Message à l’occasion de la fête de la Sainte Rencontre (2/15 février 2021)

Message à l’occasion de la fête de la Sainte Rencontre (2/15 février 2021)

La fête de Noël a célébré la Naissance du Christ en son humanité et dans l’histoire, sans aucun changement puisque même incarné, Il ne cesse de toute éternité d’être Dieu avec le Père et l’Esprit. Âgé humainement de huit jours, le Sauveur a accepté la circoncision, moment où selon la tradition juive Il a reçu son Nom de Jésus, mot qui signifie Sauveur. Puis au 40e jour, comme tous les enfants le Christ est amené au Temple de Jérusalem pour être présenté à la communauté : c’est l’événement célébré en ce jour. On voit que le Christ Se soumet volontairement à la Loi juive en ses détails, mais en même temps Il l’accomplit et lui confère un sens nouveau. L’événement célébré aujourd’hui est raconté dans l’Évangile de S. Luc (lectures à la Divine Liturgie : 2,22-40, et comme Épître : Hb 7,7-14, sur le sacerdoce du Christ, unique et situé en dehors de la tribu de Lévi).

La fête a deux appellations : Purification de la Mère de Dieu, ou Sainte Rencontre (Hypapantè, Sretenie), exprimant deux des aspects de l’événement. La Mère de Dieu, dont l’Église confesse qu’elle est dépourvue de tout péché, n’a pas besoin de cette purification après naissance, et le Christ, par sa naissance, a sanctifié et transformé le processus même de l’enfantement. Mais cette purification est opérée pour souligner la réalité de l’humanité du Christ incarné. Cet événement est aussi la Rencontre du Christ, même encore très petit Enfant, avec son peuple et avec toute l’humanité, même si seul un tout petit nombre de personnes est disposé à L’accueillir à ce moment : ses parents, le saint vieillard Syméon et la prophétesse Anne, dont nous parle le récit évangélique (Luc 2,25-35 et 36-38). Saint Syméon, appelé « celui qui a reçu Dieu » (Theodochos, Bogopriimets), attendait depuis longtemps la « consolation d’Israël » (2,25), à une époque où il n’y avait plus de prophètes et où la royauté d’Israël n’avait plus d’existence politique, après les épreuves que furent pour le peuple élu les invasions et destructions, puis l’exil. A cette époque, seul un petit groupe de justes, que les prophètes ont appelé le reste d’Israël (v. par exemple Is 4,3 ; 28,5 ; 65,8-9 ; Jér 24,6-7, ou S. Paul, Rom 11,5), attendait la venue d’un Sauveur non plus sur un plan politique ni humain, mais véritablement spirituel.

L’Enfant est donc présenté dans le Temple, et le vieillard Syméon, qui faisait partie de ce reste fidèle, est venu ce jour-là dans le Temple « poussé par l’Esprit Saint » (Luc 2,26). Il a pu recevoir dans ses bras le Christ Enfant et les paroles qu’il a prononcées montrent que véritablement il savait que cet Enfant était le Sauveur attendu, car il a dit : « mes yeux ont vu ton salut » (2,30), des paroles qui font partie de la prière qu’il a prononcée en cette occasion, et que nous disons chaque soir à la fin l’office de Vêpres, pour montrer que le Christ nous apporte la véritable délivrance.

Cette fête nous invite à faire partie, nous aussi, du petit nombre de personnes qui attendent le Christ, venu sur terre pour délivrer non seulement un peuple, mais l’humanité entière, et qui veut venir demeurer dans le cœur de chacun de nous. Toute la vie de S. Syméon était gouvernée par l’Esprit Saint et tendue vers ce moment de rencontre avec Celui qu’il a reconnu comme Sauveur. Par l’intercession du vieillard Syméon, de la prophétesse Anne et de tous ceux qui accompagnaient le Christ à ce moment, il nous appartient aussi d’orienter toute notre vie vers cette Rencontre avec le Sauveur, nous qui Le recevons non seulement dans les bras, mais au plus profond de nous-mêmes. Attention donc à la manière dont nous recevons le Christ, non avec indifférence ou machinalement, mais que le Christ soit pour chacune et chacun cette Lumière véritable qui illumine tous les aspects de notre vie, en vue de notre accès dès maintenant et toujours plus dans le Royaume qui n’aura pas de fin.