Homélie de Père André sur l’épisode des possédés de Gadara 5e dimanche après la Pentecôte

L’épisode des possédés de Gadara 5e dimanche après la Pentecôte

Lectures du jour: Rom 10,1-10 et Mt 8,28-34;9,1.

La lecture évangélique de ce jour nous présente deux hommes que les démons tenaient en leur possession; contre elle l’homme ne peut rien par lui-même. Mais le Christ S’est incarné pour délivrer l’être humain de l’emprise de Satan et de ses mauvais anges. Il vient guérir ces deux possédés et montre ainsi que comme Créateur de toutes choses, Il est plus fort que les démons les plus tenaces.

Ces démons une fois chassés n’ont pas où se réfugier et demandent à Celui qu’ils reconnaissent comme leur Créateur, et devant Qui ils tremblent (v. Jac 2;19), d’entrer dans un troupeau de porcs. Leur insatiabilité fait qu’ils veulent se croire encore les plus forts, cherchant à détourner de Dieu toute créature qui leur obéit. Cette demande de leur part montre que leur pouvoir est limité, au point que même les porcs se précipitent dans l’eau. Cet événement est surprenant et dérange les habitants du lieu; ils ne comprenent pas l’importance de ce combat entre Dieu et Satan, et vont jusqu’à prier le Christ de S’éloigner de leur territoire. L’ampleur ou l’enjeu de ce combat nous dérange parfois, alors que l’issue en est notre délivrance.

L’une des prières d’exorcisme, que nous utilisons avant le baptême de quelqu’un, évoque cet épisode et rappelle aux démons qu’ils n’ont finalement aucun pouvoir, pas même sur des porcs, animaux sans raison, et d’autant moins sur les humains doués de raison. Si notre raison accepte de suivre le Christ en toutes choses, alors le démon n’aura sur nous qu’un pouvoir très limité, et d’autant plus si nous sommes baptisés. Sur une personne baptisée, la tentation ne peut agir que de l’extérieur. N’hésitons donc pas, dans les moments difficiles, à appeler le Seigneur à notre secours, Lui qui a délivré radicalement les deux possédés.

Dans ces temps où nous entourent des incertitudes de toutes sortes, il est indispensable que les chrétiens baptisés, et donc délivrés de toute emprise adverse, continuent à espérer en la toute puissance du Christ, même si selon le mot de l’Apôtre Paul « nous ne savons qu’espérer » (II Cor 4,8). Nous n’avons certes pas grand-chose de concret à proposer comme solution aux difficultés de ce monde ou de notre société, mais notre réponse est dans notre foi, notre confiance en un monde à venir: c’est le Royaume inauguré par le Sauveur lors de sa venue sur terre, Royaume depuis lors manifesté déjà dans l’Église. Notre entrée dans ce Royaume et notre maintien dans l’Église qui le prépare, sont conditionnés par notre amour envers nos frères et soeurs et envers nos ennemis. Telle est la réponse concrète que nous pouvons apporter aux difficultés ambiantes, car notre amour mutuel répond à l’amour infini de Dieu pour sa créature et prépare notre entrée définitive dans le Royaume promis par Dieu et qui n’aura pas de fin.

En ce dimanche 25 juillet, nous célébrons aussi la Dormition de Sainte Anne. Les textes pour cette mémoire (Gal 4,22-27 et Lc 8,16-21) évoquent la vraie famille du Christ, non seulement sa parenté charnelle, dont fait partie Sainte Anne, qui a mis au monde la Mère de Dieu, mais sa nouvelle famille qui sera l’Église. L’épître compare deux enfantements, ceux de la servante, puis de l’épouse, qui donne une nouvelle famille issue de la promesse faite à Sarah, épouse d’Abraham, d’avoir un fils, même à un âge très avancé (v. Gen 17,15-22 et 18,9-15). C’est une victoire sur un ordre naturel des choses, en faveur de la volonté de Dieu de sauver l’homme.

Et selon les mots du Sauveur Lui-même dans l’Évangile, cette nouvelle famille est composée de quiconque écoute la Parole de Dieu et qui agit en fonction d’elle, ce qui d’ailleurs n’exclut pas la famille du Christ selon la chair (v. p. ex. Lc 2,51 ou 11,28). Sainte Anne fait partie des personnes qui attendaient le Christ dans une humble disponibilité. Une fois le Messie arrivé, le fait de ne pas avoir d’enfant n’est plus une malédiction, mais une occasion de disponibilité à Dieu: Sainte Anne a ainsi participé au plan de salut de Dieu par l’Incarnation. Que par ses prières nous puissions être toujours plus disponibles à la Parole de Dieu et à sa mise en pratique, dans l’attente fervente du Royaume inauguré dans l’Église et qui tôt ou tard se manifestera en plénitude.