Dimanche 7 mars 2021 – du Jugement dernier

Dimanche 7 mars 2021.

(22 février dans l’ancien calendrier.)

Dimanche du Jugement dernier et du Carnaval.

(Dernier jour de viande avant le Carême.)

3e dimanche du Triode.

 

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Corinthiens (du Triode : Co. 8, 8-13 ; 9, 1-2) :

Frères, ce n’est pas un aliment qui nous rapprochera de Dieu : si nous n’en mangeons pas, nous n’aurons rien de moins, et si nous en mangeons, nous n’aurons rien de plus. Mais prenez bien garde que cette liberté dont vous usez ne devienne pour les faibles une occasion de chute. Car si quelqu’un te voit, toi qui as la connaissance, attablé dans un temple d’idoles, ce spectacle ne poussera-t-il pas celui dont la conscience est faible à manger des mets offerts aux idoles ? Et ainsi, à cause de ta connaissance, ce faible périt, ce frère pour qui le Christ est mort. En péchant ainsi contre vos frères, en blessant leur conscience qui est faible, c’est contre le Christ que vous péchez. C’est pourquoi, si un aliment doit causer la chute de mon frère, je me passerai de viande à tout jamais, plutôt que de scandaliser mon frère. Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus, notre Seigneur ? N’êtes-vous pas mon œuvre dans le Seigneur ? Si pour d’autres je ne suis pas apôtre, pour vous du moins je le suis ; car c’est vous qui, dans le Seigneur, êtes le sceau de mon apostolat.

Пища не приближает нас к Богу: ибо, едим ли мы, ничего не приобретаем; не едим ли, ничего не теряем. Берегитесь однако же, чтобы эта свобода ваша не послужила соблазном для немощных. Ибо если кто-нибудь увидит, что ты, имея знание, сидишь за столом в капище, то совесть его, как немощного, не расположит ли и его есть идоложертвенное? И от знания твоего погибнет немощный брат, за которого умер Христос. А согрешая таким образом против братьев и уязвляя немощную совесть их, вы согрешаете против Христа. И потому, если пища соблазняет брата моего, не буду есть мяса вовек, чтобы не соблазнить брата моего. Не Апостол ли я? Не свободен ли я? Не видел ли я Иисуса Христа, Господа нашего? Не мое ли дело вы в Господе? Если для других я не Апостол, то для вас Апостол; || ибо печать моего апостольства – вы в Господе.

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (du Triode : Matthieu 25, 31-46)

En ce temps-là, Jésus dit : « Lorsque le Fils de l’Homme viendra dans sa gloire, et avec lui tous les anges, alors Il siégera sur le trône de sa gloire. Et seront rassemblées devant lui toutes les nations, et Il mettra à part les uns des autres, comme le pasteur met à part les agneaux et les chevreaux ; et Il placera les agneaux à sa droite et les chevreaux à sa gauche. Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car J’ai eu faim et vous m’avez nourri ; J’ai eu soif et vous m’avez désaltéré ; J’étais étranger et vous m’avez recueilli ; nu et vous m’avez vêtu ; J’étais malade et vous m’avez rendu visite ; J’étais en prison et vous êtes venus me voir.’ Alors les justes lui répondront et lui diront : ‘Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim et t’avons-nous nourri ou avoir soif et t’avons-nous désaltéré ? Quand t’avons-nous vu étranger et recueilli, ou nu et t’avons-nous vêtu ? Quand t’avons-nous vu malade ou en prison et sommes-nous venus te voir ?’ Le roi leur dira en réponse : ‘Amen, Je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.’ Alors Il dira à ceux qui sont à gauche : ‘Allez loin de moi, maudits, au feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car J’ai eu faim et vous ne m’avez pas nourri ; J’ai eu soif et vous ne m’avez pas désaltéré ; J’étais étranger et vous ne m’avez pas recueilli ; nu et vous ne m’avez pas vêtu ; malade et en prison et vous ne m’avez pas rendu visite.’ Et eux aussi répondront : ‘Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim ou soif, être étranger, ou nu, ou malade, ou en prison et ne t’avons-nous pas assisté ?’ Alors Il leur dira en réponse : ‘Amen, Je vous le dis, dans la mesure où vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.’ Et ils s’en iront, eux vers le châtiment éternel, mais les justes vers la vie éternelle. »

Kогда же приидет Сын Человеческий во славе Своей и все святые Ангелы с Ним, тогда сядет на престоле славы Своей, и соберутся пред Ним все народы; и отделит одних от других, как пастырь отделяет овец от козлов; и поставит овец по правую Свою сторону, а козлов – по левую. Тогда скажет Царь тем, которые по правую сторону Его: приидите, благословенные Отца Моего, наследуйте Царство, уготованное вам от создания мира: ибо алкал Я, и вы дали Мне есть; жаждал, и вы напоили Меня; был странником, и вы приняли Меня; был наг, и вы одели Меня; был болен, и вы посетили Меня; в темнице был, и вы пришли ко Мне. Тогда праведники скажут Ему в ответ: Господи! когда мы видели Тебя алчущим, и накормили? или жаждущим, и напоили? когда мы видели Тебя странником, и приняли? или нагим, и одели? когда мы видели Тебя больным, или в темнице, и пришли к Тебе? И Царь скажет им в ответ: истинно говорю вам: так как вы сделали это одному из сих братьев Моих меньших, то сделали Мне. Тогда скажет и тем, которые по левую сторону: идите от Меня, проклятые, в огонь вечный, уготованный диаволу и ангелам его: 42ибо алкал Я, и вы не дали Мне есть; жаждал, и вы не напоили Меня; был странником, и не приняли Меня; был наг, и не одели Меня; болен и в темнице, и не посетили Меня. Тогда и они скажут Ему в ответ: Господи! когда мы видели Тебя алчущим, или жаждущим, или странником, или нагим, или больным, или в темнице, и не послужили Тебе? Тогда скажет им в ответ: истинно говорю вам: так как вы не сделали этого одному из сих меньших, то не сделали Мне. И пойдут сии в му́ку вечную, а праведники в жизнь вечную.

Paroles des Pères

« Aux pieds de notre Juge, toutes nos actions seront dévoilées et produites au grand jour. Car non seulement nous comparaîtrons, mais encore notre âme sera mise à découvert. »

– Saint Jean Chrysostome, Homélies sur la seconde épître aux Corinthiens, X, 3.

***

D’un mot, je dirai le mérite de la contemplation et de l’action. L’une nous élève d’ici-bas jusque vers le Saint des Saints et ramène notre esprit vers ce qui est comme lui. L’autre accueille et sert le Christ pour manifester en des œuvres le pouvoir de l’amour.

À elles seules, chacune de ces vertus suffit à nous conduire au salut et nous mener vers l’un des séjours d’éternelle félicité. Car il est autant de demeures célestes que de façons de vivre ici-bas et Dieu les attribue à chacun selon son mérite. Pratiquez n’importe quelle vertu, toutes si vous pouvez. Mais songez essentiellement à progresser dans votre itinéraire, tâchez de suivre pas à pas le bon guide dont la marche assurée vous mènera par d’étroits chemins et par d’étroites portes jusqu’aux vastes plaines des béatitudes célestes. S’il faut en croire saint Paul et Jésus, l’amour est le premier et le plus grand commandement, qui fonde la loi et les prophètes. Eh bien, je crois qu’un de ses principaux effets en est l’amour des pauvres, la tendresse et la compassion envers notre prochain. Rien ne fait honneur à Dieu comme la miséricorde, car rien ne lui est plus apparenté, lui que la miséricorde et la vérité précèdent, et qui préfère la miséricorde au jugement (Ps 88,15; Os 6,6). C’est surtout au bienfait que Dieu répond par le bienfait : sa récompense est juste, il pèse et mesure la miséricorde.

– Saint Grégoire de Nazianze, Discours 14, « L’amour des pauvres ».

***

Accueillons notre Dieu et Seigneur, le véritable médecin qui, seul, est capable de guérir nos âmes en venant à nous, Lui qui a tout quitté pour nous. Il frappe sans cesse à la porte de nos cœurs pour que nous lui ouvrions, afin qu’Il entre, qu’Il repose dans nos âmes, que nous Lui lavions les pieds et les couvrions de parfum, et qu’Il fasse chez nous Sa demeure. À un endroit en effet, Jésus blâme celui qui ne Lui a pas lavé les pieds (cf. Luc 7,44), et ailleurs Il dit : « Voici que Je me tiens à la porte ; si quelqu’un M’ouvre, J’entrerai chez lui » (Ap. 3,20). C’est pour cela en effet qu’Il a supporté tant de souffrances, livré Son corps à la mort, et nous a rachetés de la servitude ; c’est pour venir dans nos âmes et y faire sa demeure. C’est pour cela que le Seigneur dit à ceux qui seront à sa gauche lors du Jugement, et seront envoyés par Lui dans la géhenne avec le diable : « J’étais étranger et vous ne M’avez pas fait entrer ; J’ai eu faim et vous ne M’avez pas donné à manger ; J’ai eu soif et vous ne M’avez pas désaltéré » (Mt 15, 42-43). Car sa nourriture, sa boisson, son vêtement, son toit, son repos sont dans nos cœurs. C’est pour cela qu’Il frappe sans cesse, voulant entrer chez nous. Accueillons-Le donc et introduisons-Le au-dedans de nous, puisqu’Il est aussi notre nourriture, notre boisson, notre vie éternelle. Et toute âme qui ne L’accueille pas maintenant dans son intérieur, pour qu’Il y trouve du repos, ou plutôt pour qu’elle se repose en Lui, n’héritera pas du Royaume des Cieux avec les saints, et ne pourra pénétrer dans la Cité céleste. Mais Toi, Seigneur Jésus Christ, donne-nous d’y entrer, nous qui glorifions ton Nom avec le Père et Saint-Esprit. »

– Saint Macaire le Grand, Homélies spirituelles, Homélie 30, Spiritualité orientale n°40.

***

Quant à moi, je dis aussi que ceux qui sont châtiés dans la Géhenne sont flagellés par le fouet de l’amour. Qu’y a-t-il de plus amer et de plus violent que le châtiment de l’amour ? Ceux qui sentent qu’ils ont péché contre l’amour subissent un châtiment bien plus grand que les châtiments les plus redoutés. La douleur qu’éprouve le cœur qui a péché contre l’amour est plus déchirante que tout autre tourment. Il est absurde de penser que les pécheurs, dans la Géhenne, sont privés de l’amour de Dieu. L’amour est engendré par la connaissance de la vérité, laquelle, comme chacun le reconnaît, est donnée à tous. Par sa puissance même, l’amour agit d’une double manière : il tourmente les pécheurs, comme il arrive ici-bas qu’un ami ait à souffrir d’un ami, et il réjouit en lui ceux qui ont agi comme ils devaient le faire. Tel est, à mon avis, le châtiment de la Géhenne : l’amer regret qui procède de l’amour, tandis que la joie que celui-ci renferme enivre de ses délices les âmes des fils d’en haut.

– Saint Isaac le Syrien, Discours ascétiques, « Discours 84 », trad. père Placide.

Synaxaire du dimanche du Jugement dernier

Ce dimanche, nous faisons mémoire de la seconde et sévère Parousie de notre Seigneur Jésus Christ.

Lorsque tu descendras, ô Juge universel,

et jugeras toute la terre,

juge-moi digne aussi d’entendre cet appel :

« venez, les bénis de mon Père. »

Cette mémoire, les très-Saints Pères l’ont placée après les deux paraboles, afin qu’après avoir appris par elles l’amour de Dieu envers les hommes, nul ne vive dans l’insouciance en se disant : Dieu est l’ami des hommes et, du moment que je me tiens éloigné du péché, je suis prêt à l’achèvement total. C’est donc ici qu’ils ont placé la mémoire de ce jour redoutable, afin que par la contemplation de la mort et l’attente des châtiments à venir, ceux qui sont disposés à l’insouciance, éprouvant de la crainte, reviennent à la vertu, sans compter sur le seul Ami des hommes, mais considérant aussi que le Juge est juste et qu’il rendra à chacun selon ses œuvres. D’ailleurs, les âmes s’étant avancées, il fallait bien que vînt aussi le Juge. D’une certaine manière, la présente fête prend place maintenant comme le terme de toutes, puisque ce sera aussi la dernière de tous nos semblables. Il faut en effet considérer qu’on place au dimanche suivant le commencement du monde et la chute d’Adam hors du Paradis. La présente fête marque la fin de tous les jours et la fin du monde. On l’a placée au dimanche de l’Apokréo, pour contenir la gourmandise et la voracité grâce à l’effroi que procure cette fête et pour nous appeler à la compassion envers le prochain. D’ailleurs, puisque c’est après avoir mangé que nous avons été chassés de l’Eden et que nous avons encouru jugement et malédiction, pour cette raison la présente fête trouve place ici, et aussi parce que nous devons, le dimanche suivant, qui commémore Adam, être symboliquement chassés de l’Eden, jusqu’à ce que le Christ, en revenant, nous ramène au Paradis.

Le jugement dernier. Icône russe du XVIIè siècle. Tempera sur bois. Moscou, Galerie Trétiakov. | Icône russe, Les arts, Comment peindreLa seconde Parousie, cela signifie qu’une première fois il est venu jusqu’à nous, mais simplement et sans gloire, tandis que maintenant c’est avec des merveilles surnaturelles et une gloire éclatante qu’il vient depuis le ciel et avec son corps, afin que tous sachent bien que c’est le même qui est venu la première fois et qui a sauvé le genre humain et qui doit à présent le juger, pour voir s’il a bien gardé ce qu’il lui avait donné. Quand arrivera cette Parousie, personne ne le sait, car le Seigneur l’a caché même à ses Apôtres. D’ici là, certains signes auront dû se manifester, que quelques Saints ont exposés assez largement. On dit qu’il devra s’écouler sept mille ans. Mais avant sa Parousie viendra l’Antéchrist, et il naîtra (au dire de Saint Hippolyte de Rome) d’une femme souillée, mais prétendue vierge, appartenant au peuple hébreu, à la tribu de Dan, fils de Jacob ; il ira çà et là, imitant le Christ par sa vie : il fera des miracles, ceux que le Christ a faits, et il ressuscitera les morts. Mais tout cela, il le fera de façon imaginaire, qu’il s’agisse de la naissance, de la chair et du reste, comme dit l’Apôtre (2 Thess 2:9) : alors, dit-il, le fils de la perdition se manifestera « par toute espèce d’œuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers ». Et ce n’est pas que le Diable lui-même se transmuera en chair, comme le dit Jean Damascène, mais un homme, né de la prostitution, recevra tout le pouvoir de Satan et surgira soudainement, au point de sembler à tous bon et bienveillant. Il y aura alors une grande famine, et il subviendra aux besoins des gens ; il continuera les Saintes Ecritures et pratiquera le jeûne, sera pris de force par les hommes et proclamé roi, il entretiendra d’excellentes relations avec les hébreux, se fera établir à Jérusalem et reconstruira leur temple. Avant sept ans, comme dit Daniel, viendront Enoch et Elie, avisant le peuple de ne pas l’accueillir ; mais il les fera prendre et torturer, puis il leur coupera la tête. Ceux qui voudront persévérer dans la piété devront fuir au loin ; mais il les trouvera dans les montagnes et leur enverra des démons pour les éprouver. Cependant, les sept années « seront abrégées, à cause des élus », et il y aura une grande famine ; l’ensemble des éléments sera changé et tous, ils risqueront de disparaître.

Après cela, soudaine comme un éclair venu du ciel, ce sera la Parousie du Seigneur, précédée par sa vénérable Croix, et un fleuve de feu bouillonnant s’avancera devant lui, purifiant de ses souillures toute la terre. Aussitôt l’Antéchrist sera pris, avec ses suppôts, et ils seront livrés au feu éternel. Tandis que les Anges sonneront de la trompette, on se rassemblera des confins de la terre et de tous les éléments, tout le genre humain affluera à Jérusalem, puisque c’est le centre du monde, et des trônes y seront installés pour le jugement. Tous, avec corps et âmes, se transmueront en rejoignant l’incorruptibilité, chacun ayant son aspect unique, et tous les éléments accuseront un changement vers le mieux. Alors, d’une seule parole, le Seigneur séparera les justes des pécheurs, et ceux qui auront fait le bien iront jouir de la vie éternelle. De leur côté, les pécheurs iront vers l’éternel châtiment, et ils n’auront plus de répit. Il faut savoir que le Christ ne s’enquerra pas sur le jeûne, le dénuement ou les miracles : certes, ces choses-là sont bonnes, mais il y a encore mieux, à savoir la charité et la compassion. Car aux justes comme aux pécheurs il dira six choses : « J’ai eu faim, et vous, m’avez donné à manger. J’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire. J’étais étranger, et vous m’avez accueilli. J’étais nu, et vous m’avez vêtu. J’étais malade, et vous m’avez visité. J’étais prisonnier, et vous êtes venus me voir. Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.»

Et cela, chacun doit le faire selon ses possibilités. Alors, « toute langue proclamera, de Jésus Christ, qu’il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2:11). Quant aux châtiments que nous révèle le Saint Evangile, les voici : « Il y aura des pleurs et des grincements de dents, le ver qui ronge sans fin, le feu qui jamais ne s’éteint » et l’on sera « jeté dans les ténèbres extérieures ». Mais l’Eglise de Dieu recevra tout de façon radieuse, et par royaume des cieux on entend les délices, le séjour des Saints avec Dieu, l’illumination et l’élévation perpétuelles. Le châtiment, ce sont les ténèbres ou ce qui leur ressemble : la séparation d’avec Dieu, le harcèlement de la conscience demandant aux âmes comment elles ont pu, par insouciance ou pour une jouissance éphémère, se priver de la divine illumination.

Cette vie de Saints est tirée du : « Triode de Carême », Diaconie Apostolique.

Commémorés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Saints Basile, Ephrem, Capiton, Eugène, Euthère, Elpide et Agathodore, évêques de Chersonèse, martyrs (IV°) ; saint Paul le très simple, ermite en Égypte (vers 340) ; saint Ephrem, patriarche d’Alexandrie (546) ; saint Drausin, evêque de Soissons (vers 580) ; saint Esterwine, abbé de Wearmouth (686) ; saint Deifer, abbé gallois (VI°).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire selon le nouveau calendrier

Le 7 mars, mémoire de notre vénérable Père LAURENT, fondateur du monastère de la MERE de DIEU « PHANEROMENIE », dans l’île de SALAMINE.

St LaurentSaint Laurent naquit dans la ville de Mégares (Attique) dans la première moitié du XVIle siècle. Marié et père de deux enfants, il travaillait comme maçon et laboureur, louant son travail en différents lieux. A la suite de trois apparitions nocturnes de la Mère de Dieu, qui lui ordonnait d’aller lui construire une église dans l’île de Salamine, il restait toujours indécis et plein de doutes. La TouteSainte lui apparut alors de nouveau et lui montra d’un ton sévère le plan précis de l’église et du monastère qu’elle lui commandait d’édifier. Laurent se décida à entreprendre la traversée, mais la mer démontée l’en empêchait. Il entendit alors une voix céleste lui ordonner d’étendre sa cape sur la mer. Il obéit, cette fois-ci sans hésitation et se retrouva miraculeusement transporté dans l’île de Salamine. Il n’eut pas de peine à trouver l’endroit indiqué, où se trouvaient les ruines d’une ancienne église, dans lesquelles il découvrit une icône de la Mère de Dieu. Rejetant dès lors derrière lui tout attachement au monde, il devint moine, convainquit son épouse de l’imiter, et consacra toutes ses ressources à la construction du monastère. Parmi les habitants de l’île qui venaient l’aider certains devinrent moines, et la communauté grandit rapidement, sous la protection de la Très Sainte Vierge qui accorda à Saint Laurent la grâce d’accomplir de nombreuses guérisons en faveur des Chrétiens et aussi des musulmans. C’est ainsi qu’il guérit d’une maladie mortelle la femme d’un dignitaire de la cour ottomane. En signe de reconnaissance l’époux de celle-ci rendit au monastère d’anciennes propriétés qui lui avaient été confisquées.

Ainsi aidé par la Grâce, le saint acheva la construction du monastère en 1682, et s’endormit en paix, le 9 mars 1707 7 , emportant au ciel la couronne des fidèles serviteurs de la Mère de Dieu.

Commémorés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Invention des reliques des saints apôtres et martyrs Andronique et Junia, à Constantinople (VII°) ; saint Baradat d’Antioche, moine (460) ; saints Thalasse et Limnée, ermites en Syrie (V°) ; saint Athanase, confesseur en Bithynie (826) ; saint Paschase, évêque de Vienne (312) ; saints Gouram, Adarnassé, Bakhar, Vatché, Bardzim, Datchi, Djvanchère, Ramaz et Pharrsam, les 9 enfants lapidés par les païens dans le village de Kola (VI°).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire selon l’ancien calendrier

Le 23 février, nous célébrons la mémoire du Saint Hiéromartyr POLYCARPE, Evêque de SMYRNE.

ANNE RANSON-TERESTCHENKO, dite Presbytera Anna: Icônes de Saint Polycarpe de Smyrne, Evêque, Hiéromartyr. (II°s)… | Icônes orthodoxes, Comment peindre, Art byzantinLe glorieux Polycarpe, qui fut, d’après son disciple Saint Irénée de Lyon: « Disciple des Apôtres et familier de ceux qui avaient vu le Seigneur », naquit à Ephèse, au temps de l’empereur Vespasien (vers l’an 70). Avant de consommer leur martyre ses saints parents confièrent leur enfant à une pieuse et noble femme, Callista, qui l’éleva dans la crainte de Dieu et l’amour des saintes vertus. Mû de compassion, l’enfant appliquait si bien les préceptes de l’aumône qu’il vida les réserves de sa mère adoptive pour les distribuer aux pauvres. Et comme celles-ci s’étaient de nouveau miraculeusement remplies, Callista changea son nom de Pancrace pour celui de Polycarpe (c’est-à-dire « fruit abondant »).

Parvenu à maturité, il devint disciple de Saint Jean le Théologien, qui proclamait alors la Bonne Nouvelle dans la province d’Asie, en compagnie de Saint Boucole (cf. 6 février) et de Saint Ignace le Théophore (cf. 20 décembre). S’imprégnant de son enseignement et de tout ce qui pouvait rappeler la vie du Seigneur, Polycarpe partagea avec empressement toutes les tribulations du Disciple BienAimé, jusqu’à son exil à Patmos. Saint Jean ordonna alors Boucole Evêque de la grande et illustre cité de Smyrne, et il lui confia Polycarpe comme aide et compagnon de travaux. Parvenu à Smyrne, Plycarpe fut ordonné Prêtre et chargé du soin des orphelins; jusqu’au jour où, prévoyant sa mort prochaine, Saint Boucole désigna l’humble Polycarpe pour lui succéder.

Devenu, par la volonté de Dieu et de son père spirituel, pasteur de l’Eglise de Smyrne, Polycarpe s’acquitta dès lors de sa tâche en imitant parfaitement la conduite de ses pères, et répétant avec fidélité leurs paroles et celles qu’ils avaient recueillies de la bouche même du Seigneur. De son exil à Patmos, Saint Jean adressait ses éloges à l’Ange de l’Eglise de Smyrne et l’encourageait à rester fidèle jusqu’à la mort pour recevoir la couronne de la vie éternelle (Apocalypse 2:10). Revêtu de la grâce divine, il accomplit de nombreux miracles : il éteignit par sa prière un incendie qui menaçait la contrée depuis sept jours, fit tomber une pluie bienfaisante au terme d’une longue sécheresse, délivra des possédés et guérit des malades, de sorte que, grâce à lui, les païens se convertissaient en grand nombre.

Quand, vers le début de l’épiscopat de Polycarpe (vers 101), Saint Ignace fut condamné à mort et envoyé enchaîné à Rome pour être livré aux bêtes, il passa par Smyrne et fut heureux d’embrasser une dernière fois le Saint Evêque. Parvenu à Troade, il lui adressa une lettre pour le remercier de son hospitalité, lui remit le soin de l’Eglise d’Antioche et lui transmit des conseils divinement inspirés sur les devoirs du pasteur: « Je glorifie le Seigneur de m’avoir jugé digne de contempler ton visage irréprochable. Justifie ta dignité épiscopale par une entière sollicitude de chair et d’esprit. Préoccupe-toi de l’union au-dessus de laquelle il n’y a rien de meilleur. Supporte avec patience tous les frères comme le Seigneur le supporte toi-même. Porte les infirmités de tous, comme un athlète accompli. Le temps présent te réclame pour obtenir Dieu, comme le pilote attend le vent et comme l’homme battu par la tempête attend le port… ».

Par la suite, Saint Polycarpe écrivit aux Chrétiens de Philippes pour les féliciter d’avoir accueilli Ignace et les Martyrs : « … les images de la véritable charité que vous avez escortés comme il convenait de le faire, eux qui étaient enchaînés de ces liens dignes des Saints, qui sont les diadèmes de ceux qui ont été vraiment choisis par Dieu ». Il les exhorte à persévérer dans cette patience qu’ils ont vue chez les Martyrs et il leur expose les principes de vie d’une communauté chrétienne amie de la charité : « La foi est notre mère à tous, elle est source de l’espérance et elle est précédée de l’amour pour Dieu, pour le Christ et pour le prochain. Celui qui demeure en ces vertus a accompli les commandements de la Justice, car celui qui a la charité est loin de tout péché ».

Il dirigea ainsi, de manière tout apostolique, son Eglise pendant plus de cinquante ans. Vers 154, alors qu’il était un vieillard chargé de jours, il fit un voyage à Rome pour s’entretenir avec le Pape Anicet du différend qui séparait Rome des Eglises d’Asie sur la date de Pâques, et pour prendre la défense de la Vraie Foi contre les hérésies. Le rayonnement de sa sainteté et son enseignement y provoquèrent la conversion d’un grand nombre d’âmes qui s’étaient laissées séduire par les hérétiques Valentin et Marcion. Au moment de quitter Rome, le Pape lui céda, par déférence, la présidence de la Synaxe eucharistique et, après avoir échangé un saint baiser, ils se quittèrent en paix, dans le respect mutuel des différences légitimes entre les Eglises locales.

Peu de temps après son retour à Smyrne, une très violente persécution, déclenchée par l’empereur Marc Aurèle (161-180), bouleversa toutes les Églises d’Asie. C’est alors qu’à la suite d’un groupe de douze Martyrs originaires de Philadelphie, Saint Polycarpe, âgé de quatre-vingt-six ans, trouva une mort glorieuse, le Grand Samedi, de manière semblable à la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Pendant que les valeureux Martyrs du Christ subissaient toutes sortes de supplices pour être finalement livrés en pâture aux bêtes, le très vénérable Polycarpe, conservait sa sérénité ordinaire et voulait même rester en ville, pour ne pas abandonner son troupeau spirituel. Mais, sur les instances de ses compagnons, qui le suppliaient de ne pas s’exposer prématurément à la mort, il se retira dans une petite propriété située non loin de la cité et, nuit et jour, il priait pour tous les hommes et pour les Eglises du monde entier. Trois jours avant son arrestation, comme il se tenait ainsi en prière, il eut une vision, dans laquelle son oreiller prit feu et fut consumé. Se tournant vers ses compagnons, il leur annonça calmement qu’il devrait bientôt donner sa vie pour le Christ par le feu.

A peine avait-il atteint un nouveau refuge que les hommes d’armes, qui avaient appris où il se trouvait en torturant un jeune esclave, firent irruption dans la demeure. Refusant de prendre la fuite, l’Evêque les accueillit avec un visage radieux et très doux, et il les invita à prendre un copieux repas, en leur demandant seulement de lui laisser un moment pour prier. Ils y consentirent et, pendant deux heures pleines, le vieillard se tint debout, rempli de la Grâce de Dieu, faisant mémoire de tous les hommes qu’il avait connus, petits ou grands, ainsi que de l’Eglise répandue par toute la terre. L’heure étant venue de partir, les soldats, saisis d’une grande crainte et se repentant d’avoir à accomplir cette tâche, le firent monter sur un âne pour le conduire à Smyrne. L’intendant de la police, nommé justement Hérode, vint au-devant de lui et le fît monter dans sa voiture pour essayer de le persuader de sauver sa vie en sacrifiant à César. Comme il avait peiné en vain, il le fit jeter sur la route en le couvrant d’injures. Blessé à la jambe, le vieillard n’en continua pas moins allègrement le chemin à pied. Quand il entra dans le stade rempli d’une foule hurlante et avide de sang, une voix divine se fit entendre des seuls Chrétiens au sein du tumulte. Elle disait : « Courage, Polycarpe, et agis en homme! » Le proconsul l’exhorta à renier le Christ en disant : « Aie pitié de ton grand âge », et les autres choses que les persécuteurs ont coutume de dire en ces circonstances. « Jure par la fortune de César et dis : A bas les athées! » lui criait-il. Promenant alors son regard sur la foule des païens qui garnissaient l’amphithéâtre, Polycarpe répondit en soupirant : « Oui, certes, A bas les athées! » Comme on le sommait de maudir le Christ, il répondit : « Il y a quatre-vingt-six ans que je Le sers, et Il ne m’a fait aucun mal. Comment pourrais-je blasphémer mon Roi qui m’a sauvé? »

Le proconsul dit : « J’ai des bêtes, et je te livrerai à elles, si tu ne changes pas d’avis ». Polycarpe répondit : « Appelle-les, car pour nous il est impossible de changer d’avis pour passer du meilleur au pire; tandis qu’il est bon de changer pour passer du mal à la justice ». – « Je te ferai brûler par le feu, puisque tu méprises les bêtes », dit le juge. Polycarpe, plein de force et de joie, répondit : « Tu me menaces d’un feu qui brûle un moment et peu de temps après s’éteint, car tu ignores le feu du jugement à venir et du supplice éternel, réservé aux impies. Mais pourquoi tarder? Va, fais ce que tu veux. »

Le héraut ayant proclamé trois fois que Polycarpe s’était déclaré Chrétien, la foule en furie réclama de lâcher contre lui un lion. Mais, comme les combats de bêtes étaient alors terminés, ils crièrent : « Que Polycarpe soit brûlé vif! » En un instant, les païens et les juifs pêle-mêle allèrent ramasser dans les ateliers et dans les bains des alentours du bois et des fagots. Quand le bûcher fut prêt au milieu du stade, Polycarpe déposa lui-même tous ses vêtements, aussi calmement que s’il célébrait le Saint Sacrifice, et voulut se déchausser : chose qu’il ne faisait jamais, car les fidèles s’empressaient toujours pour lui baiser les pieds. Comme on voulait le clouer sur le bûcher, il dit : « Laissez-moi ainsi, Celui qui me donne la force de supporter le feu, me donnera aussi de rester immobile sur le bûcher. » Déposé sur le bois comme Une victime de choix préparée pour l’holocauste, il leva les yeux au ciel et rendit grâce à Dieu dans une ultime prière de l’avoir jugé digne de prendre part, avec tous les Saints Martyrs, au calice du Christ, pour la résurrection et la vie éternelle dans l’incorruptibilité de l’Esprit Saint.

Quand il eut prononcé son Amen, les bourreaux allumèrent le feu. Une grande flamme s’éleva; mais, ô merveille, le feu prit soudain l’apparence d’une voûte, à la manière d’une voile de navire gonflée par le vent, qui entourait comme d’un rempart le corps du Martyr. Lui se tenait au milieu, non comme une chair qui brûle, mais comme un pain qui cuit ou comme de l’or ou de l’argent brillant dans la fournaise, en dégageant un parfum d’encens ou d’autres précieux aromates.

 

Comme les impies voyaient que le corps du Saint ne pouvait se consumer, ils ordonnèrent au bourreau de l’achever au moyen de son glaive. Le sang jaillit alors en telle quantité qu’il éteignit la fournaise, laissant la foule stupéfaite.

Les précieux restes du Martyr furent incinérés à l’instigation des juifs, mais les fidèles purent néanmoins recueillir quelques ossements qu’ils déposèrent dans un lieu convenable, où ils se réunissaient chaque année pour célébrer, dans la joie, le jour de sa naissance au ciel. Le glorieux Martyre de Saint Polycarpe scella, mais pour un temps seulement, la persécution contre les Chrétiens.