Dimanche 17 avril 2022, dimanche des Rameaux, message de Père André

Fête de l’Entrée du Seigneur à Jérusalem, dimanche des Rameaux, 17/4/2022

Lectures du jour, à Matines : Mt 21,1-11, 15-17 ; à la Divine Liturgie : Ph 4,4-9 ; Jn 12,1-18.

Message

Lors de cette entrée triomphale dans la ville sainte, le Christ est acclamé avec son titre de « Roi d’Israël » (Jn 12,13). Notre Sauveur est en effet le véritable Roi, non seulement d’Israël, mais de l’univers entier, comme Créateur de toutes choses. Mais sur cette terre, le Christ est intronisé comme Roi durant seulement quelques jours, puisque son Royaume s’accomplira par la Croix, puis la Résurrection.

Néanmoins, ce que Dieu accomplit sur cette terre à un moment de l’histoire a une valeur éternelle. Depuis cette Entrée du Sauveur à Jérusalem, le Royaume de Dieu est inauguré pour ne pas avoir de fin. De son Royaume le Christ va prochainement déclarer qu’il n’est pas de ce monde (Jn 18,36) ; par conséquent il ne saurait se confondre ni s’identifier avec aucune de nos institutions humaines. Ce Royaume se réalisera en plénitude à la fin des temps, lorsque le Christ reviendra en gloire (Mt 25,31). Et comme une fois entré à Jérusalem, le Christ va dans le Temple, demeure de Dieu, pour en chasser les vendeurs et tout ce qui s’oppose à son Royaume (Mt 21,12-13), de même à la fin des temps aussi, le Christ siégera pour juger l’humanité entière et la purifier des éléments impropres à entrer dans son Royaume (Mt 25, 31s.).

Depuis l’Entrée à Jérusalem, Dieu règne aussi dans le cœur de chaque membre de l’Église, lieu où chacune et chacun de nous prépare la venue du Christ. Nous effectuons cela par notre prière, notre renoncement à toute forme de mal, et par notre combat qui se poursuit même après la fin du Carême.

Comment entrer dès maintenant dans le Royaume inauguré par Dieu voici plus de 2000 ans ? Tout d’abord en célébrant la fête de ce jour, qui comme toutes les fêtes chrétiennes rend présent l’événement célébré, même s’il est historiquement fini. Ensuite, dans la lecture de l’Épître du jour le Saint Apôtre Paul recommande de se réjouir et de n’entretenir aucun souci, mais de recourir à la prière, et encore de rechercher avant tout la paix. Cette joie et cette paix viennent de Dieu, d’en haut, et ne peuvent se confondre avec un quelconque sentiment humain. Ce sont des richesses accordées par Dieu si nous les Lui demandons avec humilité, si nous acceptons son Royaume. Quand l’Apôtre nous déclare ici « N’entretenez aucun souci » (Ph 4,6), cela ne signifie pas ignorer nos difficultés lorsque nous en avons. Mais au lieu de rechercher des solutions par nos propres forces, et sous l’influence de l’esprit de ce monde, nous sommes ici invités, si nous sommes des citoyens du Royaume de Dieu, à confier par la prière nos soucis au Seigneur : « en toutes choses, que par la supplication et la prière avec action de grâces, vos demandes soient connues de Dieu » (id.). C’est un acte de foi en la Providence divine, où l’homme apprend à croire fermement que Dieu est à même d’aplanir toute difficulté, si nous apprenons à placer Dieu au centre de notre vie.

En portant triomphalement ces rameaux en ce jour de fête, nous nous déclarons citoyens du Royaume de Dieu avant tout, car ce Royaume est notre patrie céleste, plus puissante que toute appartenance aux institutions de ce monte, telles que pays, langue, culture ou autre. Les premiers chrétiens se considéraient comme étrangers sur cette terre, au profit du Royaume de Dieu, mais tout lieu pouvait leur être une patrie, le temps de leur passage sur cette terre que Dieu nous a confiée.

Il est certes difficile de se réjouir en ces temps d’épreuve que l’on ne peut ignorer, et Saint Paul ne nous demande pas de faire comme si nous n’avions pas de souci, mais ce message du Royaume de Dieu demeure valable en toute circonstance historique, et si notre vie est en conformité avec les catégories du Royaume de Dieu, tout souci peut être pris en charge par Dieu. Ainsi nous devenons conscients du fait que le Christ abolit toute division entre nous pour nous rassembler, pour nous faire entrer peu à peu dans ce Royaume de joie, car notre vocation est d’être avant tout des citoyens du Royaume de Dieu. A Lui revient toute gloire, Père et Fils et Saint-Esprit, maintenant et dans les siècles.

Note complémentaire catéchétique
Le Royaume de Dieu, comme on a vu, a un caractère absolu ; il ne peut s’identifier à aucune idée ni doctrine de ce monde. A ce titre, l’enseignement du « monde russe », qui rassemblerait sur cette terre un grand nombre de personnes se réclamant d’une langue ou d’une culture, risque d’en exclure d’autres, et à ce titre, il peut nous éloigner de Dieu, car Dieu transfigure toutes les langues et cultures, sans exception.
Pratiquer ou conserver une culture ou une langue dans un pays qui n’est pas le sien est tout à fait légitime, et même enrichissant pour soi et pour son entourage. Mais ces valeurs humaines, y compris cet enseignement du « monde russe », ne doivent pas nous mettre en contradiction avec le Christ ni avec son Royaume. Selon le mot de Saint Paul, notre patrie est dans le Royaume des cieux (Ph 3,20), et c’est ce Royaume dont l’inauguration est célébrée en ce jour de l’Entrée du Seigneur à Jérusalem, qu’avant toute appartenance humaine comme chrétiens nous devons rechercher. Si nous sommes chrétiens, comme participants aux Sacrements de l’Eglise, nous appartenons déjà, si discrètement que ce soit, à ce Royaume qui n’a pas de fin.