Samedi 11 avril 2020 – la résurrection de Lazare.

Samedi 11 avril 2020.

(29 mars dans l’ancien calendrier.)

Samedi de la résurrection de Lazare

 

Synaxaire du samedi de Lazare

Ce samedi avant les Rameaux, nous célébrons la résurrection, le quatrième jour, du saint et juste Lazare, l’ami du Christ. « Comme tout être humain, Jésus, Tu pleures et Tu frémis ; en ton pouvoir divin, Tu ressuscites Ton ami. » Alors que notre Seigneur Jésus Christ séjournait sur terre pour le salut du genre humain, Lazare devint Son ami, ainsi que ses deux sœurs, Marthe et Marie. Son ami Lazare, atteint d’une grave maladie, mourut alors que Jésus séjournait au-delà du Jourdain. Jésus était loin, mais il dit à Ses Disciples : « Lazare repose » et, après un léger intervalle, Il ajouta : « Lazare est mort ». Quittant le Jourdain, Il vint donc à Béthanie, comme ses sœurs L’en avaient prié. Béthanie se trouve à cinq stades de Jérusalem. Venant à Sa rencontre, les sœurs de Lazare Lui dirent : « Seigneur, si Tu avais été là, notre frère ne serait pas mort. Maintenant, si Tu le veux, ressuscite-le, car Tu le peux. » Jésus demanda à la foule : « Où l’avez-vous mis ? » Et aussitôt on Le conduisit au sépulcre. Conme on ôtait la pierre, Marthe lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour. » Alors Jésus pria, versa des larmes sur lui, puis Il dit d’une voix forte : « Lazare, viens ici ! » Et aussitôt le mort sortit : on le délia, et il se retira dans sa maison. Ce merveilleux prodige provoqua de l’envie chez ceux des Juifs qui enrageaient contre le Christ. Et de nouveau Jésus dut prendre la fuite. Les grands prêtres songèrent même à tuer Lazare, parce que beaucoup, en le voyant, se joignaient au Christ. Ayant eu vent de leurs projets, Lazare se hâta de gagner l’île de Chypre pour y séjourner. Plus tard il fut institué par les Apôtres Evêque de Citium. Là, il passa, dans le bonheur et l’amitié divine, trente ans de sa nouvelle vie, puis il mourut à nouveau. Il y fut enterré, accomplissant de nombreux Miracles.

Péricopes de ce samedi

Lecture de l’épître de saint Paul aux Hébreux (XII, 28 – XIII, 8) :

Frères, puisque nous recevons en héritage un royaume inébranlable, conservons cette grâce et par elle rendons à Dieu un culte agréable, avec crainte et respect, car « notre Dieu est un feu dévorant ». Persévérez dans l’amour fraternel, et n’oubliez pas l’hospitalité : c’est par elle que certains, à leur insu, ont hébergé des anges. Souvenez-vous des captifs, comme si vous étiez enchaînés avec eux, et de ceux que l’on maltraite, en pensant que vous aussi, vous avez un corps. Que le mariage soit honoré de tous et que sans souillure demeure le lit nuptial, car Dieu jugera fornicateurs et adultères. Chassez l’avarice de votre vie et contentez-vous de ce que vous avez, car Dieu lui-même a dit : « Je ne te laisserai ni ne t’abandonnerai » ; de sorte que nous puissions dire avec confiance : « Le Seigneur est mon secours, je ne craindrai pas ce qu’un homme peut me faire. » Souvenez-vous de vos chefs, qui vous ont fait entendre la parole de Dieu ; et, considérant l’issue de leur carrière, imitez leur foi. Jésus Christ est le même hier et aujourd’hui, il le sera à jamais.

Итак мы, приемля царство непоколебимое, будем хранить благодать, которою будем служить благоугодно Богу, с благоговением и страхом, потому что Бог наш есть огнь поядающий. Братолюбие между вами да пребывает. Страннолюбия не забывайте, ибо через него некоторые, не зная, оказали гостеприимство Ангелам. Помните узников, как бы и вы с ними были в узах, и страждущих, как и сами находитесь в теле. Брак у всех да будет честен и ложе непорочно; блудников же и прелюбодеев судит Бог. Имейте нрав несребролюбивый, довольствуясь тем, что есть. Ибо Сам сказал: не оставлю тебя и не покину тебя, так что мы смело говорим: Господь мне помощник, и не убоюсь: что сделает мне человек? Поминайте наставников ваших, которые проповедовали вам слово Божие, и, взирая на кончину их жизни, подражайте вере их. Иисус Христос вчера и сегодня и во веки Тот же.

Lecture de l’Évangile selon saint Jean (Jean 11, 1-45) :

En ce temps-là, Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa sœur. C’était cette Marie qui oignit de parfum le Seigneur et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux, et c’était son frère Lazare qui était malade. Les sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade. » Après avoir entendu cela, Jésus dit : « Cette maladie n’est point à la mort ; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. » Or, Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare. Lors donc qu’il eut appris que Lazare était malade, il resta deux jours encore dans le lieu où il était, et il dit ensuite aux disciples : « Retournons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, les Juifs tout récemment cherchaient à te lapider, et tu retournes en Judée ! » Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures au jour ? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne bronche point, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais, si quelqu’un marche pendant la nuit, il bronche, parce que la lumière n’est pas en lui. » Après ces paroles, il leur dit : « Lazare, notre ami, dort; mais je vais le réveiller. » Les disciples lui dirent : « Seigneur, s’il dort, il sera guéri. » Jésus avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil. Alors Jésus leur dit ouvertement : « Lazare est mort. Et, à cause de vous, afin que vous croyiez, je me réjouis de ce que je n’étais pas là. Mais allons vers lui. » Sur quoi Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples : « Allons aussi, afin de mourir avec lui. » Jésus, étant arrivé, trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le sépulcre. Et, comme Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ, beaucoup de Juifs étaient venus vers Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère. Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais, maintenant même, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. – Je sais, lui répondit Marthe, qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle lui dit : « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde. » Ayant ainsi parlé, elle s’en alla. Puis elle appela secrètement Marie, sa sœur, et lui dit : « Le maître est ici, et il te demande. » Dès que Marie eut entendu, elle se leva promptement, et alla vers lui. Car Jésus n’était pas encore entré dans le village, mais il était dans le lieu où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient avec Marie dans la maison et qui la consolaient, l’ayant vue se lever promptement et sortir, la suivirent, disant : « Elle va au sépulcre, pour y pleurer. » Lorsque Marie fut arrivée là où était Jésus, et qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds, et lui dit : « Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort. » Jésus, la voyant pleurer, elle et les Juifs qui étaient venus avec elle, frémit en son esprit, et fut tout ému. Et il dit : « Où l’avez-vous mis ? – Seigneur, lui répondirent-ils, viens et vois. » Jésus pleura. Sur quoi les Juifs dirent : « Voyez comme il l’aimait. » Et quelques-uns d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût point ? » Jésus frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre. C’était une grotte, et une pierre était placée devant. Jésus dit : « Ôtez la pierre. » Marthe, la sœur du mort, lui dit : « Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu’il est là. » Jésus lui dit : « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut, et dit : « Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé. Pour moi, je savais que tu m’exauces toujours ; mais j’ai parlé à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Ayant dit cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, sors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Plusieurs des Juifs qui étaient venus vers Marie, et qui virent ce que fit Jésus, crurent en lui.

Был болен некто Лазарь из Вифании, из селения, где жили Мария и Марфа, сестра ее. Мария же, которой брат Лазарь был болен, была та, которая помазала Господа миром и отерла ноги Его волосами своими. Сестры послали сказать Ему: Господи! вот, кого Ты любишь, болен. Иисус, услышав то, сказал: эта болезнь не к смерти, но к славе Божией, да прославится через нее Сын Божий. Иисус же любил Марфу и сестру ее и Лазаря. Когда же услышал, что он болен, то пробыл два дня на том месте, где находился. После этого сказал ученикам: пойдем опять в Иудею. Ученики сказали Ему: Равви́! давно ли Иудеи искали побить Тебя камнями, и Ты опять идешь туда? Иисус отвечал: не двенадцать ли часов во дне? кто ходит днем, тот не спотыкается, потому что видит свет мира сего; а кто ходит ночью, спотыкается, потому что нет света с ним. Сказав это, говорит им потом: Лазарь, друг наш, уснул; но Я иду разбудить его. Ученики Его сказали: Господи! если уснул, то выздоровеет. Иисус говорил о смерти его, а они думали, что Он говорит о сне обыкновенном. Тогда Иисус сказал им прямо: Лазарь умер; и радуюсь за вас, что Меня не было там, дабы вы уверовали; но пойдем к нему. Тогда Фома, иначе называемый Близнец, сказал ученикам: пойдем и мы умрем с ним. Иисус, придя, нашел, что он уже четыре дня в гробе. Вифания же была близ Иерусалима, стадиях в пятнадцати; и многие из Иудеев пришли к Марфе и Марии утешать их в печали о брате их. Марфа, услышав, что идет Иисус, пошла навстречу Ему; Мария же сидела дома. Тогда Марфа сказала Иисусу: Господи! если бы Ты был здесь, не умер бы брат мой. Но и теперь знаю, что чего Ты попросишь у Бога, даст Тебе Бог. Иисус говорит ей: воскреснет брат твой. Марфа сказала Ему: знаю, что воскреснет в воскресение, в последний день. Иисус сказал ей: Я есмь воскресение и жизнь; верующий в Меня, если и умрет, оживет. И всякий, живущий и верующий в Меня, не умрет вовек. Веришь ли сему? Она говорит Ему: так, Господи! я верую, что Ты Христос, Сын Божий, грядущий в мир. Сказав это, пошла и позвала тайно Марию, сестру свою, говоря: Учитель здесь и зовет тебя. Она, как скоро услышала, поспешно встала и пошла к Нему. Иисус еще не входил в селение, но был на том месте, где встретила Его Марфа. Иудеи, которые были с нею в доме и утешали ее, видя, что Мария поспешно встала и вышла, пошли за нею, полагая, что она пошла на гроб – плакать там. Мария же, придя туда, где был Иисус, и увидев Его, пала к ногам Его и сказала Ему: Господи! если бы Ты был здесь, не умер бы брат мой. Иисус, когда увидел ее плачущую и пришедших с нею Иудеев плачущих, Сам восскорбел духом и возмутился и сказал: где вы положили его? Говорят Ему: Господи! пойди и посмотри. Иисус прослезился. Тогда Иудеи говорили: смотри, как Он любил его. А некоторые из них сказали: не мог ли Сей, отверзший очи слепому, сделать, чтобы и этот не умер? Иисус же, опять скорбя внутренно, приходит ко гробу. То была пещера, и камень лежал на ней. Иисус говорит: отнимите камень. Сестра умершего, Марфа, говорит Ему: Господи! уже смердит; ибо четыре дня, как он во гробе. Иисус говорит ей: не сказал ли Я тебе, что, если будешь веровать, увидишь славу Божию? Итак отняли камень от пещеры, где лежал умерший. Иисус же возвел очи к небу и сказал: Отче! благодарю Тебя, что Ты услышал Меня. Я и знал, что Ты всегда услышишь Меня; но сказал сие для народа, здесь стоящего, чтобы поверили, что Ты послал Меня. Сказав это, Он воззвал громким голосом: Лазарь! иди вон. И вышел умерший, обвитый по рукам и ногам погребальными пеленами, и лице его обвязано было платком. Иисус говорит им: развяжите его, пусть идет. Тогда многие из Иудеев, пришедших к Марии и видевших, что сотворил Иисус, уверовали в Него.

Paroles des Pères

Tout homme a besoin des vertus de diligence, de force et d’attention, mais pas dans la même mesure. Ceux qui sont élevés dans l’honneur, la richesse et le pouvoir, même s’ils souhaitent être sauvés, ont besoin de plus de force et de diligence, car ils sont moins obéissants par nature. Cela est clairement montré par les lectures de l’Évangile du Christ d’aujourd’hui. Le miracle de la résurrection de Lazare a ouvertement manifesté que Celui qui l’a opéré est Dieu. Or, tandis que le peuple fut convaincu et eut foi en Lui, les dirigeants de l’époque, c’est-à-dire les scribes et les pharisiens, étaient si éloignés de la foi qu’ils rageaient encore plus contre Lui, et décidèrent, dans leur folie, de Le livrer à mort, bien que tout ce qu’Il faisait et disait manifestait clairement qu’Il est le Seigneur de la vie et de la mort. […]

Afin qu’ils sachent qu’Il est Dieu et qu’Il vient du Père, et qu’Il n’a pas fait de miracles en opposition à Dieu, mais conformément à Son dessein, Il a levé les yeux vers Dieu devant tout le monde et Lui a parlé en des termes qui montrent clairement que Celui qui parlait sur la terre était égal au Père céleste d’en haut. […] Quand l’homme devait être créé, le Père a dit au Fils : « Faisons l’homme » (Gn 1, 26), le Fils a écouté le Père et l’homme fut créé. Maintenant, au contraire, le Père a écouté le Fils parler, et Lazare a été ramené à la vie.

Remarquez que le Père et le Fils sont égaux en honneur et ont la même volonté. Les mots ont la forme d’une prière pour le bien de la foule, mais ce ne sont pas des mots de prière mais d’autorité absolue : « Lazare, sors » (Jean 11:43). Et aussitôt l’homme qui était mort depuis quatre jours se tenait devant Lui vivant. Est-ce que cela est arrivé par le commandement du Donateur de vie ou par sa prière ? Il cria d’une voix forte, toujours à cause de la foule qui l’entourait, car Il aurait pu le ressusciter sans crier, et même par sa seule volonté. De la même manière, Il aurait pu le faire de loin et sans ôter la pierre du tombeau. Mais au lieu de cela, Il est venu dans la tombe et Il a parlé aux personnes présentes, qui ont ôté la pierre et senti la puanteur. Puis Il a crié d’une voix forte. Il l’a ressuscité de cette manière afin que, par leur vue (car ils Le voyaient debout sur la tombe), leur odorat (car ils étaient conscients de la puanteur de l’homme mort depuis quatre jours), leur sens du toucher (car ils ont utilisé leurs propres mains pour ôter la pierre à de la tombe, et ensuite pour détacher les bandes funéraires de son corps et le linge sur son visage), et leur audition (car la voix du Seigneur a atteint l’oreille de tous), tous puissent comprendre et croire que c’est Lui Qui a tout appelé du non-être à l’être, Qui a soutenu toutes choses par la parole de Sa puissance et Qui, par Sa seule parole, a fait au commencement tout ce qui existe à partir du néant.

Les gens simples Le croyaient et ne gardaient pas leur foi silencieuse, mais ils ont commencé à prêcher sa divinité par des actes et des paroles. Après la résurrection de Lazare, le Seigneur a trouvé un âne et, lorsque ses disciples l’ont préparé, comme nous le dit l’évangéliste Matthieu (Matthieu 21: 1–11), il s’est assis dessus et est entré à Jérusalem, comme cela avait été prédit dans la prophétie de Zacharie : « Sois transportée d’allégresse, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton roi vient à toi ; Il est juste et victorieux, Il est humble et monté sur un âne, Sur un âne, le petit d’une ânesse. » (Zach. 9: 9, Matt. 21: 5). […]

Le roi qui avait ressuscité Lazare d’entre les morts entra donc à Jérusalem assis sur un âne. Tout le monde, enfants, hommes, personnes âgées, ont immédiatement déployé leurs vêtements sur le chemin. Ils ont pris des rameaux de palmier, symboles de la victoire, et sont allés à sa rencontre en tant que Donateur de vie et Vainqueur de la mort. Ils sont tombés à ses pieds et l’ont escorté en procession, chantant ensemble, non seulement à l’extérieur mais aussi dans l’enceinte du Temple, « Hosanna au Fils de David ! Hosanna dans les lieux très hauts ! » (Matthieu 21: 9). « Hosanna » est un chant de louange adressé à Dieu, qui signifie « Sauve-nous ». Les mots supplémentaires « dans les lieux très hauts » montrent qu’il n’est pas seulement loué sur terre, non seulement par les hommes, mais aussi par les anges célestes d’en haut.

– Saint Grégoire Palamas, Homélies, 15 ; PG 151, 184-195.

***

Lazare est mort : Jésus n’était pas là, il était en Galilée. Il dit à ses disciples : « Notre ami Lazare dort. » (Jean, II, 11.) Ceux-ci, croyant qu’il parlait d’un sommeil ordinaire, répondirent : « Seigneur, s’il dort, il sera guéri. » Jésus leur dit ouvertement : « Lazare est mort. »

Le Sauveur vient ensuite à Jérusalem, où était Lazare. La sœur de Lazare court à sa rencontre et lui dit : « Si Tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » — Si Tu avais été ici. Tu es faible, ô femme ! Elle ne sait pas que Jésus-Christ absent de corps est présent par la puissance de la divinité ; elle mesure le pouvoir du divin Maître à la présence matérielle.

Marthe lui dit : « Seigneur, si Tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ; et maintenant je sais que tout ce que Tu demanderas à Dieu, il Te l’accordera. » C’est donc pour répondre au désir de Marthe que le Sauveur prie. Dieu n’a pas besoin de prières pour ressusciter un mort. N’a-t-Il pas opéré d’autres résurrections ? Quand Il rencontra à la porte de la ville un mort qu’on portait en terre, il ne fit que toucher le cercueil et le mort se leva. (Luc, VII, 14.) Eut-Il besoin de prière pour le ressusciter ? Dans une autre circonstance, Il ne dit qu’un mot à la jeune fille : « Talitha, koumi » (Marc, V, 41), et Il la rendit vivante à ses parents. A-t-Il eu besoin de prier ?

Pourquoi parler du Maître ? Les disciples d’un mot ressuscitent les morts. Une parole de Pierre n’a-t-elle pas rendu Tabitha à la vie ? Les vêtements de saint Paul n’ont-ils pas opéré de nombreux prodiges ? Voici quelque chose de plus admirable encore. L’ombre des apôtres ressuscite les morts. On apportait les malades dans des lits, afin que l’ombre de Pierre couvrît quelqu’un d’eux, et aussitôt ils étaient guéris (Act. V, 15). Quoi donc ? L’ombre des disciples ressuscite les morts, et le Maître, pour ressusciter Lazare, aurait besoin de prier ?

Le Sauveur prie à cause de la faiblesse de Marthe. Elle lui dit : « Seigneur, si Tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ; maintenant je sais que tout ce que Tu demanderas à Dieu, il Te le donnera. » Vous voulez une prière, voici une prière…

La résurrection de Lazare ne fut pas l’œuvre de la prière. Pour vous en convaincre, écoutez-là cette prière : « Je Te rends grâces de ce que Tu m’as exaucé. » (Jean, XI, 41.) Quoi donc ? Est-ce là une prière, une supplication ? « Je Te rends grâces de ce que Tu m’as exaucé. Pour moi, je sais bien que Tu m’exauces toujours. » Si Tu sais, Seigneur, que Tu es toujours exaucé par le Père, pourquoi L’importuner au sujet de choses que Tu connais ? « Je sais bien, dit-Il, que mon Père m’exauce toujours, mais je dis cela pour le peuple qui m’environne, afin que tous sachent que Tu m’as envoyé. »

Prie-t-Il pour le mort ? Fait-Il des supplications pour ressusciter Lazare ? Il ne dit pas : « Mon Père, commande au mort d’obéir; mon Père, ordonne au tombeau de rendre le mort, de ne pas se fermer plus longtemps sur lui ». Mais il dit plutôt : « je dis cela pour le peuple qui m’environne, afin que tous sachent que vous Tu m’as envoyé. » Ce qui se passe est moins un miracle qu’une instruction pour les spectateurs. La prière n’est donc pas pour le mort, mais pour les incrédules, afin qu’ils sachent que le Christ est envoyé par le Père.

– Saint Jean Chrysostome, Homélie sur la résurrection de Lazare.

Saints célébrés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Saint Antipas, évêque de Pergame, martyr (vers 68) ; saints martyrs Procès et Martinien (vers 67) ; saint Limin, martyr (vers 260) ; saint Pharmute, ermite en Cappadoce (IVème s.) ; saint Airy, abbé à Tours (672) ; sainte Godberte de Noyon (695) ; saint Jean, disciple de saint Grégoire le Décapolite (IXème s.) ; saint Jacques de Jelezny Borok (1442) et saint Jacques, son compagnon d’ascèse (XVème s.) ; saint Barsanuphe, évêque de Tver (1576); saint Callinique de Cernica, évêque de Rimnicu-Vilcea (1867) ; saint hiéromartyr Nicolas Gavarine, prêtre (1938).

Saints célébrés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Saint Marc évêque d’Aréthuse en Syrie et saint Cyrille, diacre à Héliopolis, et leurs compagnons, martyrs (vers 364) ; saint Jean l’ermite (IVème s.) ; saint Diadoque, évêque de Photicée (Vème s.) ;  saint Firmin, évêque de Viviers (VIème s.) ; saints Aule, Eumaque et Longin, évêques de Viviers (VIIème s.) ; saint Eustathe, évêque en Bithynie, confesseur (IXème s.) ; saints Marc et Jonas de Pskov (1480) ; saint Michel (Viktorov), confesseur, prêtre (1933).

Extrait du Synaxaire du hiéromoine Macaire

Ce samedi nous célébrons la mémoire de saint Antipas. Le saint et glorieux martyr Antipas était contemporain des Apôtres et avait été placé par eux à la tête de l’Église de Pergame. Au temps de la persécution de Dométien (vers 83), alors qu’il était très âgé, le saint évêque fut arrêté par les païens, auxquels les démons avaient révélé qu’il ne leur était plus possible d’accepter leurs sacrifices, car la prière d’Antipas les repoussait de la ville. Le saint fut donc traîné devant le gouverneur qui tenta de lui faire renier le Christ, sous prétexte que le culte des idoles était plus ancien et plus respectable que cette religion nouvelle prêchée par des pêcheurs et des gens de rien. Pour toute réponse, saint Antipas rappela au magistrat l’histoire de Caïn qui, bien qu’il fût l’ancêtre du genre humain, n’en reste pas moins abominable et méprisable à cause du meurtre de son frère. De même, les croyances et les cultes helléniques, bien qu’antérieurs dans le temps, n’en sont pas moins méprisables pour ceux qui ont reçu, en ces derniers temps, la révélation de la plénitude de la Vérité.

En entendant ces paroles, le gouverneur et les païens présents éclatèrent de fureur et jetèrent le saint dans un bœuf d’airain rougi au feu. Au cœur de cette fournaise, saint Antipas élevait une ardente prière vers le Seigneur et lui rendait grâce de souffrir pour témoigner que l’amour de Dieu est plus fort que la mort. Il demanda aussi au Christ d’accorder à tous ceux qui invoqueront son nom la délivrance des maladies, en particulier des maux de dents, et à tous ceux qui célébreront avec dévotion sa mémoire annuelle le pardon des péchés et la faveur divine au Jour du Jugement. Ayant obtenu cette faveur, il remit son âme au Seigneur. Son corps fut enseveli dans l’église de Pergame, et un baume aux propriétés thérapeutiques se dégagea de son tombeau pendant de longues années, pour la consolation des chrétiens de la cité et des nombreux pèlerins qui, de toutes parts, venaient le vénérer.

Quelque temps après le martyre de saint Antipas, saint Jean le Théologien témoigna de lui au Nom du Christ dans son Apocalypse, en disant : Écris à l’Ange de l’Église de Pergame : Voici ce que dit Celui qui a le glaive aigu à deux tranchants : Je sais où tu habites, là où se trouve le trône de Satan: mais tu es fermement attaché à mon Nom et tu n’as point renié ma foi, même en ces jours où Antipas, mon témoin fidèle, a été mis à mort chez vous, où Satan habite (Ap 2, 12-13) .