Homélie de Père André à l’occasion du dimanche du Paralytique

Entre les fêtes de Pâques et Pentecôte, nous avons une période de 50 jours de joie, lors desquels nous célébrons la présence du Christ ressuscité, dans l’attente de la descente de l’Esprit Saint qui sera célébrée le jour de la Pentecôte. Après le jour même de Pâques, puis le dimanche de Thomas où le Christ est apparu de nouveau pour convaincre les Apôtres, et nous aussi, de la réalité de la Résurrection, nous avons célébré plus spécialement dimanche dernier la mémoire des Porteuses de parfums, premières annonciatrices de la Bonne Nouvelle de la Résurrection. Cette période pascale est aussi un moment où l’Église en sa liturgie nous propose une lecture continue de l’Évangile de Saint Jean, dont certains passages sont choisis spécialement pour les dimanches.

En ce 4e dimanche de Pâques, les lectures aussi bien de l’Épître (Actes des Apôtres, 9,32-42), que de l’Évangile (Jn 5,1-15) nous rapportent des épisodes de guérison. De plus, en relation avec l’événement attendu de la venue de l’Esprit Saint, le thème de l’eau est spécialement souligné ce dimanche ; il le sera encore au cours des prochaines semaines (mercredi de la Mi-Pentecôte, dimanches de la Samaritaine, puis de l’Aveugle). Ces épisodes  évoquent des thèmes apparemment différents des événements mêmes de la Résurrection, mais c’est seulement une autre manière d’exprimer et approfondir le même mystère.

Le Christ déclare en effet au paralytique : « Lève-toi… », ce qui est pour lui une participation à la Résurrection. L’Évangéliste insiste sur la persévérance, la patience du paralytique, immobilisé depuis longtemps, ne pouvant qu’attendre, et incapable par lui-même de profiter de la guérison proposée par l’ange qui descend régulièrement dans la piscine. Il dit au Sauveur : « Je n’ai pas d’homme pour me jeter dans la piscine », car il ne sait pas encore qu’il a devant lui le Dieu devenu homme.

Le Christ guérit le paralytique d’une manière bien plus radicale qu’une simple délivrance d’un mal corporel, car la Résurrection est une restauration de l’être humain en son entier, en son corps et en son âme. Grâce à cet exemple, nous sommes nous aussi appelés à prendre conscience de notre véritable résurrection, laquelle concerne aussi notre âme, étroitement liée à notre corps. C’est une guérison qui concerne tous les aspects de notre vie : depuis notre baptême, nous avons pour vocation de mener véritablement une vie nouvelle avec le Christ, notre corps est restauré pour être selon l’apôtre Paul un « temple du Saint-Esprit » (I Cor 6,19). Notre vie avec Dieu commence en effet dès cette terre, par-delà toutes les difficultés, dans l’attente d’une rencontre avec Dieu en plénitude à la fin des temps. Mais l’exemple de la vie des Saints montre que nous pouvons, si nous le voulons, être intégralement restaurés et ressuscités pour mener déjà sur cette terre une vie en chemin vers notre guérison, pour glorifier dès ici-bas le Christ ressuscité, inséparable de son Père éternel et de son Esprit très saint, maintenant et pour les siècles.