La fête de Théophanie

La fête de la Théophanie que nous célébrons aujourd’hui est une expression du  grand amour que Dieu propose à l’humanité. Par l’intermédiaire de l’Evangile nous participons à cet événement extraordinaire quant Dieu volontairement se limite et devient physiquement accessible à l’homme. La Sainte Trinité : Père, Fils et Saint Esprit se présentent au monde. Cela ne signifie pas qu’auparavant il n’était pas connu du  monde. Au contraire, si nous lisons l’Ecriture Sainte nous voyons partout Dieu le Père, créateur du monde visible et invisible, nous connaissons son Verbe par qui tout a été  fait, nous rencontrons bien le Saint Esprit qui procède du Père en apportant la vie et l’harmonie à tous. Le monde connaissait bien son Dieu véritable, cependant contaminé par le péché il l’avait oublié.

Aujourd’hui Dieu Céleste révèle de nouveau son mystère au monde. Tout ce qui se passe au bord du Jourdain est une kenoze, voire humiliation de Dieu devant sa créature. Aujourd’hui Dieu le Père  se révèle comme notre Père céleste. Sa voix indique celui qui s’est incarné et dont  Nativité nous avons célébré il y a deux semaines – il s’agit de Fils de Dieu Jésus Christ, le Verbe de Dieu qui s’est fait chair. Nous voyons le Saint Esprit descendre du ciel pour marquer celui qui est venu pour effacer le péché du monde. Jusqu’à une  certaine période l’Église faisait mémoire de la sainte  Nativité du Seigneur le  même jour que la Théophanie car tous ces événements concernent l’apparition de Dieu qui vient pour sauver l’Homme. La Sainte Trinité participe à l’incarnation, c’est pourquoi Dieu le Père utilise la voix humaine afin d’indiquer son Fils bien aimé « en qui j’ai mis toute mon affection » (Mt 3;17).

L’hymnographie de cette fête en s’adressant au Jésus Christ le magnifie : «Alors une étoile te révéla aux savants, maintenant le Père te montre à l’univers » (Apostiches d’avant fête 2 janvier).   Dieu parle comme un homme, il s’humilie ensemble avec son Fils qui passe par toutes les misères possible que notre monde lui offre. Notre Seigneur fait cela afin de nous montrer à tous que le salut provient de la plénitude de l’amour divin. Pour accomplir cette plénitude nous voyons le Saint Esprit descendre sous la forme d’une colombe. Tout  ce qui s’est passé au commencement de la création de l’univers se répète de nouveau, car Dieu crée un nouveau monde qui a connu le péché mais où le péché sera vaincu.

Notre Sauveur Jésus Christ sanctifie les eaux du Jourdain qui a reçu les péchés de ceux qui se sont fait baptisés par Jean le Baptiste. Le Jourdain joue un rôle important pour cette région orientale dont il est la source de la vie physique. Nous connaissons tout  ce que l’eau signifie pour l’homme. Jésus Christ détruit les péchés de l’humanité lesquels se cachent dans cette source de vie : « Tu a écrasé la tête des démons, en inclinant la tête devant le Précurseur et, descendu dans les flots, tu as illuminé l’univers, pour qu’il te glorifie, Sauveur, illumination de nos âmes » (Lucernaire de Théophanie). Ainsi Dieu commence le rétablissement harmonieux  entre le monde physique et spirituelle. Il faut souligné que le Saint Esprit apparaît tout de suite après cette action purificatrice. C’est une leçon que le Seigneur montre à nous tous : il faut se purifier pour recevoir le Saint Esprit. Jésus Christ n’a pas besoin de purification, lui il est sans péché, il n’a pas non plus besoin de recevoir le Saint Esprit car celuici est toujours avec lui et par lui devient accessible à nous tous. Le Seigneur nous montre que l’Esprit Saint vient là où le péché est détruit. C’est pourquoi chaque chrétien reçoit le sceau du Saint Esprit après le baptême et non pas avant. C’est pourquoi l’Eglise nous propose le mystère de la pénitence pour que nous puissions purifier nos âmes et ainsi garder le lien avec le Saint Esprit. Saint Didyme l’Aveugle dit que l’Esprit de Dieu doit toucher l’esprit de l’homme afin que ce dernier puisse continuer son chemin vers le Seigneur. Conformément aux paroles du Saint apôtre Paul nous devons avoir dans nos cœurs l’Esprit Saint qui  crie : « Abba, Père ! » (Gl 4;6) Cela veut dire que notre état spirituel doit permettre au Saint Esprit de toucher notre âme. C’est pourquoi il faut être responsable pour tout ce que nous faisons et  ne pas oublier utiliser la pénitence, non pas pour raconter ses péchés, mais pour essayer de se corriger et pour apprendre à se repentir, car c’est un don qu’il faut apprendre à appliquer dans  notre vie. Beaucoup parmi nous disent je n’ai rien fait  donc je ne dois pas me confesser. Cependant la voix de l’église ne nous appelle jamais à mener une vie stérile. Pour un chrétien il ne  suffit pas de ne pas commettre quelque chose de mal. Un vrai chrétien est celui qui vie une vie vertueuse, par rapport à Dieu, par rapport à lui même ainsi que par rapport à son  prochain. Si nous scrutons notre vie, nous comprenons que nous sommes tous éloignés de cet état de grâce que nous pouvons atteindre par l’inspiration du Saint Esprit. Comprenons nos faiblesses, non pas pour perdre quelque chose, mais pour gagner la vie divine qui est offerte à nous tous. Confessons nos péchés pour avoir soif de  vertus. Comprenons notre état inférieur pour commencer le chemin vers le haut. Dans quelques instants nous allons procéder à  la grande bénédiction des eaux. Prions de tout notre cœur pour que notre âme devienne ce Jourdain bénit par la présence de la Sainte Trinité qui transfigura notre état et nous ouvrira les portes d’une vraie  vie avec le Père, le Fils et le Saint Esprit. Amen.

Atchimandrite Alexis (Milyutin)