Message de Père André sur l’Evangile de ce dimanche : la Parabole du Bon Samaritain

8e dimanche de Luc 15 nov 2020 : le Bon Samaritain (Luc 10,25-37)

Cette parabole est racontée par le Christ en réponse à un homme de loi qui posait une question quelque peu provocante, pour éprouver le Sauveur, et croyant peut-être savoir la réponse.
Mais le Christ en profite pour donner un enseignement bien plus profond sur le prochain, un enseignement qui profite non seulement à celui qui questionnait le Maître, mais à nous tous.
Le prochain en effet n’est pas d’abord quelqu’un de notre famille, de notre entourage, ni les seuls autres chrétiens, mais en réalité toute personne que nous pouvons croiser, même occasionnellement, car si je suis comme le blessé de la parabole, toute personne, même la plus méprisable aux yeux du monde, est susceptible de m’apporter du bien, de me rapprocher de Dieu.

Ce blessé tombé aux mains des brigands, selon une interprétation traditionnelle dans l’Église, représente l’ensemble de la nature humaine, c’est-à-dire nous tous, tombés et comme morts sous le péché qui nous sépare de Dieu, et prisonniers en particulier du brigandage de nos pensées qui nous éloignent de Dieu, notamment au moment de notre prière.
Par nos propres forces, nous ne pouvons échapper à notre péché ni à nos pensées, mais les Pères enseignent que plutôt que d’entretenir en nous-mêmes nos pensées, même si elles sont bonnes, il convient de leur opposer le Nom de Jésus, dont la puissance réside au plus profond de notre coeur depuis notre baptême. Le Nom de Jésus contient en lui-même toute la puissance de la victoire du Christ sur Satan et les anges déchus, les adversaires de Dieu. Cette victoire divine s’exerce aussi sur notre péché et sur tout ce qui nous sépare de Dieu, dès l’instant que nous invoquons en nous-mêmes le Saint Nom de Jésus. Notre baptême fait de nous des membres du peuple acquis par Dieu, mais il nous reste à prendre conscience de cette victoire, ce que nous pouvons faire par une prière plus appliquée.

La parabole montre aussi que ni le prêtre, ni le lévite n’ont pu secourir le blessé. Selon une interprétation traditionnelle, ces deux personnages représentent l’ancienne loi, qui indique ce qu’il faut accomplir, mais ne peut en elle-même sauver l’être humain. Sa fonction est d’annoncer le Christ, véritable et unique Sauveur, comme Dieu. À ce titre, il nous est d’ailleurs utile, à nous chrétiens, de fréquenter et mieux connaître aussi l’Ancien Testament. Et ici, seul le Bon Samaritain, un étranger, prend le soin de s’arrêter et de secourir efficacement le blessé. Les Pères interprètent ces éléments du récit comme exprimant l’impuissance de l’Ancien Testament par rapport à la miséricorde du Bon Samaritain, qui représente le Christ ; l’auberge où est conduit le blessé soigné est l’Église, et le retour du voyageur, celui du Christ à la fin des temps sur terre, où Il est étranger comme Dieu.

Chaque personne est ainsi invitée à aimer son prochain, quiconque lui fait du bien, car ce bien quel qu’il soit est à recevoir comme nous venant du Christ, si nous acceptons notre condition de blessés tombés et de pécheurs, ce qui se fait, encore une fois, par notre prière, et aussi notre humilité, à rechercher en toute occasion. Toute personne de notre entourage peut être pour nous un bon samaritain, et de même, chacun est le prochain de l’autre : le bien que malgré notre faiblesse nous cherchons à accomplir envers les autres, si minime soit-il, le Christ le reçoit comme accompli envers Lui (v. Mt 25,40). Depuis notre baptême, c’est au Nom du Christ que nous aimons notre prochain quel qu’il soit, car notre vocation est de vivre de la vie du Christ, comme morts au péché et vivants en Dieu dans le Christ, selon la recommandation du Saint Apôtre Paul (Rom 6,11). Plus l’être humain, et le chrétien en particulier, se considère et se reconnaît pécheur, semblable au blessé tombé et laissé pour mort, plus aussi le Christ, Bon Samaritain, vient le secourir et lui permettre de L’aimer, de Le remercier, et finalement Le glorifier sans fin, ensemble avec son Père éternel et son Esprit très saint, maintenant et toujours et pour les siècles des siècles.