Lectures du jour : Act 14,6-18 ; Jn 7,14-30.
Comme le soulignent les hymnes liturgiques du jour dès le début des Vêpres, cette fête reçoit son éclat à la fois de Pâques et de Pentecôte, car elle est placée à mi-parcours entre les deux. La Mi-Pentecôte (Mesopentècostè, Prepolovenie Piatidesiatnitsy) ne commémore pas un événement particulier, contrairement à d’autres solennités, mais elle en évoque plusieurs, et surtout nous invite à considérer toutes les fêtes liturgiques comme une seule, celle de notre salut, de notre accès au ciel par le Christ.
Les lectures et les textes du jour insistent sur la toute-puissance du Christ, exprimée par ses guérisons ou autres miracles, comme par son enseignement divin ; on y trouve aussi les réactions hostiles que déclenche la présence même du Christ Dieu sur terre. Le Christ est à la fois Guérisseur et Enseignant, et de plus Il Se donne en nourriture. Pour cette raison, cette fête nous fournit l’occasion de découvrir ou d’approfondir le Mystère de l’Incarnation et de notre salut.
Lire dans les Évangiles les enseignements du Christ, à la lumière des textes de cette fête de la Mi-Pentecôte, n’est pas simplement une information. Les Pères, dans des homélies anciennes, nous montrent que la Parole de Dieu, contrairement à des mots humains, est pour nous une véritable nourriture, sa lecture ou son écoute nous met en communion avec Dieu, comme le font aussi son Corps et son Sang. Pour cette raison, la liturgie du jour a choisi un verset de communion tiré de l’Évangile selon Saint Jean (6,56), une déclaration du Sauveur tirée de son discours sur le Pain de Vie (tout le ch. 6).
Il est important pour nous de saisir la complémentarité entre les enseignements du Christ Sauveur, dont nous sommes nourris lorsque nous lisons et relisons les Évangiles, et la connaissance de Dieu, lorsque nous recevons le Christ en Nourriture. Pour cette raison, la Liturgie eucharistique se compose de deux parties inséparables : celle des catéchumènes (ou de la Parole), où nous entendons les enseignements, et celle des fidèles, où les baptisés participent au Corps et au Sang du Sauveur. Ces deux nourritures sont fortement complémentaires. Ainsi, lire les Écritures sans participer au Corps et au Sang du Christ risque de produire en nous un dessèchement, là où la participation eucharistique nous aide à comprendre les Écritures en profondeur. Inversement, participer à l’Eucharistie, mais en fréquentant insuffisamment les Évangiles risque de nous conduire vers un acte machinal, où nous ne discernerons pas suffisamment la richesse du Don que nous recevons de Dieu (voir la recommandation de Saint Paul, I Cor 11,27-29), tandis que la Parole de Dieu, elle aussi, nous nourrit et nous prépare à notre véritable rencontre et communion avec Dieu. Il y a là un équilibre, une complémentarité entre ces deux modes de communion avec Dieu. Le Christ nous instruit et Se donne à nous en nourriture, pour nous remplir de Lui-même.
Ce mystère de notre vie en Dieu est inépuisable, déjà dans ce monde, et il va s’accomplir, dans la mesure où nous l’acceptons, jusque dans le siècle à venir.