Dimanche 30 mai – dimanche de la Samaritaine

Dimanche de la Samaritaine

Dimanche 30 mai 2021.

(17 mai dans l’ancien calendrier.)

 

Synaxaire de ce dimanche

Ce cinquième dimanche de Pâquesnous célébrons la fête de la Samaritaine. « Corruptible était l’eau que tu cherchais, ô femme, et tu puises l’eau vive où tu blanchis ton âme ! » Le Christ en ce jour confesse clairement qu’Il est le Messie, c’est-à-dire l’Oint (messa, en hébreux, c’est l’huile) : c’est l’une des raisons pour lesquelles la présente fête a trouvé place dans la semaine de Mi-Pentecôte.

 

Péricopes de ce dimanche

Lecture des Actes des Apôtres (11, 19-16 et 29-30)

Frères, en ces jours-là, les apôtres qui avaient été dispersés par la tourmente survenue à propos d’Étienne allèrent jusqu’en Phénicie, dans l’île de Chypre, et à Antioche, annonçant la parole seulement aux Juifs. Il y eut cependant parmi eux quelques hommes de Chypre et de Cyrène, qui, étant venus à Antioche, s’adressèrent aussi aux Grecs, et leur annoncèrent la bonne nouvelle du Seigneur Jésus. La main du Seigneur était avec eux, et un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Seigneur. Le bruit en parvint aux oreilles des membres de l’Église de Jérusalem, et ils envoyèrent Barnabas jusqu’à Antioche. Lorsqu’il arriva, et qu’il vit la grâce de Dieu, il s’en réjouit, et les exhorta tous à rester d’un cœur ferme attachés au Seigneur ; car c’était un homme droit, plein d’Esprit Saint et de foi. Et une foule nombreuse se joignit au Seigneur. Barnabas se rendit ensuite à Tarse, pour chercher Saul ; et, l’ayant trouvé, il l’amena à Antioche. Pendant toute une année, ils prirent part aux assemblées de l’Église, et ils enseignèrent beaucoup de personnes. Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. En ce temps-là, des prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche. L’un deux, nommé Agabus, se leva, et annonça par l’Esprit qu’il y aurait une grande famine sur toute la terre. Elle arriva, en effet, alors que Claude était empereur. Les disciples résolurent d’envoyer, chacun selon ses moyens, une aide aux frères qui habitaient la Judée. Ils la firent parvenir aux anciens par l’entremise de Barnabas et de Saul.

Между тем рассеявшиеся от гонения, бывшего после Стефана, прошли до Финикии и Кипра и Антиохии, никому не проповедуя слово, кроме Иудеев. Были же некоторые из них Кипряне и Киринейцы, которые, придя в Антиохию, говорили Еллинам, благовествуя Господа Иисуса. И была рука Господня с ними, и великое число, уверовав, обратилось к Господу. Дошел слух о сем до церкви Иерусалимской, и поручили Варнаве идти в Антиохию. Он, прибыв и увидев благодать Божию, возрадовался и убеждал всех держаться Господа искренним сердцем; ибо он был муж добрый и исполненный Духа Святаго и веры. И приложилось довольно народа к Господу. Потом Варнава пошел в Тарс искать Савла и, найдя его, привел в Антиохию. Целый год собирались они в церкви и учили немалое число людей, и ученики в Антиохии в первый раз стали называться Христианами. Тогда ученики положили, каждый по достатку своему, послать пособие братьям, живущим в Иудее, что и сделали, послав собранное к пресвитерам через Варнаву и Савла.

Lecture de l’Évangile selon saint Jean (4, 5-42)

En ce temps-là, Jésus arriva dans une ville de Samarie, nommée Sychar, près du champ que Jacob avait donné à Joseph, son fils. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué du voyage, était assis au bord du puits. C’était environ la sixième heure. Une femme de Samarie vint puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire ». Car ses disciples étaient allés à la ville pour acheter des vivres. La femme samaritaine lui dit : « Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? » -Les Juifs, en effet, n’ont pas de relations avec les Samaritains. – Jésus lui répondit : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire ! tu lui aurais toi-même demandé à boire, et il t’aurait donné de l’eau vive ». « Seigneur, lui dit la femme, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond ; d’où aurais-tu donc cette eau vive ? Es-tu plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses troupeaux ? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle ». La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus puiser ici ». « Va, lui dit Jésus, appelle ton mari, et viens ici ». La femme répondit : « Je n’ai point de mari ». Jésus lui dit : « Tu as eu raison de dire : Je n’ai point de mari. Car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari. En cela tu as dit vrai ». « Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne ; et vous dites, vous, que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem ». « Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité ». La femme lui dit : « Je sais que le Messie doit venir (celui qu’on appelle Christ) ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses ». Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle ». Là-dessus arrivèrent ses disciples, qui furent étonnés de ce qu’il parlait avec une femme. Toutefois aucun ne dit : « Que demandes-tu ? » ou : « De quoi parles-tu avec elle ? » Alors la femme, ayant laissé sa cruche, s’en alla dans la ville, et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; ne serait-ce point le Christ ? » Ils sortirent de la ville, et ils vinrent vers lui. Pendant ce temps, les disciples le pressaient de manger, disant : « Rabbi, mange ». Mais il leur dit : « J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas ». Les disciples se disaient donc les uns aux autres : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? » Jésus leur dit : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas qu’il y a encore quatre mois jusqu’à la moisson ? Voici, je vous le dis, levez les yeux, et regardez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson. Celui qui moissonne reçoit un salaire, et amasse des fruits pour la vie éternelle, afin que celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble. Car en ceci ce qu’on dit est vrai : Autre est celui qui sème, et autre celui qui moissonne. Je vous ai envoyés moissonner ce que vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous êtes entrés dans leur travail ». Plusieurs Samaritains de cette ville crurent en Jésus à cause de cette déclaration formelle de la femme : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait ». Aussi, quand les Samaritains vinrent le trouver, ils le prièrent de rester auprès d’eux. Et il resta là deux jours. Un beaucoup plus grand nombre crurent à cause de sa parole ; et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu as dit que nous croyons ; car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde ».

Итак приходит Он в город Самарийский, называемый Сихарь, близ участка земли, данного Иаковом сыну своему Иосифу. Там был колодезь Иаковлев. Иисус, утрудившись от пути, сел у колодезя. Было около шестого часа. Приходит женщина из Самарии почерпнуть воды. Иисус говорит ей: дай Мне пить. Ибо ученики Его отлучились в город купить пищи. Женщина Самарянская говорит Ему: как ты, будучи Иудей, просишь пить у меня, Самарянки? ибо Иудеи с Самарянами не сообщаются. Иисус сказал ей в ответ: если бы ты знала дар Божий и Кто говорит тебе: дай Мне пить, то ты сама просила бы у Него, и Он дал бы тебе воду живую. Женщина говорит Ему: господин! тебе и почерпнуть нечем, а колодезь глубок; откуда же у тебя вода живая? Неужели ты больше отца нашего Иакова, который дал нам этот колодезь и сам из него пил, и дети его, и скот его? Иисус сказал ей в ответ: всякий, пьющий воду сию, возжаждет опять, 14а кто будет пить воду, которую Я дам ему, тот не будет жаждать вовек; но вода, которую Я дам ему, сделается в нем источником воды, текущей в жизнь вечную. Женщина говорит Ему: господин! дай мне этой воды, чтобы мне не иметь жажды и не приходить сюда черпать. Иисус говорит ей: пойди, позови мужа твоего и приди сюда. Женщина сказала в ответ: у меня нет мужа. Иисус говорит ей: правду ты сказала, что у тебя нет мужа, ибо у тебя было пять мужей, и тот, которого ныне имеешь, не муж тебе; это справедливо ты сказала. Женщина говорит Ему: Господи! вижу, что Ты пророк. Отцы наши поклонялись на этой горе, а вы говорите, что место, где должно поклоняться, находится в Иерусалиме. Иисус говорит ей: поверь Мне, что наступает время, когда и не на горе сей, и не в Иерусалиме будете поклоняться Отцу. Вы не знаете, чему кланяетесь, а мы знаем, чему кланяемся, ибо спасение от Иудеев. Но настанет время и настало уже, когда истинные поклонники будут поклоняться Отцу в духе и истине, ибо таких поклонников Отец ищет Себе. Бог есть дух, и поклоняющиеся Ему должны поклоняться в духе и истине. Женщина говорит Ему: знаю, что придет Мессия, то есть Христос; когда Он придет, то возвестит нам все. Иисус говорит ей: это Я, Который говорю с тобою. В это время пришли ученики Его, и удивились, что Он разговаривал с женщиною; однако ж ни один не сказал: чего Ты требуешь? или: о чем говоришь с нею? Тогда женщина оставила водонос свой и пошла в город, и говорит людям: пойдите, посмотрите Человека, Который сказал мне все, что я сделала: не Он ли Христос? Они вышли из города и пошли к Нему. Между тем ученики просили Его, говоря: Равви! ешь. Но Он сказал им: у Меня есть пища, которой вы не знаете. Посему ученики говорили между собою: разве кто принес Ему есть? Иисус говорит им: Моя пища есть творить волю Пославшего Меня и совершить дело Его. Не говорите ли вы, что еще четыре месяца, и наступит жатва? А Я говорю вам: возведите очи ваши и посмотрите на нивы, как они побелели и поспели к жатве. Жнущий получает награду и собирает плод в жизнь вечную, так что и сеющий и жнущий вместе радоваться будут, ибо в этом случае справедливо изречение: один сеет, а другой жнет. Я послал вас жать то, над чем вы не трудились: другие трудились, а вы вошли в труд их. И многие Самаряне из города того уверовали в Него по слову женщины, свидетельствовавшей, что Он сказал ей все, что она сделала. И потому, когда пришли к Нему Самаряне, то просили Его побыть у них; и Он пробыл там два дня. И еще большее число уверовали по Его слову. А женщине той говорили: уже не по твоим речам веруем, ибо сами слышали и узнали, что Он истинно Спаситель мира, Христос.

Paroles des Pères

Que signifie : Celui qui boira de cette eau aura encore soif ? La parole est vraie si on la comprend à propos de cette eau matérielle, et elle est encore vraie si on la comprend à propos de ce que symbolise cette eau. L’eau au fond de ce puits symbolise en effet les plaisirs de ce siècle dans la profondeur des ténèbres, la cruche symbolise le désir des hommes qui leur permet d’y puiser. Le désir les courbe et les abaisse pour qu’ils parviennent au plaisir puisé dans ces bas-fonds. (…) Celui qui est parvenu jusqu’aux plaisirs de ce siècle, le boire, le manger, les bains, les spectacles, la volupté, est-ce qu’il n’aura plus soif ? Jésus déclare donc : Celui qui boira de cette eau aura encore soif ; mais s’il reçoit de Moi l’eau que je promets, il n’aura plus jamais soif. Nous serons rassasiés, est-il dit, des biens de Ta maison (Ps.114,5). De quelle eau donnera-t-il donc, sinon de celle dont il est écrit : Près de toi est la source de la vie ?

– Saint Augustin, Homélies sur l’Evangile de saint Jean, XV, 16.

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La femme gardait donc dans sa mémoire les traditions héritées de ses pères. Il fallait adorer Dieu, pensait-elle, ou bien sur la montagne, comme en Samarie, ou bien dans le Temple, comme à Jérusalem. Car Samarie, à l’encontre de ce que demandait la Loi, avait choisi une montagne pour adorer Dieu, tandis que les Juifs pensaient que le temple construit par Salomon était le cœur de leur religion. Les préjugés de ces deux traditions enfermaient le Dieu en qui sont toutes choses et que rien ne saurait contenir, ou bien sur les hauteurs d’une colline, ou sous les voûtes d’un temple construit de mains d’hommes. Mais Dieu est invisible, incompréhensible et immense ; aussi le Seigneur annonce-t-il que le temps est venu où Dieu ne doit pas être adoré sur une montagne ou dans un temple, car « Dieu est Esprit ». Or l’Esprit ne peut être limité ni enfermé dans un endroit quelconque, car il est partout, par la puissance de sa nature ; présent en tous lieux, il déborde tout par sa plénitude. Les vrais adorateurs sont donc ceux qui l’adorent en Esprit et en Vérité. […]

Le Christ répond à la femme qui emprisonne Dieu dans un temple ou sur une montagne, il lui suggère ceci : tout est en Dieu, et Dieu est en lui-même ; le Dieu invisible et incompréhensible doit être adoré dans ce qui est invisible et incompréhensible. Et il exprime ainsi la nature du don et celle de l’honneur rendu à Dieu, puisqu’il nous enseigne que le Dieu Esprit doit être adoré dans l’Esprit. Il nous montre que ceux qui l’adorent ainsi, l’adorent en toute liberté et consciemment, et nous révèle le caractère infini de cette adoration, étant donné que le Dieu Esprit est adoré dans l’Esprit.

– Saint Hilaire de Poitiers, De la Trinité, coll. Les Pères dans la foi, tome I, 4, 31.

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Si tu veux prier, tu as besoin de Dieu qui donne la prière à celui qui prie. Invoque-Le donc en disant : Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, c’est-à-dire le Saint Esprit et ton Fils Seul-engendré. Car c’est ce qu’il nous a enseigné en disant d’adorer le Père en Esprit et en vérité.

La prière en Esprit et en vérité n’honore plus le Créateur à partir des créatures, mais Le loue pour Lui-même.

Si tu es théologien, tu pries en vérité ; et si tu pries en vérité, tu es théologien.

Lorsque ton esprit (nous), dans son grand désir de Dieu, se dégage progressivement de la chair pour ainsi dire, et écarte toutes les représentations mentales (noemata) qui proviennent de la sensation, de la mémoire ou du tempérament, s’emplissant de piété et joie, alors considère que tu t’es approché des confins de la prière.

Le Saint Esprit, compatissant à notre faiblesse (Rom 8, 26), nous visite en dépit de notre impureté ; et, s’il trouve l’esprit (nous) priant dans l’amour de la vérité, il vient en lui et anéantit la cohorte des raisonnements (logismoi) et des représentations mentales (noemata) qui l’assiègent, et le porte au désir (eros) de la prière spirituelle.

– Saint Nil d’Ancyre (Evagre), Traité de la Prière, §58-63.

Saints célébrés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Saint Isaac, abbé en Dalmatie, confesseur (406) ; saint Maguil, ermite près d’Arras (vers 655).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire selon le nouveau calendrier

Le 30 mai, nous célébrons la mémoire de notre vénérable Père ISAAC le Confesseur, fondateur du Monastère de Dalmate, à Constantinople.

Прп. Исаакий ДалматскийNotre Saint Père Isaac était un ermite syrien, qui vivait dans le désert au temps de la persécution menée par l’empereur Valens (364-379) contre les orthodoxes. En 378, alors que ce dernier se préparait à partir en campagne contre les Goths qui, rassemblés en masse sur les rives du Danube, menaçaient Constantinople, Saint Isaac, répondant à une motion divine, se présenta devant l’empereur et lui dit : « Majesté, ordonne de rouvrir les églises, et tu rentreras victorieux ». Mais le souverain se détourna dédaigneusement de lui. Le lendemain, l’homme de Dieu se tint de nouveau devant lui et lui réitéra sa demande, mais Valens passa outre. Le troisième jour, il lui barra la route et, agrippant la bride de son cheval, il ne cessa de lui répéter sa requête, tantôt sous forme de supplication, tantôt sur un ton de reproche. Lorsqu’ils parvinrent à une gorge profonde, pleine de ronces, l’empereur excédé donna l’ordre à ses gardes d’y précipiter le Saint. Par la grâce de Dieu, Isaac tomba au milieu des ronces comme sur un lit douillet, et deux jeunes gens, radieux et vêtus de blanc, l’en tirèrent sans retard et le transportèrent, sain et sauf, à Constantinople, au milieu de l’agora, devant l’empereur qui venait d’y arriver. Stupéfait, Valens demanda s’il était bien celui qu’il avait fait jeter dans le ravin. Le Saint lui répliqua : « Ouvre les églises, et tu reviendras dans la joie. Si tu n’agis pas ainsi, sache qu’après avoir eu la vie sauve en fuyant, tu périras, brûlé par tes ennemis, dans un tas de paille. » Ebranlé par cette révélation, l’empereur n’en resta pas moins entêté, et il chargea deux sénateurs, Saturnin et Victor, d’assurer la garde d’Isaac, jusqu’à son retour.

La bataille, livrée près d’Andrinople le 9 août 378, tourna à la déroute pour les troupes impériales. Valens parvint à sortir de la mêlée et alla se cacher, avec son aide de camp, dans un tas de paille. Les barbares qui le pourchassaient l’y découvrirent et y mirent le feu, et c’est ainsi que le tyran périt misérablement, réalisant la prophétie de Saint Isaac.

Au retour des troupes qui avaient pu échapper au carnage, certains, voulant éprouver Isaac, lui dirent : « Prépares-toi à rendre compte de ta conduite, car l’empereur est de retour. » Mais le Saint leur répondit : « Voilà plus de sept jours que l’odeur de ses ossements calcinés m’est parvenue. »

Vénérable  Isaac DalmatskyLorsque Théodose le Grand prit le pouvoir, informé des événements et du rôle joué par le Saint moine, il lui rendit la liberté et proclama sans retard un édit rendant aux Orthodoxes l’usage de leurs Eglises, après quarante ans d’interruption. Isaac déclara que, sa mission étant achevée, il n’avait plus qu’à retourner dans son désert de Syrie. Mais Saturnin et Victor le supplièrent avec larmes de rester en ville pour y rétablir la vie monastique, délaissée pendant la persécution arienne. Il finit par céder, à la condition qu’ils lui construisent une cellule, dans un endroit calme et retiré, où il pourrait finir ses jours dans l’hésychia. Les deux sénateurs, devenus ses fils spirituels, rivalisèrent de zèle dans leurs propositions, et il porta finalement son choix sur une petite propriété, offerte par Saturnin, située hors de l’enceinte d’alors, dans le quartier de Psamathia (Samatya), près de la porte de Xérolophos. Il s’y installa dans une modeste cellule et commença à y mener la vie exemplaire d’un anachorète. Chaque matin les deux sénateurs allaient prendre sa bénédiction avant de vaquer à leurs affaires, et un nombre croissant d’hommes pieux venaient lui rendre visite, pour s’entretenir avec lui sur la vraie foi et sur la vie spirituelle. L’empereur Théodose lui-même se rendait fréquemment auprès de l’ermite pour recevoir ses conseils et pour lui demander d’intercéder auprès de Dieu pour lui et pour l’Empire. Beaucoup de Chrétiens l’invitaient chez eux, et, rejetant tout esprit de vaine gloire, le Saint sortait parfois pour les visiter.

Des disciples se joignirent peu à peu à lui et l’endroit devint le premier Monastère de Constantinople (382). D’autres communautés monastiques, comptant jusqu’à cent cinquante moines, se constituèrent sous son influence, aussi bien à l’intérieur de la ville qu’aux environs, en particulier celle de Saint Hypatios, au Monastère des Rufinianes (cf 17 juin). Saint Isaac les visitait tous régulièrement et les exhortait au zèle spirituel. Bien qu’il n’eût aucune autorité officielle, il était honoré comme un père par tous les moines de la capitale. Par ailleurs, quand il apprenait que des gens manquaient du nécessaire, s’il n’avait rien à leur donner lui-même, il en informait les Chrétiens aisés, et ceux-ci leur faisaient parvenir des vivres et des vêtements. Saint Isaac présidait donc, en ce temps-là, non seulement à l’enseignement de la foi et de la vie spirituelle, mais aussi à la charité et aux œuvres de bienfaisance.

Lorsque Saint Jean Chrysostome accéda au siège épiscopal de Constantinople (398), constatant qu’un grand nombre de moines circulaient en ville et se rendaient dans les maisons privées, il prit des mesures contre ces abus et leur ordonna de rester dans leurs Monastères. Il entreprit aussi de réorganiser les oeuvres de charité, en particulier par la fondation d’un grand hôpital, dont il désigna lui-même les responsables. Ces mesures pastorales nécessaires portèrent ombrage à l’activité de Saint Isaac et à une grande partie des moines qui se sentirent délaissés. L’Archevêque d’Alexandrie, Théophile, sut exploiter habilement ce différend; et, lorsqu’il arriva à Constantinople, en vue de retourner contre Saint Chrysostome les accusations dirigées contre lui, il attira à son parti Isaac et ses moines. C’est ainsi que le vieil ascète prit malheureusement une part active au Synode du Chêne (403), parmi les accusateurs de Saint Jean. Celui-ci fut alors déposé et condamné à l’exil. Mais cette condamnation suscita de tels réactions qu’il fut bientôt rappelé sur son siège, hélas pour peu de temps.

Saint Isaac ne s’immisça plus dans les affaires ecclésiastiques, mais passa ses derniers jours, paisiblement, dans son Monastère. Ayant été averti par Dieu de son prochain départ de cette vie, il rassembla ses disciples, leur recommanda de rester fermes dans la vraie foi et désigna Dalmate pour lui succéder, puis il remit son âme à Dieu (406). Il fut pleuré par le peuple tout entier, l’empereur en tête.

Après une cérémonie dans la Cathédrale, présidée par le Patriarche, on organisa un cortège pour aller l’inhumer dans son Monastère. Mais Aurélien, un des grands personnages de la cour, qui était un fervent admirateur du Saint, posta un fort détachement de soldats sur le chemin. Ceux-ci s’emparèrent de la précieuse dépouille et allèrent la déposer dans la crypte d’une église érigée par Aurélien en l’honneur de Saint Etienne, tandis que, contraints de se soumettre à ce pieux coup de force, les moines rentraient à leur Monastère privés de la consolation des Reliques de leur père spirituel.

Saints célébrés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Saint Andronique, apôtre, et son épouse sainte Junia (Ier s.) ; saint Tropez, martyr (Ier s.) ; saints Solocane, Panphamer et Pamphylon, guerriers, martyrs à Chalcédoine (305) ; saint Étienne, patriarche de Constantinople (893) ; sainte Eudocie, princesse de Moscou, Euphrosynie dans le monachisme (1407) ; saints Nectaire (1550) et Théophane (1544) des Météores ; saint Nicolas le jeune de Metsovo (Epire), néo-martyr grec (1617).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire selon l’ancien calendrier

Ce dimanche, nous faisons mémoire de saint Andronique et son épouse Junia. Mentionnés par saint Paul dans son Épître aux Romains (16, 7), qui les nomme ses parents et les loue comme illustres parmi les apôtres, saint Andronique et son épouse Junia, Juifs de naissance, s’étaient convertis au christianisme à Jérusalem. Ils devinrent ensuite les disciples et collaborateurs de l’Apôtre des Nations et subirent avec lui la captivité. Morts au monde et à ses attachements corruptibles, ils avaient fait de leur union conjugale un lien spirituel qui les faisait se tourner vers tous les hommes pour leur communiquer la ferveur de leur amour de Dieu. C’est ainsi qu’ils amenèrent de nombreux païens à la foi, renversèrent des temples idolâtres et guérirent des maladies par la puissance du Saint-Esprit. Vers l’an 58, ils furent arrêtés et emmenés à Rome, où ils subirent, semble-t-il, le martyre, afin de gagner les couronnes de la gloire incorruptible.