Dimanche 7 février 2021

Dimanche 7 février 2021.

(25 janvier dans l’ancien calendrier.)

 

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Corinthiens (2 Cor 6,1-10) :

Frères, puisque nous travaillons avec Dieu, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. Car il dit: « Au temps favorable je t’ai exaucé, Au jour du salut je t’ai secouru. » Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut. Nous ne donnons aucun sujet de scandale en quoi que ce soit, afin que le ministère ne soit pas un objet de blâme. Mais nous nous rendons à tous égards recommandables, comme serviteurs de Dieu, par beaucoup de patience dans les tribulations, dans les calamités, dans les détresses, sous les coups, dans les prisons, dans les troubles, dans les travaux, dans les veilles, dans les jeûnes; par la pureté, par la connaissance, par la longanimité, par la bonté, par un esprit saint, par une charité sincère, par la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes offensives et défensives de la justice; au milieu de la gloire et de l’ignominie, au milieu de la mauvaise et de la bonne réputation; étant regardés comme imposteurs, quoique véridiques; comme inconnus, quoique bien connus; comme mourants, et voici nous vivons; comme châtiés, quoique non mis à mort; comme attristés, et nous sommes toujours joyeux; comme pauvres, et nous en enrichissons plusieurs; comme n’ayant rien, et nous possédons toutes choses.

Мы же, как споспешники, умоляем вас, чтобы благодать Божия не тщетно была принята вами. Ибо сказано: во время благоприятное Я услышал тебя и в день спасения помог тебе. Вот, теперь время благоприятное, вот, теперь день спасения. Мы никому ни в чем не полагаем претыкания, чтобы не было порицаемо служение, но во всем являем себя, как служители Божии, в великом терпении, в бедствиях, в нуждах, в тесных обстоятельствах, под ударами, в темницах, в изгнаниях, в трудах, в бдениях, в постах, в чистоте, в благоразумии, в великодушии, в благости, в Духе Святом, в нелицемерной любви, в слове истины, в силе Божией, с оружием правды в правой и левой руке, в чести и бесчестии, при порицаниях и похвалах: нас почитают обманщиками, но мы верны; мы неизвестны, но нас узнают; нас почитают умершими, но вот, мы живы; нас наказывают, но мы не умираем; нас огорчают, а мы всегда радуемся; мы нищи, но многих обогащаем; мы ничего не имеем, но всем обладаем.

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (Mt 25,14-30)

Résultat de recherche d'images pour "Parable of the talents orthodox icon"En ce temps-là, Jésus disait : « Il en sera comme d’un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna cinq talents à l’un, deux à l’autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit. Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres talents. De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres. Celui qui n’en avait reçu qu’un alla faire un creux dans la terre, et cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte. Celui qui avait reçu les cinq talents s’approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit: Seigneur, tu m’as remis cinq talents; voici, j’en ai gagné cinq autres. Son maître lui dit: C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. Celui qui avait reçu les deux talents s’approcha aussi, et il dit: Seigneur, tu m’as remis deux talents; voici, j’en ai gagné deux autres. Son maître lui dit: C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. Celui qui n’avait reçu qu’un talent s’approcha ensuite, et il dit: Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé, et qui amasses où tu n’as pas vanné; j’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre; voici, prends ce qui est à toi. Son maître lui répondit: Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que j’amasse où je n’ai pas vanné; il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt. Otez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Et le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. »

Ибо Он поступит, как человек, который, отправляясь в чужую страну, призвал рабов своих и поручил им имение свое: и одному дал он пять талантов, другому два, иному один, каждому по его силе; и тотчас отправился. Получивший пять талантов пошел, употребил их в дело и приобрел другие пять талантов; точно так же и получивший два таланта приобрел другие два; получивший же один талант пошел и закопал его в землю и скрыл серебро господина своего. По долгом времени, приходит господин рабов тех и требует у них отчета. И, подойдя, получивший пять талантов принес другие пять талантов и говорит: господин! пять талантов ты дал мне; вот, другие пять талантов я приобрел на них. Господин его сказал ему: хорошо, добрый и верный раб! в малом ты был верен, над многим тебя поставлю; войди в радость господина твоего. Подошел также и получивший два таланта и сказал: господин! два таланта ты дал мне; вот, другие два таланта я приобрел на них. Господин его сказал ему: хорошо, добрый и верный раб! в малом ты был верен, над многим тебя поставлю; войди в радость господина твоего. Подошел и получивший один талант и сказал: господин! я знал тебя, что ты человек жестокий, жнешь, где не сеял, и собираешь, где не рассыпа́л, и, убоявшись, пошел и скрыл талант твой в земле; вот тебе твое. Господин же его сказал ему в ответ: лукавый раб и ленивый! ты знал, что я жну, где не сеял, и собираю, где не рассыпа́л; посему надлежало тебе отдать серебро мое торгующим, и я, придя, получил бы мое с прибылью; итак, возьмите у него талант и дайте имеющему десять талантов, ибо всякому имеющему дастся и приумножится, а у неимеющего отнимется и то́, что́ имеет; а негодного раба выбросьте во тьму внешнюю: там будет плач и скрежет зубов. Сказав сие, возгласил: кто имеет уши слышать, да слышит!

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Lectures dans le calendrier julien : I Tim 1,15-17 et Lc 18,35-43

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Paroles des Pères

“En effet, comme un homme, partant pour l’étranger appela ses serviteurs, et leur remit son bien.” 

La répartition de la fortune est inégale, mais la différence ne doit pas être imputée à celui qui répartit. Il dit en effet que chacun a reçu ce qui était conforme à son mérite, donc a reçu autant qu’il était capable, et celui qui réglait les parts n’avait pas de compétence pour ce qui regardait du bénéficiaire. Le maître de maison, le Seigneur signifie que c’est lui. La durée du voyage est le temps du repentir, pendant lequel, siégeant aux cieux à la droite de Dieu, il a accordé à tout le genre humain le pouvoir de croire et d’oeuvrer selon l’Evangile. Ainsi c’est à la mesure de sa foi que chacun a reçu son talent, c’est-à-dire l’enseignement de l’Evangile, de celui qui l’enseignait. Tel est le bien incorruptible, le patrimoine du Christ mis de côté pour ses héritiers éternels.

Mais le serviteur qui a reçu les cinq talents est le peuple des croyants issu de la Loi ; issu de celle-ci il en a doublé le mérite en mettant en oeuvre de façon honnête et droite l’accomplissement de la foi évangélique elle-même. Dans la présentation des comptes, il y a l’examen du jugement où sont réclamés le profit de la parole céleste et le revenu du talent distribué. Ainsi celui auquel ont été confiés cinq talents, au retour du Seigneur, en a présenté dix provenant de cinq : comprenons qu’il fut dans la foi tel qu’il était dans la Loi, lui qui a parfait dans la grâce de la justification évangélique l’obéissance aux dix formules prescrites dans les cinq livres de Moïse. Ainsi il est invité à entrer dans la joie du Seigneur, c’est-à-dire est admis à l’honneur de la gloire du Christ.

Quant à ce serviteur auquel on a confié deux talents, c’est le peuple des païens qui a été justifié par la foi et la confession du Père et du Fils, et qui a confessé notre Seigneur Jésus Christ Dieu et homme par l’Esprit et la chair, car la foi est dans le coeur et la confession dans la bouche. Ce sont là les deux talents qui lui ont été confiés. Mais, comme le premier connaissait tout le mystère dans les cinq talents, c’est-à-dire dans la Loi, et l’avait doublé même par la foi de l’Evangile, de même le second a eu le mérite d’accroître ses deux talents et cela par les oeuvres. Et malgré les différences de dépôt et de revenu, il y a de la part du Seigneur égalité de faveur pour les deux, afin qu’à la connaissance de ceux qui croient d’après la Loi nous sachions que la foi des païens a été rendu égale, car c’est le même éloge qui invite le second à entrer dans la joie du Seigneur et s’il double la somme mise, c’est pour avoir ajouté à la foi les oeuvres et avoir accompli dans les faits et les actes ce à quoi ils avaient cru en pensée. 

Celui qui a reçu un talent et l’a enfoui dans la terre est le peuple qui s’arrête à la Loi, tout entier charnel et sans intelligence spirituelle, ce qui fait que la vertu de l’enseignement évangélique ne le pénétrant pas, il a enfoui, jaloux du salut à venir des païens, le talent reçu et sans l’utiliser lui-même, il ne le remet pas à d’autres pour qu’ils l’utilisent, mais considère que la loi est suffisante pour son salut. Et comme on lui demandait une explication, s’il répondait : “J’ai eu peur de toi”, donnant l’impression que par un respect craintif des commandements anciens, il s’abstenait d’user de la liberté évangélique et qu’il disait : “Voici ce qui est à toi”, c’est parce qu’il était resté à ce qui est prescrit par le Seigneur.

Cacher le talent dans la terre, c’est masquer la gloire de la prédication nouvelle sous le procès de la Passion corporelle. En homme qui, tout en ne pouvant nier que le Seigneur, dont l’avènement et la Passion proviennent de la Loi, a été envoyé pour le salut des païens, n’a pas voulu obéir lui-même aux Evangiles, il dit : “Je sais que tu es un homme dur ; tu moissonnes où tu n’as pas semé et tu ramasses là où tu n’as pas répandu”. La nature du monde actuel n’admet pas qu’il y ait une moisson sans semence ni que soit ramassé ce qui n’a pas été répandu. Mais ce développement est tout entier spirituel. Nous avons dit qu’il s’agit ici du peuple issu de la Loi qui n’ignore pas l’avènement du Seigneur ni le salut des païens, mais qui est infidèle, du moment qu’il sait que les fruits de justice doivent être moissonnés là où la loi n’a pas été semée et doivent être recueillis chez les païens qui n’ont pas essaimé à partir de la descendance d’Abraham ; c’est pour cette raison que l’homme était dur, lui qui allait justifier sans la loi, recueillir sans avoir rien répandu, moissonner sans avoir rien semé.

Et il sera d’autant plus impardonnable d’avoir dissimulé l’enseignement et enfoui le talent qui lui était confié qu’il savait que l’homme moissonnerait sans avoir semé et récolterait ce qu’il n’avait pas répandu, et qu’il aurait fallu plutôt donner à des banquiers, c’est-à-dire faire partager à tout le genre humain, pris par les affaires du siècle, l’utilisation du talent confié à ses soins, puisque le Seigneur demanderait à chacun en particulier son revenu. C’est pour cette faute qu’on lui enlève le talent qui est moins celui de l’Evangile enfoui par lui que celui de la Loi et qu’il est remis à celui qui aura doublé ses cinq talents, le Seigneur déclarant : “A tout homme qui a l’on donnera et il aura en abondance ; mais à celui qui n’a pas on enlèvera même ce qu’il a.” Celui qui a peut avoir en abondance, parce qu’à celui qui a des moyens il est facile d’être un riche par un accroissement de la générosité ou de l’effort. 

  • Saint Hilaire de Poitiers, Sur Matthieu, 27,6-11, SC 258, p.211-217.

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Maintenant réveillez vos esprits ; car l’orateur n’est pas seul obligé de tenir son esprit en éveil; l’auditeur aussi doit être attentif, et plus encore que l’orateur. En effet, nous qui parlons, nous n’avons qu’un souci à prendre, c’est de placer l’argent du Seigneur; mais vous, vous avez plus de peine à vous donner d’abord pour bien recevoir le dépôt, ensuite pour le conserver en toute sûreté. 

Lorsque vous aurez entendu la parole, mettez donc à vos portes, serrures et verrous ; que des pensées qui inspirent la terreur, soient comme des gardiens, placés de toutes parts autour de votre âme. Le voleur est impudent, toujours éveillé ; sans cesse il fait irruption ; quoiqu’il manque souvent ses coups, il revient souvent à la charge. Ayez donc prés de vous des gardiens redoutables, et s’ils voient venir le démon, s’apprêtant à vous voler quelques parties du trésor que vous avez reçu en dépôt, qu’ils le chassent à grands cris; si les inquiétudes du monde vous envahissent, qu’ils les repoussent; si la faiblesse de la nature produit chez vous l’oubli et la confusion, que l’exercice réveille la mémoire. 

Ce n’est pas un médiocre danger que de perdre l’argent du Seigneur. Ceux qui ont dissipé l’argent reçu en dépôt, souvent sont punis de mort; pour ceux qui auront reçu et perdu des biens beaucoup plus précieux, les paroles divines, de quels supplices ne seront-ils pas tourmentés? Dans le monde, les dépositaires d’argent ne doivent compte que de la manière dont ils ont gardé le dépôt; on n’exige d’eux rien autre chose; ils ont reçu tant, ils doivent rendre tant, on ne leur réclame rien de plus; mais ceux qui ont reçu la parole divine ne doivent pas rendre compte seulement du trésor gardé, on leur demandera compte aussi des gros intérêts qu’il a dû produire. En effet, il ne nous est pas prescrit seulement de rendre ce que nous avons reçu, mais d’offrir le double au Seigneur. Sans doute, ne nous fût-il commandé que de garder ce trésor, il serait encore nécessaire de nous y appliquer avec la plus ardente sollicitude; mais quand le Seigneur nous a, de plus, donné l’ordre de le faire fructifier, considérez combien nous, qui avons reçu cet argent, nous devons nous donner de fatigues et de soins. 

Voilà pourquoi le serviteur à qui l’on avait confié cinq talents, ne se borna pas à en offrir tout autant, mais en offrit le double. Car les cinq talents confiés, marquaient la bonté de son maître, mais il fallait qu’à son tour le serviteur manifestât sa diligence; de même, celui à qui l’on avait confié deux talents, sut bénéficier deux autres talents, et, en récompense, son maître lui donna le même honneur qu’à l’autre. 

Au contraire, un troisième serviteur, à qui l’on n’avait confié qu’un seul talent, et qui le rendit tel qu’il l’avait reçu, sans l’avoir diminué, fut puni pour ne l’avoir pas fait fructifier, pour n’avoir pas présenté le double de la somme qu’on lui avait remise; il subit le dernier supplice, et cela justement; car, dit le maître, si je n’avais voulu que garder mon argent, et non en retirer du profit, je ne l’aurais pas livré aux mains de mes serviteurs. 

Quant à vous, considérez la bonté du Seigneur ; celui à qui on avait confié cinq talents, en offrit cinq autres; celui qui en avait reçu deux, en rendit deux autres, et chacun des deux serviteurs obtint la même récompense. De même, en effet, que le maître répondit au premier : “Ô bon et fidèle serviteur, parce que vous avez été fidèle en pela de choses, je vous établirai sur beaucoup d’autres !”; de même, il dit à celui qui lui avait présenté deux talents : “Ô bon et fidèle serviteur, parce que vous avez été fidèle en peu de choses, je vous établirai sur beaucoup d’autres !” Le profit n’est pas le même, et la récompense est la même; le maître jugea le second serviteur digne du même honneur que l’autre. Pourquoi? C’est que Dieu ne s’occupait pas de la quantité qu’on lui offrait, mais de la vertu de ceux qui avaient fait valoir leur dépôt. En effet, l’un et l’autre de ces deux serviteurs avaient fait tout ce qui dépendait de chacun d’eux, les talents présentés n’étaient pas plus ou moins considérables; en raison de la négligence de l’un ou de la diligence de l’autre, mais en raison de la différence dans la quantité. Celui-ci avait reçu cinq talents, et il présenta cinq autres talents; celui-là en avait reçu deux, et il en présenta deux; quant au zèle qui l’animait, il n’était pas inférieur à l’autre. Il est évident que l’un, aussi bien que l’autre, gagna le double de ce qu’on lui avait confié. Mais celui qui n’avait reçu qu’un talent, ne présenta aussi qu’un talent; pour cette raison, il subit le châtiment.

 Avez-vous bien compris quel supplice est réservé à ceux qui ne savent pas faire valoir la fortune du Seigneur? Donc, sachons conserver son argent, le négocier, en tirer un grand profit. Et que personne ne dise : Je ne suis qu’un ignorant, un disciple; je n’ai pas la parole de l’enseignement; je suis sans habileté, sans valeur aucune. Quand vous ne seriez qu’un ignorant, qu’un disciple, quand vous n’auriez reçu qu’un talent, faites le négoce avec ce qui vous a été confié; vous recevrez une récompense égale à celle d’un docteur. Mais maintenant , je suis persuadé que vous gardez avec soin dans votre mémoire les paroles que vous avez entendues.

  • Saint Jean Chrysostome, Sur la Genèse, discours VII.

Saints célébrés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Saint Parthénios, évêque de Lampsaque (IV°) ; saint Luc d’Hellade, ascète (953) ; les 1003 Martyrs de Nicomédie (303) ; saint Chrysole, apôtre des Flandres, martyr à Comines (vers 303) ; saint Trésain, prêtre à Mareuil-sur-Mame (550) ; saint Anatole, évêque de Cahors ; saint Richard le Roi, prince du Wessex (720) ; saint Ronan de Kilmaronen, évêque (VIII°) ; saint Georges de Crète, néo-martyr (1866).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire

Le 7 février, nous célébrons la mémoire de notre Saint Père PARTHENIOS, Evêque de LAMPSAQUE.

Résultat de recherche d'images pour "PARTHENIOS"Saint Parthénios vécut sous le règne de Saint Constantin le Grand. Il était Fils d’un Diacre de Mélitopolis (Hellespont), nommé Christodule. Bien qu’il fût dépourvu d’éducation, il suivait avec attention les lectures de l’Ecriture Sainte faites dans l’église et s’efforçait depuis sa jeunesse de les mettre en pratique. Cest ainsi qu’exerçant la profession de pêcheur, il vendait ses poissons pour en distribuer le produit aux pauvres, sans rien garder pour lui. Sa charité le rendit célèbre dans la région et l’Evêque de Mélitopolis, Philète, l’ordonna Prêtre contre son gré, en lui donnant comme mission de parcourir le diocèse pour y visiter les Chrétiens. La Grâce de Dieu fructifia alors abondamment en lui par quantité de miracles et de guérisons. Rencontrant un jour sur sa route un homme qui avait eu l’œil arraché par un coup de corne d’un taureau, il le remit en place et le guérit. Une autre fois, d’un seul signe de croix, il guérit une femme atteinte d’un cancer incurable. Une autre fois encore, un chien enragé se précipita sur lui, et d’un simple souffle le Saint l’abattit raide mort.

Devant tant de preuves de la faveur divine, le Métropolite de Cyzique, Ascale, le consacra Evêque de la ville de Lampsaque qui était encore plongée dans l’idolâtrie. Par ses jeûnes, ses prières, ses paroles inspirées et l’exemple de sa conduite évangélique le Saint réussit à convertir la cité. Après une visite à la cour de Saint Constantin, il obtint l’autorisation de détruire les temples païens et reçut l’argent nécessaire à la construction d’une église. L’édifice une fois terminé, comme on, avait entrepris de transporter une grande pierre devant servir à couvrir l’Autel, à l’instigation du démon jaloux, les boeufs qui tiraient le char s’emportèrent soudain et le conducteur périt écrasé sous les roues. Le Saint adressa aussitôt une fervente prière au Seigneur et la victime reprit vie.

Saint Parthénios était le père aimant et la providence de sa cité. Il guérissait sans faillir toutes les maladies, si bien qu’à leur grand dam les médecins étaient réduits au chômage. De même que les ténèbres sont dissipées par la lumière, à sa seule approche les démons prenaient la fuite. Un jour, comme il expulsait avec autorité le démon d’un pauvre homme, le mauvais esprit le supplia, en disant : « Donne-moi un lieu où je pourrai demeurer dans l’attente du redoutable Jugement ou laisse-moi au moins entrer dans les porcs (cf. Mat. 8:31) ». – « Pas du tout, répondit le Saint, mais c’est un autre homme que je t’offre si tu sors de ce malheureux ». – « Quel est cet homme? » – « C’est moi! Viens et habite en moi! » A ces mois, l’esprit malin s’enfuit, comme brûlé par le feu, en criant : « Comment pourrais-je entrer dans la maison de Dieu? 0, grande est la puissance des Chrétiens! »

Parthénios se rendit un jour à Héraclée, la métropole de Thrace, où il trouva l’Evêque Hypatien gravement malade. Dieu lui révéla que l’avarice était la véritable cause de ce mal. «Lève-toi, dit-il au patient, car ce n’est pas d’une maladie corporelle dont tu souffres, mais c’est une maladie de l’âme qui t’afflige. Restitue aux pauvres les biens que tu as détournés et tu recouvreras la santé. » Hypatien, réalisant sa faute, offrit tous ses biens à Parthénios pour qu’il en fasse la distribution aux indigents. « Non, reprit l’homme de Dieu, mais c’est à toi, puisque Dieu t’en donne la force, de rendre aux pauvres ce qui leur revient. » Le Métropolite se fit alors transporter dans l’église de Sainte-Glycérie, patronne de la cité, et il y distribua tous ses biens aux nécessiteux qu’on avait rassemblés. Trois jours plus tard, il recouvrait la santé.

Pendant son séjour à Héraclée, Saint Parthénios guérit d’autres malades. bénit champs et cultures en prédisant exactement combien ils devaient produire et, au moment de saluer le Métropolite, il lui prédit sa mort prochaine et désigna celui qui devait être son successeur. Puis il retourna dans sa cité de Lampsaque, où il remit peu de temps après son âme à Dieu, laissant en héritage à son peuple le parfum de ses miracles et l’exemple de sa sainte conduite. Dès qu’ils apprirent la nouvelle tous les Evêques de la région vinrent en hâte à ses funérailles pour lui rendre honneur et élever vers Dieu de ferventes actions de grâces.

Saints célébrés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Saint Grégoire de Nazianze, le Théologien, archevêque de Constantinople (389) ; saint Moïse, archevêque de Novgorod (1362) ; saint Publius, abbé de Zeugma en Syrie (vers 380) ; saint Mar (ou Mares), chantre en Syrie (vers 430) ; saint Prix, évêque de Clermont, et saint Amarin, abbé, martyrs (676) ; saint Racho, évêque d’Autun (vers 660) ; sainte Dwynwen, vierge galloise (vers 460) ; saint Bretannion, évêque de Tomis en Scythie (381) ; saint Auxence de Constantinople, néo-martyr grec (1720). Ce jour si c’est un dimanche, ou le dimanche le plus proche, synaxe de tous les nouveaux martyrs de l’Église russe au XX° siècle.

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire

Le 25 janvier, nous célébrons la mémoire de notre saint Père GRÉGOIRE le THÉOLOGIEN, Archevêque de CONSTANTINOPLE.

Résultat de recherche d'images pour "saint gregoire le théologien"Saint Grégoire, cet homme à l’âme céleste et à la bouche sanctifiée par le feu du Saint-Esprit, a pénétré si profondément dans les Mystères de Dieu qu’entre tous les les Pères, il a été jugé digne du titre de Théologien, comme Jean, le Disciple Bien-aimé : c’est-à-dire non celui qui fait profession d’enseigner les dogmes, mais celui qui, après s’être purifié, a été uni à Dieu par la Grâce et qui se tourne ensuite vers le peuple, comme Moïse, pour lui transmettre les oracles divins et lui communiquer la lumière. Comme Saint Basile et Saint Jean Chrysostome, sa vie dépasse largement les limites d’une simple biographie et se présente plutôt à nous comme le prototype de la sainteté chrétienne, et ses oeuvres immortelles, insurpassables en beauté et en profondeur, constituent le plus digne ornement de rl’Epouse du Verbe de Dieu.

Son père, Saint Grégoire l’Ancien (commémoré le 2 janv.), homme sage et vertueux, s’était d’abord égaré dans la secte des Hypsistaires; puis, converti grâce à la patience et à la prière de son épouse Sainte Nonne (mémoire le 5 août), il devint Evêque de Nazianze, la petite ville de Cappadoce proche de leur propriété familiale d’Arianze. Alors qu’ils étaient restés longtemps sans progéniture, Dieu leur accorda successivement trois enfants: Sainte Gorgonie (23 fév.), Saint Grégoire et Saint Césaire (25 fév.). Après la naissance de Gorgonie, Sainte Nonne avait instamment prié le Seigneur de lui accorder un fils, en Lui promettant de le Lui consacrer. Dieu répondit à sa prière.. en lui montrant dans un songe la figure de l’enfant qui allait naître et en lui imposant son nom. Dès la naissance de Grégoire, en 329, sa mère prit soin de cultiver en lui les semences des saintes vertus, de sorte que l’enfant montra bientôt la sagesse des vieillards, un grand attrait pour l’étude et une attirance irrésistible vers la contemplation et la prière. Une nuit, il vit en songe deux jeunes vierges pures lui apparaître, vêtues de blanc et le visage chastement couvert d’un voile. Elles le caressèrent doucement, en lui disant qu’elles étaient l’une la pureté et l’autre la chasteté, compagnes de Notre Seigneur Jésus-Christ et amies de ceux qui renoncent au mariage pour mener une vie céleste. « Elles m’exhortèrent d’unir mon cœur et mon esprit au leur, afin que m’ayant rempli de l’éclat de la virginité, elles puissent me présenter devant la lumière de la Sainte Trinité », dit-il dans un poème autobiographique. Il prit dès lors la résolution de consacrer sa vie à Dieu dans la virginité et s’éloigna de tout plaisir et divertissement de ce monde. Poussé par l’amour de la science, il partit avec son frère Césaire pour étudier la rhétorique à Césarée de Cappadoce, où il fit connaissance de Saint Basile, puis il se rendit à Césarée de Palestine et à Alexandrie, où il laissa son frère pour s’embarquer vers l’illustre Athènes qui gardait encore sa renommée de capitale de l’éloquence et de la philosophie.

Mais le navire sur lequel il s’était embarqué fut pris, pendant près de vingt jours, dans une effroyable tempête. A genoux à la proue, le visage battu par le vent et les vagues, Grégoire, qui selon l’usage du temps n’avait pas encore reçu le Baptême et qui redoutait d’être privé pour toujours de l’eau sainte qui nous purifie et nous divinise, tendait les mains vers le ciel et suppliait Dieu avec larmes. Soudain, au moment même où il rappelait son engagement de servir Dieu toute sa vie, la tempête s’apaisa, les païens, qui avaient joint leurs prières au siennes, se convertirent, et le navire parvint sans encombre à Athènes. Grégoire s’y lia avec Saint Basile de l’amitié si célèbre évoquée dans la notice de ce dernier (voir ler janv.). Tout leur était commun : l’amour du savoir, le talent oratoire, la profondeur de la réflexion, et surtout la pureté des mœurs, la recherche de la perfection et la tension de tout leur être vers Dieu, qui leur faisaient dépasser leurs condisciples et même leurs maîtres, les rendaient aimables à tous et attiraient irrésistiblement à eux les hommes qui recherchaient sincèrement la vérité. Si bien que lorsque Basile décida de regagner sa patrie, jugeant avoir acquis là suffisamment de connaissances, leurs compagnons parvinrent à retenir Grégoire pendant quelque temps et firent de lui leur maître. Parvenant enfin à se libérer de cette affection, inopportune, Saint Grégoire retourna en Cappadoce, en 359, âgé de trente ans, et reçut le Saint Baptême. Il n’était désormais plus question pour lui de regarder vers les sciences et la beauté du langage. De tout l’élan de son cœur, il n’aspirait plus à vivre que pour Dieu seul, contempler dès ici-bas Son Royaume et Sa gloire, en dégageant son intellect de tout attachement au monde. Jusqu’à la fin de ses jours, il soumit son corps à une stricte ascèse, malgré les maladies fréquentes, qui entravaient ses activités mais qu’il supportait avec joie. Il versait des larmes abondantes quand il élevait sa prière vers Dieu ou quand il se plongeait dans l’Ecriture Sainte pour s’y remplir de la parole de Dieu ; et il mit dès lors la brillante éloquence qu’il avait acquise au cours de ses études au service du Verbe. Mais, plus que tout, Il désirait pouvoir s’adonner sans trouble à la contemplation, dans le silence et loin du monde. C’est pourquoi il rejoignit en hâte Saint Basile dans sa retraite de la vallée de l’Iris, afin d’y mener ensemble une vie semblable à celle des Anges, conformément aux projets qu’ils avaient conçus pendant leur séjour à Athènes. Ils pénétraient ensemble, comme une seule âme, dans les Mystères de Dieu, ils étaient transportés ensemble en de célestes contemplations, préfigurations de la joie et de la concorde des élus dans le Royaume de Dieu, et ils recevaient ainsi du Seigneur une connaissance incomparable sur le mystère de l’homme et de sa nature, et sur l’art de purifier l’âme de ses passions. C’est pourquoi, malgré leur jeune âge et le peu d’années passées dans la vie monastique, ils purent rédiger de concert les Règles monastiques, qui restent depuis la charte de fondation du monachisme orthodoxe.

Cette vie toute céleste dura cependant peu de temps, car Grégoire fut bientôt rappelé par son père vieillissant pour prendre soin de lui et se charger à sa place de la direction de l’Eglise de Nazianze malheureusement divisée à la suite du concile hérétique de Rimini (359). Aussitôt sur place, Grégoire tenta en vain de réconcilier ceux qui s’étaient séparés de la communion de son père, tout en s’efforçant d’accorder la contemplation et la vie active. Malgré sa crainte mêlée de respect pour le Sacerdoce et sa préférence pour la contemplation, il fut ordonné Prêtre contre son gré par son père, qui espérait donner ainsi plus de force à sa prédication et désirait le préparer à la succession. Surpris par cette ordination comme par une « tyrannie », Grégoire s’enfuit alors dans le Pont, afin d’y adoucir sa douleur en compagnie de son cher Basile. Beaucoup blâmèrent alors et blâment encore le Saint, l’accusant de lâcheté ou de faiblesse de caractère. Mais là n’est pas la vérité. Comment douter de l’équilibre psychologique et de la force d’âme d’un esprit si puissant, qui avait acquis dès sa jeunesse la bienheureuse impassibilité et la maîtrise sur toutes les puissances de son âme? Il convient plutôt de voir en Saint Grégoire un exemple frappant de la délicatesse extrême et de la sensibilité qu’acquièrent les Saints en s’approchant de Dieu. Comme il l’expliqua lui-même dans son discours apologétique, il n’avait pas fui alors le Sacerdoce par crainte mais par une conscience aiguë de la redoutable responsabilité du pasteur d’âmes et, surtout, parce qu’il préférait s’unir à Dieu, et par là même à tous les hommes, dans la contemplation. « Rien ne me semblait préférable, dit-il, que de fermer la porte des sens, de sortir de la chair et du monde, de se rassembler en soi-même, ne gardant plus contact avec les choses humaines en dehors d’une absolue nécessité, de s’entretenir avec soi-même et avec Dieu, pour vivre au-dessus des réalités visibles, de manière à porter sur soi les reflets divins sans altérations ni mélanges avec les formes fugitives d’ici-bas, devenir vraiment et devenant constamment vrai miroir immaculé de Dieu et des choses divines, en ajoutant lumière à la lumière et en substituant la netteté à la confusion, en jouissant dès maintenant par l’espérance des biens de la vie future, pour accompagner les Anges dans leur ronde, en restant sur terre après avoir été quitté la terre et avoir été élevé par l’Esprit. Si l’un de vous est possédé par ce désir, il sait ce que je veux dire et il me pardonnera ce que j’ai alors éprouvé »1.

Mais, au bout de trois mois, sur les recommandations de Saint Basile et craignant de désobéir à la volonté de Dieu, il retourna à Nazianze, et s’employa avec ardeur à ramener la concorde parmi les Orthodoxes et à assister ses parents dans leur grande vieillesse. Pendant dix ans il fut pour Nazianze le modèle du Pasteur: humble disciple du Seigneur, ministre de Sa parole et de Sa grâce, règle de foi et image vivante de la perfection évangélique. Lorsqu’en 361, l’empereur Julien, dont Saint Grégoire avait prédit l’apostasie quand ils étaient condisciples à Athènes, commença sa tentative de restauration du paganisme, en interdisant aux enfants chrétiens l’accès à l’enseignement des Belles Lettres, Saint Grégoire répliqua par la rédaction de brillants discours et de sublimes poèmes, dans lesquels il exposait les Mystères de la Foi avec une perfection littéraire et une richesse d’images et de vocabulaire qui dépassent les oeuvres des grands auteurs de l’Antiquité. Avec Saint Grégoire et les autres Pères de l’Eglise de cette époque la culture hellénique n’est pas seulement convertie au Christianisme, mais elle est définitivement dépassée et elle laisse la place à une culture proprement chrétienne orthodoxe, qui utilise le meilleur des productions de l’Antiquité en le transfigurant.

En 370, Saint Grégoire et son père collaborent efficacement à l’élection de Saint Basile sur le siège de Césarée et à sa reconnaissance comme chef du parti orthodoxe. Plus libre que Basile, exposé de toutes parts et obligé de maintenir une certaine réserve, Gregoire proclama alors ouvertement la divinité du Saint-Esprit contre les hérétiques macédoniens, et résista audacieusement à la persécution de l’empereur Valens. Les deux amis avaient acquis un tel prestige dans le peuple que l’empereur n’osa pas s’en prendre à eux, et ils furent les seuls Orthodoxes à échapper alors au bannissement.

En 372, malgré le désir de Grégoire, approuvé par Basile, de se retirer des charges pastorales dès la mort de ses parents, il fut ordonné par son ami Evêque de la sinistre bourgade de Sasimes, située aux confins de la Cappadoce et de la Cappadoce Seconde, province créée par Valens pour contrecarrer les activités de l’évêque de Césarée. En dépit de son affection pour Basile et de son souci du bien de l’Eglise, Saint Grégoire n’accepta pas cette charge et s’enfuit dans la montagne, espérant trouver en Dieu quelque consolation à ses tribulations. Sur les instances de son père, il accepta de retourner à Nazianze et assura le gouvernement de cette Eglise, en tant qu’Evêque remplaçant, jusqu’au décès du vieillard âgé de près de cent ans. Après la mort de son père, suivie de peu par celle de Sainte Nonne, Grégoire céda une fois de plus aux supplications des fidèles et accepta de rester en place jusqu’à l’élection d’un nouvel Evêque, malgré l’état d’extrême faiblesse dans lequel l’avaient placé la maladie, les austérités et les combats pour la foi. Mais, s’apercevant bientôt que les citoyens, désireux de le garder auprès d’eux, retardaient l’élection, il s’enfuit de nouveau, en secret, vers Séleucie, la métropole de l’Isaurie (375), et se retira dans le Monastère de Sainte-Thècle, en pensant y trouver enfin la paix. Mais là encore, il dut soutenir le bon combat de la foi contre les ariens, implacables à semer partout le trouble. Au début de l’année 379, à quelques jours d’intervalles, l’Eglise se revêtit d’un vêtement de deuil à la mort du phare de l’Orthodoxie, Saint Basile, mais elle le changea bientôt en tunique d’allégresse, lors de la disparition de Valens l’hérétique et de la promotion de Théodose le Grand, fidèle défenseur de la Foi de Nicée. Tous les regards orthodoxes se tournaient avec espoir vers Grégoire, comme le plus digne représentant de la Foi et comme son plus brillant prédicateur.

Les fidèles de Constantinople, la capitale impériale qui se trouvait depuis plus de quarante ans aux mains des hérétiques, demandèrent alors au Saint Evêque de Nazianze de venir à leur secours. De nouveau arraché aux délices de la contemplation divine par le souci de la sauvegarde de l’Eglise, il arriva à Constantinople, en portant avec lui la force irrésistible de sa parole et la puissance de ses miracles. Il y fut reçu dans une maison de ses parents, où le peuple orthodoxe commença bientôt à se rassembler en nombre croissant pour écouter avec enthousiasme ses prédications, de sorte que la demeure fut bientôt transformée en église, sous le nom de Sainte-Anastasie ( « Résurrection » ) ; parce que la foi qui était morte à Constantinople y était comme ressuscitée grâce à la parole de Saint Grégoire.

Seul contre la multitude des hérétiques et des sectes diverses, le Saint captivait son auditoire par son éloquence et tranchait les sophismes et les arguments de la sagesse charnelle grâce à l’épée de la parole de Dieu. Dans une série de cinq discours, qui lui valurent le titre de Théologien, après avoir montré qu’il ne convient pas d’aborder la discussion sur les Mystères de Dieu comme une chose commune, mais seulement en son temps et après avoir été convenablement purifié, il expose de manière définitive l’incompréhensibilité de l’Essence divine, la divinité du Fils et celle du Saint-Esprit. Plus que tous les autres Pères, Saint Grégoire excelle à exposer en des expressions brèves et paradoxales les plus grands Mystères de la Foi. Ces définitions sont si parfaites que, dans la suite des siècles, les Saints Théologiens les plus illustres consacrèrent des traités entiers à les commenter, et elles sont si belles qu’un grand nombre d’entre elles a été utilisé par nos mélodes dans la composition des hymnes liturgiques des grandes fêtes de l’année 2. Lues et apprises par cœur, comme l’Ecriture Sainte, les œuvres de Saint Grégoire sont une icône, elles transportent au ciel et initient aux mystères ineffables. Sa langue est si parfaite qu’elle rend inutile toute autre parole et conduit naturellement l’amant du Verbe à la prière silencieuse.

D’une rigueur inflexible en ce qui concerne la Foi, Saint Grégoire était plein de douceur dans son comportement à l’égard des personnes, pécheurs ou égarés. Il corrigeait les mœurs en montrant l’exemple de la conduite chrétienne par sa vie retirée de toute mondanité, par son austérité et par sa patience dans les épreuves et les maladies, si bien qu’un grand nombre de ceux qui avaient écouté ses discours se convertissaient complètement en le voyant vivre. Ses succès attirèrent cependant rapidement de vives oppositions de la part des sectes, et des envieux répandirent contre lui d’infâmes calomnies, sans parvenir toutefois à vaincre sa patience et sa douceur à l’égard de ses ennemis. La nuit de Pâques 379, des hérétiques, disciples d’Apollinaire, qu’il avait brillamment réfutés, se précipitèrent dans l’église de Sainte-Anastasie, semèrent la panique dans l’assistance et tentèrent de lapider le Saint, mais ils ne parvinrent pas à lui porter le coup mortel que celui-ci aurait pourtant désiré pour achever sa course en recevant la palme du Martyre.

A la suite de cette épreuve, il fut de surcroît traduit en justice, comme un criminel, mais il en sortit victorieux et exhorta ensuite ses amis au pardon. L’attitude si modérée, la charité, l’équité de ce parfait disciple de Jésus-Christ attirèrent finalement contre lui l’hostilité des deux partis: les hérétiques pleins de haine et les Orthodoxes trop zélés.

Alors que, grâce à ses combats, l’hérésie semblait reculer, le diable le soumit à de nouvelles épreuves en la personne d’un philosophe cynique, originaire d’Alexandrie, nommé Maxime. Celui-ci, cachant d’abord son fourbe dessein, s’attira l’estime de Grégoire ; mais il se révéla bientôt en se faisant élire irrégulièrement Evêque de Constantinople et en semant le trouble et le scandale dans l’Eglise. Saint Grégoire, doux et résigné, était prêt à abandonner son trône pour ne pas s’opposer à l’imposteur par la lutte et la haine, mais le peuple se souleva spontanément contre Maxime et supplia son pasteur de ne pas l’abandonner aux loups qui menaçaient le troupeau du Christ, en disant : « Si tu nous quittes, ô Père, sache que tu emporteras avec toi la Sainte Trinité ». Le Saint se laissa convaincre et fit appel à l’empereur Théodose, alors en résidence à Thessalonique. Celui-ci rejeta l’usurpateur et entra peu de temps après triomphant à Constantinople, après sa victoire sur les barbares (24 nov. 360). Dès le lendemain, il fit expulser les ariens des églises qu’ils occupaient et imposa l’élection de Saint Grégoire comme Evêque de la ville impériale. Ce dernier, brûlant toujours du désir de la retraite, refusa d’abord, mais il dut finalement se rendre à l’insistance du peuple enthousiaste. Toutefois, comme il était normalement Evêque d’un autre siège, son transfert à Constantinople devait être ratifié par un concile; c’est pourquoi Théodose réunit l’année suivante (361) le second Concile OEcuménique qui, après avoir unanimement reconnu l’élection de Grégoire, condamna l’hérésie des pneumatomaques (macédoniens) et marqua le terme de l’arianisme, et la victoire définitive de l’Orthodoxie.

La joie occasionnée par ce triomphe fut cependant bientôt interrompue par la mort du président du synode, Saint Mélèce, l’illustre Evêque d’Antioche. Grégoire fut alors chargé de diriger les sessions au cours desquelles on devait décider de la succession de ce siège divisé depuis de nombreuses années par le schisme entre les Orthodoxes: les uns partisans de Mélèce et les autres de Paulin. Comme il avait été convenu que le survivant serait reconnu par tous comme le seul Evêque, Saint Grégoire prit le parti de Paulin, mais il se heurta aussitôt à l’opposition haineuse et aux conspirations des Evêques orientaux. Ceux-ci allèrent même jusqu’à soudoyer un jeune hérétique pour l’assassiner; mais au moment de se précipiter sur le Saint, le malfaiteur s’arrêta net et se jeta en pleurs à ses pieds, confessant son mauvais dessein. Grégoire le releva, l’embrassa tendrement et lui demanda de se consacrer désormais à Dieu, après avoir renoncé à l’hérésie. D’autres Evêques, partisans de Paulin, s’en prirent à Grégoire, en l’accusant d’avoir été transféré de Sasimes à Constantinople contrairement aux Saints Canons. Harassé par tant de querelles sournoises et le cœur déchiré de voir l’Eglise du Christ ainsi divisée, lui qui n’avait jamais recherché ni honneurs ni pouvoir, il déclara à l’assemblée que son plus grand désir était de contribuer à la paix et que si le fait d’occuper le siège de Constantinople était une cause de division, il était tout prêt à être jeté à la mer, comme Jonas, pour apaiser cette tempête, à condition que la Foi Orthodoxe restât sauve. Et, sur ces mots, il quitta l’assemblée; puis il se rendit au palais, où il supplia l’empereur d’accepter sa démission et lui demanda de se charger lui-même, par son autorité, de rétablir l’unité et la concorde dans l’Eglise. Dans un dernier et émouvant discours, il fit ses adieux à sa chère église de l’Anastasie, sa gloire et sa couronne, à Sainte Sophie et aux autres églises de la ville qu’il avait restaurée dans la vraie foi et dans la pureté des mœurs, la préparant pour une gloire millénaire. Il salua son Clergé, les moines, les vierges, les pauvres et même les hérétiques, qu’il exhorta encore à la conversion, dit adieu à l’Orient et à l’Occident, unis désormais dans la paix, aux Anges Gardiens de son Eglise et à la Trinité Sainte, aux soins de laquelle il remit son troupeau. Puis il quitta Constantinople, laissant Saint Nectaire comme successeur (mémoire le 11 oct.), et retourna quelque temps à Nazianze, où il s’efforça de faire nommer à sa place un Evêque titulaire. Après l’élection d’Eustathe, il se retira définitivement dans sa propriété d’Arianze, où épuisé par la maladie et tant d’activités qu’il n’avait pas désirées, il passa les dernières années de sa vie dans le silence et la solitude. Mais, tel un guetteur fidèle à son poste, il ne cessait pourtant de veiller de loin sur la pureté de la Foi. Il adressait des lettres dogmatiques pour réfuter les hérésies naissantes, ou exhortait Nectaire et les autres Evêques orthodoxes à plus de justice, envoyait à ses enfants spirituels de sages conseils pour atteindre la perfection et rédigeait d’admirables poèmes en grec archaïque. C’est ainsi que, le coeur brisé et humilié mais l’intelligence constamment fixée dans la contemplation des mystères insondables de la Sainte Trinité, ce fidèle serviteur, devenu malgré lui combattant, rendit en paix son âme au Seigneur 3.

  1. Discours 2, 7 (PG 35, 413C-416A = SC 247, 97).
  2. Une grande partie du canon de la Nativité est empruntée au discours 38 de Saint Grégoire; celui de la Théophanie à son discours 39; celui de Pâques à ses discours 1 et 45; celui de la Pentecôte à son discours 41; et quantité d’autres emprunts se retrouvent dans les fêtes des Saints.
  3. La translation de ses reliques est commémorée le 19 janv.