Dimanche 8 novembre 2020

Dimanche 8 novembre 2020.

(26 octobre dans l’ancien calendrier.)

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul aux Galates (calendrier grégorien et julien : Gal 6,11-18) :

Frères, voyez avec quelles grandes lettres je vous ai écrit de ma propre main. Tous ceux qui veulent se rendre agréables selon la chair vous contraignent à vous faire circoncire, uniquement afin de n’être pas persécutés pour la croix de Christ. Car les circoncis eux-mêmes n’observent point la loi ; mais ils veulent que vous soyez circoncis, pour se glorifier dans votre chair. Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! Car ce n’est rien que d’être circoncis ou incirconcis ; ce qui est quelque chose, c’est d’être une nouvelle créature. Paix et miséricorde sur tous ceux qui suivront cette règle, et sur l’Israël de Dieu ! Que personne désormais ne me fasse de la peine, car je porte sur mon corps les marques de Jésus. Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit ! Amen !

Видите, как много написал я вам своею рукою. Желающие хвалиться по плоти принуждают вас обрезываться только для того, чтобы не быть гонимыми за крест Христов, ибо и сами обрезывающиеся не соблюдают закона, но хотят, чтобы вы обрезывались, дабы похвалиться в вашей плоти. А я не желаю хвалиться, разве только крестом Господа нашего Иисуса Христа, которым для меня мир распят, и я для мира. Ибо во Христе Иисусе ничего не значит ни обрезание, ни необрезание, а новая тварь. Тем, которые поступают по сему правилу, мир им и милость, и Израилю Божию. Впрочем никто не отягощай меня, ибо я ношу язвы Господа Иисуса на теле моем. Благодать Господа нашего Иисуса Христа со духом вашим, братия. Аминь.

Lecture de l’épître de saint Paul aux Hébreux (pour les saints Archanges selon le calendrier grégorien : Hb 2,2-10).

Lecture de l’épître de saint Paul aux Hébreux (commémoration d’un séisme selon le calendrier julien : Hb 15,6-13, 25-26).

Lecture de l’épître de saint Paul à Timothée (pour saint Dimitri (ou Démètre) selon le calendrier julien : II Tim 2,1-10).

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Lecture de l’Évangile selon saint Luc (selon le calendrier grégorien : 8, 41-56)

En ce temps-là, voici qu’arriva un homme du nom de Jaïre : il était chef de synagogue. Tombé aux pieds de Jésus, il le suppliait de venir chez lui, parce qu’il avait une fille unique, d’environ douze ans, qui était mourante. Et tandis que Jésus s’y rendait, les foules manquaient de l’étouffer. Or une femme en hémorragie depuis douze ans et qui n’avait pu être soignée par personne, s’approcha par derrière et toucha la frange du manteau de Jésus : à l’instant son hémorragie cessa. Et Jésus demanda : « Qui m’a touché ? » Comme tous s’en défendaient, Pierre et ses compagnons lui dirent : « C’est Toi qui commandes, mais les foules te pressent à t’écraser ! » Jésus reprit : « Quelqu’un m’a touché : J’ai senti une puissance sortir de moi. » Voyant qu’elle ne pourrait rester cachée, la femme vint toute tremblante et, se jetant aux pieds de Jésus, révéla devant tout le peuple pour quelle raison elle l’avait touché et comment elle avait été guérie à l’instant. Jésus lui dit : « Fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix ! » Jésus parlait encore, quand depuis la maison du chef de la synagogue quelqu’un vint dire à celui-ci : « Ta fille est morte, ne dérange plus le Maître ! » Mais Jésus, qui avait entendu, lui répondit : « Rassure-toi ; crois seulement, et elle sera sauvée ! » Arrivé à la maison, Jésus ne laissa personne entrer avec lui, sauf Pierre, Jean et Jacques, ainsi que le père et la mère de la petite fille. Tous pleuraient et se lamentaient sur elle, mais Jésus leur dit : « Ne pleurez pas ; elle n’est pas morte, mais elle dort ! » Et les gens riaient de lui, sachant bien qu’elle était morte. Mais Jésus lui prit souverainement la main et lui dit à haute voix : « Petite enfant, réveille-toi ! » Le souffle lui revint et, à l’instant même, elle ressuscita. Et Jésus ordonna de lui donner à manger. Ceux qui l’avaient engendrée étaient hors d’eux-mêmes, mais Jésus leur recommanda de ne dire à personne ce qui était arrivé.

И вот, пришел человек, именем Иаир, который был начальником синагоги; и, пав к ногам Иисуса, просил Его войти к нему в дом, потому что у него была одна дочь, лет двенадцати, и та была при смерти. Когда же Он шел, народ теснил Его. И женщина, страдавшая кровотечением двенадцать лет, которая, издержав на врачей всё имение, ни одним не могла быть вылечена, подойдя сзади, коснулась края одежды Его; и тотчас течение крови у ней остановилось. И сказал Иисус: кто прикоснулся ко Мне? Когда же все отрицались, Петр сказал и бывшие с Ним: Наставник! народ окружает Тебя и теснит,- и Ты говоришь: кто прикоснулся ко Мне? Но Иисус сказал: прикоснулся ко Мне некто, ибо Я чувствовал силу, исшедшую из Меня. Женщина, видя, что она не утаилась, с трепетом подошла и, пав пред Ним, объявила Ему перед всем народом, по какой причине прикоснулась к Нему и как тотчас исцелилась. Он сказал ей: дерзай, дщерь! вера твоя спасла тебя; иди с миром. Когда Он еще говорил это, приходит некто из дома начальника синагоги и говорит ему: дочь твоя умерла; не утруждай Учителя. Но Иисус, услышав это, сказал ему: не бойся, только веруй, и спасена будет. Придя же в дом, не позволил войти никому, кроме Петра, Иоанна и Иакова, и отца девицы, и матери. Все плакали и рыдали о ней. Но Он сказал: не плачьте; она не умерла, но спит. И смеялись над Ним, зная, что она умерла. Он же, выслав всех вон и взяв ее за руку, возгласил: девица! встань. И возвратился дух ее; она тотчас встала, и Он велел дать ей есть. И удивились родители ее. Он же повелел им не сказывать никому о происшедшем.

Lecture de l’Évangile selon saint Luc (pour les saints Archanges selon le calendrier grégorien : Lc 10,16-21).

Lecture de l’Évangile selon saint Luc (selon le calendrier julien : Lc 16,19-31).

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (commémoration d’un séisme : Mt 8,23-27).

Lecture de l’Évangile selon saint Jean (Saint Dimitri : Jn 15,17-16,2).

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 Paroles des Pères

Paroles concernant la guérison de l’hémorroïsse :

– Comment s’aperçoit-on que l’âme commence à être purifiée ?

– On s’en aperçoit vite. Le prêtre Hésychius utilise une belle image : lorsque les nourritures vénéneuses qui ont pénétré dans l’estomac et qui causent troubles et douleurs sont chassées par l’absorption d’un remède, l’estomac ressent repos et soulagement ; il en est de même pour la vie spirituelle. Lorsque l’homme accueille de mauvaises pensées et qu’il ressent leur amertume et leur gravité, « il les vomit facilement et les rejette complètement » par la prière de Jésus, et il ressent donc bien la purification. Celui qui prie ressent également la purification à ceci : aussitôt cessent de saigner les blessures intérieures causées par les passions. Dans l’évangile selon saint Luc, nous lisons, au sujet de la femme hémorroïsse : « S’approchant de lui par-derrière, elle toucha la frange de son manteau, et aussitôt le flux de sang s’arrêta » (8,44). Quand on s’approche du Christ, de Jésus, aussitôt on est guéri « et le flux de sang s’arrête », c’est-à-dire que le sang des passions cesse de couler. Je veux dire que nous ne sommes plus scandalisés par les images, les circonstances, les visages qui, auparavant, nous scandalisaient. Ceci signifie que lorsque certaines personnes et affaires nous troublent, il est manifeste que nous sommes blessés par les attaques du Diable. C’est en nous que se trouve le scandale. Après la purification et à l’aide de la prière, nous voyons tous et toutes comme des créatures de Dieu. En particulier nous voyons les visages comme des images du Dieu débordant d’amour.

– Mgr Hiérothée (Vlachos) de Nafpaktos, Entretiens avec un ermite de la sainte Montagne sur la prière du cœur.

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Je me tiens devant les portes de ton sanctuaire et les pensées qui me combattent ne me quittent pas. Mais ô Christ, notre Dieu, toi qui as justifié le publicain, qui as pris en pitié la chananéenne et qui as ouvert au larron les portes du paradis, ouvre-moi les entrailles de ton amour des hommes et tandis que je m’approche de toi et que je te touche, accueille-moi comme la pécheresse et l’hémorroïsse ; l’une, ayant touché le bord de ton vêtement, reçut immédiatement la guérison, et l’autre, ayant saisi tes pieds sacrés, obtint la rémission de ses péchés. Et moi, misérable, j’ose recevoir ton Corps tout entier ! Ne me consume pas mais accueille-moi comme ces deux femmes, illumine les sens de mon âme et brûle la souillure de mes péchés, par les prières de celle qui t’a enfanté sans semence et des Puissances célestes, car tu es béni dans les siècles des siècles. Amen.

– Prière de saint Jean Damascène, extraite de l’Office de la Sainte Communion.

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Paroles concernant la guérison de la fille de Jaïre :

Les exhortations du Seigneur au courage sont nombreuses dans les textes évangéliques. « Sois sans crainte », (Mc 5, 36) dit-Il au chef de la synagogue, à Jaïre, lorsque des gens lui annoncent que sa fille est morte. « Sois sans crainte, crois seulement et elle sera sauvée » (Lc 8, 50). (Par conséquent, la foi est reconnue comme un acte de courage, et le courage est déclaré, semblablement à la foi, comme étant un mystère.)

– Nicolae Steinhardt, Paroles de Foi, « Le courage », p. 135.

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Celui qui croit en l’Evangile sera sauvé (Jean 6,29). La mesure de la foi de l’homme est la mesure de sa puissance et de sa force ; c’est bien pour cela que le Seigneur a souvent dit à certaines personnes : Qu’il te soit fait selon ta foi ! (Matth. 8,13) Ta foi t’a guéri (Matth. 9,2 ; Marc 5,34 ; Luc 8,41-50 ; Luc 17,19). Qu’il vous soit fait selon votre foi ! (Matth. 9,29) Ta foi t’a sauvé (Marc 10,52). Parfois la foi de l’homme, par sa puissance infinie, unit la volonté de celui qui croit avec la volonté du Sauveur, et c’est pour cela qu’il dit à la Cananéenne : Femme, ta foi est grande, qu’il te soit fait comme tu veux ! (Matth. 15,28 ; Marc 7,24-30) A Jaïre l’affligé, dont la foi dans la puissance du Seigneur était ébranlée à la nouvelle que sa fille venait de mourir, le bienheureux Jésus dit pour le consoler : Crois seulement, et elle vivra (Luc 8,50). A ses disciples, épouvantés sur la mer par la tempête, le Sauveur, après avoir apaisé la mer, dit en les blâmant : Pourquoi craignez-vous, hommes de peu de foi ! (Matth. 8,27 ; Luc 8,25) A Pierre qui, sur l’ordre du Sauveur, marche sur la mer, mais qui doute et commence à s’enfoncer, le Sauveur dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? (Matth. 14,31) La foi en le Dieu-Homme emplit l’homme d’une force divino-humaine intrépide ; l’incrédulité transforme l’homme en un lâche et un méfiant. Avoir peur lorsque l’on est en danger est un signe de manque de foi, et l’excès de peur est un signe d’incrédulité. Hautement significatives de ce point de vue sont ces paroles que le Sauveur adressa à ses disciples sur la mer : Pourquoi avez-vous ainsi peur ? Comment n’avez-vous point de foi ? (Marc 4,40)

– Saint Justin Popovitch (XXe), Philosophie orthodoxe de la vérité, volume 3, p.343-344.

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire selon le nouveau calendrier

Le 8 novembre, Synaxe des Archistratèges de la milice céleste, MICHEL et GABRIEL et des autres Puissances célestes et incorporelles.

tumblr_mmjqc1s9gm1rk4qt8o1_500De toute éternité Dieu est Lumière: la seule véritable Lumière éternelle, immatérielle, infinie et absolument incompréhensible. Il repose dans le secret inaccessible de Sa Nature unique et jouit de la communion inexprimable d’amour entre Ses trois Personnes: le Père, le Fils et le Saint Esprit. Il est bon et principe de toute bonté et de tout amour; c’est pourquoi Il ne S’est pas contenté de Sa propre contemplation, mais dans la surabondance de Sa bonté Il a voulu qu’un autre participât à Sa lumière et Il a tiré le monde du non-être à l’existence. Avant de créer le monde visible, Il a amené à l’existence par Son Verbe et perfectionné en sainteté par Son Saint-Esprit la nature angélique, faisant des Puissances célestes et incorporelles ses Serviteurs zélés et ardents comme un feu immatériel. Ils sont des lumières secondes, qui reçoivent par la Grâce du Saint-Esprit les illuminations de la Lumière première et sans principe, et la participation à Son immortalité. Fidèles images de l’Essence Divine, les Saints Anges sont de nature spirituelle, dépourvus de la lourdeur du corps, toujours en mouvement, libres et raisonnables. Ils voient Dieu dans la mesure où ils peuvent l’atteindre et trouvent dans sa contemplation leur nourriture, leur stabilité et la raison même de leur existence. Bien qu’ils soient libres de toutes affections du corps, ils ne sont pourtant pas impassibles comme Dieu, car ils ont été créés par un changement (le passage du non-être à l’être). Ainsi sont-ils difficilement portés au mal, mais non à l’abri de son atteinte. C’est pourquoi ils doivent faire usage de la souveraine liberté que Dieu leur a accordée pour persévérer dans le bien et progresser dans la comtemplation des Mystères Divins, sous peine d’être entraînés irrémédiablement vers le mal et l’éloignement de Dieu, et sans pouvoir alors compter, comme l’être humain, sur le repentir, car ils sont dépourvus de corps.

Sans corps, ils ne sont pourtant pas totalement immatériels : seul le divin est véritablement sans matière et incorporel (car impassible et au-delà de tout mouvement). Ils sont circonscrits dans le temps et l’espace. Lorsqu’ils sont dans le ciel, ils ne sont pas sur la terre; et envoyés par Dieu sur la terre, ils ne demeurent plus au ciel. Leur nature subtile leur fait échapper aux limitations que sont pour nous les murs, les portes et les sceaux, lorsqu’ils sont envoyés par Dieu en mission auprès des hommes et que pour cela, ils empruntent une forme corporelle nous permettant de les voir. De même, leur légèreté et leur extrême rapidité de mouvement leur permettent de traverser l’espace presque instantanément ou de deviner les pensées des hommes, ce qui nous fait croire qu’ils sont dotés de l’omniscience divine. Mais, comme êtres créés, il ne sont toutefois ni doués d’omniscience, ni susceptibles de se trouver en deux endroits simultanément. S’ils prophétisent, c’est par grâce et par ordre divin, non par leur propre vertu.

Dieu les a faits Ses serviteurs et les envoie ( « ange » signifie « envoyé » ) veiller sur la terre. Ils président aux peuples, aux nations et aux Eglises ( selon l’Apocalypse, chaque Eglise locale possède un Ange protecteur ), et ils assurent la marche des desseins de la Providence à notre égard: aussi bien en général que pour chacun en particulier. Dieu a placé invisiblement auprès de chacun d’entre nous personnellement un Ange Gardien, qui veille constamment sur nous, sans cesser d’être auprès de Dieu. Il nous suggère le bien par la voix de notre conscience, nous aide à éviter les pièges du Diable et attise en nous le feu salutaire du repentir lorsque nous avons péché.

Seul le Créateur connaît le genre et, les limites de la nature angélique. Elle est une par rapport à Dieu, mais innombrable par rapport à nous. « Un fleuve de feu coulait devant Lui ; mille milliers Le servaient, et des myriades de myriades se tenaient devant Lui » dit le Prophète Daniel ( Dan. 7:10 ). Nous ne pouvons pas les dénombrer, c’est pourquoi la Sainte Tradition a coutume de les ranger en neuf ordres divisés en trois triades. La première disposition hiérarchique est celle qui est toujours auprès de Dieu et qui est immédiatement unie à lui, avant les autres et sans intermédiaire. Elle comporte les Séraphins, dont le nom en hébreu signifie : « brûlants ». En effet, leur mouvement éternel et stable autour des réalités divines leur donne le pouvoir d’élever leurs subordonnés vers Dieu en animant en eux la chaleur purificatrice et lumineuse de la vertu. Les seconds, de même rang mais de fonction distincte, sont les Chérubins, dont le nom évoque la plénitude de leur connaissance de Dieu. On dit qu’ils sont couverts d’yeux de toutes parts, en signe de leur aptitude à contempler la lumière divine. Les troisièmes sont les Trônes, sur lesquels Dieu trouve repos impassible. La seconde triade, intermédiaire, transmet avec bonté et ordre les décrets de la Providence et élève les esprits de rang inférieur vers l’imitation de Dieu. Elle se compose des Dominations, des Vertus et des Puissances. La troisième triade achève la Hiérarchie Céleste. Elle comporte les Principautés, les Archanges et les Anges. C’est par ces derniers que Dieu nous communique les décrets de Sa Providence et, comme ils sont les plus proches de nous, c’est eux qu’Il envoie sous une forme corporelle lorsqu’Il le veut.

Dans le plan divin, l’homme, en la personne d’Adam, devait être le dixième ordre de cette Hiérarchie et devait achever la perfection de la création ( Luc 15:1-10 ). Comme il déchut et se soumit à la mort, le Christ s’est précipité du haut des Cieux pour le tirer de l’enfer. Il traversa les degrés de la Hiérarchie angélique, prit un corps et releva par Sa résurrection la nature humaine bien au-delà du rang où elle se trouvait à l’origine, en la faisant asseoir à la droite de Dieu, au-dessus des Chérubins et des Séraphins.

Mais avant cela, au moment où Dieu créa le monde invisible, la plénitude innombrable de la Hiérarchie céleste jouissait de la lumière de Dieu et menait une ronde sacrée, simple et incessante, en chantant d’une voix forte : « Saint, Saint, Saint est le Seigneur Sabaoth (i.e. « des Armées »), le ciel et la terre sont remplis de Sa gloire » (Is. 6:3). Or l’esprit céleste qui tenait alors le premier rang, le plus proche de Dieu, et qui était tout irradié de Sa lumière, Lucifer, vint à tirer orgueil des privilèges qu’il avait reçus et voulut s’assimiler au Très-Haut. Il se dit: «Je monterai dans les Cieux, au-dessus des étoiles de Dieu j’élèverai mon trône, je monterai sur les sommets des nues, je serai assimilé au Très-Haut » (Is 14:14). Il n’était pas mauvais par nature; mais par orgueil, il se révolta librement contre Celui qui l’avait créé. C’est lui le premier qui rejeta le bien et choisit le mal. Il s’est détourné de la lumière pour sombrer dans les ténèbres de la privation de Dieu; c’est pourquoi, aussitôt ces paroles prononcées, il tomba de son rang élevé et fut précipité dans le gouffre de l’enfer. Comme il avait ainsi déchiré les cieux, il tira avec violence dans sa chute une multitude d’Anges de tous les ordres et se fit leur chef. Leur nombre était si grand, qu’à la vue de ce spectacle lamentable, l’Archange Michel, chef des milices célestes, qui par son humilité et sa sage soumission à son Créateur, était puissamment affermi dans la lumière, s’élança vers la brèche, rassembla les Anges restés fidèles et s’écria : « Soyons attentifs ! » C’est à dire : « Prenons garde, soyons vigilants, nous les êtres créés qui avons le privilège de nous tenir devant Dieu. Reconnaissons notre état de serviteurs. Prenons soin à la connaissance de nous mêmes et voyons quelle est la chute de ceux qui ont voulu s’égaler à Dieu ! » C’est en mémoire de cette Synaxe : c’est à dire de cette assemblée, de cette réunion, des choeurs angéliques sous la direction du Saint Archange Michel dans la vigilance, la concorde et l’unité, que, de tradition très ancienne, les Pères ont institué la fête d’aujourd’hui.

Le très glorieux et très lumineux Prince des Puissances célestes et incorporelles, Michel, apparaît souvent dans la Sainte Ecriture. C’est lui que Dieu envoie auprès des hommes pour leur annoncer les décrets de Sa Justice. C’est lui qui le premier est apparu au Patriarche Abraham (Gen. 12) et à sa servante Agar dans le désert, pour lui annoncer la naissance d’Ismaël (Gen. 16). Il fut envoyé auprès de Lot pour le sauver de Sodome, vouée par Dieu à la destruction (Gen. 19). Lorsque Dieu ordonna à Abraham de sacrifier son fils Isaac, afin d’éprouver son obéissance, ce fut Michel qui intervint au dernier moment pour l’arrêter (Gen. 22). Il apparut encore au Patriarche Jacob, pour le délivrer des mains meurtrières de son frère (Gen. 27:41). C’est lui qui se tenait au-devant du peuple d’Israël lorsqu’il sortit d’Egypte et le dirigeait sous la forme d’une nuée le jour et d’une lueur la nuit (Ex. 13:21). Il fut envoyé aussi au devant du devin Balaam, en route vers Balaq roi de Moab pour maudire le peuple d’Israël, et lui barra le passage en se tenant devant sa mule, une épée nue à la main (Nbr. 22:22). Quand Josué était aux pieds des murs de Jéricho, attendant un signe de Dieu pour assiéger la ville, Michel lui apparut, tenant à nouveau une épée. Comme il craignait que ce ne soit une ruse du Malin, qui sait se transformer en Ange de lumière, Josué lui demanda: « Es-tu des nôtres ou de nos adversaires ? ». Michel répondit : « C’est comme Chef de l’Armée du Seigneur que je viens maintenant », et lui ordonna de vénérer désormais le lieu qu’il venait de sanctifier par sa présence (Jos. 5:13). Sous les Juges, il vint réconforter Gédéon et l’envoya pour délivrer Israël de l’oppression des Madyanites (Jug. 6:11).

Quand David, contrairement à l’ordre de Dieu, eut fait recenser le peuple, Michel fut envoyé par Dieu pour être l’instrument de sa colère. En un jour, il ravageât par son épée plus de soixante-dix mille hommes et il se tenait prêt à détruire Jérusalem, lorsque, ému par le repentir de David, le Seigneur l’arrêta et lui ordonna de remettre son épée au fourreau (I Chron. 21). Il se révéla plusieurs fois au Prophète Elie pour le consoler dans ses tribulations et l’envoyer en mission (I Rois 19:5, II Rois, 1:15). Lors de l’invasion du roi des Assyriens, Sénnacharib, Michel abattit en une nuit cent quatre-vingt cinq mille hommes dans le camp des envahisseurs (II Rois 19:35). C’est lui encore qui descendit du ciel et se tint au milieu de la fournaise ardente, à Babylone, avec les trois jeunes gens, en chantant avec eux les louanges du Seigneur (Dan. 3:92), et qui ferma la gueule des lions dans la fosse où avait été jeté le Prophète Daniel (Dan. 6:23).

Les interventions salutaires du Saint Archange Michel sont en fait innombrables, aussi bien sous l’Ancienne Alliance que, plus encore, après la venue du Christ. C’est lui qui délivra les Apôtres de prison (Actes 5:19), qui fut envoyé à l’Apôtre Philippe pour baptiser l’eunuque de la reine d’Ethiopie (Act. 8:26), qui apparut au centurion Corneille et lui demanda de faire venir Saint Pierre pour le baptiser (Act. 10), qui libéra Pierre de prison (Act. 12) et frappa le roi Hérode qui voulait se faire passer pour un dieu (idem). Il apparut à Saint Paul pour le réconforter dans ses épreuves, et fut pour l’Evangéliste Saint Jean l’interprète des secrets de Dieu concernant la fin des temps, dans l’Apocalypse. C’est en effet Michel qui va engager l’ultime combat contre l’Antéchrist et le Diable, et qui les précipitera éternellement dans l’enfer (Apoc. 12:7). Et lors du Jugement dernier, il se tiendra, une balance à la main, pour peser nos actes.

La tradition de l’Eglise a gardé la mémoire d’autres miracles de l’Archange Michel, comme, par exemple, celui accompli à Colosses en Phrygie (commémoré le 6 septembre, Icône ci-contre).

En Dieu, la Justice ne peut être séparée de la miséricorde : « La miséricorde et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont embrassées », chante le Psalmiste (Ps 84:11). C’est pourquoi, on ne peut commémorer Michel, l’Ange de la Justice, sans lui associer Gabriel, l’Ange de la Miséricorde. Il est envoyé par Dieu aux hommes pour leur annoncer les merveilles de son Amour et de sa bienveillance en vue de leur Salut. Il donna au Prophète Daniel l’interprétation de la vision énigmatique qu’il avait eue concernant la fin des royaumes des Mèdes et des Perses (Dan. 8:16), et lui annonça, une autre fois, que le Christ, le Sauveur du monde, devait venir quatre cent quarante-neuf ans plus tard (Dan. 9:24). Il fut aussi envoyé auprès de la femme de Manoé au temps des Juges, pour lui annoncer la naissance prochaine de Samson. Quand, tout à sa joie, Manoé voulut le retenir pour lui offrir un banquet, Gabriel lui répondit qu’il ne se nourrissait pas de tels mets et lui recommanda d’exprimer son action de grâce en offrant un holocauste au Seigneur. Comme on lui demandait son nom, il répondit : « Pourquoi me demandes-tu mon nom ? c’est un mystère », et il disparut de leurs yeux dans la fumée du Sacrifice (Juges 13). Il fut le messager de toutes les heureuses nouvelles de la naissance miraculeuse d’enfants à partir d’un sein flétri ou stérile. En particulier, c’est lui qui apparut à Joachim et Anne pour leur annoncer la naissance de la Mère de Dieu, et à Zacharie et Elisabeth, pour les prévenir de celle du Saint Précurseur (Luc 1). Il a nourri de la manne céleste la Mère de Dieu pendant douze ans, dans le temple (cf. le 21 nov.), et fut envoyé par Dieu auprès d’elle pour lui annoncer la bonne nouvelle attendue depuis l’origine du monde: c’est à dire qu’elle devait enfanter Dieu par l’opération du Saint Esprit. Il vint rassurer Joseph en songe, lorsque celui-ci était tourmenté de doutes quant à la virginité de la Mère de Dieu (Mat. 1:20). Lors de la naissance du Sauveur, il conduisit les bergers vers la grotte de Bethléem, pour qu’ils puissent l’adorer. Il prévint Joseph des desseins meurtriers d’Hérode et lui conseilla de prendre l’enfant et sa mère et de les conduire en Egypte. Lorsque le danger fut passé, il lui apparut à nouveau en songe pour lui ordonner de revenir. Lors de la sainte nuit de la Résurrection du Christ, Gabriel descendit des cieux, revêtu d’une robe blanche étincelante de la lumière divine, repoussa la pierre qui fermait le tombeau et s’assit dessus. Lorsque les femmes Myrophores arrivèrent sur les lieux, il les rassura de leur effroi en disant : « Ne craignez pas. Je sais que c’est Jésus, le Crucifié, que vous cherchez. Il n’est pas ici.— Il est ressuscité, comme Il l’avait dit » (Mat. 28:5).

Ainsi, depuis l’origine du monde jusqu’à la Résurrection du Christ et la fin des temps, le Saint Archange Gabriel est-il le messager envoyé par Dieu pour annoncer aux hommes les merveilles de Sa miséricorde en la Personne du Seigneur Jésus Christ.

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire selon l’ancien calendrier

Le 26 octobre, mémoire du Saint, glorieux et Grand Martyr DIMITRIOS (Démètre) le MYROBLYTE.

IcSDemetrios1 - St. Demetrios Orthodox Icon - Eastern GiftshopSaint Dimitrios vécut à Thessalonique sous le règne de Dioclétien et Maximien (284-305). Il descendait de l’une des plus nobles familles de la province de Macédoine et était admiré de tous, non seulement pour la noblesse de son origine et la grâce de son apparence physique, mais aussi pour sa vertu, sa sagesse et sa bonté, qui le rendaient supérieur aux vieillards. Expert en l’art militaire, il avait été nommé, malgré son jeune âge, général des armées de Thessalie et proconsul de Grèce par Maximien Galère, le César pour la Grèce et la Macédoine. Mais ces honneurs ne parvinrent pas à faire perdre à Dimitrios le sens des réalités les plus essentielles. Le cœur touché par la foi au Christ et comptant pour rien toute la gloire de ce monde, il passait le plus clair de son temps à enseigner et à interpréter publiquement la parole de Dieu. Sa parole était si convaincante et sa vie toute de justice, de paix et d’amour pour ses frères en était une telle application pratique, qu’un grand nombre de païens s’étaient convertis, malgré la persécution lancée par l’empereur contre les Chrétiens.

Comme l’empereur Maximien venait de remporter de brillantes victoires contre les Scythes, de retour vers Rome, il s’arrêta à Thessalonique pour se faire acclamer par la foule et offrir des sacrifices d’action de grâces aux idoles. Certains païens de la ville, jaloux des succès de Dimitrios, profitèrent de la présence de l’empereur pour le dénoncer comme Chrétien. L’étonnement du tyran se changea en violente colère lorsqu’il apprit que Dimitrios ne se contentait pas de partager la foi des disciples du Christ, mais qu’il la propageait avec succès en profitant de sa place dans les assemblées officielles. Il fit comparaître Dimitrios et le fit enfermer dans un cachot situé dans les sous-sols malsains d’un bain qui se trouvait à proximité. Lorsque Dimitrios pénètra dans sa cellule, un scorpion approcha de son pied, se préparant à le piquer mortellement; mais, d’un simple signe de croix, le Saint le fit disparaître. On le laissa alors seul, dans l’humidité et les odeurs nauséabondes. Mais Dimitrios n’y prêtait pas attention, empli de joie qu’il était à la pensée de communier bientôt pleinement à la Passion salutaire du Seigneur; sa seule tristesse étant de devoir attendre la fin des festivités organisées pour le triomphe de l’empereur, pour accomplir son Martyre.

Comme il était de coutume en de telles circonstances, Maximien avait organisé dans l’amphithéâtre de Thessalonique des jeux et des combats de gladiateurs. Il avait emmené avec lui une sorte de géant, à la force herculéenne, nommé Lyaios, de la tribu des Vandales. Celui-ci était si fort et si habile dans le combat singulier, que personne ne pouvait lui résister. Un jeune garçon chrétien de la ville nommé Nestor, voyant le vain orgueil que tirait l’empereur à la vue des victoires de son protégé, décida de lui montrer que c’est au Christ seul qu’appartient la vraie puissance. Il courut vers le bain où était enfermé Dimitri os et lui demanda la protection de sa prière pour aller affronter le géant. Le martyr fit le signe de Croix sur le front et le coeur du jeune garçon et l’envoya, tel David au-devant de Goliath (cf. I Sam. 17). Il arriva à l’amphithéâtre au moment où les hérauts criaient partout à qui voudrait affronter Lyaios. Nestor s’avança alors devant l’empereur et jeta sa tunique à terre en criant: «Dieu de Dimitrios, viens à mon aide! » Dès le premier engagement, alors que le géant se ruait sur le frêle garçon, celui s’esquiva et le perça mortellement au coeur avec son couteau. Tous furent saisis de stupeur à la vue de ce prodige et se demandaient comment l’invicible barbare était si soudainement tombé sous les coups d’un enfant qui ne se confiait pas en sa force ni en ses armes. En fait celui-ci avait mis toute son espérance dans le Seigneur, le «Maître du combat», Lui qui livre leurs ennemis aux mains de ses fidèles. Au lieu de se soumettre à ce signe de la puissance souveraine de Dieu, l’empereur éclata de colère et ordonna qu’on se saisisse sur le champ de Nestor et qu’on aille lui trancher la tête en dehors de la ville. Comme il avait entendu Nestor invoquer le Dieu de Dimitrios, Maximien soupçonna ce dernier d’avoir usé de quelque sortilège et il donna l’ordre à ses soldats d’aller le tuer avec leurs lances au fond de son cachot, sans autre forme de procès. Quelques Chrétiens, qui étaient présents lors de l’exécution du Saint, attendirent le départ des soldats et ensevelirent son corps avec dévotion.

Lupus, le serviteur de Saint Dimitrios, était lui aussi présent. Avant qu’on l’ensevelisse, il prit la tunique du Martyr baignée de son sang et mit à son doigt la bague royale que celui-ci portait. Par l’intermédiaire de ces deux trophées, Lupus accomplit un grand nombre de miracles et de guérisons. Lorsque Maximien l’apprit, il envoya aussitôt ses soldats trancher la tête du fidèle serviteur.

Dieu ne voulut pas laisser inerte après sa mort, la grâce dont il avait rempli Saint Dimitrios; c’est pourquoi il fit couler de son corps un délicieux liquide parfumé, qui avait la propriété de procurer la guérison à tous ceux qui s’en oignaient avec foi dans l’intercession du Saint. A maintes reprises depuis mille six-cent ans, Saint Dimitrios a manifesté sa bienveillante protection sur la ville et les habitants de Thessalonique. Il les a protégés des assauts des barbares, combattant pour eux sur les remparts; les a sauvés des épidémies et des famines; a guéri les malades et consolé les affligés. Ses miracles sont si nombreux que celui qui voudrait les dénombrer ressemblerait à l’insensé qui désire compter les grains de sable.