue, vous vous rappeliez que Je vous l’avais dit. Je ne vous ai pas dit cela dès le début, car J’étais avec vous. Mais maintenant Je m’en vais vers celui qui m’a envoyé et aucun de vous ne me demande : ‘‘Où vas-Tu ?’’ Mais parce que Je vous ai dit cela, la tristesse a rempli vos cœurs. Cependant Je vous dis la vérité : c’est votre intérêt que Je parte ; car si Je ne pars pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous ; mais si Je pars, Je vous l’enverrai. Et lui, une fois venu, Il dénoncera le monde en matière de péché, de justice et de jugement  : de péché, parce qu’ils ne croient pas en moi ; de justice, parce que Je vais vers le Père et que vous ne me verrez plus ; de jugement, parce que le Prince de ce monde a été jugé. J’ai encore beaucoup à vous dire, mais vous ne pouvez le porter à présent. Mais quand Il viendra, lui, l’Esprit de vérité, Il vous guidera vers la vérité tout entière ; car Il ne parlera pas de lui-même, mais Il dira ce qu’Il entendra, et Il vous annoncera ce qui est à venir. Lui me glorifiera, car Il recevra de ce qui est à moi et vous l’annoncera. Tout ce que possède le Père est à moi. C’est pourquoi J’ai dit que c’est de mon bien qu’Il le reçoit et Il vous l’annoncera. Encore un peu et vous ne me verrez plus et puis encore un peu et vous me verrez. Car Je vais vers le Père. »

Certains de ses disciples se dirent entre eux : « Qu’est-ce qu’Il nous dit là : ‘‘Encore un peu et vous ne me verrez plus et puis encore un peu et vous me verrez’’ , et : ‘‘Je vais vers le Père’’ ? »  Ils disaient : « Que signifie ce : ‘‘un peu ?’’ Nous ne savons pas ce qu’Il veut dire. » Jésus comprit qu’ils voulaient le questionner et Il leur dit : « Vous vous interrogez entre vous sur ce que J’ai dit : ‘‘Encore un peu et vous ne me verrez plus et puis encore un peu et vous me verrez.’’ En vérité, en vérité, Je vous le dis, vous pleurerez et vous vous lamenterez, tandis que le monde se réjouira ; vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie. La femme, sur le point d’accoucher, s’attriste car son heure est venue ; mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus de son affliction, tout à la joie qu’un homme soit venu au monde. Vous aussi, maintenant vous êtes dans la tristesse ; mais Je vous verrai de nouveau et votre cœur se réjouira, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera. Ce jour-là, vous ne me questionnerez plus sur rien. En vérité, en vérité, Je vous le dis, ce que vous demanderez au Père en mon nom, Il vous le donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez et vous recevrez, pour que votre joie soit parfaite. Tout cela, Je vous l’ai dit en figures. Mais l’heure vient où Je ne vous parlerai plus en figures, et Je vous annoncerai ouvertement ce qui concerne le Père. Ce jour-là, vous demanderez en mon nom et Je ne vous dis pas que Je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et que vous avez cru que Je suis sorti de Dieu. Je suis sorti du Père et Je suis venu dans le monde. À présent Je quitte le monde et Je vais vers le Père. » Ses disciples lui disent : « Voilà que maintenant Tu parles ouvertement et Tu n’emploies plus aucune figure ! Nous savons maintenant que Tu sais tout et Tu n’as pas besoin qu’on te questionne. À cela nous croyons que Tu es sorti de Dieu. » Jésus leur répondit : « Croyez-vous maintenant ? Voici venir l’heure – et elle est venue – où vous serez dispersés chacun de votre côté et vous me laisserez seul. Mais Je ne suis pas seul, car le Père est avec moi. Je vous ai dit cela, pour qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde vous êtes dans l’affliction. Mais prenez courage ! Moi, J’ai vaincu le monde. »

Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux vers le ciel et dit : « Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie et que, selon le pouvoir que Tu lui as donné sur toute chair, Il donne la vie éternelle à tous ceux que Tu lui as donnés ! Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que Tu as envoyé, Jésus-Christ. Je t’ai glorifié sur la terre, J’ai accompli l’œuvre que Tu m’as donnée de faire. Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi de cette gloire que J’avais auprès de toi avant que le monde fût. J’ai manifesté ton nom aux hommes que Tu as tirés du monde pour me les donner. Ils étaient à toi et Tu me les as donnés et ils ont gardé ta parole. Maintenant ils savent que tout ce que Tu m’as donné vient de toi ; car les paroles que Tu m’as données, Je les leur ai données, et ils les ont reçues et ils ont vraiment connu que Je suis sorti de toi, et ils ont cru que Tu m’as envoyé. Je prie pour eux ; Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que Tu m’as donnés, car ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi, et Je suis glorifié en eux. Je ne suis plus dans le monde ; eux sont dans le monde, et moi, Je viens vers toi. Père saint, garde en ton nom ceux que Tu m’as donnés pour qu’ils soient un comme nous. Quand J’étais avec eux dans le monde Je les gardais en ton nom. Ceux que Tu m’as donnés Je les ai protégés et aucun d’eux ne s’est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l’Écriture soit accomplie. Mais maintenant Je viens vers toi et Je parle ainsi dans le monde, afin qu’ils aient en eux-mêmes ma joie parfaite. Je leur ai donné ta parole et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi Je ne suis pas du monde. Je ne te prie pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi Je ne suis pas du monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. Comme Tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, Je les ai envoyés dans le monde. Pour eux Je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croient en moi, afin que tous soient un. Comme toi, Père, Tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que Tu m’as envoyé. Je leur ai donné la gloire que Tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’unité, et que le monde connaisse que Tu m’as envoyé et que Tu les as aimés comme Tu m’as aimé. Père, ceux que Tu m’as donnés, Je veux que là où Je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, que Tu m’as donnée parce que Tu m’as aimé avant la fondation du monde. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi Je t’ai connu et ceux-ci ont reconnu que Tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom et Je le leur ferai connaître, pour que l’amour dont Tu m’as aimé soit en eux et moi en eux. » Ayant dit cela, Jésus s’en alla avec ses disciples de l’autre côté du torrent du Cédron. Il y avait là un jardin dans lequel Il entra, ainsi que ses disciples.

Lecture du 2ème Evangile de la Passion (Jean 18, 1-28)

En ce temps-là, Jésus s’en alla avec ses disciples de l’autre côté du torrent du Cédron. Il y avait là un jardin dans lequel Il entra, ainsi que ses disciples. Or Judas, qui le livrait, connaissait aussi ce lieu, parce que Jésus et ses disciples s’y étaient souvent réunis. Judas, menant la cohorte et des gardes détachés par les grands prêtres et les pharisiens, vint là avec des lanternes, des torches et des armes. Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, sortit et leur dit : «  Qui cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Jésus le Nazaréen. » Il leur dit : « C’est moi. » Or Judas, qui le livrait, se tenait là, lui aussi, avec eux. Dès que Jésus leur eut dit : « C’est moi », ils reculèrent et tombèrent à terre. De nouveau Il leur demanda : « Qui cherchez-vous ? » Ils dirent : « Jésus le Nazaréen. » Jésus répondit : « Je vous ai dit que c’est moi. Si donc c’est moi que vous cherchez, laissez ceux-là s’en aller », afin que s’accomplît la parole qu’Il avait dite : « Ceux que tu m’as donnés, je n’en ai perdu aucun. » Alors Simon-Pierre, qui portait un glaive, le tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite. Le nom de ce serviteur était Malchus. Mais Jésus dit à Pierre : « Remets ton glaive au fourreau. La coupe que m’a donnée le Père, ne dois-Je pas la boire ? » La cohorte avec son commandant et les gardes saisirent donc Jésus et le lièrent.

Ils le menèrent d’abord chez Anne. Celui-ci était, en effet, le beau-père de Caïphe qui était grand prêtre cette année-là. Or Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux autorités juives : « C’est votre avantage qu’un seul homme meure pour le peuple. » SimonPierre et un autre disciple suivaient Jésus. Ce disciple était connu du grand prêtre et il entra avec Jésus dans la cour du grand prêtre, tandis que Pierre se tenait dehors, près de la porte. L’autre disciple, celui qui était connu du grand prêtre, sortit donc, dit un mot à la portière et fit entrer Pierre. La servante, qui était la portière, dit alors à Pierre : « N’es-tu pas, toi aussi, des disciples de cet homme ? » Il dit : « Je n’en suis pas. » Les serviteurs et les gardes, qui avaient fait un feu de braise, car il faisait froid, se tenaient là et se chauffaient. Pierre aussi se tenait avec eux et se chauffait.

Alors le grand prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sur son enseignement. Jésus lui répondit : « C’est ouvertement que J’ai parlé au monde, J’ai toujours enseigné à la synagogue et dans le Temple, là où tous les Juifs se rassemblent, et Je n’ai rien dit en secret. Pourquoi m’interroges-tu ? Demande à ceux qui ont écouté ce que Je leur ai dit ; eux, ils savent ce que J’ai dit. » À ces mots, l’un des gardes, qui se trouvait là, donna une gifle à Jésus en disant : « C’est ainsi que Tu réponds au grand prêtre ? » Jésus lui répondit : « Si J’ai mal parlé, témoigne de ce qui est mal ; mais si J’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu  ?  » Là-dessus, Anne l’envoya, toujours lié, au grand prêtre, Caïphe. Or Simon-Pierre se tenait là et se chauffait. Ils lui dirent: « N’es-tu pas, toi aussi, de ses disciples ? » Lui le nia et dit : « Je n’en suis pas. » Un des serviteurs du grand prêtre, qui était parent de celui à qui Pierre avait tranché l’oreille, dit : « N’est-ce pas moi qui t’ai vu dans le jardin avec lui ? » De nouveau Pierre nia, et aussitôt un coq chanta. Puis ils emmenèrent Jésus de chez Caïphe au prétoire. C’était le matin. Eux-mêmes n’entrèrent pas dans le prétoire, pour ne pas se souiller mais pouvoir manger la Pâque.

Lecture du 3ème Evangile de la Passion (Matthieu 26, 57-75)

En ce temps-là, les gardes qui avaient arrêté Jésus l’emmenèrent chez Caïphe le grand prêtre, là où s’étaient réunis les scribes et les anciens. Quant à Pierre, il le suivait de loin, jusqu’à la demeure du grand prêtre ; et, pénétrant à l’intérieur, il s’assit avec les serviteurs pour voir comment cela finirait. Or, les grands prêtres, les anciens et tout le Sanhédrin cherchaient un faux témoignage contre Jésus, pour le condamner à mort ; ils n’en trouvèrent pas, bien que de faux témoins se fussent présentés en grand nombre. Finalement il s’en présenta deux, qui déclarèrent : « Cet homme a dit : ‘‘Je peux détruire le Sanctuaire de Dieu et le rebâtir en trois jours’’. » Se levant alors, le grand prêtre lui dit : « Tu ne réponds rien ? De quoi ces gens témoignent-ils contre toi ? » Mais Jésus se taisait. Le grand prêtre lui dit : « Je t’adjure par le Dieu Vivant de nous dire si Tu es le Christ, le Fils de Dieu. » Jésus lui dit : « Tu l’as dit. Mais Je vous le déclare : Désormais vous verrez le Fils de l’homme siégeant à la droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel. » Alors le grand prêtre déchira ses vêtements en disant : « Il a blasphémé ! Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Vous venez d’entendre le blasphème ! Qu’en pensez-vous ? » Ils répondirent : « Il mérite la mort. »

Alors ils lui crachèrent au visage et lui donnèrent des coups ; d’autres le giflèrent en disant : « Fais le prophète, Christ, dis-nous qui t’a frappé. » Cependant Pierre était assis dehors, dans la cour. Une servante s’approcha de lui en disant : « Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen. » Mais lui nia devant tout le monde en disant : « Je ne sais pas ce que tu veux dire. » Comme il s’était retiré vers le porche, une autre le vit et dit à ceux qui étaient là : « Celui-là était avec Jésus le Nazaréen. » Et de nouveau il nia avec serment : « Je ne connais pas cet homme. » Peu après, ceux qui se tenaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : « Sûrement, toi aussi, tu es des leurs : d’ailleurs ta manière de parler te trahit. » Alors il se mit à jurer avec force imprécations : « Je ne connais pas cet homme. » Et aussitôt un coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole que Jésus avait dite : «  Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » Et sortant dehors il pleura amèrement.

Lecture du 4ème Evangile de la Passion (Jean 18,28 – 19,16)

En ce temps-là ils mènent Jésus de chez Caïphe au prétoire. C’était le matin. Eux-mêmes n’entrèrent pas dans le prétoire, pour ne pas se souiller et pouvoir manger la Pâque. Pilate vint donc les trouver à l’extérieur, et dit : « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? » Ils lui répondirent : « S’il n’avait rien fait de mal, nous ne te l’aurions pas livré. » Pilate leur dit: « Prenez-le, vous-mêmes, et jugez-le selon votre loi. » Les chefs des Juifs lui dirent : « Il ne nous est pas permis de mettre quelqu’un à mort », afin que s’accomplît la parole de Jésus, signifiant de quelle mort il devait mourir.

Pilate rentra donc dans le prétoire. Il appela Jésus et lui dit : «Est-ce toi, le roi des Juifs ?» Jésus répondit:» Dis-tu cela de toi-même ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? » Pilate répondit : « Est-ce que je suis Juif, moi? Ta propre nation et les grands prêtres t’ont livré à moi. Qu’as-tu fait ?» Jésus répondit : «Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que Je ne sois pas livré aux chefs des Juifs. Mais mon royaume n’est pas d’ici.» Pilate lui dit alors : «Tu es donc roi ?» Jésus répondit : « C’est toi qui dis que Je suis roi. Je suis né, et Je suis venu dans le monde, pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix.» Pilate lui dit : «Qu’est-ce que la vérité ?»

Sur ces mots, il alla retrouver les chefs des Juifs et leur dit : «Je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. Mais c’est pour vous une coutume que je vous relâche quelqu’un lors de la Pâque. Voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? » Alors ils se mirent à crier : « Pas celui-là, mais Barabbas ! » Or Barabbas était un brigand. Alors Pilate prit Jésus et le fit flageller. Les soldats, qui avaient tressé une couronne avec des épines, la lui mirent sur la tête et le revêtirent d’un manteau de pourpre ; et ils s’approchaient de lui et disaient : «Salut, roi des Juifs !» Et ils lui donnaient des coups, le frappaient au visage. Pilate retourna dehors et leur dit : « Voyez, je vous l’amène dehors, pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » Jésus sortit donc dehors, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre ; et Pilate leur dit : «Voici l’homme !» Mais lorsqu’ils le virent, les grands prêtres et les gardes se mirent à crier : «Crucifie-le ! Crucifie-le !» Pilate leur dit : «Prenez-le, vous-mêmes, et crucifiez-le ; car moi, je ne trouve pas en lui de motif de condamnation.»

Les chefs des Juifs lui répliquèrent : « Nous avons une loi et d’après cette loi Il doit mourir, parce qu’Il s’est fait Fils de Dieu. » Lorsque Pilate entendit cette parole, il fut encore plus effrayé. Il rentra dans le prétoire et dit à Jésus : « D’où es-Tu ? » Mais Jésus ne lui donna pas de réponse. Pilate lui dit donc : « Es-ce à moi que Tu ne parles pas ? Ne sais-Tu pas que j’ai le pouvoir de te relâcher et que j’ai le pouvoir de te crucifier ? » Jésus lui répondit : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, s’il ne t’avait été donné d’en haut ; c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi porte un plus grand péché. » Dès lors Pilate cherchait à le relâcher. Mais la foule se mit à crier:«Si tu le relâches, tu n’es pas l’ami de César: quiconque se fait roi, se déclare contre César.»

Quand Pilate entendit ces paroles, il emmena Jésus dehors et alla siéger au tribunal, en un lieu dit le Dallage, en hébreu Gabbatha. C’était la préparation de la Pâque, vers la sixième heure34. Pilate dit à ces Juifs: «Voici votre roi.» Mais eux se mirent à crier : « À mort ! À mort ! Crucifie-le ! » Pilate leur dit : «Crucifierai-je votre roi ?» Les grands prêtres répondirent : «Nous n’avons d’autre roi que César !» Alors il le leur livra pour qu’Il soit crucifié.

Lecture du 5ème Evangile de la Passion (Matthieu 27, 3-32 )

En ce temps-là, Judas, qui l’avait livré, voyant que Jésus avait été condamné, fut pris de remords et rapporta les trente deniers aux grands prêtres et aux anciens en disant:«J’ai péché en livrant un sang innocent. » Mais ils dirent : «Que nous importe ? À toi de voir.» Et jetant les deniers dans le Sanctuaire, il sortit et alla se pendre. Quant aux grands prêtres, ils ramassèrent les trente deniers et dirent : «Il n’est pas permis de les verser au trésor, puisque c’est le prix du sang.» Après avoir tenu conseil, ils achetèrent avec cet argent le Champ du potier pour la sépulture des étrangers. Voilà pourquoi ce champ-là est appelé jusqu’à ce jour le Champ du Sang. Alors s’accomplit l’oracle de Jérémie le prophète qui disait : «Et ils ont pris les trente deniers, le prix du Précieux, de celui dont les fils d’Israël avaient évalué le prix et ils les ont donnés pour le champ du potier, ainsi que me l’a ordonné le Seigneur.»

Quant à Jésus, Il comparut devant le gouverneur et le gouverneur l’interrogea: «Es-Tu le roi des Juifs ?» Jésus déclara : «Tu le dis.» Tandis qu’Il était accusé par les grands prêtres et les anciens, Il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit : «N’entends-Tu pas tout ce qu’ils attestent contre toi?» Et Il ne lui répondit sur aucun point, de sorte que le gouverneur était fort étonné. À chaque fête, le gouverneur avait coutume de relâcher à la foule un prisonnier, celui qu’elle voulait. On avait alors un prisonnier célèbre, nommé Barabbas. Pilate dit donc à ceux qui se trouvaient rassemblés:«Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus que l’on appelle Christ ?» Il savait bien que c’était par jalousie qu’on l’avait livré. Or, tandis qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : «Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste; car aujourd’hui j’ai été tourmentée dans un songe à cause de lui.» Cependant, les grands prêtres et les anciens persuadèrent les foules de réclamer Barabbas et de faire périr Jésus. Reprenant la parole, le gouverneur leur dit: «Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? » Ils dirent:«Barabbas.» Pilate leur dit:«Que ferai-je donc de Jésus que l’on appelle Christ?» Ils dirent tous:«Qu’Il soit crucifié!» Il reprit:«Quel mal a-t-Il donc fait?» Mais ils criaient plus fort:«Qu’Il soit crucifié!»

Voyant alors qu’il n’aboutissait à rien, mais qu’il s’ensuivait plutôt du tumulte, Pilate prit de l’eau et se lava les mains en présence de la foule, en disant :«Je suis innocent du sang de ce juste; à vous de voir.» Et tout le peuple répondit:«Que son sang soit sur nous et sur nos enfants!» Alors il leur relâcha Barabbas; quant à Jésus, après l’avoir fait flageller, il le livra pour être crucifié. Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans le Prétoire et rassemblèrent autour de lui toute la cohorte. Ils le dévêtirent et lui mirent une chlamyde écarlate, puis, ayant tressé une couronne avec des épines, ils la lui placèrent sur la tête, ainsi qu’un roseau dans la main droite. S’agenouillant devant lui, ils se moquèrent de lui en disant:«Salut, roi des Juifs!» et, crachant sur lui, ils prenaient le roseau et le frappaient à la tête. Puis, quand ils se furent moqués de lui, ils lui ôtèrent la chlamyde, lui remirent ses vêtements et l’emmenèrent pour le crucifier. Comme ils sortaient, ils trouvèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, et le réquisitionnèrent pour porter la croix.

Lecture du 6ème Evangile de la Passion (Marc 15, 16-32)

En ce temps-là, les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais, c’est à dire du Prétoire. Ils appellent toute la cohorte. Ils le revêtent de pourpre, puis, ayant tressé une couronne d’épines, ils la lui mettent. Et ils se mirent à le saluer : « Salut, roi des Juifs ! » Et ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et, ployant le genou, ils se prosternaient devant lui. Puis, quand ils se furent moqués de lui, ils lui ôtèrent la pourpre et lui remirent ses vêtements. Ils le font sortir afin de le crucifier. Et ils réquisitionnent pour porter sa croix un passant qui revenait des champs, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus. Et ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha, ce qui se traduit lieu du Crâne. Et ils lui donnaient du vin mêlé de myrrhe, mais il n’en prit pas. Ils le crucifient et se partagent ses vêtements en tirant au sort ce qui reviendrait à chacun. C’était la troisième heure, quand ils le crucifièrent. L’inscription portant le motif de sa condamnation était ainsi libellée : « Roi des Juifs ». Avec lui ils crucifient deux brigands, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Ainsi fut accomplie cette parole de l’Écriture : Il a été mis au nombre des sans-loi. Les passants l’injuriaient en hochant la tête et disaient : « Hé ! toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même en descendant de la croix ! » Pareillement les grands prêtres avec les scribes se moquaient entre eux et disaient : « Il en a sauvé d’autres et il ne peut se sauver lui-même ! Que le Christ, le Roi d’Israël, descende maintenant de la croix, pour que nous voyions et que nous croyions en lui ! » Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’injuriaient.

Lecture du 7ème Evangile de la Passion (Matthieu 27, 33-54)

En ce temps-là, arrivés au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire lieu du Crâne, ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel ; Il goûta et ne voulut pas boire. Quand ils l’eurent crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort. Puis ils restèrent assis à le garder. Ils avaient placé au-dessus de sa tête le motif de sa condamnation ainsi libellé : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs ». Deux larrons étaient alors crucifiés avec lui, l’un à droite et l’autre à gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête et disant : « Toi qui détruis le Sanctuaire et en trois jours le rebâtis, sauve-toi toi-même, si tu es fils de Dieu, et descends de la croix. » De même les grands prêtres se moquaient et disaient avec les scribes et les anciens : « Il en a sauvé d’autres et il ne peut se sauver lui-même. S’Il est roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui. Il a mis sa confiance en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant, s’Il l’aime. Car Il a dit : Je suis fils de Dieu. » Même les larrons crucifiés avec lui l’injuriaient.

À partir de la sixième heure, l’obscurité se fit sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure. Et vers la neuvième heure, Jésus clama d’une voix forte : « Éloï, Éloï, lema sabachthani », c’est-à-dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? » Certains de ceux qui se tenaient là disaient en l’entendant: « Le voilà qui appelle Élie. » Et aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il imbiba de vinaigre et, la fixant au bout d’un roseau, il lui donnait à boire. Mais les autres lui dirent : « Laisse, voyons si Élie vient le sauver. » Or Jésus, cria de nouveau d’une voix forte et rendit l’esprit.

Et voici que le voile du Sanctuaire se déchira en deux, du haut en bas ; la terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s’ouvrirent et les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent : et sortis des tombeaux, ils entrèrent dans la Ville sainte après sa résurrection et apparurent à beaucoup de gens. Le centurion et ceux qui gardaient Jésus avec lui, voyant le tremblement de terre et ce qui se passait, furent saisis d’une grande crainte et dirent : « En vérité celui-ci était Fils de Dieu. »

Lecture du 8ème Evangile de la Passion (Luc 23, 32-49)

En ce temps-là, on emmenait avec Jésus deux malfaiteurs pour les exécuter avec lui. Et lorsqu’ils furent arrivés au lieu appelé « le Crâne », ils l’y crucifièrent ainsi que les malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Et Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Puis, pour partager ses vêtements ils tirèrent au sort. Le peuple se tenait là, à regarder. Et avec lui, les chefs se gaussaient en disant : « Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie, l’élu de Dieu ! » Les soldats aussi se moquaient de lui et s’approchant ils lui présentaient du vinaigre, en disant : « Si toi, Tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »

Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui écrite en lettres grecques, latines et hébraïques : Celui-ci est le roi des Juifs. L’un des malfaiteurs crucifiés l’injuriait: «Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même, et nous aussi ». Mais l’autre le reprit en disant : « Tu n’as même pas la crainte de Dieu, toi qui subis la même peine ! Pour nous, c’est justice : nous recevons ce que nous avons mérité pour nos actes ; mais lui n’a rien fait de mal. » Et il disait à Jésus : « Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton royaume. » Et Jésus lui dit : « En vérité, Je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis. »

C’était environ la sixième heure, l’obscurité se fit sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure et le soleil s’éclipsa. Alors, le voile du Sanctuaire se déchira par le milieu, et, jetant un grand cri, Jésus dit:« Père, entre tes mains Je remets mon esprit.» Sur ces mots, Il expira.

Voyant ce qui était arrivé, le centurion glorifia Dieu en disant : « En vérité, cet homme était juste!» Et toutes les foules qui s’étaient rassemblées pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, s’en retournaient en se frappant la poitrine. Tous ses amis se tenaient à distance, tandis que les femmes qui l’accompagnaient depuis la Galilée regardaient.

Lecture du 9ème Evangile de la Passion (Jean 19, 25-37)

En ce temps-là, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléopas, et Marie de Magdala. Jésus voyant sa mère et, près d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis Il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui. Après quoi, sachant dès lors que tout était achevé et afin que l’Écriture fût accomplie, Jésus dit : « J’ai soif. » Il y avait là une cruche remplie de vinaigre. On fixa une éponge imbibée de ce vinaigre au bout d’une branche d’hysope et on l’approcha de sa bouche. Quand Il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli » et, inclinant la tête, Il rendit l’esprit.

Comme c’était le jour de la Préparation, pour éviter que les corps ne restent sur la croix durant le sabbat – car ce sabbat était un grand jour -, les chefs des Juifs demandèrent à Pilate de leur briser les jambes et de les enlever. Les soldats vinrent donc et brisèrent les jambes du premier, puis de l’autre qui avait été crucifié avec lui. Arrivés devant Jésus, ils virent qu’Il était déjà mort et ne lui brisèrent pas les jambes, mais l’un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et, aussitôt, il en jaillit du sang et de l’eau. Celui qui a vu rend témoignage et son témoignage est véridique, et il sait, lui, qu’il dit vrai, afin que vous aussi vous croyiez. Car cela est arrivé pour que l’Écriture s’accomplît : Pas un de ses os ne sera brisé. Un autre passage de l’Écriture dit aussi : Ils verront celui qu’ils ont transpercé.

Lecture du 10ème Evangile de la Passion (Marc 15, 42-47)

En ce temps-là, un membre éminent du Conseil, Joseph d’Arimathie, arriva. Il attendait lui aussi le Royaume de Dieu. Il eut le courage d’entrer chez Pilate pour demander le corps de Jésus. Pilate s’étonna qu’Il fût déjà mort. Il fit venir le centurion et lui demanda s’Il était mort depuis longtemps. Informé par le centurion, il permit à Joseph de prendre le corps. Après avoir acheté un linceul, Joseph descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans une tombe qui avait été taillée dans le roc ; puis il roula une pierre à l’entrée du tombeau. Marie de Magdala et Marie, mère de José, regardaient où on l’avait déposé.

Lecture du 11ème Evangile de la Passion (Jean 19, 38-42)

En ce temps-là, Joseph d’Arimathie, qui était un disciple de Jésus, mais s’en cachait par crainte des chefs des Juifs, demanda à Pilate l’autorisation d’enlever le corps de Jésus. Pilate le permit et Joseph vint enlever le corps de Jésus. Nicodème vint aussi, lui qui naguère était allé de nuit trouver Jésus. Il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres. Ils prirent donc le corps de Jésus et l’entourèrent de bandelettes, avec des aromates, selon la manière juive d’ensevelir. À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et, dans ce jardin, un tombeau neuf où jamais personne n’avait été déposé. En raison de la fête juive de la Préparation, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus.

Lecture du 12ème Evangile de la Passion (Matthieu 27, 62-66 )

Le lendemain, c’est-à-dire après la Préparation, les grands prêtres et les Pharisiens se rassemblèrent chez Pilate et lui dirent:«Seigneur, nous nous sommes souvenus que cet imposteur a dit de son vivant : “ Après trois jours Je me relèverai !” Commande donc que le sépulcre soit bien surveillé jusqu’au troisième jour, pour éviter que ses disciples ne viennent de nuit le dérober et ne disent au peuple : “Il s’est relevé d’entre les morts ! ” Cette dernière imposture serait pire que la première.» Pilate leur répondit : «Vous avez une garde ; allez et assurez la surveillance comme vous l’entendez.» Ils allèrent donc et s’assurèrent du sépulcre, en scellant la pierre et en postant une garde.

Synaxaire du Vendredi Saint

Le grand Vendredi Saint, nous célébrons la sainte, terrible et salutaire Passion du Seigneur notre Dieu et notre Sauveur Jésus-Christ, les crachats, les coups, les gifles, les injures, les rires, le manteau de pourpre, le roseau, l’éponge, le vinaigre, les clous, la lance, et surtout la croix et la mort qu’Il a voulu souffrir pour nous, et la confession sur la croix du larron reconnaissant crucifié avec Lui.

Vêpres de la Mise au Tombeau

(C’est lors des Vêpres du Vendredi Saint que l’épitaphios est sorti.)

Lecture du livre de l’Exode (33, 11-23)

Le Seigneur parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami. Puis Moïse retournait au camp. Mais son serviteur le jeune Josué fils de Nun, ne sortait pas du milieu de la tente. Moïse dit au Seigneur: Voici, Tu me dis: Fais monter ce peuple. Mais Tu ne me fais pas savoir qui Tu enverras avec moi. Pourtant Tu as dit: Je te connais par ton nom, et tu as trouvé grâce à Mes yeux. Maintenant, si j’ai trouvé grâce à Tes yeux, révèle moi Tes voies. Je Te connaîtrai et je trouverai encore grâce à Tes yeux. Considère que cette nation est Ton peuple. Le Seigneur dit: J’irai moi-même, et Je te donnerai le repos. Moïse lui dit: Si Tu ne viens pas Toi-même, ne nous fais pas remonter d’ici. Comment savoir que j’ai trouvé grâce à Tes yeux, moi et Ton peuple? Ne sera-ce pas quand Tu iras avec nous, quand nous serons séparés moi et Ton peuple de tous les peuples qui sont sur la face de la terre?Le Seigneur dit à Moïse: Je ferai ce que Tume demandes. Car tu as trouvé grâce à Mes yeux. Et Je te connais par ton nom. Moïse dit: Fais moi voir Ta gloire. Le Seigneur répondit: le ferai passer devant toi toute Ma beauté. Je proclamerai devant toi le Nom du Seigneur. Je fais grâce à qui Je fais grâce et miséricorde à qui Je fais miséricorde. Il dit: Tu ne pourras pas voir Ma face. Car l’homme ne peut Me voir et vivre. Le Seigneur dit: Voici un lieu près de Moi. Tu te tiendras sur le rocher. Quand Ma gloire passera, Je te mettrai dans le creux du rocher, et Je te couvrirai de Ma main jusqu’à ce que Je sois passé. Puis J’enlèverai Ma main et tu Me verras par derrière. Mais Ma face, on ne la verra pas.

Lecture du Livre de Job (42, 12-17)

Le Seigneur bénit les derniers temps de Job plus encore que les premiers. Il eut quatorze mille brebis, six mille chameaux, mille paires de bœufs et mille ânesses. Il eut sept fils et trois filles. Il appela la première Colombe, la seconde Cinname, et la troisième Corne d’abondance. Il ne se trouvait pas d’aussi belles femmes que les filles de Job sur toute la terre. Leur père leur donna leur héritage avec leurs frères. Après cela Job vécut cent quarante ans, et il vit ses fils et les fils de ses fils jusqu’à la quatrième génération. Job mourut vieux et comblé de jours.

Lecture de la Prophétie d’Isaïe (52, 13-54, 1)

Ainsi parle le Seigneur: Voici, mon serviteur accomplira son œuvre. Il montera, il s’élèvera, il grandira infiniment. De même que beaucoup furent bouleversés devant Lui, tant Il avait perdu son visage et sa forme d’enfant de l’homme, de même il suscitera des nations nombreuses. Devant lui des rois fermeront leur bouche. Car ils verront ce qui ne leur avait pas été raconté. Ils apprendront ce qu’ils n’avaient pas entendu. Qui croira ce que nous avons entendu? Le bras du Seigneur, a qui sera-t-il révélé?Il se lèvera devant lui comme une tendre plante, comme une racine, de la terre aride. Il n’aura ni beauté, ni splendeur pour que nous le regardions, ni apparence pour que nous le désirions. Il sera méprisé, abandonné des hommes, homme de douleur, connu de la souffrance. Comme celui devant qui on se voile la face, il sera méprisé, et nous ne le regarderons pas. Pourtant il porte nos souffrances, il se charge de nos tourments. Et nous, nous penserons qu’il est châtié, frappé de Dieu et humilié. Mais il est meurtri pour nos fautes, il est brisé pour nos injustices. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui. Et nous sommes guéris par ses plaies. Nous sommes tous errants comme des brebis, allant chacun son chemin, et le Seigneur fait retomber sur lui l’injustice de nous tous. Accablé, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche. Comme l’agneau mené à l’immolation, comme la brebis silencieuse devant ceux qui la tondent, il n’ouvre pas la bouche. Par l’arrestation, par le jugement, il est enlevé. Et dans sa génération, qui dira qu’il est retranché de la terre des vivants et frappé pour les fautes de son peuple?Ils lui donneront une tombe avec les coupables et un sépulcre avec le riche, bien qu’il n’eut  rien fait d’injuste et n’eut pas le mensonge en sa bouche. Mais le Seigneur veut le briser par la souffrance. Quand il aura offert sa vie en expiation, il verra sa semence, il prolongera ses jours, et la volonté du Seigneur par sa main s’accompliraAprès la peine de son âme, il verra, il sera comblé. Dans sa connaissance le juste mon serviteur justifiera des multitudes. Il se chargera de leurs injustices. Aussi, Je lui donnerai les multitudes, et il partagera la dépouille avec les puissants, parce qu’il a livré son âme à la mort, qu’il fut compté parmi les pécheurs, qu’il a porté la faute de beaucoup et qu’il a intercédé pour les coupables. Exulte, stérile qui n’enfantais pas. Chante et rayonne de joie, toi qui n’as pas eu de douleurs. Car plus nombreux seront les fils de la délaissée que les fils de l’épouse.

Lecture de la Première Epître de saint Paul aux Corinthiens (I Co 1, 18 – 2, 2)

Frères, le langage de la Croix est une folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est une puissance de Dieu. Car il est écrit: Je détruirai la sagesse des sages, et j’anéantirai l’intelligence des intelligents. Où est le sage? Où est le scribe? Où est le disputeur de ce siècle? Dieu n’a-T-Il pas rendu folle la sagesse du monde? Puisqu’en effet le monde par sa sagesse n’a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs demandent le miracle et les Grecs cherchent la sagesse. Mais nous, nous prêchons le Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les Grecs, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés, il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages. Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes. Dieu a choisi les choses viles du monde, celles qui ne sont pas, pour réduire à rien celles qui sont, afin qu’aucune chair ne se glorifie devant Dieu. Car c’est par Lui que vous êtes dans le Christ Jésus, lequel de par Dieu est devenu pour nous sagesse, justice, sanctification, rédemption, afin comme il est écrit, que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur. Pour moi, frères, quand je suis allé chez vous, ce n’est pas en me prévalant du langage ou de la sagesse que je suis venu vous annoncer le témoignage de Dieu. Car je n’ai voulu savoir parmi vous que Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié.

Lecture de l’Evangile selon saint Matthieu (27, 1-38 ; Lc, 23, 39-43 ; Mt 27, 39-54 ; Jn 19, 31-37 ; Mt 27, 55-61).

Le matin venu, tous les grands prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire mettre à mort. Après l’avoir ligoté, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate, le gouverneur. Alors, en voyant que Jésus était condamné, Judas, qui l’avait livré, fut pris de remords ; il rendit les trente pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens. Il leur dit : « J’ai péché en livrant à la mort un innocent. » Ils répliquèrent : « Que nous importe ? Cela te regarde ! » Jetant alors les pièces d’argent dans le Temple, il se retira et alla se pendre. Les grands prêtres ramassèrent l’argent et dirent : « Il n’est pas permis de le verser dans le trésor, puisque c’est le prix du sang. » Après avoir tenu conseil, ils achetèrent avec cette somme le champ du potier pour y enterrer les étrangers. Voilà pourquoi ce champ est appelé jusqu’à ce jour le Champ-du-Sang. Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : Ils ramassèrent les trente pièces d’argent, le prix de celui qui fut mis à prix, le prix fixé par les fils d’Israël, et ils les donnèrent pour le champ du potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné.

On fit comparaître Jésus devant Pilate, le gouverneur, qui l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus déclara : « C’est toi-même qui le dis. » Mais, tandis que les grands prêtres et les anciens l’accusaient, il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit : « Tu n’entends pas tous les témoignages portés contre toi ? » Mais Jésus ne lui répondit plus un mot, si bien que le gouverneur fut très étonné. Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait. Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas. Les foules s’étant donc rassemblées, Pilate leur dit : « Qui voulez-vous que je vous relâche : Barabbas ? ou Jésus, appelé le Christ ? » Il savait en effet que c’était par jalousie qu’on avait livré Jésus. Tandis qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : « Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste, car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. » Les grands prêtres et les anciens poussèrent les foules à réclamer Barabbas et à faire périr Jésus. Le gouverneur reprit : « Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? » Ils répondirent : « Barabbas ! » Pilate leur dit : « Que ferai-je donc de Jésus appelé le Christ ? » Ils répondirent tous : « Qu’il soit crucifié ! » Pilate demanda : « Quel mal a-t-il donc fait ? » Ils criaient encore plus fort : « Qu’il soit crucifié ! » Pilate, voyant que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le tumulte, prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant : « Je suis innocent du sang de cet homme : cela vous regarde ! » Tout le peuple répondit : « Son sang, qu’il soit sur nous et sur nos enfants ! » Alors, il leur relâcha Barabbas ; quant à Jésus, il le fit flageller, et il le livra pour qu’il soit crucifié.

Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans la salle du Prétoire et rassemblèrent autour de lui toute la garde. Ils lui enlevèrent ses vêtements et le couvrirent d’un manteau rouge. Puis, avec des épines, ils tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête ; ils lui mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui, ils s’agenouillaient devant lui en disant : « Salut, roi des Juifs ! » Et, après avoir craché sur lui, ils prirent le roseau, et ils le frappaient à la tête. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier. En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus. Arrivés en un lieu dit Golgotha, c’est-à-dire : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire), ils donnèrent à boire à Jésus du vin mêlé de fiel ; il en goûta, mais ne voulut pas boire. Après l’avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort ; et ils restaient là, assis, à le garder. Au-dessus de sa tête ils placèrent une inscription indiquant le motif de sa condamnation : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. »

Alors on crucifia avec lui deux bandits, l’un à droite et l’autre à gauche.  L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

Les passants l’injuriaient en hochant la tête ; ils disaient : « Toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix ! » De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens, en disant : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Il est roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui ! Il a mis sa confiance en Dieu. Que Dieu le délivre maintenant, s’il l’aime ! Car il a dit : “Je suis Fils de Dieu.” » Les bandits crucifiés avec lui l’insultaient de la même manière.

À partir de la sixième heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : « Éli, Éli, lema sabactani ? », ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »  L’ayant entendu, quelques-uns de ceux qui étaient là disaient : « Le voilà qui appelle le prophète Élie ! » Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée ; il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire. Les autres disaient : « Attends ! Nous verrons bien si Élie vient le sauver. » Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit.

Et voici que le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas ; la terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la Ville sainte, et se montrèrent à un grand nombre de gens. À la vue du tremblement de terre et de ces événements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisis d’une grande crainte et dirent : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! »

Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. Cela, en effet, arriva pour que s’accomplisse l’Écriture : Aucun de ses os ne sera brisé. Un autre passage de l’Écriture dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.

Il y avait là de nombreuses femmes qui observaient de loin. Elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour le servir. Parmi elles se trouvaient Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée. Comme il se faisait tard, arriva un homme riche, originaire d’Arimathie, qui s’appelait Joseph, et qui était devenu, lui aussi, disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate pour demander le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu’on le lui remette. Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul immaculé, et le déposa dans le tombeau neuf qu’il s’était fait creuser dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l’entrée du tombeau et s’en alla. Or Marie Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face du sépulcre.