Dimanche 6 février 2022 – Dimanche de Zachée

Dimanche 6 février 2022.

Dimanche de Zachée.

(24 janvier selon le calendrier julien.)

 

Péricopes de ce dimanche

Lecture de l’épître de saint Paul à Timothée (1 Tim 4, 9-15) :

Mon enfant Timothée, elle est sûre, cette Parole, et digne de confiance absolue : c’est même pour cela que nous peinons et combattons, parce que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes et surtout des croyants. Cela, proclame-le, enseigne-le. Que personne ne méprise ton jeune âge : sois au contraire un modèle pour les croyants par ta façon de parler, ton comportement, ta charité, ton esprit, ta foi, ta pureté. En attendant que je vienne, consacre-toi à la lecture, à l’exhortation, à l’enseignement. Ne néglige pas le don spirituel qui est en toi, ce charisme conféré par les paroles qu’ont prononcées sur toi les prophètes de la communauté tandis que le collège presbytéral t’imposait les mains. Cela, tu dois le prendre à cœur et t’y tenir tout entier, afin que tes progrès soient manifestes pour tous.

Слово сие верно и всякого принятия достойно. Ибо мы для того и трудимся и поношения терпим, что уповаем на Бога живаго, Который есть Спаситель всех человеков, а наипаче верных. Проповедуй сие и учи. Никто да не пренебрегает юностью твоею; но будь образцом для верных в слове, в житии, в любви, в духе, в вере, в чистоте. Доколе не приду, занимайся чтением, наставлением, учением. Не неради о пребывающем в тебе даровании, которое дано тебе по пророчеству с возложением рук священства. О сем заботься, в сем пребывай, дабы успех твой для всех был очевиден..

Lecture de l’Évangile selon saint Luc (Lc 19, 1-10)

En ce temps-là, entré dans Jéricho, Jésus traversait la ville. Arriva un homme du nom de Zachée ; c’était un chef de publicains, et il était riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était petit de taille. Il courut donc en avant et monta sur un sycomore pour voir Jésus, qui devait passer par là. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite, car il faut qu’aujourd’hui Je loge chez toi. » Et vite Zachée descendit et reçut Jésus avec joie. En voyant cela, tous murmuraient et disaient : « Il est allé loger chez un pécheur ! » Mais Zachée, résolument, dit au Seigneur : « Oui, Seigneur, je donne la moitié de mes biens aux pauvres, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple. » Et Jésus lui dit : « Aujourd’hui cette maison a reçu le Salut, parce que cet homme-là est également un fils d’Abraham et parce que le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Потом Иисус вошел в Иерихон и проходил через него. И вот, некто, именем Закхей, начальник мытарей и человек богатый, искал видеть Иисуса, кто Он, но не мог за народом, потому что мал был ростом, и, забежав вперед, взлез на смоковницу, чтобы увидеть Его, потому что Ему надлежало проходить мимо нее. Иисус, когда пришел на это место, взглянув, увидел его и сказал ему: Закхей! сойди скорее, ибо сегодня надобно Мне быть у тебя в доме. И он поспешно сошел и принял Его с радостью. И все, видя то, начали роптать, и говорили, что Он зашел к грешному человеку; Закхей же, став, сказал Господу: Господи! половину имения моего я отдам нищим, и, если кого чем обидел, воздам вчетверо. Иисус сказал ему: ныне пришло спасение дому сему, потому что и он сын Авраама, 10ибо Сын Человеческий пришел взыскать и спасти погибшее.

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Lectures selon l’usage grec : : 2 Cor 6,16-7,1; Mt 15,21-28.

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Paroles des Pères

Plus nous éprouvons de honte dans la confession, plus grandes sont la grâce et la consolation du Saint-Esprit que nous recevons après notre confession. Pourquoi ? Parce que le chemin de l’humilité est le chemin du Seigneur, et quand nous nous plaçons nous-mêmes sur le chemin du Seigneur, nous L’avons aussitôt comme compagnon. C’est par la Croix de l’humilité qu’Il nous a sauvés ; ainsi, lorsque nous supportons un peu d’humiliation par amour pour Lui, afin de se repentir et d’aller se confesser, Il considère cela comme une action de grâce envers Lui, et en retour Il nous donne la consolation du « Consolateur ». C’est l’une des raisons pour lesquelles le sacrement de confession est d’une telle puissance pour notre régénération. Nous en avons une démonstration dans le cas de Zachée, un homme important de Jéricho, un notable, qui fit de lui-même un objet de risée en grimpant sur un sycomore pour accomplir son désir de voir le Christ. Il ne pas tint pas compte de la raillerie des gens ; et parce qu’il souffrit la honte pour voir le Christ, le Seigneur le remarqua immédiatement et l’interpella. Le Seigneur était en chemin de Jéricho à Jérusalem pour souffrir la Croix honteuse, et il vit quelque chose d’apparenté en Zachée qui, en supportant la honte pour Le voir, se plaça lui-même sur le chemin du Seigneur, et attira la visite du Seigneur par cette parenté d’esprit. Et qu’arriva-t-il quand le Seigneur visita Zachée ? Zachée fut rétabli en une quadruple dimension, c’est-à-dire que le mystère à venir de la Croix et de la Résurrection du Christ devint actif dans la vie de Zachée. Il se plaça de lui-même sur le chemin de la honte, et à cause de la petite honte qu’il supporta, il reçut la quadruple grâce de la Croix, comme le dit saint Paul (cf. Ep III, 18). Zachée s’abaissa par la honte ; il fut relevé par la visitation du Seigneur ; il fut « élargi » par Sa grâce afin de réparer toute injustice, et par cet élargissement, embrasser l’humanité entière dans son cœur (cf. Lc XIX, 2-8). Le mystère de la croix était opérant dans la vie de Zachée à ce moment-là.

– Archimandrite Zacharias, L’élargissement du cœur.

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La toute première annonce du Carême a lieu le dimanche où est lu l’évangile de Zachée (Luc 19, 1-10). C’est le récit d’un homme qui était trop petit pour voir Jésus, mais qui désirait tellement le voir qu’il grimpa sur un arbre. Jésus répondit à son désir et se rendit chez lui. Ainsi le thème de cette première annonce est-il le repentir. L’homme suit son désir. On peut même dire que l’homme est désir, et cette vérité psychologique fondamentale de la nature humaine est attestée par l’Évangile : « Là où est ton trésor, dit le Christ, la sera ton cœur. » Un désir intense triomphe des limites naturelles de l’homme ; lorsqu’il désire passionnément quelque chose, il peut accomplir des actions dont il est normalement incapable. Bien que « petit de taille », il se dépasse et se transcende lui-même. La seule question est alors de savoir si ce sont les vrais biens que nous désirons, si notre puissance de désir est orientée vers le vrai but ; ou bien si, pour employer l’expression de l’existentialiste athée, Jean-Paul Sartre, l’homme est une « passion inutile ». Zachée désirait « la chose juste », il voulait voir et approcher le Christ. Il est le premier symbole du repentir, car le repentir commence avec la redécouverte de la nature profonde de tout désir : le désir de Dieu et de sa Justice, le désir de la vraie vie. Zachée est « petit », – mesquin, pécheur et limité – et, cependant, son désir passe par-dessus tout cela. Il « force » l’attention du Christ, il amène le Christ à lui.

Telle est donc la première annonce, la première invitation : il nous faut désirer ce qui est le plus profond et le plus vrai en nous-mêmes, reconnaître la soif et la faim de l’Absolu qui est en nous, que nous le sachions ou non, et qui, lorsque nous nous en détournons, fait de nous vraiment une « passion inutile ». Et si notre désir est assez profond et assez fort, le Christ y répondra. »

– Père Alexandre Schmemann, Le grand Carême, spiritualité orientale n°13, Bellefontaine, 1977, p. 16.

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Il n’y a pas faute à être riche, mais à ne pas savoir user des richesses : car si les richesses sont des entraves pour les méchants, elles sont chez les bons des ressources pour la vertu. Oui, le riche Zachée a été choisi par le Christ. Mais en donnant aux pauvres la moitié de ses biens, en remboursant même quatre fois ce qu’il avait frauduleusement dérobé (car l’un des deux ne suffit pas, et les largesses n’ont pas de valeur si l’injustice subsiste, attendu qu’on ne demande pas des dépouilles, mais des dons), il a reçu une récompense plus abondante que ses largesses. Et il est bien qu’on le signale comme chef des publicains : qui en effet pourrait désespérer de soi, quand celui-là même est arrivé, qui tirait son revenu de la fraude ?  […]

Zachée, tant qu’il est dans la foule, ne voit pas le Christ ; il s’est élevé au-dessus de la foule, et il a vu : autrement dit, en dépassant l’ignorance populaire il a réussi à contempler Celui qu’il désirait. On a ajouté à propos : « Parce que le Seigneur devait passer en cet endroit », où était soit le sycomore, soit le futur croyant […]. Ainsi le Seigneur vit Zachée en haut : car désormais l’élévation de sa foi le faisait émerger parmi les fruits des œuvres nouvelles comme au sommet d’un arbre fécond. […]

Zachée dans le sycomore, c’est le fruit nouveau de la saison nouvelle ; en lui aussi se réalise le texte : « Le figuier a donné ses premiers fruits » (Cant., II, 13) ; car le Christ est venu afin que les arbres donnent naissance non à des fruits, mais à des hommes. Nous lisons ailleurs : « Quand vous étiez sous le figuier, je vous ai vu » (Jn, I, 48). Nathanaël est donc sous l’arbre, c’est-à-dire sur la racine, car il est juste, et «la racine est sainte » (Rom., XI, 16) . Mais enfin Nathanaël est sous l’arbre, parce que sous la Loi ; Zachée est sur l’arbre, parce qu’au-dessus de la Loi. L’un défend le Seigneur en secret44, l’autre le prêche publiquement. L’un cherchait encore le Christ dans la Loi ; l’autre, déjà plus haut que la Loi, abandonnait ses biens et suivait le Seigneur.

– Saint Ambroise de Milan, Traité sur l’Evangile de Luc, tome 2.

Saints célébrés ce dimanche selon le nouveau calendrier

Saint Bucole, évêque de Smyrne (vers 100) ; saintes Dorothée, Christine et Callista, et saint Théophile, martyrs à Césarée en Cappadoce (vers 288-300) ; saint Julien d’Emèse en Phénicie, martyr (312) ; sainte Fausta, saints Evilase et Maxime, martyrs à Cyzique (entre 305 et 311) ; saint Photius, patriarche de Constantinople, confesseur (893) ; saint Barsanuphe le Grand et son disciple saint Jean, anachorètes à Gaza (vers 540) ; saint Vaast, évêque d’Arras et de Cambrai (539) ; saint Amand, évangélisateur de la Belgique, évêque de Tongres-Maestricht (684) ; saint Mel, évêque d’Ardagh en Irlande (vers 490) ; saint Arsène d’Ikaltho (1127).

Saints célébrés ce dimanche selon l’ancien calendrier

Sainte Xenia de Rome, ermite en Carie (V°) ; saint Gérasime de Perm (1441) ; saint Jean, martyr à Kazan (1529) ; saint Babylas d’Antioche et ses disciples saints Timothée et Agapios, martyrs en Sicile (III°) ; saint Macédonius, ermite syrien (vers 420) ; saint Arte, évêque de Clermont (vers 396) ; saint Bertrand, abbé à saint Quentin (VII°) ; saint Néophyte le Reclus de Chypre, ascète (XII°) ; saint Cadoc, évêque et martyr gallois (580) ; la bienheureuse Xenia de Saint-Pétersbourg (vers 1803).