Lectures du jour : Act 11,19-26,29-30 ; Jn 4,5-42.
Comme tous les épisodes de l’Évangile, cette rencontre du Christ et de la Samaritaine nous révèle de nombreuses richesses sur le mystère inépuisable de notre vie en Dieu. La conversation du Christ avec une femme venue chercher de l’eau semblait surprenante à l’époque (v. 4,9-10 et 27), mais elle nous fait découvrir qui est le Christ, Dieu devenu homme, et l’universalité de sa mission sur terre, concernant toute personne humaine sans exception. C’est aussi l’un des rares cas où le Christ Se déclare être le Messie, l’Envoyé attendu de Dieu et Dieu Lui-même : « Je le suis, Moi qui te parle » (4,26).
Comme plusieurs passages de l’Évangile selon Saint Jean choisis pour ces dimanches du temps pascal, on trouve ici une insistance sur le thème de l’eau. Le lieu de cet entretien n’est pas fortuit : les habitants viennent à ce puits pour chercher de l’eau qui étanche une soif physique, mais le Sauveur saisit cette occasion pour parler à la Samaritaine de l’eau vive, celle qu’Il donne et grâce à laquelle l’homme n’a plus jamais soif. Dès sa création, l’être humain créé à l’image de Dieu (selon Gen 1,26) a pour vocation une vie éternelle en Dieu, et depuis lors, cette soif ou cet ardent désir de Dieu sont profondément ancrés en chaque personne humaine.
Mais nous ne percevons pas toujours cette soif profonde, dont la soif corporelle n’est qu’une expression superficielle. Notre désir de Dieu est occulté par le péché : c’est cette occultation que le Christ est venu abolir en S’incarnant, pour restituer à l’humanité sa vraie nature, une nature humaine parfaite et capable à nouveau de recevoir Dieu. Ce que dit le Sauveur à la Samaritaine nous permet de découvrir au plus profond de nous-mêmes la soif non plus de l’eau du puits, mais de cette eau vive, de ce désir de Dieu. Le Sauveur déclare : « Qui boira de l’eau que Je lui donnerai n’aura plus jamais soif, mais l’eau que Je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant en vie éternelle » (4,14). La restauration en l’être humain de la soif authentique de Dieu ne saurait rester passagère, mais elle est destinée à grandir et à produire en chacun des fruits.
Par notre baptême, l’image de Dieu a été restaurée en nous une fois pour toutes, mais le baptême n’abolit pas notre liberté : notre tendance au péché subsiste en nous, ce qui n’affaiblit pas la puissance sacramentelle reçue. La personne baptisée ne lutte plus seule contre ses tendances mauvaises, mais même lorsque l’on se croit seul, cette grâce baptismale, c’est-à-dire le Christ Lui-même, est présente au cœur de chacune et chacun. Chaque fois que nous le demandons dans notre prière, le Christ actualise en nous sa victoire définitive sur les tentations, sur le péché et sur toute forme de mort. Opposer à nos tentations la puissance du Nom de Jésus, c’est actualiser en nous cette victoire déjà acquise, c’est aussi participer à cette eau vive et à la vie éternelle promise par le Christ. Notre lutte contre le péché nous paraît difficile tant que nous pensons lutter par nous-mêmes, mais chaque fois vous que nous découvrons, peu à peu, la grâce baptismale qui réside en notre cœur, nous laissons agir le Christ et devenons pour notre entourage la source jaillissante annoncée.
En demandant à la Samaritaine d’aller chercher son mari (cf. Jn 4,16), le Sauveur lui a révélé quelque chose de sa situation, l’amenant ainsi à confesser finalement le Christ comme le Messie attendu. À partir de tout cet épisode, et de cet entretien, apprenons nous aussi à confesser au Sauveur ce qui subsiste en nous de notre égoïsme, de nos tendances opposées à Dieu, pour découvrir en nous-mêmes notre soif de Dieu, de cette eau vive qui est celle de notre baptême, de manière à vivre une vie conforme à notre vocation, une vie où pour nous-mêmes, pour notre entourage, et pour le monde entier, tout sera rempli de la gloire de Dieu.