Dimanche 14 mars – de l’exil d’Adam et du Grand Pardon

Dimanche 14 mars 2021.

(1 mars dans l’ancien calendrier.)

Dimanche du l’Exil d’Adam et du Grand Pardon.

(Dernier jour des laitages et des œufs, début du Grand Carême.)

 

Ce dimanche nous faisons mémoire de l’Exil d’Adam, notre premier père, chassé du Paradis des délices. Avec Adam et Eve amèrement déchus, le genre humain pleure son Paradis perdu.

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Romains (du Triode : Rom. 13, 11-14 ; 14, 1-4):

Frères, vous savez en quelle circonstance favorable nous sommes : voici l’heure de vous lever du sommeil ; en effet le salut est désormais plus près de nous que lorsque la foi nous fut donnée. La nuit s’avance, le jour est proche. Laissons là les œuvres de ténèbres et revêtons les armes de lumière. Comme en plein jour, conduisons-nous avec dignité : point de ripailles ni d’enivrement, pas de mollesse ni de mœurs relâchées, pas de querelles ni de rivalités. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ, et n’accomplissez pas les projets de la chair pour en satisfaire les convoitises. Envers celui qui est faible dans la foi, soyez accueillants, sans vouloir discuter des opinions. Tel a confiance qu’il peut manger de tout, tel autre, par faiblesse, se nourrit de légumes. Que celui qui mange ne méprise pas celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge pas celui qui mange, puisque Dieu l’a accueilli. Toi, qui es-tu, qui juge le serviteur d’autrui ? Qu’il demeure ferme ou qu’il tombe, c’est l’affaire de son maître. D’ailleurs il restera ferme, car le Seigneur a le pouvoir de le soutenir.

Так поступайте, зная время, что наступил уже час пробудиться нам от сна. Ибо ныне ближе к нам спасение, нежели когда мы уверовали.Ночь прошла, а день приблизился: итак отвергнем дела тьмы и облечемся в оружия света.Как днем, будем вести себя благочинно, не предаваясь ни пированиям и пьянству, ни сладострастию и распутству, ни ссорам и зависти; но облекитесь в Господа нашего Иисуса Христа, и попечения о плоти не превращайте в похоти.Немощного в вере принимайте без споров о мнениях. Ибо иной уверен, что можно есть все, а немощный ест овощи. Кто ест, не уничижай того, кто не ест; и кто не ест, не осуждай того, кто ест, потому что Бог принял его. Кто ты, осуждающий чужого раба? Перед своим Господом стои́т он, или падает. И будет восставлен, ибо силен Бог восставить его.

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (du Triode : Matthieu 6, 14-21)

En ce temps-là, le Seigneur dit : « Si vous pardonnez aux gens leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera à vous aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux gens, votre Père ne vous pardonnera pas vos fautes. Quand vous jeûnez, ne devenez pas comme les hypocrites à l’air triste : ils dissimulent leur visage pour apparaître aux gens comme jeûnant. Amen, Je vous le dis, ils ont reçu leur salaire. Toi, quand tu jeûnes, frotte-toi la tête d’huile et lave-toi le visage, pour paraître jeûner, non devant les humains, mais devant ton Père qui est dans le secret ; et ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Ne vous amassez pas de trésors sur la terre où les vers et la corrosion les rongent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel où ni vers ni corrosion ne rongent, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent : car là où est ton trésor, là sera également ton cœur. »

Ибо если вы будете прощать людям согрешения их, то простит и вам Отец ваш Небесный, а если не будете прощать людям согрешения их, то и Отец ваш не простит вам согрешений ваших. Также, когда поститесь, не будьте унылы, как лицемеры, ибо они принимают на себя мрачные лица, чтобы показаться людям постящимися. Истинно говорю вам, что они уже получают награду свою. А ты, когда постишься, помажь голову твою и умой лице твое, чтобы явиться постящимся не пред людьми, но пред Отцом твоим, Который втайне; и Отец твой, видящий тайное, воздаст тебе явно. Не собирайте себе сокровищ на земле, где моль и ржа истребляют и где воры подкапывают и крадут, но собирайте себе сокровища на небе, где ни моль, ни ржа не истребляют и где воры не подкапывают и не крадут, ибо где сокровище ваше, там будет и сердце ваше.

Paroles des Pères

Celui qui ne jeûne pas au profit d’un pauvre joue la comédie à Dieu. Le jeûneur qui ne fait pas l’aumône de son repas, mais le met en réserve, fournit la preuve qu’il jeûne par ambition personnelle et non pour le Christ. Si donc nous jeûnons, frères, mettons l’équivalent de nos repas dans la main d’un pauvre ; la main du pauvre conserve à notre profit ce que notre estomac a voulu perdre. La main du pauvre est le sein d’Abraham. Tout ce qu’un pauvre a reçu y est promptement mis en réserve. La main du pauvre est le trésor du ciel ; ce qu’elle a recueilli, elle le met en réserve dans le ciel pour que cela ne soit pas perdu sur la terre. Amassez-vous des trésors dans le ciel, dit l’évangile (Mt 6,20). La main du pauvre est la chambre au trésor du Christ, car tout ce qu’un pauvre a reçu, c’est le Christ qui le reçoit. Donne donc, ô homme, la terre au pauvre et tu recevras le ciel ; donne-lui ta monnaie et tu recevras le Royaume ; donne une miette et tu recevras le pain entier. Donne au pauvre, c’est un cadeau que tu te fais à toi-même. Tout ce que tu as donné à un pauvre, c’est toi qui le possèdes. Ce que tu ne lui as pas donné, un autre l’aura.

Dieu pousse un cri : C’est la miséricorde que je veux (Os 6,6 selon la Septante). Si quelqu’un refuse à Dieu ce que Dieu veut, il veut que lui soit refusé par Dieu l’objet de son désir. C’est la miséricorde que je veux. Ô Homme, c’est pour toi, non pour lui, que Dieu demande cela. C’est la miséricorde que je veux. Il demande à l’homme sa miséricorde, car il veut donner avec générosité sa divine miséricorde. Il y a en effet aux cieux une miséricorde à laquelle on parvient par les miséricordes de la terre. Seigneur, dit l’Écriture, elle est au ciel ta miséricorde (Ps 35,6). Pour plaider ta cause au Jugement de Dieu, assure-toi une protectrice en ta miséricorde, car elle pourra te libérer. Celui qui est certain d’être protégé par la miséricorde sera sûrement pardonné ; son absolution n’est pas douteuse. Non seulement la miséricorde devance ta cause et prévient ton répondant, mais elle renvoie la sentence, elle absout les accusés.

En voici la preuve : les Ninivites (cf. Jonas 3) avaient déjà reçu leur sentence ; ils étaient livrés au châtiment, debout pour le sacrifice, abandonnés à la mort. Mais la miséricorde divine les enlève, se saisit d’eux, arrive la première. Dieu a préféré annuler la sentence plutôt que de refuser quelque chose à sa miséricorde.  (…)

La miséricorde libère les pécheurs et sauve les saints. Si cette miséricorde n’avait pas été là, l’adultère de David lui aurait fait perdre la promesse divine ; le reniement de Pierre l’aurait privé de sa primauté sur les autres apôtres ; Paul le blasphémateur serait resté persécuteur. Paul le reconnaît quand il dit : Moi qui auparavant étais blasphémateur, persécuteur, insolent ; mais j’ai obtenu miséricorde (1 Tm 1,13).

Frères, en étant miséricordieux à l’égard des pauvres, achetons la miséricorde qui nous libérera de la peine, qui nous rendra sûrs de notre salut. Heureux les miséricordieux parce qu’ils obtiendront miséricorde (Mt 5,7).

– Pierre Chrysologue, Homélies.

***

– Ô Adam, nos âmes languissent, nous sommes écrasés sous le poids de nos peines. Dis-nous une parole de consolation. Chante-nous l’un des chants que tu entends au ciel, pour que toute la terre l’entende et que les hommes oublient leurs misères… Ô Adam, nous sommes accablés de tristesse.

– Ne troublez pas ma paix. Le temps de mes souffrances est passé. La beauté du Paradis et la douceur de l’Esprit Saint sont telles que je ne puis plus me souvenir de la terre. Mais voici ce que je vous dirai : le Seigneur vous aime, et, vous aussi, vivez dans l’amour ; soyez obéissants à toute autorité, humiliez vos cœurs, et le Saint-Esprit vivra en vous. Il vient silencieusement dans l’âme, lui donne la paix, et, sans parole, témoigne de son salut. Chantez à Dieu avec amour et humilité d’esprit, car c’est en cela que se réjouit le Seigneur.

– Ô Adam, notre père, que devons-nous donc faire ? Nous chantons, mais nous n’avons ni amour ni humilité.

– Repentez-vous devant le Seigneur, et demandez. Il aime les hommes et leur accordera tout. Moi aussi, je me suis beaucoup repenti, et j’ai beaucoup souffert d’avoir offensé le Seigneur, et d’avoir, par mon péché, perdu la paixet l’amour sur terre.Mes larmes ruisselaient sur mon visageet inondaient ma poitrine et la terre, et le désert entendait mes gémissements. Vous ne pouvez comprendre ma détresseni comment je pleurais Dieu et le Paradis. Au Paradis, j’étais heureux et joyeux : l’Esprit de Dieu me réjouissait, et je ne connaissais aucune souffrance. Mais, lorsque je fus chassé du Paradis, le froid et la faim commencèrent à me torturer ; les animaux et les oiseaux qui étaient doux dans le Paradiset qui m’aimaient, devinrent sauvages et se mirent à me craindre et à me fuir. De mauvaises pensées m’assaillirent ; le soleil et le vent me brûlèrent ; la pluie me trempa ; les maladies et toutes les souffrances de la terre me tourmentèrent. Mais j’ai tout enduré, et j’ai fermement espéré en Dieu.Vous aussi, accomplissez les travaux de la pénitence. Aimez les afflictions, desséchez vos corps, humiliez-vous et aimez vos ennemis, pour que l’Esprit Saint puisse établir en vous sa demeure, et alors vous connaîtrez et trouverez le Royaume des Cieux. Mais moi, ne me troublez pas : Maintenant mon amour pour Dieu m’a fait oublier la terreet tout ce qui s’y trouve. J’ai même oublié le Paradis perdu, car je vois la Gloire du Seigneur et la Gloire des Saints.Eux aussi, ils resplendissent de la lumière qui jaillit de la Face de Dieu, semblables au Seigneur lui-même.

– Ô Adam, chante-nous un chant céleste, Pour que toute la terre puisse l’entendreet jouir de la paix dans l’amour de Dieu.Nous voudrions entendre ces chants : ils sont doux, car ils sont chantés dans l’Esprit Saint.

Adam avait perdu le Paradis terrestre et le cherchait en pleurant : « Mon Paradis, mon Paradis, mon merveilleux Paradis » Mais le Seigneur, par son amour sur la Croix, lui ouvrit un autre Paradis, meilleur que le premier, un Paradis dans les cieuxoù resplendit la Lumière de la Sainte Trinité. Que donnerons-nous au Seigneur pour son Amour envers nous ?

– Saint Silouane de l’Athos, Les lamentations d’Adam.

Saints commémorés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Saint Benoît de Nursie, patriarche des moines d’Occident (550) ; saint Théognoste, métropolite de Kiev (1353) ; saint Rostislav-Michel, prince (1167) ; saint Alexandre de Pidna en Macédoine, martyr (vers 310) ; saint Euschimon, évêque de Lampsaque, confesseur (IX°) ; saint Cynog, évêque (Vil).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire selon le nouveau calendrier

Le 14 mars, mémoire du Saint Martyr ALEXANDRE de PYDNA (Macédoine).

St AlexandreD’abord aveuglé par les ténèbres du paganisme, ce Saint Martyr brilla ensuite comme un astre radieux par sa vaillante Confession de Foi, au temps de la persécution de Maximin (305-311), à Pydna en Macédoine, en décochant les flèches meurtrières de ses paroles contre le démon qui incitait ses concitoyens au culte des idoles. Comme les païens ne parvenaient pas à le soumettre par leurs flatteries et leurs promesses trompeuses, ils lui tranchèrent la tête; mais celle-ci devint par la suite une source abondante d’où jaillissaient toutes sortes de guérisons pour les fidèles qui s’en approchaient avec foi.

Saints commémorés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Sainte Eudoxie, vierge, martyre à Héliopolis (II°) ; saint Martyrios de Zélénets (1603) ; sainte Antonine, martyre à Nicée (vers 306) ; saints Marcel et Antoine, martyrs ; sainte Domnine ascète en Syrie (450-460) ; saints Hermès et Adrien, martyrs à Marseille (vers 290) ; saint Albin (ou Aubin), évêque d’Angers (550) ; saint Siviard, abbé près du Mans (vers 729) ; saint Abdalong, évêque de Marseille (III°) ; saint David, evêque, patron du pays de Galles (vers 600).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire selon l’ancien calendrier

Le 1er mars, nous célébrons la mémoire de la Sainte Martyre EUDOCIE la SAMARITAINE.

D’origine samaritaine, la Sainte Martyre du Christ Eudocie vivait à Héliopolis, en Phénicie du Liban, sous le règne de Trajan (96-116). Comme elle était dépourvue de toute connaissance de Dieu, elle s’était laissée entraîner à la débauche et avait livré à la prostitution son corps que le Créateur avait orné d’une rare beauté. Nombreux étaient ceux qui venaient de loin et offraient de fortes sommes d’argent pour jouir de ses charmes, si bien qu’elle avait acquis par ce honteux commerce une immense fortune et elle vécut dans l’insouciance jusqu’au jour où un moine, nommé Germain, qui était arrivé en ville pour affaire, vint loger dans la maison voisine. Le soir, après avoir chanté l’Office dans sa chambre à l’heure prescrite, comme s’il se trouvait dans son monastère, Germain se mit à lire à haute voix un livre qui décrivait le Jugement dernier, les châtiments des pécheurs et les récompenses des justes. En entendant ces terribles paroles, Eudocie fut tout ébranlée, sa conscience s’éveilla de la torpeur dans laquelle l’avaient plongée de si longues années passées dans le péché et elle versa pendant toute la nuit des torrents de larmes.

Au matin, elle se précipita vers Germain et, tombant à ses pieds. elle l’implora avec larmes de lui indiquer la voie du salut. Après l’avoir dûment catéchisée, en père spirituel prudent, celui-ci la renvoya chez elle, pour qu’elle éprouve sa résolution pendant une semaine de retraite et de prière. Comme elle priait de nuit en versant quantité de larmes sur sa vie passée, Eudocie vit soudain une grande lumière et l’Archange Michel descendit pour la conduire au ciel où l’assemblée des élus l’accueillit avec joie, alors qu’à l’extérieur le diable, sous la forme d’un être gigantesque, noir et répugnant, accusait Dieu d’injustice pour avoir accepté si rapidement le repentir de cette femme débauchée. Une voix très douce se fit alors entendre du haut du ciel, qui disait : « Tel est le bon plaisir (eudokia) de Dieu : recevoir avec compassion les hommes qui se repentent. » Et, sur l’ordre de Dieu, l’Archange ramena Eudocie dans sa demeure, en lui promettant l’assistance de la Grâce pour les combats qu’elle aurait dès lors à mener contre le péché.

Pleine de joie et de confiance en la miséricorde du Seigneur, Eudocie fut baptisée par l’Evêque de la cité, Théodote, et, suivant scrupuleusement les instructions de son père spirituel, elle remit avec empressement sa fortune acquise dans l’iniquité à un Prêtre, afin qu’il la distribue aux nécessiteux, puis, ainsi délivrée de l’attachement au monde et de tout souci, elle alla rejoindre Germain qui la fit admettre dans un monastère féminin situé non loin du sien.

Dès son entrée dans le stade de la vertu, la Bienheureuse montra un zèle ardent pour effacer par l’ascèse et par les larmes du repentir toutes traces de ses anciennes passions. Elle portait constamment, sans jamais la changer, la tunique dont elle avait été revêtue à son baptême; elle apprit le Psautier par coeur et faisait de la prière et de la méditation de la Parole de Dieu sa nourriture, de préférence à tout autre aliment terrestre. Par cette conduite admirable et cette belle transformation, elle reçut du Seigneur le pouvoir d’accomplir des miracles et, à la mort de la supérieure, elle fut élue par la fraternité pour lui succéder.

En ce temps-là, ayant appris que la belle Eudocie avait rejeté les plaisirs de cette vie et le culte des idoles pour tourmenter son corps par amour du Christ, certains de ses anciens amants la dénoncèrent auprès de l’empereur, l’accusant d’utiliser sa fortune pour construire, dans le désert, des refuges pour les Chrétiens rebelles à son autorité et à la religion de l’Empire. Lorsque le dignitaire envoyé par l’empereur et les trois cents soldats de son escorte voulurent pénétrer dans le monastère de la Sainte, ils en furent empêchés par une force divine et, après avoir tourné autour de l’enceinte pendant trois jours, en cherchant vainement l’entrée, ils furent frappés de mort, à l’exception du magistrat et de trois soldats.

Quand l’empereur apprit ce lamentable échec, il envoya son propre fils pour arrêter la Sainte. Mais celui-ci fut frappé par Dieu et mourut après avoir été jeté à bas de son cheval. Sur le conseil d’un ancien amant d’Eudocie, le souverain éploré écrivit alors à la Sainte pour lui demander d’intercéder afin que son fils revienne à la vie. Eudocie lui répondit avec humilité, protestant de son impuissance à accomplir de tels miracles, et elle fit trois signes de croix sur la lettre en la refermant. Dès que le messager apporta la missive au palais devant le cadavre du prince, celui-ci reprit vie, et l’empereur et toute la cour s’écrièrent : « Grand est le Dieu des Chrétiens, qui accomplit de telles merveilles! » On raconte même que le souverain se fit baptiser avec un grand nombre des siens, et que le prince ressuscité devint par la suite Archevêque de la cité, alors que sa soeur, Gélasia, prenait le voile dans le monastère de Sainte Eudocie.

L’empereur Adrien (l17-138), qui prit la succession, était un farouche adepte de l’idolâtrie. Il envoya à Héliopolis un gouverneur, célèbre pour sa cruauté, nommé Diogène, lequel avait été fiancé à Gélasia et que la fuite de sa promise avait mis dans la plus grande haine à l’égard d’Eudocie. Sitôt installé, il envoya cinquante hommes d’armes pour se saisir de la Sainte. Alors que ceux-ci étaient encore en route, le Christ apparut à Eudocie et lui annonça que l’heure était venue pour elle de remporter la couronne du Martyre. Elle se rendit alors dans l’église, prit sur elle une parcelle de la Sainte Eucharistie et, accueillant les soldats avec calme et dignité, elle les suivit sans offrir de résistance. Sur le chemin, un Ange la précédait, tenant un flambeau allumé, sans que les païens s’en rendent compte.

Après l’avoir laissée pendant quatre jours en prison, sans recevoir ni nourriture ni boisson, on l’amena au tribunal, le visage couvert, et dès qu’on lui retira ce voile une lueur éclatante en resplendit, provoquant un cri de stupeur dans l’assistance. La Sainte répondit avec audace aux questions du gouverneur et l’invita à mettre son dessein à exécution, sans perdre de temps en de vains interrogatoires. On la somma de choisir entre trois solutions pour avoir la vie sauve : adorer les idoles, revenir à son ancien mode de vie ou remettre sa fortune au trésor public. Eudocie déclara qu’il était absolument exclu pour elle de retourner à sa vie passée, maintenant qu’elle avait connu la vérité, et qu’elle n’était plus maîtresse de l’argent qu’elle avait distribué. Sur lordre de Diogène, quatre hommes se saisirent d’elle et l’accablèrent de coups pendant deux heures entières; puis, comme ils tentaient de la dénuder afin de l’attacher au poteau de torture, ils trouvèrent sur elle le coffret contenant la Sainte Communion. Lorsque le gouverneur tenta de l’ouvrir, une flamme s’en dégagea, qui consuma tous ceux qui se trouvaient aux alentours et qui laissa Diogène à demi paralysé. Comme il tombait à genoux en priant le dieu Soleil de le délivrer de ce sortilège, un éclair fendit le ciel et le laissa raide mort sur le sol: Pendant ce temps, un Ange rayonnant descendait du ciel et s’entretenait avec la Sainte, après l’avoir chastement recouverte d’un voile. Un soldat qui avait été témoin de cette scène, saisi de repentir, alla la détacher et la pria d’intercéder pour ceux qui venaient d’être frappés par la colère de Dieu, afin qu’ils recouvrent la vie et puissent se repentir. Prise de compassion, Eudocie se mît en prière et aussitôt les morts ressuscitèrent, provoquant la conversion d’une grande partie de la population.

La Sainte resta en ville quelque temps pour enseigner le peuple, et elle accomplit encore d’autres miracles, jusqu’au jour où, Diogène étant décédé, un nouveau gouverneur, nommé Vincent, s’installa à Héliopolis, avec la ferme décision d’en finir avec la célébrité importune d’Eudocie. Il envoya des soldats dans sa résidence et ceux-ci lui tranchèrent la tête, sans autre forme de procès, lui offrant ainsi la satisfaction de son désir le plus cher : l’union définitive avec son Epoux céleste. Par la suite, les Reliques de Sainte Eudocie accomplirent de nombreux miracles qui témoignèrent pour des générations de Chrétiens de la puissance du repentir.